Place de la lutte chimique contre les glossines dans les stratégies de lutte contre les trypanosomoses

Répartition géographique

La connaissance de la répartition géographique des glossines est essentielle pour savoir où et quand agir contre ces insectes. Les paramètres écologiques et climatiques sont très importants dans la répartition géographique des glossines. Une hygrométrie trop faible (inférieure à 600 mm de pluie par an en moyenne), des températures trop hautes (plus de 38°C) ou trop basses (moins de 17°C) sont autant de limites au développement des glossines (Itard, 2000). On ne rencontre pas de glossines au-dessus de 2000 mètres ni dans les déserts ou les zones subdésertiques. D’autres facteurs limitants comme le couvert végétal et la présence d’hôtes nourriciers sont à prendre en compte. Ainsi, en Afrique occidentale et centrale, la répartition des glossines correspond à des zones bioclimatiques parallèles à l’équateur, alors qu’en Afrique orientale les montagnes fragmentent le milieu naturel, ce qui entraîne une répartition des glossines en « ceintures » plus ou moins isolées. On utilise actuellement des images satellitales de la végétation en plus des études sur le terrain pour identifier les milieux favorables aux glossines ; à l’intérieur des zones écologiques propices, il est possible d’identifier des facteurs discriminants de la présence des glossines grâce aux données satellitales sur la végétation et le climat (Rogers et al., 1996 ; De la Rocque, 1997).

Ecologie

De façon générale et schématique, dans les régions où les saisons sont bien tranchées, la densité des glossines connaît un accroissement en début de la saison des pluies avec un pic en milieu de saison, puis il se produit une décroissance en saison sèche et froide pour atteindre le niveau le plus bas en saison sèche et chaude. Les conditions locales influent évidemment sur ce schéma très général. Les glossines seront donc abondantes en saison des pluies. La plupart des espèces ont une activité diurne mais ce sont des insectes peu actifs pendant la journée et jamais la nuit : leurs déplacements se limitent à la recherche de nourriture, de lieux de repos et de femelles pour les mâles. Ainsi une glossine ne vole environ que trente à cinquante minutes par jour pour les mâles et seulement cinq minutes pour les femelles (Bursell & Taylor, 1980 ; Randolph & Rogers, 1978, 1981).

Les glossines passent donc la plupart de leur temps sur des lieux de repos qui diffèrent le jour et la nuit : le jour, elles se reposent sur les faces inférieures des branches ou brindilles ou encore dans des trous, sous des grosses racines d’arbres et donc de façon générale dans des lieux assez proches du sol ; la température y est plus basse de 8 à 10 degrés par rapport à la température ambiante ; la nuit les glossines semblent monter dans la végétation et se poser sur la face supérieure des feuilles dans la canopée. La connaissance de ces lieux de repos est très utile dans le choix des méthodes de lutte contre les glossines par traitements insecticides : ce sont eux qui seront visés lors des applications sélectives et discriminatoires d’insecticides, soit par pulvérisation au sol le jour, soit la nuit lors des traitements d’insecticides appliqués par voie aérienne.

Alimentation

Les glossines, les mâles comme les femelles, sont des insectes hématophages ou plus précisément telmophages c’est à dire qu’elles lèsent les tissus sous-cutanés par des mouvements de va et vient de la trompe (ou proboscis) et créent ainsi des micro-hématomes ; elles injectent de la salive anticoagulante avec éventuellement des trypanosomes avant d’aspirer le sang de leurs hôtes. Un repas dure en moyenne entre 20 et 30 secondes (Austen, 1903), ce qui a justifié les 30 secondes de temps de contact avec l’insecticide que nous avons choisi pour une partie de nos expériences. Le premier repas des glossines est pris entre leur premier et leur troisième jour de vie. La fréquence ultérieure des repas dépend des conditions climatiques, de l’état physiologique pour les femelles et évidemment de la disponibilité des hôtes nourriciers. En moyenne l’intervalle entre deux repas est de 3 à 5 jours. Les glossines qui ont de fortes réserves de graisse prennent des repas plus petits par rapport à celles à faibles réserves.

En général, les glossines n’ont pas de préférences trophiques strictes pour telle ou telle espèce animale. Toutefois, certaines espèces de glossines ont l’habitude de se nourrir sur une espèce animale particulière alors que d’autres sont plus opportunistes et se nourrissent sur l’hôte le mieux représenté localement (Buxton, 1955 ; Itard,2000), c’est à dire dans les foyers péridomestiques, sur l’homme et le porc par exemple. Il est également à noter que certains animaux sauvages (zèbre, gnou, oryx…) ne sont pas ou peu piqués par les glossines : posséderaient-ils des substances répulsives ?

Reproduction

L’accouplement a lieu, dans la nature, dans les premiers jours de la vie de la glossine. Chez certaines espèces, il n’a lieu qu’après le premier repas. Dans les élevages, les femelles de 3 à 4 jours sont accouplées avec des mâles d’une semaine. Un seul accouplement en début de vie suffit en général mais il peut y en avoir plusieurs avant la première ovulation. Le développement des trois premiers stades larvaires a lieu dans l’utérus de la glossine, une glande lactée permettant l’alimentation de la larve. La larve III est déposée vers le 18ème jour de sa vie par la femelle dans un lieu favorable (proche des lieux de repos diurne) puis elle déposera une larve III tous les dix jours environ. Après s’être enfouie dans le sol, la larve se transforme en pupe au bout d’un laps de temps allant de quelques minutes à deux heures.

Dans le puparium, la troisième mue donnera la larve IV puis l’imago. Le moment de l’éclosion de la mouche adulte dépend de la température ambiante et du sexe de l’individu. Elle s’effectue en moyenne au bout de 30 jours (20 à 80 jours selon la saison et l’espèce). Au laboratoire, les éclosions ont lieu environ un mois après la pupaison. Les glossines sont cyclorrhaphes, c’est à dire qu’elles sortent du puparium par une calotte arrondie ; leurs ailes se déplissent et la chitine se durcit, puis elles s’envolent. Ce sont alors des glossines dites ténérales (tener = tendre) dont le corps est mou. Ces glossines étant exactement au même stade physiologique nous les avons donc retenues pour réaliser nos expériences.

En moyenne les glossines vivent plus longtemps en saison des pluies (4 à 5 mois) qu’en saison sèche (3 à 4 mois pour la saison froide et 1 à 2 mois pour la saison chaude) (Itard, 2000). Les mâles ont une durée de vie plus courte que les femelles. La mortalité des glossines est liée à de nombreux facteurs : prédation, parasitisme, « maladies », raréfaction des hôtes nourriciers, conditions climatiques difficiles et lorsque celles-ci deviennent extrêmes, il y a un abaissement de la taille de l’insecte qui naît d’une femelle ayant souffert. Il y a une relation entre la taille de l’insecte et la mortalité (Williams et al., 1990) : plus les imagos sont petits et plus la mortalité est forte. C’est pourquoi nous nous sommes intéressés dans cette étude au poids des pupes afin d’observer si les traitements insecticides influaient sur la taille des descendants.

On voit donc que le cycle de développement de la glossine est long et que le taux de reproduction est relativement faible ; pour une vie de trois mois en laboratoire (mais qui pourrait être plus longue), une femelle donnera seulement sept à huit larves ; ces constatations ont été mises à profit dans la lutte contre ces insectes. Il était intéressant dans cette étude d’observer in vitro si les insecticides employés à faible dose et lors d’un contact bref pouvaient avoir des effets directs sur la reproduction des glossines (nombre de pupes produites, poids des pupes, taux d’éclosion, sex-ratio…). En effet, ce type d’observation est impossible dans les expériences sur le terrain.

Relations avec les hôtes

Les glossines repèrent leurs hôtes nourriciers grâce à des organes sensoriels répondant à des stimuli olfactifs en premier lieu (60 à 100 m), puis visuels à faible distance (5 à 20 m) : ces deux modes de repérages complexes ont été étudiés et utilisés dans l’élaboration de leurres et de pièges. Les produits comme le gaz carbonique, divers phénols, l’acétone et l’octanol se retrouvent dans les excrétions et sécrétions des hôtes nourriciers et sont plus ou moins attractifs selon les espèces de glossines. Ceci est très important à déterminer car selon l’espèce de glossine, les leurres ou les pièges utilisés seront imprégnés avec tel ou tel produit. La recherche d’un hôte et la prise de nourriture sont des activités risquées pour une glossine, ce qui explique probablement la faible fréquence de ces repas. Les glossines du groupe morsitans ont tendance à se poser préférentiellement sur les membres de leurs hôtes et surtout sur les membres antérieurs ; en effet, une glossine sera interrompue dans son repas plus facilement sur les autres parties du corps par les mouvements de peau, les coups de queue et de pattes. Comme nous l’avons souligné précédemment, la durée du contact avec l’hôte qui est celle du temps d’un repas, est assez courte (de 20 à 30 secondes).

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Table des matières

Introduction
I- Présentation et justification des espèces de glossines choisies pour cette étude
I.1. Systématique et biogéographie
I.1.1 Principales espèces d’intérêt médical et vétérinaire
I.1.2. Répartition géographique
I.2. Eléments importants de biologie pour l’élaboration des méthodes de lutte contre les glossines
I.2.1. Ecologie
I.2.2. Alimentation
I.2.3. Reproduction
I.2.4. Relations avec les hôtes
I.2.5. Dispersion des glossines et rapport avec les leurres
II- Place de la lutte chimique contre les glossines dans les stratégies de lutte contre les trypanosomoses
II.1. Les différentes stratégies de lutte
II.2. Les méthodes de lutte et l’importance de la lutte insecticide
II.2.1. Les méthodes non chimiques
II.2.2. Les méthodes chimiques
II.3. Evolution et perspectives
III- Etude expérimentale
III.1. Les principes actifs utilisés dans cette étude
III.1.1. La deltaméthrine
III.1.1.1. La molécule et ses propriétés
III.1.1.2. Mode d’action et toxicité
III.1.1.3. Utilisation de la deltaméthrine
III.1.2. Le fipronil
III.1.2.1. La molécule et ses propriétés
III.1.2.2. Mode d’action et toxicité
III.1.2.3. Utilisation du fipronil
III.2. Matériel et méthodes
III.2.1. Les protocoles
III.2.1.1. Comparaison entre le fipronil et la deltaméthrine appliqués par contact tarsal sur les glossines
III.2.1.1.1. Paramètres expérimentaux
III.2.1.1.2. Matériel biologique
III.2.1.1.3. Matériel utilisé
III.2.1.1.4. Réalisation des manipulations
III.2.1.1.5. Recueil des observations
III.2.1.2. Expérience de nourrissage des glossines sur des oreilles de lapin traitées au fipronil
III.2.1.2.1. Matériel biologique
III.2.1.2.2. Matériel utilisé
III.2.1.2.3. Réalisation des expériences
III.2.2. Les problèmes rencontrés
III.3. Résultats
III.3.1. Comparaison de la deltaméthrine et du fipronil appliqués par contact tarsal
III.3.1.1. Série d’expériences à contact unique
III.3.1.1.1. Contact unique de 5 secondes
III.3.1.1.2. Contact unique de 30 secondes
III.3.1.2. Série d’expériences à trois contacts consécutifs à 48 heures d’intervalle
III.3.1.2.1. Trois contacts de 5 secondes à 48 heures d’intervalle
III.3.1.2.2. Trois contacts de 30 secondes à 48 heures d’intervalle
III.3.2. Expérience de nourrissage des glossines sur un lapin traité au fipronil
III.3.2.1. Expérience préliminaire
III.3.2.2. Expérience de nourrissage sur un lapin traité au fipronil
III.4. Discussion
Conclusion
Bibliographie
Annexes

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