Polycentralite et gouvernance : quelles relations ?

« Non ! la ville, lieu de rassemblement et de séparation, n’est pas une maladie mais un formidable territoire de projet ! »

D’ici 2012, 60% des êtres humains seront urbains contre 30% en 1950 et 16% en 1900. En France, les trois quarts des français vivent dans des unités urbaines. La ville prend donc une place de plus en plus importante ; elle se développe, connaît dans son organisation des mutations profondes et rapides. Ce sont les villes qui désormais structurent le territoire. « L’espace est l’une des ressources et l’un des enjeux premiers de l’organisation des agglomérations urbaines. Ces organisations résultent d’une intrication d’actions, des plus individuelles aux plus collectives, des plus égoïstes aux plus fédératrices, d’un ensemble de projets, des plus ordinaires aux plus singuliers » (Thibault & Devisme, 2005, p29). « Les décisions qui s’y prennent modèlent l’ensemble des composantes de la ville. C’est à partir d’elles que se définissent les différents niveaux d’urbanité caractéristiques de notre pays. C’est dire l’importance des politiques publiques qui touchent la ville prise dans sa totalité. Ces politiques se situent au cœur des enjeux de la société française. » (Dossier des pouvoirs locaux, n°65 (2005), pages 109 à 114). Un ensemble d’acteurs, d’actions, d’intérêts, de volonté mène à une organisation complexe des agglomérations, notamment en terme de centres urbains. On voit apparaître de plus en plus dans les agglomérations des quartiers ou des lieux, nouveaux ou plus anciens, que l’on caractérise de centre urbain. Le model monocentrique est devenu inadéquate pour décrire l’organisation spatiale des villes modernes, à cause du rapide et complexe changement urbain (Davoudi, 2003).

Depuis une dizaine d’années, on peut observer un développement très important de l’intercommunalité. Et les pouvoirs publics l’ont parfaitement compris, comme en  témoignent leur volonté de promouvoir des SCoT dont le but est de réunir autour d’un projet partagé par les collectivités qui, sans cela, s’ignoreraient ou s’opposeraient. Actuellement, près de 86% des communes françaises sont désormais membres d’un établissement public de coopération intercommunal (EPCI) à fiscalité propre. Dans ce travail, nous travaillerons à l’échelle de l’agglomération. On entend par agglomération, l’unité administrative qui comporte plusieurs communes et qui peut se traduire par la création d’une structure officielle telle qu’une communauté d’agglomération ou communauté urbaine qui encourage la coopération entre les communes et qui structure celle-ci dans la mesure où des organes spécifiques sont crées.

Le thème de la recherche imposée au départ, est l’organisation polycentrique des agglomérations et le lien qu’il peut exister avec les acteurs de la gouvernance. Très brièvement, définissons les termes de polycentralité dans un premier temps et de gouvernance dans un second temps. La polycentralité correspond au fait qu’il existe au sein d’une même agglomération plusieurs centres qui auront une capacité attractive et polarisante. La gouvernance est caractérisée par un ensemble d’acteurs, qu’ils soient publics ou privés, gouvernementaux ou non et qui jouent un rôle plus ou moins important dans les orientations stratégiques et les options de politique publique. D’après Jouve (2003), ce terme permet de caractériser la reconfiguration des relations entre institutions et acteurs participant à l’élaboration et à la mise en œuvre de politiques s’appliquant aux métropoles. Nous reviendrons ultérieurement sur ces définitions qui seront davantage détaillée, une fois la problématique définie.

LA POLYCENTRALITE

LA NOTION DE CENTRE, CENTRE URBAIN, CENTRALITE ET POLYCENTRALITE

Il existe de nombreux travaux concernant les notions de centre, centre urbain, centralité, etc. En effet, cette notion est beaucoup étudiée. Pour cette recherche il convient de définir les termes du sujet avec précision afin de donner un cadre clair. J’ai choisi deux dictionnaires de références : le dictionnaire de l’urbanisme et de l’aménagement de Merlin et Choay (1988) et le dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés de Lévy et Lussault (2003). Ces deux dictionnaires ont été fait à près de quinze années de différence, ils donnent donc des définitions différentes évidemment mais surtout deux visions distinctes qui correspondent aux époques auxquelles ils ont été écrits et à la situation des villes à ces époques. Nous verrons par la suite que ces deux visions peuvent caractériser plusieurs types de centres qui cohabitent actuellement dans les agglomérations.

Le centre
Tout d’abord selon Merlin et Choay (1988, p155 et suivantes), le centre est un terme complexe qui peut être classé en trois types : le centre historique, le centre topologiques et le centre des affaires. Un centre n’est pas un simple point mais plutôt un lieu dont l’étendue et l’importance relative varient suivant certaines conditions. Trois caractéristiques principales peuvent permettre de définir un centre : visuelles, structurelles et/ou fonctionnelles. Ces caractéristiques sont variables dans le temps et suivant l’évolution économique, technique et les conditions politiques au sein de l’agglomération. Elles s’opposent en général à celles de la périphérie. Dans cet article, Merlin et Choay soulèvent la question du devenir du terme de centralité «devant la poussée fiévreuse des grandes agglomérations, notamment dans les pays en cours de développement, et la conception de centres commerciaux intégrés ou de zones d’activités regroupées. » Ils mettent en évidence un phénomène qui reste encore nouveau à cette époque, à savoir la notion de centres multiples et esquissent les conséquences que cela pourraient avoir sur l’organisation spatiale des agglomérations. Cette définition mène déjà à constater que des centralités sont en devenir, et donc que le modèle monocentrique n’est pas adéquat pour caractériser les agglomérations, ainsi que ces « nouveaux centres » ne peuvent pas être définis de la même façon que les « centres traditionnels ».

Lévy et Lussault (2003, p144 et suivantes) ont une façon différente de définir le centre. Pour ces deux auteurs « un centre urbain ne se trouve pas nécessairement au centre géographique et/ou historique d’une agglomération. Le modèle constitué d’un centre historique et entouré d’espaces péricentraux et périphériques auréolaires (qui peut renvoyer à la définition donnée précédemment par Merlin et Choay) est dépassé. » En effet, les centres urbains en position périphériques sont de plus en plus puissants et nombreux. On assiste désormais, dans presque toutes les organisations urbaines, à la mise en place d’un complexe de centres. « Ce complexe, fréquemment hiérarchisé, associe des centres tant concurrents que complémentaires, localisés en des positions variées. » Lévy et Lussault donnent l’exemple de « l’émergence depuis les années 60, d’espaces de centralités périphériques (évoqués par Merlin et Choay dès 1988), qui sont le plus souvent développés autour d’équipements et de services commerciaux. Ils peuvent à la fois connaître une grande diversité d’activités et dans le même temps un réel affinage fonctionnel ». Ils distinguent deux principaux types de centres :
– « Para-central qui est marqué par une certaine lacune de diversité ou/et de densité, comme celui des villes américaines, mais aussi, en France, comme ces nouveaux pôles de centralité périphériques, organisés autour d’équipements commerciaux et qui jouent un rôle majeur dans la structuration et le fonctionnement urbains, mais souffrent d’un relatif déficit de densité, parfois, et de diversité, toujours, par rapport au centre ‘classique’ européen, à forte historicité ;
– Infra-central qui est une division exprimant notamment un effet d’échelle, et désignant la centralité des petites unités urbaines, réelle par rapport aux autres espaces de l’entour, mais infra au regard de l’économie d’ensemble du géotype central et de ce qu’il exprime à l’intérieur de la configuration systématique de l’urbain. Cet infra central peut aussi servir à appréhender des situations d’émergences de centralité liées à des opérations volontaristes. » Dans la plupart des cas, ce n’est pas, soit l’un soit l’autre type de centre qui s’établit, mais bien les deux. Ces deux types de centres cohabitent et interagissent au sein des agglomérations. On observe un réseau complexe de centres urbains para et infra-central qui vient mailler le territoire. Chacun joue son rôle et agit différemment sur l’organisation spatiale de l’agglomération.

La définition de Merlin et Choay est fortement basée sur le modèle de centre/périphérie fortement marqué à cette époque et qui est beaucoup moins valable à l’époque de Lévy et Lussault, même si ls tracs de celui-ci sont toujours présentes. C’est pour cette raison que les deux définitions sont aussi différentes. Cependant il est intéressant de considérer cette première définition car les centres actuelles réunissent généralement certaines voire toutes les fonctions des différents centres présentés par Merlin et Choay, à savoir la notion de centre historique, de centre des affaires et de centre géographique.

Le centre urbain

Dans un autre article, Merlin et Choay (1988, p159 et suivantes) caractérisent plus précisément la notion de centre urbain. Ils distinguent dans les agglomérations un centre urbain principal et unique, le cœur de ville, qui est la partie fondamentale de l’organisation urbaine, assurant la vie et l’activité. « C’est également le siège du pouvoir organisateur, public et privé, spontané ou réglementé, qui assure le développement urbain et régit les rapports avec la périphérie urbaine et rurale ». Ils caractérisent par la suite d’autres types de centres urbains : les centres nouveaux et les centres secondaires. « Les centres nouveaux sont un ensemble d’activités, d’équipements et de services, regroupés et disposés de façon planifiée soit dans un secteur d’urbanisation nouveau, soit dans un quartier existant. (…) Dans les grandes métropoles, le centre urbain majeur est assisté par des centres secondaires qui peuvent être de deux types : des centres-relais situés au-delà du centre urbain principal et desservant des quartiers excentrés ou bien des centres complémentaires fonctionnant pour les activités plus usuelles dans le cadre général de ce même centre urbain. La structure et la situation de ces centres sont analogues quel que soit le type. Ils renferment des activités plus communes que le centre principal, moins nombreuses et moins attractives, touchant une clientèle moins exigeante et moins abondante. » Ils distinguent également les centres de quartier et les centres de voisinage qui sont plus en aval dans la hiérarchie. On observe donc déjà d’une certaine façon une organisation polycentrique au niveau de l’agglomération, puisqu’il existe un centre dominant, assisté par des centres dits secondaires. Cela ne constitue pas en soi une organisation polycentrique car il y a un centre qui domine, mais on peut supposer qu’une partie des centres secondaires vont être amenés à grossir et à prendre de l’importance jusqu’à venir concurrencer le centre principal. C’est ce que l’on peut généralement observer actuellement dans les agglomérations.

Lévy et Lussault (2003, p159 et suivantes), caractérise le centre urbain comme étant « un espace de densité, de diversité maximale et de couplage le plus intense entre celle-ci et cellelà ». On peut remarquer que ce terme se rapproche fortement de la notion d’urbanité, qui est caractérisé selon Wirth (1999), par « le maximum de choses sociales différentes dans le minimum d’étendue ». La différence majeure entre ces deux définitions est la notion de couplage entre la densité et la diversité. Les centres urbains peuvent être hiérarchisés, en fonction de trois critères : le niveau de densité, le niveau de diversité et le niveau de couplage entre ceux-ci. Il résulte de cela un gradient de centres urbains. Il y a donc un centre urbain dominant qui possède le degré la plus important. Cependant, cela n’occulte pas le fait qu’il peut également exister d’autres centres qui possèdent un degré important, ce qui peut donc mener à la cohabitation de plusieurs centres au sein d’une même agglomération et donc à une organisation polycentrique. On voit que le centre n’est plus seulement caractérisé par les seules fonctions commerciales mais également par de nombreuses autres variables.

Les deux définitions mettent en avant une multiplicité de centres urbains qui viennent mailler le territoire et qui sont plus ou moins complémentaires. De plus, on retrouve également la notion de densité des activités et ce aux deux époques. La principale différence entre ces définitions est que Lévy et Lussault mettent davantage l’accent sur la diversité présente dans les centres.

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Table des matières

INTRODUCTION
PARTIE I : DEFINITION DES TERMES DU SUJET : LA POLYCENTRALITE ET LA GOUVERNANCE
I. LA POLYCENTRALITE
II. LA GOUVERNANCE
III. CONCLUSION
PARTIE II : VERIFICATION BIBLIOGRAPHIQUE DE L’HYPOTHESE DE DEPART
I. VERIFICATION DE LA PREMIERE PARTIE DE L’HYPOTHESE
II. VERIFICATION DE LA DEUXIEME PARTIE DE L’HYPOTHESE
III. CONCLUSION
PARTIE III : CAS D’ETUDE : LE CENTRE COMMERCIAL DU QUARTIER DES DEUX-LIONS, L’HEURE TRANQUILLE
I. LE QUARTIER DES DEUX-LIONS
II. LE PROJET DE L’HEURE TRANQUILLE
III. L’ETUDE DES SYSTEMES D’ACTEURS SUR L’ILOT DU CENTRE COMMERCIAL
IV. VERIFICATION DES HYPOTHESES DE DEPART
CONCLUSION
TABLE DES MATIERES
BIBLIOGRAPHIE

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