Physiologie de la mastication chez l’homme

PHYSIOLOGIE DE LA MASTICATION CHEZ L’HOMME

D’après Gaspard (17), « un système est un ensemble dont les composantes spécialisées sont quasiment exclusives. Un appareil est constitué d’organes qui participent à une ou un nombre limité de fonctions principales, mais qui peuvent aussi contribuer […] à des fonctions accessoires ». On peut donc parler d’appareil manducateur comme d’un ensemble réalisant un système constitué par les arcades dentaires, la mandibule, le maxillaire, la langue et le palais. L’articulation temporomandibulaire (ATM) et les muscles sont les effecteurs du mécanisme de mastication.

La manducation inclut des fonctions en interrelations :
– Sensitives : somesthésie bucco-dentaire, proprioception musculaire et articulaire, viscéroception et nociception.
– Sensorielles : gustation et olfaction.
– Motrices :succion, tétée, mastication, déglutition.
– Posturale : antigravifidique.
– Sécrétrice : salivation.
– De coordination.
– De contrôle nerveux et endocrinien.

Mastication, définition
La mastication est une des étapes de la super-fonction de manducation (du latin « manducare », action de manger. Ensemble des opérations antérieures à la digestion, que sont la préhension, la mastication, l’insalivation et la déglutition). Elle représente la première phase dans le processus de digestion. Elle inclut différentes étapes que nous pouvons résumer ainsi :
– Sélection des aliments (dépend des habitudes alimentaires, de l’aspect visuel et des expériences cognitives qui y sont associées).
– Aliments coupés et portés en bouche par l’intermédiaire de couverts ou directement incisés par les incisives.
– Formation du bol alimentaire et transport de ce dernier jusqu’à l’oesophage.

La mastication peut être définie comme l’acte par lequel la consistance des aliments est mécaniquement modifiée afin de permettre leur déglutition.

C’est un acte rythmique et très complexe, au cours duquel, les aliments sont coupés, écrasés puis broyés par un travail synergique des dents, lèvres, joues et langue, sous l’action de la salive. La mastication physiologique est une mastication unilatérale alternée. Il s’agit d’une praxie dissymétrique. Lors de son étude, il faudra donc envisager séparément les côtés droit et gauche. Elle constitue une véritable matrice fonctionnelle. Ceci est en partie illustré par le fait que les dysfonctions masticatoires sont à l’origine de nombreuses pathologies morphologiques et dentaires (encombrement dentaire, supraclusion, classe II subdivision…) et que leur absence de prise en charge est à l’origine de nombreuses récidives. Ainsi, lors d’un bilan orthodontique, l’examen de la mastication est une étape capitale.

Morphogenèse des arcades dentaires 

Phénomène de dentition

Le phénomène de dentition s’étale sur une vingtaine d’années (du troisième mois de vie intra-utérine avec le début de la minéralisation des incisives centrales temporaires à environ vingt-cinq années plus tard avec la fin de l’édification radiculaire des troisièmes molaires).

Il s’établit en 3 phases :
– Phase de constitution de la denture temporaire (de 6 mois à 3 ans), suivie d’une période de denture temporaire stable avec 20 dents lactéales jusqu’à 6 ans.
– Phase de constitution de la denture mixte, marquée par l’évolution des premières molaires permanentes (« dent de 6 ans ») et des incisives permanentes, suivie d’une période de denture mixte stable jusqu’à l’apparition des prémolaires et canines.
– Phase de constitution de la denture permanente comprenant chronologiquement :
→ Phase de constitution de la denture adolescente avec apparition des prémolaires et canines.
→ Période de stabilité de la denture adolescente.
→ Phase de constitution de la denture adulte jeune.
→ Phase de denture adulte jeune stable avec deuxièmes molaires évoluées.
→ Constitution de la denture adulte complète avec l’apparition des troisièmes molaires.

Remarque : Les travaux de Trillat ont mis en évidence un retard d’éruption d’environ deux mois chez des enfants nourris exclusivement d’aliments mous et liquides suite à l’allaitement.

Genèse et mise en place de la mastication physiologique chez l’Homme

La mise en place de la mastication physiologique retrouvée chez l’Homme adulte ne se fait pas spontanément au moment du sevrage. Elle fait suite au mâchonnement unilatéral alterné qui va précéder l’éruption des premières dents temporaires et la constitution des premières clés occlusoarticulaires. On assiste donc à un processus évolutif caractérisé par le passage d’une praxie bilatérale (jeu musculaire et articulaire symétrique par rapport au plan sagittal médian, synergique à droite et à gauche) à une praxie unilatérale alternée. Tout d’abord, il faut savoir que quel que soit le stade de maturation, l’appareil manducateur est fonctionnel (cette fonction est en cohérence avec la période de vie).

La mastication va donc s’adapter au processus de vieillissement mais sera toujours apte fonctionnellement. Ce n’est que lorsque la sénilité apparaît que l’on peut voir un dérèglement dans le fonctionnement de l’appareil manducateur .

Evolution des fonctions motrices de la manducation depuis la vie intra-utérine jusqu’à la mise en place complète de la denture lactéale :
On note, en plus de l’apparition des premiers mouvements masticatoires chez le fœtus, quatre étapes dans l’évolution du mode d’alimentation des enfants, correspondant à trois stades dans la mise en place progressive de la denture lactéale.

Mouvements de succion-déglutition et mouvements masticatoires chez le fœtus
– In utero, le fœtus est en interaction avec son environnement et de façon concomitante au développement organique, se met en place un développement fonctionnel et comportemental.
– La fréquence des déglutitions n’est pas constante mais influencée par les conditions environnementales notamment les stimuli gustatifs.
– A la 24eme semaine de vie intra-utérine, la fonction de « succion-déglutition » devient efficace et l’on voit apparaître des mouvements d’abduction-adduction et propulsionrétropulsion.

Nouveau-né : Allaitement du nourrisson et fonction de « succion-déglutition »
– A la naissance, le nouveau-né présente des réflexes oraux qui ont été mis en place durant la vie intra-utérine et dont le but est de se nourrir (72).
→ Notamment, les réflexes de morsure (le nouveau-né va presser le mamelon ou la tétine pour faire sortir le lait) et de succion (la langue s’étale et va réaliser une dépression intrabuccale en prenant la forme du mamelon ou de la tétine). Ce réflexe apparaît dès l’introduction du mamelon, de la tétine ou du doigt dans la bouche.
– Les fonctions de succion-tétée-déglutition sont opérationnelles (praxie symétrique).
– Pendant la succion, le réflexe de déglutition est inhibé permettant au nouveau-né de respirer.

Cette phase dure de 6 à 20 mois et elle est essentielle pour le développement de la mandibule et la prévention des rétromandibulies car il existe chez le nourrisson un décalage sagittal entre le maxillaire et la mandibule (rétrognathie physiologique du nouveau-né). La mandibule devra donc réaliser une croissance importante vers l’avant pour corriger le décalage au cours des premiers mois et premières années. Le stimulus fonctionnel nécessaire à la correction de cette rétromandibulie sera fourni par l’organe masticateur. Il consiste en une alternance de mouvements de propulsions-rétropulsions mandibulaires associée à un travail de massage par la langue. C’est le muscle hypoglosse qui joue le rôle le plus important au cours de cette fonction. Il permet la rétraction de la langue formant ainsi une gouttière médiane longitudinale dans laquelle viendra s’écouler le liquide (phénomène déjà présent chez le fœtus). L’activité des ptérygoïdiens externes constitue un stimulus essentiel pour activer la croissance des cartilages condyliens et par ce fait l’allongement de la mandibule (très important travail musculaire). La stabilité de la mandibule est assurée par la pointe et les deux côtés de la langue.

RECOMMANDATIONS :
La fonction de succion au cours de l’allaitement a un impact considérable sur le développement des structures faciales. Elle permet notamment une croissance normale des os de la face, un bon positionnement des dents et intervient dans la prévention des malocclusions. Ainsi, afin d’optimiser ce potentiel de croissance, il faudrait un allaitement au sein au moins jusqu’à l’éruption des incisives.

De l’allaitement à l’apprentissage de la mastication

Dans un premier temps, lors de l’allaitement, les mouvements mandibulaires sont uniformes puis vont progressivement devenir des mouvements variés avec des phases successives d’accélération et de décélération. Les mouvements de propulsion-rétropulsion et de rotation en abduction-adduction vont progressivement s’effacer à l’approche des premiers mouvements de mordillement et de mâchonnement unilatéral alterné. Le mâchonnement unilatéral alterné commence à apparaître vers 5 mois (17). Il est caractérisé par un déplacement mandibulaire en diagonale associé à un léger effet de torque, prémisse de la diduction. Au niveau cinématique, cela se traduit par le mouvement d’un des condyles vers l’avant, l’intérieur et le bas, alors que dans le même temps, l’autre condyle pivote sur lui même en glissant légèrement vers l’arrière, le haut et l’extérieur. Les condyles effectuent ensuite un retour à leur position initiale. Cette étape ferait donc partie du processus de maturation de l’enfant, « le bébé est fortement enclin à accomplir des mouvements mandibulaires obliques, annonciateurs à court terme de la diduction ». Ce phénomène est d’autant plus présent qu’on se rapproche du moment de l’éruption des dents.

Denture temporaire : Fonction de préhension-morsure, premiers mouvements d’incision et de mâchonnement-mastication

A partir de l’âge de 5-6 mois, la mastication unilatérale alternée (praxie dissymétrique) se met progressivement en place avec l’éruption des premières dents temporaires (incisives lactéales) et l’intégration progressive de l’alimentation solide. Celle-ci est initiée par le réflexe de morsure. Au départ, cette fonction se manifeste avec l’éruption des dents par un mâchonnement unilatéral alterné. La succion-déglutition (automatico-réflexe) va progressivement être remplacée par la masticationdéglutition (automatico-volontaire). Le réflexe de retournement de la langue permet au bébé d’amener l’objet sur les gencives endolories et de se soulager en mordant. Les premiers mouvements de mâchonnement/mastication apparaissent quant à eux, vers 1 an ½, avec l’éruption des premières molaires lactéales et l’établissement des premières clés occlusales permettant ainsi le développement progressif des mouvements de mastication. L’enfant découvre la possibilité d’écraser les aliments entre les dents antagonistes (apparition de cycles masticateurs structurés). Les afférences desmodontales jouant un rôle primordial dans cet apprentissage. Au moment de l’éruption des canines et des secondes molaires temporaires (vers 2 ans ½) la denture temporaire est complète et fonctionnelle. Se met alors en place, une ébauche de schéma masticateur, avec au début, des mouvements de mâchonnement.

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Table des matières

INTRODUCTION
I.PHYSIOLOGIE DE LA MASTICATION CHEZ L’HOMME
A)Morphogenèse des arcades dentaires
B)Genèse et mise en place de la mastication physiologique chez l’Homme
II.ETUDE DE LA MASTICATION CHEZ L’HOMME
A)Cycle masticatoire
B)Séquence masticatoire
C)Etude de la fonction masticatoire chez un individu jeune et sain
D)Les déterminants de la mastication
E)Occlusion et mastication
F)Facteurs influençant la forme des cycles masticateurs
G)Activité musculaire au cours de la mastication
H)Contrôle nerveux de la mastication
III.MASTICATION ET ORTHOPEDIE DENTO-FACIALE, CONSEQUENCES CLINIQUES DE PREVENTION ET DE THERAPEUTIQUE
A)Les différents modes de mastication et répercussions ODF
1)Mastication physiologique, unilatérale alternée
2)Mastication unilatérale stricte ou dominante
3)Mastication bilatérale, en ouverture-fermeture (mouvements de Walter)
B)Impacts de la mastication sur la croissance crânio-faciale
1)Edification de la mandibule depuis la vie intra-utérine jusqu’aux premiers mouvements de succions-déglutitions
2)Conditions optimales favorisant une croissance harmonieuse des mâchoires
3)Influence des facteurs environnementaux, dont la mastication, sur la croissance crânio-faciale
4)Mastication selon Planas
5)Développement fonctionnel et morphologique normal associé à la mastication physiologique
6)Influence du morphotype constitutionnel sur la mastication
7)Anomalies de la fonction masticatoire et répercussions sur la croissance crâniofaciale
C)Influence des aliments mastiqués sur la morphogenèse des arcades dentaires et conséquences orthodontiques
1)Evolution du régime alimentaire chez les homininés et adaptation de la morphologie crânio-faciale
2)Adaptation de la mastication aux propriétés mécaniques des aliments
3)Adaptation de la fonction masticatoire en fonction des caractéristiques propres de l’individu
4)Les bénéfices d’un régime alimentaire nécessitant une mastication efficace pour une croissance correcte
D)QU’EN EST-IL DE LA STABILITE DES RESULTATS POST-TRAITEMENT ?
CONCLUSION

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