Planification motrice chez l’enfant

Planification motrice chez l’enfant

Critères diagnostiques du TAC et épidémiologie

Selon Mazeau (1995), le geste est un ensemble organisé de mouvements produit dans un but précis. La production harmonieuse d’un geste nécessite d’anticiper l’action à réaliser, en tenant compte de l’environnement et de ses différentes caractéristiques (espace, schéma corporel,…). Ces gestes sont culturels, c’est-à-dire acquis par un apprentissage intentionnel, au contact de l’environnement, permettant au cerveau d’intégrer des programmes moteurs (Lussier & Flessas, 2009). La réalisation d’un geste est alors la résultante d’un apprentissage conduisant progressivement à son automatisation mais l’intention reste consciente et dirigée. En d’autres termes, il existe une proaction, qui correspond à la planification de l’action (préparation du geste qui se développe et s’automatise) et une rétroaction, qui renvoie à la correction du mouvement (Rivière, 2000). Les praxies interagissent avec des fonctions sensori-motrices permettant une représentation adéquate du schéma corporel mais aussi avec des fonctions perceptives, attentionnelles, mnésiques et de planification (Lussier & Flessas, 2009). Elles se situent donc au carrefour de la conception et de la planification du projet moteur (Costini, 2013). La dyspraxie, quant à elle, caractérise un trouble spécifique de l’acquisition des gestes complexes lors de l’apprentissage de tâches motrices nouvelles ou inhabituelles.

De façon générale, il s’agit d’une altération spécifique dans le développement des praxies sans atteinte lésionnelle neurologique avérée et ne peut être expliquée ni par un retard mental, ni par un déficit sensoriel, ni par un trouble du développement psychoaffectif (Vaivre-Douret, 2007). Le diagnostic se pose par exclusion et le trouble persiste malgré une prise en charge. Elle se traduit par une incapacité à planifier, organiser, coordonner et exécuter des actions nouvelles en séquences (Lussier & Flessas, 2009). Toutefois, la dyspraxie reste une notion « fourre-tout » dans laquelle on regroupe indistinctement, toute difficulté s’exprimant chez l’enfant dans la gestualité, voire dans l’appréhension de l’espace (Costini, 2013). La multiplicité et la confusion terminologique n’aide en rien à la compréhension de la sémiologie. A ce jour, plusieurs études décrivent les manifestations et les conséquences d’un trouble praxique (Vaivre-Douret, 2011 ; Peigneux, 2009). Mais en ce qui concerne l’origine et les mécanismes impliqués, les données de la littérature ne font pas consensus, ce qui nuit à la compréhension et au diagnostic de cette pathologie.

Depuis la troisième édition (1987) du DSM (Diagnostic and Statistical Manual of mental disorders), le terme de Trouble d’Acquisition de la Coordination (TAC) est recommandé dans le cadre des troubles des habiletés motrices. Aujourd’hui, le DSM V définit quatre grands critères (APA, 2013): Critère A : L’acquisition ou l’exécution de la coordination motrice est nettement en-dessous du niveau escompté compte tenu de l’âge chronologique et des opportunités pour l’apprentissage et la mise en pratique de nouvelles habiletés. Les difficultés se manifestent par une maladresse (ex. laisse échapper les objets ou se cogne sur ceux-ci), une vitesse d’exécution lente ou une mauvaise performance dans les habiletés motrices (ex. attraper un objet, utiliser des ciseaux ou les ustensiles, écrire, faire du vélo)/ Critère B : La perturbation décrite dans le critère A interfère de façon significative et persistante avec la performance dans les activités de la vie quotidienne appropriées pour l’âge chronologique (ex. hygiène personnelle) et a un impact sur la réussite scolaire, dans les activités professionnelles, sur les loisirs et les jeux / Critère C : Les premiers symptômes apparaissent tôt dans la vie de l’enfant / Critère D : Les difficultés motrices ne sont pas mieux expliquées par une déficience intellectuelle ou un problème visuel et ne sont pas attribuables à une condition neurologique (paralysie cérébrale, dystrophie musculaire, trouble dégénératif).

Profil neuropsychologique des enfants TAC

Chez l’enfant TAC, les manifestations sont hétérogènes et les observations cliniques sont nombreuses (Polatajko, 2006). S’agissant du niveau intellectuel des enfants TAC, l’évaluation aux tests psychométriques de Wechsler (WISC) montre un QI se situant dans la moyenne normale (Vaivre-Douret, 2007). Une discordance est généralement rapportée entre le QI verbal et le QI de performance (en faveur du QI verbal). Il y a donc un bon investissement du langage. Cependant on peut noter une désorganisation du stock lexical et des définitions parfois approximatives. Les capacités attentionnelles sont souvent atteintes à la fois au niveau auditif et visuo-spatial en lien avec un déficit du tonus ou des fonctions exécutives (Vaivre-Douret, 2007). Albaret et ses collaborateurs (2011), démontrent un trouble de l’attention chez l’enfant TAC et émettent l’hypothèse d’un lien entre inattention et difficultés motrice. Pour les fonctions exécutives, les résultats sont discordants. Selon Vaivre-Douret (2007), et Piek (2004), elles seraient préservées. Par ailleurs, Hayley (2015) a démontré un défaut dans toutes les composantes des fonctions chez l’enfant TAC. Tal Saban (2014) démontre l’existence d’un trouble des fonctions exécutives (questionnaire de BRIEF A) chez le jeune adulte TAC en lien ou non avec un atteinte attentionnelle. Grâce à l’IRM f, Querne et al, (2008) ont mis en évidence une sous-activation du cortex préfrontal lors d’une tâche de go/ no go, témoignant pour les auteurs d’un déficit d’inhibition chez l’enfant TAC.

En ce qui concerne les capacités mnésiques, la mémoire de travail est efficiente. Elle permettrait même à l’enfant TAC de mettre en place des stratégies compensatoires (Vaivre-Douret, 2008). Toutefois, Zwicker (2010) a observé un défaut dans l’apprentissage procédural chez un groupe d’enfants TAC (sous-activation par rapport aux sujets contrôle au niveau des réseaux neuronaux entre les régions cérébelleuses et les cortex pariétal inférieur et préfrontal ainsi que dans des régions impliquées dans l’apprentissage visuo-spatial). Pour Vaivre-Douret (2011), il est question de perturbations somato-sensorielles (hypotonie axiale ou globale, trouble de la latéralité, mauvaise intégration de l’orientation spatiale corporelle). Dans le domaine tactile, on retrouve des problèmes pour discriminer et localiser ce qui est touché (hypo ou hypersensibilité tactile). Associés à cela, on retrouve des troubles d’intégration visuo-spatiale. La question du temps et de l’espace est difficile à intégrer, les aspects séquentiels du repérage spatio-temporel sont touchés, ce qui affecte la réalisation gestuelle par une mauvaise interprétation de la relation des objets dans l’espace et une incapacité à anticiper. Cela se traduit par une mauvaise perception de la vitesse, de la trajectoire et de la localisation de l’objet dans l’espace et serait lié un défaut de poursuite oculaire (Vaivre-Douret, 2007). Pour l’intégration sensori-motrice, la représentation du schéma corporel est inadéquate en lien avec une imprécision des informations visuo-spatiales, proprioceptives et vestibulaires. Grâce à l’IRMf, Kashiwagi et al. (2009) ont retrouvé une diminution de l’activation du cortex pariétal supérieur et inférieur gauche chez les sujets TAC (par rapport à des sujets contrôles du même âge) dans une tâche de poursuite visuo-motrice. Cela aurait alors pour conséquence un manque de dissociation droite/gauche, ainsi qu’une mauvaise coordination dans la réalisation d’un geste (De Ajuriaguerra, 1980).

Planification motrice et/ou exécutive Au regard de la littérature, la notion de planification est associé à deux catégories de base (Van Swieten, 2010). (1) La première, que nous appellerons la planification exécutive (qui renvoie à la notion de planification primaire de Cermak, 1985), définit une fonction exécutive impliquée dans une séquence de mouvements ou de choix organisés afin d’atteindre un état final recherché (un but). Cette fonction est non spécifique aux gestes et peut être évaluée avec des tâches telles la Tours de Hanoi (par exemple Hill, 2004, cité par Van Swieten, 2010) ou la Tour de Londres. (2) La deuxième catégorie se concentre sur ce qu’on appelle la planification motrice, aussi désignée sous le terme d’anticipation motrice (Cohen et Rosenbaum, 2004; Rosenbaum, Meulenbroek & Vaughn, 1996). Elle peut être définie comme la capacité à anticiper les futures exigences de la tâche avant la saisie d’un objet (Steenbergen, Meulenbroek, & Rosenbaum, 2004). Elle fait référence à la planification secondaire de Cermak et est donc spécifique aux gestes. Elle nécessite de prendre en compte l’objectif de l’action (Johnson-Frey, McCarty, et Keen, 2004).

Par exemple, en situation d’utilisation d’objet (un verre), lorsque celui-ci est positionné à l’envers, il sera préférentiellement saisi avec une posture initiale inconfortable (pouce vers le bas, supination de l’avant-bras), afin de favoriser une position finale confortable permettant alors au sujet, précision et fluidité à la fin de son geste (Crajé, 2010). On la mesure à l’aide de l’état de confort final (ECF) développé par Rosembaum (1990). En d’autres termes, la planification motrice (ou anticipation motrice) lors de l’utilisation d’objet, consiste à sélectionner une séquence particulière de mouvements dans un ensemble presque infini de possibilités. Cette sélection permettra alors la manipulation optimale de l’objet (c’est-à-dire avec précision, rapidité, et fluidité du mouvement) en vue de son utilisation.

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Table des matières

INTRODUCTION
DONNEES THEORIQUES
Trouble de l’acquisition de la coordination
Planification motrice
Planification motrice chez l’enfant
Problématique et hypothèses
METHODOLOGIE
Participants
Epreuves utilisées
Statistiques
RESULTATS
Données générales
Epreuve d’utilisation d’objet
Epreuves de planification motrice
comparaison intra-groupe
Analyse des profils des enfants TAC
DISCUSSION
Limites méthodologiques et ouverture
Conclusion
Bibliographie
Annexes

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