Soutenance mémoire
Pilotage de l’implémentation : l’humain comme variable déterminante
Considérations méthodologiques
Dans le cadre de cette recherche-intervention de par notre positionnement de stagiaire, nous avons opté pour une configuration méthodologique mixte basée sur l’observation participante et l’analyse de contenu. Observation participante car j’agissais dans le cadre de mon mandat de stagiaire, comme l’assistant du projet de jumelage (de l’équipe espagnole) au sein d’une équipe issue de l’Administration algérienne et qui oeuvrait à mettre en oeuvre les recommandations émises par les experts espagnols. A ce titre, mon mandat de suivi et de vérification de la mise en oeuvre des directives techniques livrées de manière volontaire (en dehors du programme de l’équipe du jumelage) par mon supérieur aux membres de la DMNI, faisait de moi un élément externe au projet d’implantation en tant que tel mais aussi à l’IGF de manière générale. Mon statut d’observateur (au sens académique) a été couvert et les analyses que j’ai faites à propos de ces séances de réunions et du travail en tant que tel en émanent. Selon Bastien (2007, 127) l’observation participante a cette capacité de transformer la « participation pure » à l’observation analytique. En d’autres termes, il s’agira de procéder à une « conversion à la recherche » d’une participation active ou passive à un processus ou à une de ses phases opérationnelles. Selon Demailly qui a travaillé sur le suivi des recommandations de modernisation de l’administration publique au ministère français de l’Éducation, cette formule d’insertion à titre de participant (ici, sous forme d’assistant) dans les discussions émanant de la mise en oeuvre d’un projet (ici, INTRANET), relèverait d’une « observation participante usager-partenaire » (1992, 431). La portée principale de ce positionnement du chercheur vis-à-vis de son objet d’études consiste en la récolte d’informations et des subtilités que tout chercheur externe ne peut percevoir (Bastien 2007, 128). Elle consiste concrètement en une « observation d’une collectivité dont le chercheur est membre », comme participant, sans qu’il ne dévoile son intention de chercheur (Bastien 2007, 129). Le « chercheur » pénètre ainsi un « contexte naturel », traditionnellement peu ouvert au regard extérieur. Cette opacité qui caractérise l’ensemble de l’administration algérienne fondamentalement bureaucrate et verticale a en quelques sortes été défiée par ma participation à l’une des facette de ce projet, dans la mesure où, quoique travaillant pour le compte de l’équipe européenne, étant de nationalité algérienne et pratiquant le même langage, j’étais perçu instinctivement comme un collaborateur potentiel et non comme un acteur externe pouvant évaluer leur travail et en rendre compte à mon supérieur. A contrario, les séances de travail tenues par M. Ortega à l’endroit de l’équipe informatique avaient des relents de formation, de suivi et d’évaluation du travail effectué au niveau des étapes de la mise en place d’un INTRANET. Ce triple positionnement (assistante du projet de jumelage, participant à la mise en oeuvre d’un INTRANET, élément de nationalité algérienne) me permettait implicitement d’avoir accès à des informations précises sur la disposition de la page d’accueil, du travail de préparation et d’apprentissage par le Webmaster des éléments d’insertion de textes au niveau de WordPress, et de la mise à niveau technique de l’ingénieure informatique de la DMNI. Cette constatation de visu m’a permis de me positionner au sein de cette équipe de sortes à faire valoir ma participation et à la prioriser sur mon statut d’observateur opportuniste (Bastien 2007, 136). Comme le soutient Bastien (citant l’ethnographe Favret-Saada) :
« De tous les pièges qui menacent notre travail (ndlr. Chercheur dans une optique d’observateur participant), il en est deux dont nous avions appris à nous méfier comme de la peste : accepter de participer au discours indigène et succomber aux tentations de la subjectivité. Non seulement il m’a été impossible de les éviter, mais c’est par leur moyen que j’ai élaboré l’essentiel de mon ethnographie» (2007, 137).
Cette citation met en lumière la complexité d’une telle posture dans une perspective épistémologique, d’acquisition de connaissances et de la capacité à pouvoir les exprimer et les répercuter sur le présent rapport notamment. En effet, la place du chercheur (même dans le sens d’intervenant) est une question délicate auxquelles différents paramètres et facteurs, pas toujours prévisibles, peuvent venir biaiser ou consolider une interprétation. La neutralité axiologique pour reprendre Max Weber est en quelques sortes illusoires pour un chercheur-terrain qui porte en lui un héritage socioculturel qui fait en sortes qu’il peut facilement céder « aux tentations de la subjectivité ».
La deuxième branche méthodologique à laquelle j’ai eu recours dans la rédaction et l’analyse de mon rapport est l’analyse de contenu. Cet outil de collecte de données se veut une « technique de recherche servant à la description objective et quantitative du contenu manifeste des communications » (Leray 2008, 6). Cette définition que propose Leray et qui a trait au monde de la communication nous paraît porteuse de sens parallèlement à notre projet d’étude dans la mesure où un Plan directeur portant sur l’implémentation d’un système d’information a fait l’objet d’un livrable important, ponctuant une activité dédiée à un diagnostic et à des propositions dans ce domaine conformément à l’existant, remis par l’équipe espagnole au comité de direction de l’IGF au mois d’octobre 2017. Il s’agit d’un document comportant toutes les recommandations et alternatives destinées à répondre aux déficiences qui ont été enregistrées au niveau de la DMNI. En effet, encore une fois, il s’agit d’un cadre de propositions sensées implanter un système d’information et à doter l’IGF d’instruments novateurs en matière de transmission de l’information, de vérifications de données, et de contrôle informatique. L’analyse de contenu que nous mettons ici en avant est donc liée à l’étude de ce document dans une perspective managériale et non technique. A dire vrai, ce livrable produit par les experts espagnols renferme une série de mesures techniques mais aussi des recommandations axées sur des méthodes et des stratégies pouvant faciliter l’implémentation d’un SI, notamment l’option de l’externalisation de certains services qui tournent autour de la sécurité des réseaux et la maintenance. Même si ce point intervient dans une chronologie post-implémentation du fait de sa vocation « soutien », il est plus que nécessaire d’y réfléchir longuement puisqu’il sera garant de la fiabilité du système dans son ensemble.
Le caractère descriptif de l’analyse de contenu nous poussera naturellement à présenter les principales orientations du Plan directeur, tout en leur opposant notre constat pratique sur le terrain, sur la base des sujets et des préoccupations qui ont été abordé de manière récurrente au cours de discussions, formelles et informelles, entre certains responsables et auxquelles j’ai pu assister. L’analyse de contenu suppose aussi l’existence d’un corpus de textes et c’est dans cette optique que le Plan directeur du système d’information va être étudié et nous servir de cadre d’évaluation au vu des actions et des dispositifs mis en place pour répondre aux défis posés. Il est à noter également que le Plan directeur tient compte du cadre administratif de l’IGF et notamment du Plan stratégique de modernisation des finances publiques (PSMFP) établi par le Ministère des finances dans les années 2015-2016. Nous nous concentrerons ainsi sur ce document d’autant plus qu’une des limites de l’analyse de contenu est sa faible disposition à être appliquée à un large corpus, même si, de nos jours, certains logiciels informatiques permettent d’avoir accès (par voie de numérisations) à d’innombrables écrits, jusque-là inaccessibles de par leur quantité (Leray 2008, 7).
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Table des matières
1. Introduction
2. Description de l’organisation et du mandat confié
2.1 Présentation du contrat de jumelage
2.2 Mandat de l’étudiant
3. Littérature sur la performance : entre vision et instruments
3.1 Le passage aux «résultats » : entre approbation de principes et résistances multidimensionnelles
3.2 Dynamique du New Public Management et de la gestion par résultats
3.3 Les systèmes d’information : moelle épinière d’une administration moderne
3.4 Pilotage de l’implémentation : l’humain comme variable déterminante
3.5 Retour sur la performance du SI et les risques inhérents
4. Considérations méthodologiques
5. Résultats, discussions et recommandations
5.1 Cadre général des résultats du jumelage
5.2 Plan directeur du système d’information de l’IGF : entre diagnostic et recommandations
5.3 Perspectives pour l’INTRANET
6. Conclusion
7. Bibliographie
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