Phytothérapie des principales maladies parasitaires

Les différents types de préparation de remèdes

      Les substances contenues dans les plantes sont de nature chimique variée ; certaines sont solubles dans l’eau, d’autres dans l’alcool éthylique, d’autres encore dans l’huile. A partir des plantes médicinales, on peut obtenir différentes préparations dont trois sont les plus employées : la décoction, la macération dans l’alcool (teinture) ou dans l’huile (extraction huileuse) et l’infusion [41].
 Décoction : La décoction est une boisson à base de plantes que l’on fait bouillir dans l’eau et que l’on laisse ensuite refroidir. Elle permet ainsi d’extraire les principes actifs de la plante utilisée, ce qui suppose que ces substances ne sont pas thermolabiles. Ce sont habituellement les parties les plus dures de la plante qui sont utilisées dans ce genre de préparation (racines, graines, écorces etc.). Elle permet une extraction plus complète des principes actifs, avec cependant le risque qu’ils subissent des modifications ou des dégradations du fait de la température de la cuisson [1].
 Macération : La macération est une opération qui consiste à laisser tremper, macérer un corps dans un liquide à froid (eau, vin, alcool, huile…) pour en extraire les principes actifs [1].
 Macération dans de l’huile : Les macéras huileux sont généralement réalisés avec de l’huile d’olive. Ils sont obtenus en laissant macérer les plantes pendant une période allant de quelques jours à quelques semaines dans l’huile avant de filtrer et de mettre en flacons opaques. Exemple : le macéra huileux de l’huile de millepertuis, aux vertus cicatrisantes [39].
 Macération dans l’alcool : Les macéras alcooliques sont couramment appelés teintures mères ou alcoolatures, en fonction du titre de l’alcool utilisé et de l’état de la plante à l’origine, fraîche ou sèche. Les macérations alcooliques sont une façon très intéressante d’utiliser les plantes, car elles se conservent très bien dans le temps. Par contre, elles utilisent une quantité non négligeable d’alcool et sont à proscrire pour les enfants et femmes enceintes [39].
 Infusion : L’infusion est une méthode d’extraction des principes actifs d’une préparation végétale par dissolution dans un liquide initialement bouillant que l’on laisse refroidir. Le terme désigne aussi toutes les boissons préparées par cette méthode, comme les tisanes, le thé par exemple. Cette opération s’oppose à la décoction dans laquelle le liquide est maintenu bouillant, et à la macération dans laquelle le liquide est froid [1]. Les formes les plus modernes ne sont pas utilisées par nos populations, il s’agit de :
 Les huiles essentielles : Connues des mésopotamiens et des égyptiens, les huiles essentielles ont été utilisées depuis fort longtemps pour leurs propriétés antiseptiques, mais aussi pour leur arôme, très puissant. Elles sont obtenues par distillation des parties de plantes aromatiques. Il s’agit donc d’extraits, très concentrés, qui n’ont pas les mêmes vertus que la plante d’origine. Comme elles sont très concentrées, elles sont à utiliser avec prudence, soit diluées dans de l’huile ou de l’alcool, soit avec des dispersants adaptés, soit sur des comprimés neutres. Il est conseillé de toujours bien se renseigner avant d’utiliser une huile essentielle, et de ne jamais en donner à des enfants de moins de 3 ans, ni à des femmes enceintes. Elles peuvent être utilisées en interne avec prudence, en externe ou par diffusion. Sur le flacon doivent figurer le nom de la plante en français, en latin, la partie distillée, le chémotype si nécessaire (c’est à dire la molécule chimique majoritairement présente), la provenance, le mode de culture, le nom du distillateur et la date de distillation [39].
 Les macéras glycérinés de bourgeons : Dans les bourgeons des végétaux se trouvent des cellules particulières appelées méristèmes ou encore cellules totipotentes. Elles sont capables de se transformer en n’importe qu’elle partie de la plante, en fonction des besoins de celle-ci. Les macéras glycérinés de bourgeons sont simples d’utilisation (15 à 30 gouttes par jour), et peuvent être utilisés par tous car leur teneur en alcool est minime. Très performant pour rééquilibrer l’organisme, ils peuvent être utilisés en préventif comme lors d’un traitement. Il faut bien veiller cependant à utiliser les macéras mères et non les dilutions homéopathiques [39].
 Les suspensions intégrales de plantes fraîches : Comme leur nom l’indique, elles sont préparées avec des plantes fraîches broyées à frois mises en suspension à froid dans un mélange d’alcool et d’eau. Elles présentent l’intérêt de conserver toutes les propriétés de la plante fraîche. Cependant, elles sont encore peu répandues et peu de plantes sont disponibles sous cette forme à ce jour [39].
 Les fleurs de bachs et autres élixirs floraux : Ce sont des macéras obtenus dans des conditions spécifiques qui confèrent à ces préparations des propriétés toutes particulières. Exempts de toutes contre indications, ils sont particulièrement indiqués lors de forts chocs émotionnels, ou de douleurs dont la prise en charge est délicate [39].

Interaction entre plante médicinale et médicaments

       La prise simultanée de plantes médicinales et de médicaments peut entraîner l’interaction des deux remèdes et l’apparition d’effets secondaires, parfois graves. Par exemple, le millepertuis peut inhiber l’effet de certains médicaments comme la digoxine, la théophylline, les anticoagulants à base d’anti-vitamine K, les contraceptifs oraux, certains antidépresseurs, la ciclosporine, les médicaments contre l’infection à VIH (SIDA) l’amprénavir ou l’indinavir, et certains anticancéreux [40].

Plantes et découvertes de médicaments

     De nombreux médicaments ont été élaborés à partir de plantes. Les molécules actives, appelées principes actifs sont extraits de certaines plantes pour fabriquer les médicaments. Il faut savoir aussi que plus d’un tiers des médicaments dits chimiques ou allopathiques (utilisés en thérapeutique) proviennent à l’origine des plantes. La molécule étant soit utilisée telle quelle ou modifiée. C’est surtout le cas de certains médicaments contre le cancer (ex. le taxol extrait de l’if). Actuellement la plupart des nouveaux médicaments sont produits par des processus mathématiques et chimiques très complexes (synthèse). Exemples de médicaments ayant une origine phytothérapeutique.
-L’Aspirine (l’acide acétylsalicylique) doit son origine à la Saule et à  la Reine des prés. Un chimiste de la firme allemande Bayer a rajouté le radical acétyl à l’acide salicylique pour former l’acide acétylsalicylique (Aspirine).
-la digitaline qui provient de la plante digitale est utilisée dans l’insuffisance cardiaque.
-le pavot est une plante qui contient de nombreux alcaloïdes. Ces groupes de substances azotées sont à la base de très nombreuses molécules agissant en général sur le système nerveux. Certaines sont malheureusement illégales et très dangereuses mais d’autres offrent des solutions intéressantes dans la lutte contre la douleur, c’est le cas de la morphine. On peut également extraire de cette plante la codéine, une molécule agissant au niveau central et très efficace contre la toux.
 Plus récemment, l’artémisinine a été extraite d’une plante poussant en Chine l’Artemisia annua L. Cette molécule en association avec d’autres antipaludéens est très efficace, pour lutter contre le paludisme [38].

Identification botanique des plantes

    L’identification botanique des plantes a été effectuée au laboratoire de pharmacognosie et botanique de la faculté de médecine, de pharmacie et d’odontostomatologie et de l’IFAN de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Cette identification a été faite à partir des noms en langue locale des plantes et à partir d’herbiers réalisés. Certains ouvrages ont été également consultés pour l’identification de certaines plantes.

CONCLUSION

     Pour des raisons culturelles, traditionnelles et d’efficacité, les populations africaines utilisent depuis l’antiquité les plantes soit pour se nourrir soit pour se soigner. Ce savoir est transmis de génération en génération de manière orale. L’attachement des populations à la phytothérapie est souvent dû aux manques de moyens, à l’absence d’infrastructures sanitaires adaptées et au coût trop cher des produits pharmaceutiques. Alors que les plantes sont disponibles dans la nature, sans frais et sont d’accès facile. La médecine moderne est consultée le plus souvent en dernier recours. Notre objectif dans cette étude, était de recenser les plantes médicinales antiparasitaires utilisées par les populations, les identifier et de décrire leurs modes d’emploi. L’enquête s’est déroulée dans le Fouta et a concerné trois régions administratives que sont Gorgol, Brakna et Trarza. Ces localités sont situées au bord du fleuve Sénégal et sont caractérisées par un taux relativement élevé de maladies d’origines parasitaires, telles que le paludisme, les parasitoses intestinales, la bilharziose, les dermatoses dues aux parasites et la dysenterie amibienne. Sur 243 personnes enquêtées nous avons noté (56%) d’hommes contre (44%) de femmes, 272 fiches on été établies. Nous avons noté que 37,86% des enquêtés avaient recours à la phytothérapie pour des raisons d’accès facile et au coût des traitements moindres par rapport à la médecine moderne. 34,56% avaient confiance aux plantes et reconnaissaient leur efficacité. De même 19,34% d’entre- eux ont hérité ce savoir de leurs parents, et enfin (8,23%) sont sans avis. Les parties de la plante les plus utilisées sont par ordre d’importance, les feuilles (46,80%), les racines (13,80%), la plante entière (9,42%), les écorces (8,75%), les graines (8,41%), les bulbes (4, 37%), les tiges (4,04%), les fruits (3, 36%) et le latex (1,01%). Les lieux d’approvisionnement des plantes sont majoritairement la nature (55,14%). Les marchés locaux (23,05%) sont fréquemment sollicités comme source d’approvisionnement et enfin les guérisseurs (21,80%). Au terme de l’enquête, nous avons répertorié 55 espèces reparties en 31 familles. Les espèces rencontrées sont aussi décrites dans la littérature possédant des propriétés antiparasitaires. Nous avons insisté sur les espèces les plus citées par les populations et certaines espèces ont été utilisées dans le traitement de plusieurs maladies parasitaires à la fois. La bilharziose représentait la pathologie la plus fournie avec 31 plantes alors que la dysenterie amibienne avait concerné que 4 plantes. Certaines plantes médicinales utilisées par les guérisseurs n’ont pu être identifiées. Les remèdes sont administrés en général par 3 voies : la voie orale, la voie externe et la voie rectale. Nous avons également noté un taux de satisfaction important des populations pour la phytothérapie. Cependant, notre enquête avait relevé un certain nombre d’insuffisances, liées
 A la marginalisation de la phytothérapie par les autorités mauritaniennes
 Au déficit de contrôle et de réglementation des guérisseurs
 Au manque de collaboration entre médecine traditionnelle et médecine moderne.
 A la non protection de la nature

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Table des matières

INTRODUCTION
Première partie : Généralités sur la phytothérapie
I Historique de la phytothérapie
II Définition de la phytothérapie
III Avantages de la phytothérapie
IV Les tradithérapeutes
V Indications des plantes médicinales
VI Les préparations des remèdes en médecine traditionnelle
VI.1 Les parties utilisées de la plante
VI.2 Les différentes méthodes de fabrication des remèdes
VI.2.1 Les différents types de préparation de remèdes
VI.2.2 Autres modes de préparation des remèdes
VII Règles à respecter en phytothérapie pour la cueillette des plantes médicinales
VII.1 Les Procédés de conservation
VII.2 Lieux d’approvisionnement
VIII Le cas des phytomédicaments
VIII.1 Précaution d’emploi des phytomédicaments
IX Interaction entre plante médicinale et médicaments
X Plantes et découvertes de médicaments
XI La médicine traditionnelle au Sénégal
XII La médicine traditionnelle en Mauritanie
Deuxième partie: Présentation du cadre de l’étude
I Présentation Géographique de la Mauritanie
I.1 La population
I.2 Le climat
I.3 L’économie
II Situation Géographique des trois régions enquêtées
II.1 Situation Géographique de la région du Gorgol
II.1.1 Situation administrative
II.1.2 Cadre physique
II.1.2.1 Climat et pluviométrie
II.1.2.2 La végétation
II.1.3 Cadre humain
II.1.3.1 Population
II.1.4 Situation sanitaire
II.1.4.1 Principales pathologies rencontrées
II.2 Situation géographique de la région du Brakna
II.2.1 Situation administrative
II.2.2 Cadre physique
II.2.2.1 Climat et pluviométrie
II.2.2.2 La végétation
II.2.3 Cadre Humain
II.2.3.1 Population
II.2.4 Situation sanitaire
II.2.4.1 Principales pathologies rencontrées
II.3 Situation géographique de la région du Trarza
II.3.1 Situation administrative
II.3.2 Cadre physique
II.3.2.1 Climat et pluviométrie
II.3.2.2 La végétation
II.3.3 Cadre humain
II.3.3.1 Population
II.3.4 Situation sanitaire
II.3.4.1 Principales pathologies rencontrées
Troisième partie : Enquêtes ethnopharmacologiques
I Méthodologie
I.1 Objectif de l’étude
I.2 Echantillonnage
I.2.1 Populations étudiées
I.2.2 Critères de sélection des sites et des personnes
I.2.3 Les principales pathologies
I.3 Instruments de collecte des données
I.4 Traitement des données
I.5 Identification botanique des plantes
I.6 Difficultés rencontrées
II Résultats et commentaires
II.1 Données sur la population étudiée
II.2 Les raisons du recours à la phytothérapie
II.3 Résultats exprimés en fonction des pathologies les plus fréquentes
II.3.1 Les plantes utilisées contre le paludisme
II.3.2 Les plantes utilisées contre les parasitoses intestinales (vers intestinaux)
II.3.3 Les plantes utilisées contre la gale
II.3.4 Les plantes utilisées contre la bilharziose (intestinale et urinaire)
II.3.5 Les plantes utilisées contre la Dysenterie amibienne
II.4 Les plantes et leurs indications thérapeutiques
II.5 Lieux d’approvisionnement
II.6 Préparation et mode d’administration des remèdes
II.6.1 Formes galéniques rencontrées
II.6.2 Modes d’administrations des remèdes
II.6.3 Les parties de la plante utilisées
II.7 Précautions particulières et contre-indications
II.8 Evaluation du niveau de satisfaction
DISCUSSION
CONCLUSION

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