Pédagogie d’expression et son outil méthodologique de la ludocréativité

Définitions et enjeux de l’éducation sociale et du métier d’éducateur et d’éducatrice

Avant d’entrer dans le vif du sujet, il semble pertinent de se pencher sur l’étymologie de la notion d’éducation. Tsafak (2001), explique que le terme « éducation » provient du latin « educare » ce qui signifie « […] élever des animaux ou des plantes et, par extension avoir soin des enfants, former, instruire. » (p. 19). L’éducation est un processus qui consiste à agir sur une personne afin qu’elle développe ses potentialités pour passer d’un état initial à un autre. Dans l’acte éducatif, il y a une intention, une finalité. D’après les travaux de Tsafak (2001), l’éducation est un concept ancestral qui, à travers les âges, a donné lieu à de multiples définitions et interprétations. De plus, l’éducation peut prendre différentes formes selon le contexte dans lequel elle se réalise, les fins qu’elle poursuit ainsi que suivant celui ou celle qui la procure. Cet auteur cite comme exemples l’éducation scolaire, l’éducation familiale, l’éducation extrascolaire, l’éducation non formelle ou encore l’éducation physique et bien entendu, l’éducation sociale. L’éducation spécialisée que nous appelons désormais sociale1, est une science qui a toujours eu de la peine à se définir. Il y a beaucoup à dire sur le sujet, une multitude de travaux ayant traités de la complexité de la profession. Voici une définition plus ou moins élargie du concept en y apportant un « regard historique ».

La définition de l’éducation sociale au sens de l’article 2 des Statuts de l’Association européenne des centres de formation au travail socio-éducatif et sur laquelle se réfère le Plan d’études cadre Bachelor 2006 de la Haute Ecole Spécialisée de Suisse occidentale est la suivante : « L’action menée par un professionnel qui, après une formation spécifique, favorise par la mise en oeuvre de méthodes et de techniques pédagogiques et sociales, le développement personnel, la maturation sociale et l’autonomie des jeunes enfants, des personnes-jeunes ou adultes- en difficulté, handicapées, inadaptées ou en voie de l’être. Il partage avec elles diverses situations spontanées ou suscitées de la vie quotidienne, soit au sein d’un établissement ou d’un service, soit dans le milieu naturel de vie, par une action continue et conjointe et avec le milieu. » (FESET Statuts, 2004). Cette définition soulève la complexité du métier à se définir, car il englobe un domaine d’intervention étendu et une multitude de savoir-être et de savoir-faire se référant à diverses professions issues des sciences humaines (sociologie, psychologie, pédagogie, droit, etc.).

Afin de mieux cerner les contours de la profession, je relève en complément les propos tenus par Coquoz (2006) et Wacquez (2013). En les articulant ensemble, ils alimentent ma réflexion et me permettent de mieux saisir la construction de la profession et les enjeux qui s’en dégagent. Coquoz (2006) met en premier lieu l’attention sur le fait que les crises identitaires qui touchent les professionnel·le·s de l’éducation évoluent en fonction des configurations idéologiques, de l’évolution des politiques sociales et du statut de la profession par rapport à d’autres. Historiquement, l’éducation, qui appartient au domaine du travail social, succède en premier lieu à des actes de charité, des initiatives d’ordre philanthropique. Ces actes se sont ensuite rattachés à l’univers domestique réservé aux femmes, en se substituant aux formes traditionnelles de solidarité familiale ou communautaire. La professionnalisation du métier d’éducateur et d’éducatrice s’est réalisée à travers l’extension des problématiques sociales à l’espace public et en raison de l’intervention de l’Etat pour maintenir un certain ordre. Ceci remonterait au début du XXème siècle, si on se réfère au dictionnaire historique de la Suisse (Wolfisberg, 2014).

Cet héritage où la vertu était plus valorisée que les compétences dans l’exercice du travail social, est resté ancré dans la pensée collective. Ainsi, la légitimité du métier d’éducateur et d’éducatrice est remise en cause car les compétences mobilisées se rapportent à des savoir-faire et savoir-être, qui sont difficilement mesurables à l’aide d’indicateurs de performance. Une grande part des tâches effectuées par l’éducateur et l’éducatrice n’est donc pas perceptible. En effet, l’éducation sociale peut prendre différentes formes et elle ne se réfère pas à un savoir ou à une technique spécifique ; ses modalités et ses outils sont variés et évoluent constamment. Il s’agit d’une profession de l’humain·e ce qui nécessite une grande part d’improvisation et d’adaptation face à certaines situations (Wacquez 2013). Enfin, au vu de la situation économique actuelle, le secteur de l’éducation sociale subit une pression croissante des milieux politiques visant à réduire le financement des prestations fournies. Dans ce contexte, le défi est de continuer à améliorer la qualité des services aux usagers et usagères, malgré d’éventuelles restrictions budgétaires. Ainsi, les professionnel·le·s doivent défendre la légitimité et les finalités de l’éducation sociale (Coquoz, 2006).

En référence au point précédent, Philippe Gaberan (2014), éducateur spécialisé et docteur en Sciences de l’éducation, a lui aussi mis en évidence l’ambiguïté et la complexité du métier d’éducateur et d’éducatrice social·e dans ses travaux. À ce propos, il tient à repréciser la mission principale du métier qui, encore trop souvent, est réduite au « être ensemble » et « faire avec » : « L’essentiel de ce métier est ailleurs que dans ce qu’il donne à voir de lui-même : la répétition au quotidien d’actes extrêmement banals, qui ne sont que le biais par lequel l’Autre accède au sens de ce qui le fait être là au monde. […] L’éducateur développe une expertise et des outils adaptés pour aider tout Autre, quels que soient ses origines ou ses handicaps, à accéder au grandir. L’éducateur n’est pas celui qui normose des individus mais celui avec qui l’Autre compose son existence. » (Gaberan, 2014, p.98). Gaberan (2014) met l’accent sur la mission d’aide au grandir qui réside dans l’accompagnement de l’individu·e à réaliser ses propres choix. Wacquez (2013) évoque les missions du métier d’éducateur et d’éducatrice dans le contexte actuel où les changements dans la société s’opèrent rapidement et où il faut faire face à des situations de plus en plus complexes. Les professionnel·le·s de l’éducation sociale interviennent dans des situations de souffrance et de marginalisation où un ordre social, familial, psychologique et/ou biologique a été rompu. Ils et elles accompagnent les personnes au quotidien afin qu’elles développent leurs potentialités.

Ceci passe par la restauration de la parole, la confrontation à la loi, la capacité de faire des choix, la création de solidarités et de projets, l’amélioration de la cohésion sociale ou encore l’intégration des personnes. Il est du devoir de l’éducateur et de l’éducatrice de se questionner au sujet de l’exclusion et de la place que la société accorde à chacun·e en vue de garantir l’accès aux droits et la participation de tous et toutes. À ce titre, la recherche d’une société plus juste peut s’inscrire dans des actions politiques. Par ailleurs, étant donné que les professionnel·le·s de l’éducation interviennent le plus souvent dans les gestes de la vie quotidienne, il est important de donner du sens à leurs actions et de développer une certaine créativité. Enfin, les professionnel·le·s travaillent en collaboration et en partenariat, leurs actions s’inscrivent dans une équipe, une institution et un réseau professionnel (Wacquez, 2013). Dans ses propos, Wacquez (2013) met aussi en évidence le fait que l’éducateur et l’éducatrice doivent appréhender la personne dans sa globalité en considérant tous les aspects de sa personnalité, toutes les composantes de sa réalité et tous les liens qu’elle entretient avec son environnement, ce qui renvoie notamment à une approche systémique. Tant Coquoz (2006) que Wacquez (2013), s’accordent sur le fait que l’éducation sociale évolue désormais dans un univers instable. Les normes dans lesquelles la profession est exercée fluctuent sans cesse. Dans ce sens, les éducateurs et les éducatrices doivent repenser la question du bien-être commun, des valeurs et de l’autonomie, par exemple, mais ils et elles doivent également proposer de nouvelles méthodes, innover afin de mieux répondre aux problématiques qui émergent de la société.

Valeurs Sierro (2014) explique que la pratique du travail social, et ceci quelle que soit sa nature (animation socioculturelle, assistance sociale, éducation sociale, etc.), est basée sur l’éthique. Celle-ci, selon son étymologie, provient du grec « Ethos », ce qui signifie « une manière d’être, d’habiter le monde ». Je le comprends comme une manière de se comporter et d’être en relation avec son environnement. L’être humain·e doit réfléchir à sa façon de se comporter au mieux et c’est à partir des valeurs qu’il ou elle pourra y parvenir car elles l’aident à se situer lors de ses actions et de ses choix. L’éthique est donc la mise en pratique de nos valeurs personnelles. Pour connaître et comprendre les valeurs de l’éducation sociale, il faut remonter à son origine qui s’inscrit dans le domaine du travail social. Les fondements et les valeurs de ce dernier sont la solidarité et la lutte contre les inégalités. Ces notions sont apparues dans plusieurs civilisations avant que le travail social soit professionnalisé.

La solidarité correspondait à la charité, initiative d’ordre religieux qui était organisée par l’Église avant que l’État se voie attribuer la responsabilité des problématiques sociales dès le XXème siècle (Wolfisberg, 2014). Actuellement, la conception de l’éthique professionnelle du travail social est dictée par deux associations faîtières, soit la Fédération internationale du travail social et l’Association internationale des écoles de travail social. Toutes deux mettent en évidence les principes fondamentaux de l’éthique du travail social à travers la définition qu’elles en donnent. Cette dernière permet d’isoler de nombreuses valeurs. La vocation première du travail social est d’aider une personne ou un groupe de personnes à accéder aux droits que la société leur confère. Pour y parvenir, les professionnel·le·s doivent promouvoir le changement et le développement social, la cohésion sociale en vue de la résolution des problèmes liés aux relations humaines et la libération des personnes dans le but d’améliorer leur bien-être général. « […] Les principes de justice sociale, de droit de la personne, de responsabilité sociale collective et de respect des diversités sont au coeur du travail social. » (IASSW, 2014).

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Table des matières

1 Introduction
1.1 Choix de la thématique
1.2 Motivations professionnelles
2 Problématisation
2.1 Point de départ de la recherche
2.2 Question de recherche
2.3 Hypothèses
2.4 Objectifs
3 Cadre théorique
3.1 Éducation sociale
3.1.1 Définitions et enjeux de l’éducation sociale et du métier d’éducateur et d’éducatrice
3.1.2 Finalités
3.1.3 Valeurs
3.1.4 Outil éducatif
3.1.5 Éducation de l’enfant
3.2 Participation sociale
3.2.1 Définitions et enjeux
3.2.2 Participation des enfants
3.3 Pédagogie d’expression et son outil méthodologique de la ludocréativité
3.3.1 Définition et précisions
3.3.2 Genèse du concept
3.3.3 Séquence méthodologique
3.4 Synthèse et discussion des résultats de la revue de littérature
3.4.1 Hypothèse 1 : Les valeurs et les finalités de l’expression ludocréative correspondent à celles de l’éducation sociale
3.4.2 Hypothèse 1.a : La participation constitue une finalité commune à l’éducation sociale et à la pédagogie de l’expression ludocréative
4 Méthodologie
4.1 Élaboration de l’intervention
4.2 Échantillon retenu
4.3 Biais de l’enquête
4.4 Méthode de collecte de données
5 Enquête empirique HES-SO//Valais-Wallis Bachelor of Arts in Travail Social
5.1 Hypothèse 1 : Les valeurs et les finalités de l’expression ludocréative correspondent à celles de l’éducation sociale
5.1.1 Présentation et discussion des résultats
5.1.2 Vérification de l’hypothèse 1
5.2 Hypothèse 1.a : La participation constitue une finalité commune à l’éducation sociale et à la pédagogie d’expression ludocréative
5.2.1 Présentation et discussion des résultats
5.2.2 Vérification de l’hypothèse 1.a
5.3 Hypothèse 2 : La pédagogie d’expression ludocréative peut être utilisée comme outil dans l’éducation sociale
5.3.1 Présentation et discussion des résultats
5.3.2 Vérification de l’hypothèse 2
5.4 Hypothèse 2.a : Les professionnel·le·s du social peuvent utiliser la pédagogie d’expression ludocréative pour favoriser la participation des enfants
5.4.1 Présentation et discussion des résultats
5.4.2 Vérification de l’hypothèse 2.a
6 Bilan de recherche
6.1 Synthèse des résultats – réponse à la question de recherche
6.2 Limites de la recherche
6.3 Perspectives de la recherche
6.3.1 Nouveaux questionnements
6.3.2 Pistes d’action
6.4 Positionnement personnel
6.5 Bilan des apprentissages professionnels et personnels
7 Bibliographie
8 Cyberographie
9 Annexes
9.1 Annexe 1
9.2 Annexe 2
9.3 Annexe 3
9.4 Annexe 4
9.5 Annexe 5
9.6 Annexe 6
9.7 Annexe 7
9.8 Annexe 8

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