Politiques linguistiques et aménagement des langues

POLITIQUE LINGUISTIQUE : MODELES ET METHODES

La période Mustapha Lacheraf et Rahal (1977-1978) : Une pause dans l’arabisation

Avec l’arrivée de M.LACHERAF au ministère, H.BOUMEDIENE voulait marquer une pause dans le projet afin d’asseoir certaines réflexions et évaluations de l’arabisation. La nomination de M. LACHERAF, nouveau ministre de l’éducation nationale et de RAHAL à la tête du ministère de l’enseignement supérieur menait le projet vers sa modification et laissait apparaitre des réflexes qui rétorquent les décisions antérieures. En effet, dès son arrivée, M. Lacheraf a commencé par freiner l’arabisation totale. Ceci se confirme par les différentes décisions qu’il entreprend :
*Tous les hauts fonctionnaires sont mis en congé avec solde notamment M.Mehri nommé antérieurement.
*suppression de l’école normale supérieure de Bouzaréah : la situation entraine des agitations vu que beaucoup d’enseignants se retrouvent sans emploi.
*le recrutement des coopérants fut repris.
*Création d’une section’’ lettres bilingues ‘’ : le tableau qui résumait l’état de l’arabisation (cf. supra) montrait que toutes les classes littéraires étaient complètement arabisées. L’arrivée de LACHERAF va marquer la création d’une section bilingue pour les séries littéraires.
Cette période connut des perturbations, compte tenu du départ de tous les responsables prenant avec eux les dossiers et laissant derrière eux des bureaux vides. La maladie de Boumediene et son décès mirent un terme aux actions du ministre.

Période Chadli BENDJEDID : relance de l’arabisation

La mort de H.Boumediene et l’ascension de Chadli BENDJEDID au pouvoir, a connu la responsabilité de KHARROUBI dans le ministère de l’éducation nationale. Cette période va relancer le projet de l’arabisation.
En 1979, l’école fondamentale est appliquée et le processus d’arabisation totale déjà entamé sera achevé en 1989. L’année 1979 connait la tenue du congrès du FLN où l’on réapprouve les orientations générales de la politique linguistique et culturelle de l’Algérie indépendante. Le congrès réaffirme les orientations générales de la politique linguistique par deux résolutions, résolution sur l’éducation et la formation et résolution culturelle qui atteste le fondamentale de l’arabisation et définit ses grandes lignes.
En d’autres termes, il est question d’affirmer l’identité nationale par la réhabilitation de la langue nationale tout en faisant d’elle l’instrument principal de l’éducation et de la formation.Il faut encore généraliser son utilisation dans toutes les institutions administratives et économiques, notamment celles qui entretiennent des relations directes avec le public, accélérer en même temps l’arabisation de l’état civil.
Pour ce qui est des langues étrangères, l’Etat se préoccupe de leur place dans la société en affirmant que la politique linguistique en faveur de la langue arabe n’inscrit pas sa volonté d’exclure et de fermer les portes aux langues étrangères. Il insiste sur la nécessité de la diversité linguistique comme seul moyen de rester ouvert sur le monde.
Cette année est marquée par de très amples agitations chez les étudiants qui trouvent que le projet favorise l’inégalité des chances dans le recrutement dans un domaine encore dominé par la langue française. La situation ne va pas plaire aux arabisants et les pousse sur la voie des revendications en annonçant une longue grève. Cette situation contraint les responsables à accélérer l’opération de l’arabisation.
Ne manquons pas de signaler que l’année 1979 a été marquée par des agitations d’étudiants se considérant comme victimes du pouvoir63. Ce dernier ayant opté pour l’arabisation entraine ses jeunes à une situation de chômage où les étudiants arabisés trouvent des difficultés de recrutement et souvent contraint à une francisation à rebours.
L’année 1980 apporte un nombre de stratégies concernant l’arabisation de l’enseignement. Elle trace des objectifs dont les plus saillants sont ceux qui avaient pour objectif:
*d’unifier la langue de formation dans le système éducatif.
*appliquer et réaliser le programme de l’arabisation des enseignants francophones.
*développer et promouvoir la politique nationale du livre universitaire en langue arabe.
*promouvoir et encourager les études pos-graduées,
*améliorer le contenu des modules de langue arabe dans les filières scientifiques et techniques.
Le 4ème congrès du FLN a animé chez les berbères la revendication de la langue et culture berbère comme éléments constitutifs de l’identité algérienne. En 1980-1981, une conférence de Mouloud MAMMERI sur la poésie kabyle a été interdite, ce qui va annoncer le début des agitations en Kabylie et à Alger. C’est le début des revendications culturelles et linguistiques en Algérie qui se donnent pour mission la reconnaissance de la diversité culturelle et linguistique du pays.
Ainsi, la représentation du mouvement oblige le président Chadli BENDJEDID à reconnaitre l’existence d’un patrimoine culturel populaire qui est un acquis de tout le peuple algérien. Parallèlement, la politique d’arabisation connait une intensification qui se traduit sur le terrain par la création d’un haut conseil de la langue nationale sous l’autorité du FLN où l’arabisation totale des filières des sciences sociales dans toutes les structures de l’enseignement supérieur fut lancée.
En 1986, la nouvelle charte nationale rappelle que la langue arabe est un élément essentiel de l’identité culturelle de l’Algérie et sa généralisation, sa maitrise, sont une constante dans l’édification du pays et de l’unité du peuple.
Entre 1988-1989, un nouveau gouvernement est formé. Les nouveaux titulaires des postes de l’éducation et de l’enseignement supérieurs sont des universitaires. Il s’agit d’un défi à relever, ces hommes de terrain vont ils pouvoir mener une véritable politique de réforme et de réhabilitation du système éducatif ?
Certains observateurs approuvent chez les jeunes de milieux modestes une perte d’espoir et un net sentiment d’être « étrangers » dans leur propre pays (GRANGUILLAUME, 1995). Le hiatus entre une langue de scolarisation et celle de l’université (français) crée souvent de la frustration.
Sur le terrain, dès la rentrée scolaire, une série de mesures inconfortables surviennent d’où la suppression de certaines formations de post-graduation toutes en arabe(lettres arabes, droit, sciences islamiques) et le rétablissement de certaines d’entre elles après l’action des enseignants et des étudiants(lettres et droit).
Le douloureux problème de la section arabisée de géographie à l’Université H.BOUMEDIENE d’Alger va faire mobiliser les arabisants dans un mouvement de colère et de frustration. Ces bacheliers arabisés vont s’organiser en comité de suivi de l’arabisation et se réunissent plusieurs fois en assemblées générales pour enfin créer une association pour la promotion de la langue arabe.

Généralisation de l’arabisation : période des amendes

En 1991 fut promulguée la loi 91-05 du 16.1.91 portant généralisation de l’utilisation de la langue arabe. Cette loi a comme visée primordiale l’exclusion de l’usage et la pratique de la langue française dans l’administration publique, le monde de l’éducation (incluant les universités), les hôpitaux, les secteurs socio-économiques.
Cette loi impose l’usage unique de la langue arabe, interdit toute langue étrangère et prévoit de fortes amendes pour les contrevenants. Les amazighes vont tout de suite déclarer leur rejet.
Il s’agit pour eux non seulement d’une volonté de promouvoir, accélérer et intensifier le processus de l’arabisation mais surtout une intention de suppression définitive de l’amazighe. Les manifestations de revendication ont amené le président M.BOUDIAF à geler cette loi dès le 05 juillet, date initialement prévue pour sa mise en oeuvre.
Nous présentons quelques articles64 qui reprennent en partie ce que nous venons d’avancer et permettent de concrétiser l’idéologie linguistique sous-jacente à la constitution algérienne.
Article1 : «La présente loi a pour objet de fixer les règles générales de l’utilisation, de la promotion et la protection de la langue arabe dans les différents domaines de la vie nationale ».
Article2 : «La langue arabe est une composante de la personnalité nationale authentique et une constante de la nation ».
Article 3 : « Toutes les institutions doivent oeuvrer à la promotion et à la protection de la langue arabe et veiller à sa pureté et à sa bonne utilisation.Il est interdit de transcrire la langue arabe en caractères autres que les caractères arabes ».
Article 4 : « Les administrations publiques, les institutions, les entreprises et les associations, quelle que soit leur nature, sont tenues d’utiliser la seule langue arabe dans l’ensemble de leurs activités telles que la communication, la gestion administrative, financière, technique et artistique. »(Loi 91.05.du 16Janvier 1991).

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela rapport-gratuit.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

INTRODUCTION 
CHAPITRE PREMIER PRESENTATION DU CADRE GENERAL ET DELIMITATION DU CHAMP D’ETUDE
I.1. PRESENTATION DU CADRE GENERAL ET QUESTIONS DE RECHERCHE
I.1.1.Pourquoi ce sujet ?
I.1.2.Les objectifs.
I.1.3.Les hypothèses de travail
I.2. CADRE METHODOLOGIQUE ET PROTOCOLE D’ENQUETE. 
I.2.1.L’objet de recherche : le parler jeune
1.2.2. Pourquoi les jeunes ?
NIVEAU
I.3. OUTILS DE RECHERCHE : ENQUETE PAR QUESTIONNAIRE ET ENTRETIEN SEMI DIRECTIF
CHAPITRE DEUXIEME  DELIMITATION DU CADRE CONCEPTUEL ET ANCRAGE THEORIQUE :DES LANGUES ET DES POLITIQUES LINGUISTIQUES DANS L’’HISTOIRE DU MAGHREB
II.1. POLITIQUE LINGUISTIQUE : MODELES ET METHODES. 
II.1.1. TYPES DES POLITIQUES LINGUISTIQUES.
II.1.2. ASSISES ET COMPOSANTES DE LA POLITIQUE LINGUISTIQUE.
II.1.3. POLITIQUES LINGUISTIQUES ET PRATIQUES LANGAGIERES.
II.2. AUX ORIGINES DE LA PLURALITE LINGUISTIQUE AU MAGHREB. 
II.2.1. EN ALGERIE.
II.2.2.AU MAROC.
II.3. PAYSAGE SOCIOLINGUISTIQUE ACTUEL DU MAGHREB : PROFIL SOCIOLINGUISTIQUE A DYNAMIQUE TRIPOLAIRE. 
II.3.1. LE POLE ARABE.
II.3.1.1. L’arabe classique.
II.3.1.2. L’Arabe Moderne.
II.3.1.3. L’arabe standard.
II.3.1.4. L’Arabe médian.
II.3.1.5. Spécificités de l’Arabe standard.
II.3.1.6.L’Arabe dialectal.
II.3.1.7.Spécificités de l’Arabe dialectal.
II.3.2.LE POLE AMAZIGHE.
II.3.2.1. Le Kabyle.
II.3.2.2.Le Chaoui.
II.3.2.3.Le Tifinaghe.
II.3.2.4. Le Mzabi .
II.3.2.5. Le Tarifite.
II.3.2.6. Le Tamazight.
II.3.2.7. Le Tachelhit.
II.3.3.LE POLE ROMAN.
II.3.3.1. LE FRANÇAIS.
II.3.3.1.1.L’acrolecte : une variété élitaire.
II.3.3.1.2.Le basilecte : Variété minorée.
II.3.3.1.3.Le mésolecte : un français approprié.
CHAPITRE TROISIEME POLITIQUES LINGUISTIQUES ET AMENAGEMENT DES LANGUES AU MAGHREB. 
III.1.TYPOLOGIE DES POLITIQUES LINGUISTIQUES AU MAGHREB. 
III.1.1.POLITIQUE LINGUISTIQUE DE CENTRALISATION ET D’ASSIMILATION: LE PROCESSUS D’ARABISATION EN ALGERIE.
III.1.2.LE MAROC, EXEMPLE D’UNE POLITIQUE LINGUISTIQUE AMBIVALENTE
III.1.3. POLITIQUE LINGUISTIQUE SOUSTRACTIVE
III.1.4.LA POLITIQUE LINGUISTIQUE PLURALISTE : LE MAGHREB ET LA RECONCILIATION LINGUISTIQUE
III.1.5. DEBATS LINGUISTIQUES ET ENJEUX DU DISCOURS INSTITUTIONNEL.
III.1.6. SOMMES-NOUS LOIN DE LA POLITIQUE LINGUISTIQUE FRANÇAISE ? UN UNITARISME JACOBIN COMMUN
III.2. AMENAGEMENT DES LANGUES AU MAGHREB. 
III.2.1. AMENAGEMENT DE LA LANGUE ARABE.
III.2.2. AMENAGEMENT DE LA LANGUE AMAZIGHE.
III.2.2.1. STRATEGIES DE L’AMENAGEMENT DE L’AMAZIGHE
III.2.2.1.1.QUELLES VARIETES STANDARDISER ?UNE NECESSAIRE STANDARDISATION DEMOCRATIQUE
III.2.2.1.2. Aménagement de la Graphie.
III.2.2.1.3.Aménagement du lexique.
III.2.2.1.3.1.L’emprunt.
III.2.2.1.3.2. La création de néologismes.
III.2.2.1.4.Aménagement de la grammaire : L’exemple de Tajerrumt.
III.2.2.1.5.L’enseignement de l’amazighe.
III.3.UN PARALLELE ENTRE L’ARABISATION ET LA STANDARDISATION DE LA LANGUE AMAZIGHE
CHAPITRE QUATRIÈME LANGUES ET USAGES DECLARES DANS LE CONTEXTE FAMILIAL ET EXTRA FAMILIAL
IV.1.DES PERIODES CHARNIERES ET DES MUTATIONS PROFONDES. 
IV.2.PRATIQUES LANGAGIERES DANS LE MILIEU FAMILIAL : LA FAMILLE, LIEU DE CONSTRUCTION DE POLITIQUES LINGUISTIQUES FAMILIALES
IV.2.1.DE LA CONTRE-LEGITIMATION DANS LES FAMILLES
IV.2.2.RESISTANCE ET TOLERANCE LINGUISTIQUES DANS LES FAMILLES.
IV.3. LANGUES EN USAGE DANS LE MILIEU EXTRA FAMILIAL
IV.4.LANGUES PARLEES DANS LES GROUPES DE PAIRS. 
CHAPITRE CINQUIÈME  ASPECTS ET DYNAMIQUES SOCIOLINGUISTIQUES DES LANGUES EN USAGE DANS LES PRATIQUES LANGAGIERES DES JEUNES : 
DU MONOLINGUISME ETATIQUE AU PLURILINGUISME SOCIAL ADDITIF.
V.1.LES EMPRUNTS AUX DIFFERENTES LANGUES DANS LE PARLER DES JEUNES.
V.1.1.LES BERBERISMES
V.1.2.LES HISPANISMES.
V.1.3.LES TURCISMES.
V.1.4.LES ITALIANISMES.
V.1.5.EMPRUNTS AU FRANÇAIS.
V.1.5.1.Intégration phonétique/phonologique.
V.1.5.2. Intégration morpho- syntaxique.
V.1.5.3.Intégration sémantique.
V.2. L’HYBRIDATION LINGUISTIQUE OU L’EMERGENCE DU FRANC-MAGHREBIN : DES PRATIQUES LINGUISTIQUES INNOVANTES ET PERFORMATIVES. 
V.3.LES INTERFERENCES LINGUISTIQUES. 
V.4.LE CALQUE. 
V.5.DU CODE- SWITCHING DANS LES PRATIQUES LANGAGIERES DES JEUNES. 
V.6. DE LA CREATIVITE ET DE L’INNOVATION DANS LES PRATIQUES LANGAGIERES DES JEUNES
LES PRATIQUES LANGAGIERES DES JEUNES SONT AUSSI QUALIFIEES D’INNOVANTES ET LAISSENT FOISONNER UN TRES GRAND NOMBRE DE TERMES NOUVEAUX QUE LES JEUNES CREENT. NOUS AVONS RELEVE DES CREATIONS RELATIVES A LA VIE DE JEUNES
V.7.LES JEUNES LOCUTEURS ET LEURS STRATEGIES DE COMMUNICATION. 
V.7.1.STRATEGIE D’INDIVIDUATION.
V.7.2.STRATEGIE DE DISTANCIATION : UNE DIGLOSSIE GENERATIONNELLE.
V.7.3.STRATEGIE DE COMPENSATION : VERS UNE LANGUE DE LA DEBROUILLE.
V.7.4.STRATEGIE D’IDENTIFICATION.
V.7.5.DE L’APPROPRIATION LINGUISTIQUE CHEZ LES JEUNES.
CHAPITRE SIXIEME ATTITUDES ET REPRESENTATIONS LINGUISTIQUES DANS LES DISCOURS EPILINGUISTIQUES DES JEUNES
VI.1. TYPOLOGIE DES REPRESENTATIONS VIS-A-VIS DES LANGUES
VI.1.1.Les représentations conservatrices.
VI.1.2. Les représentations pragmatiques.
VI.1.3.Représentations linguistiques stigmatisantes
VI.1.4.Représentations diglossiques antagoniques : du protagonisme identitaire.
VI.1.5. HIERARCHISATION LINGUISTIQUE DECLAREE.
VI.2.LES REPRESENTATIONS LINGUISTIQUES VIS-A-VIS DE L’AMENAGEMENT LINGUISTIQUE
VI.2.1.QUELLES REPRESENTATIONS POUR LA GRAPHIE ?
VI.2.2.L’ENSEIGNEMENT DE L’AMAZIGHE ET LES REPRESENTATIONS DES JEUNES.
VI.2.3. Défis didactiques de l’enseignement de l’amazighe
VI.2.4.Quelles représentations vis-à-vis du lexique ?
VI.2.5.Vers une nouvelle diglossie !
VI.2.6. De l’unification ou du sectarisme linguistique ?
VI.3.Quelles politiques linguistiques pour quelles réalités linguistiques ? 
VI.3.1. Situation des langues.
VI.3.2.Répartition des langues.
VI.3.3. Pratiques langagières.
VI.3.4.Nature des représentations.
VI.3.5.Détermination des objectifs de la politique linguistique.
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES 

Rapport PFE, mémoire et thèse PDFTélécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *