Intégration de la population équatorienne dans la région de Murcie

PAR : Jeanne Apostoloff

Problématique, plan, hypothèses

Ce travail, inscrit dans le champ de l’anthropologie des migrations, a pour objectif d’examiner les expériences migratoires des Équatorien·ne·s en Murcie après deux décennies de présence massive de cette minorité en Espagne. Pour ce faire, nous allons recomposer les trajectoires individuelles des enquêté·e·s dans un contexte global, éclairé à la fois par la bibliographie sur le sujet mais aussi par le discours des migrant·e·s eux-mêmes. Les quatre parties qui composent ce mémoire ont été inspirées par les nombreuses discussions et observations sur le terrain, et se veulent respecter les priorités et les questionnements des acteurs concernés. C’est pourquoi nous aborderons de multiples facettes de la vie des Équatorien·ne·s en Espagne : la trajectoire migratoire, , les modes d’existence dans la société murcienne, le travail dans ce nouvel espace, ainsi que la famille. Si ces thèmes renvoient à des temporalités différentes, ils ont tous été évoqués au même moment, lors de l’enquête au printemps 2021. Ce mémoire n’a donc pas l’ambition de fournir une analyse précise de la trajectoire type des Équatorien·ne·s vers l’Espagne, ni d’objectiver leur condition de migrant·e·s en Espagne ; il s’agit plutôt de se mettre du côté des enquêté·e·s qui évoquent et interprètent, aujourd’hui, leurs parcours migratoires. Il faudra cependant toujours situer ces points de vue dans un cadre spatio-temporel clair et les faire résonner avec les contextes politiques, sociaux, économiques des lieux traversés par ces individus.
Nous faisons trois hypothèses. D’abord, nous pensons que ce travail validera la définition de l’expérience que nous avons évoquée plus tôt : elle est la substance qui sépare l’individu et son libre arbitre des structures sociales qui sont, elles, marquées par des relations de domination. Les expériences des Équatorien·ne·s en Espagne sont toutes différentes puisque liées à la subjectivité de chacun, mais se déploient dans un cadre commun. Dans un second temps, nous supposons que le territoire murcien conditionne les expériences migratoires des Équatorien·ne·s.

Par ses données géographiques, politiques, économiques, historiques, il a une importante influence sur la vie des migrant·e·s, et mérite d’être différencié des grands pôles migratoires urbains qui ont fait l’objet de plus d’études jusqu’alors. Enfin, nous pensons que les migrant·e·s équatorien·ne·s en Murcie se trouvent dans un temps intermédiaire de la migration, ce qui se traduit par l’hétérogénéité de leurs ancrages dans les sphères politiques et sociales de la société espagnole. Un regard porté sur les autres minorités nationales arrivées plus récemment en Murcie permettra d’expliciter l’évolution de la condition immigrante sur ce territoire. Nous considérons que cette temporalité est aussi un cadre inédit d’expression des expériences ; les interprétations et les discours sur sa migration sont conditionnés par un contexte socio-politique, familial ou individuel, ainsi qu’une capacité à se remémorer les événements, en fonction du temps de recul. De la même manière, ce mémoire s’intéresse à la différence entre le projet migratoire tel qu’il est pensé au départ et la réalité de l’expérience en Murcie ; la question du sens de la migration a guidé notre réflexion.

Sur l’enquête

Terrain et matériau ethnographique

Pour mener à bien cette recherche, j’ai effectué trois mois de travail de terrain dans la région de Murcie, entre avril et juin 2021. L’observation participante et les conversations informelles constituent le principal de mon matériau ethnographique. En revanche, les entretiens n’ont pas été favorisés au cours de cette recherche, puisque j’ai rapidement noté un meilleur confort des enquêté·e·s dans des situations moins provoquées, plus naturelles. Ceux que j’ai eu l’occasion de rencontrer à de multiples reprises, ce qui n’est pas le cas de la majorité, ont cependant accepté de se prêter à l’exercice. Mais ce sont les récits de vie qui m’ont apporté la plus précieuse matière d’analyse, d’abord par leur contenu, mais également parce qu’ils existent en tant que mode de recomposition et d’appropriation de son identité et de son histoire. S’il ne donnent pas accès à la vérité des faits, ces récits de vie m’ont donné des informations sur ce que les migrant·e·s équatorien·ne·s racontent d’eux-même, et donc sur la manière dont se construisent intimement et se partagent leurs expériences dans un espace-temps donné. Annalisa Maitilasso met en lumière la qualité de ce matériau ethnographique pour l’étude des migrations et plus particulièrement pour la compréhension des expériences :

« Il faut reconnaître que les biographies, les histoires familiales ou les récits de voyage représentent aujourd’hui des sources incontournables pour l’anthropologie et la sociologie des migrations […], pour deux raisons principales : l’une, d’ordre général, qui ramène à la progressive affirmation de la méthode biographique dans les sciences sociales ; l’autre, d’ordre spécifique, liée au caractère diachronique et processuel de l’expérience migratoire. Le schéma biographique s’accorde, de fait, d’une manière harmonique à un parcours qu’on veut sonder dans son évolution temporelle : en suivant le déploiement d’une expérience migratoire concrète et ordonnée selon des coordonnées espace-temps, nous visons à retracer une trajectoire sociale. »_
Enfin, j’ai eu l’occasion d’animer deux groupes de discussion en collaboration avec deux associations locales de défense des droits des migrant·e·s. En résumé, j’ai donc rencontré les enquêté·e·s par trois moyens : via les associations, les commerces et restaurants équatoriens, le bouche-à-oreille. Il m’a alors semblé pertinent d’intégrer des personnes non équatoriennes à l’enquête, comme les travailleuses sociales et les migrant·e·s d’une autre origine, puisqu’ils et elles partagent l’existence des Équatoriens·ne·s en Espagne et portent un regard extérieur sur la population qui nous intéresse.
Installée dans la ville de Murcie, ma zone d’enquête inclut prioritairement cette municipalité, ainsi que la commune de Totana, située à 50 kilomètres au Sud-Ouest de la capitale régionale.

PARTIR EN ESPAGNE : trajectoires migratoires des Équatorien·ne·s vers la région de Murcie

QUITTER L’ÉQUATEUR

Échapper à la crise

« Pourquoi avez-vous quitté l’Équateur ? » n’est pas la question la plus facile à poser lors d’un entretien ou au cours d’une discussion informelle sur le terrain. D’abord, elle va puiser des souvenirs de plus en plus lointains, ensuite elle suggère l’idée d’une décision rationnelle, logique.
La première justification donnée par l’ensemble des enquêté·e·s est donc un argument que l’on pourrait juger stable car exogène, qui consiste à accuser la situation économique et politique que connaissait l’Équateur au moment de leur départ.
En effet, la période 1999-2004, qui correspond à l’arrivée massive de migrant·e·s équatorien·ne·s en Espagne, coïncide avec une importante crise dans leur pays d’origine. Après un court mais éprouvant conflit frontalier avec le Pérou en 1995, le pays est sévèrement touché par des inondations causées par el Niño en 1997 et 1998. Les conséquences humaines et économiques sont lourdes, et viennent s’ajouter à la chute des prix du pétrole, premier produit d’exportation de l’Équateur. Alors que l’inflation atteint 60%, l’impopulaire président Jamil Mahuad met en place une politique néolibérale : en 2000, il annonce la dollarisation du pays, faisant de l’Équateur le premier état latino-américain à perdre sa monnaie nationale . En l’espace de cinq ans, le taux de population en situation de pauvreté passe de 34 à 71%, ce qui correspond à 9,1 millions d’Équatorien·ne·s pauvres en 2000.
Émigrer est alors une stratégie pour améliorer ses conditions de vie et celles de sa famille.
En travaillant dans les pays du Nord, les Équatorien·ne·s pensent gagner plus d’argent, qu’ils et elles pourront ensuite envoyer au pays ; les objectifs sont distincts, achat d’une maison, voiture, remboursement de frais de santé, ou d’autres dettes. L’Équateur a déjà une tradition d’émigration, mais essentiellement à destination des États-Unis. David Kyle a théorisé le phénomène à partir du cas de l’effondrement du commerce des chapeaux traditionnels « Panamas » dans les années 1950, produits dans les provinces de Cañar et Azuay. D’abord les habitant·e·s de ces régions connaissent une crise économique et sociale qui va encourager une émigration massive, ensuite ils et elles vont utiliser les mêmes routes qu’empruntaient leurs produits, à destination de New-York ou Chicago.

Les liaisons aériennes s’adaptent à un tel patron migratoire : dans les années 1960, il est aussi rapide pour un·e habitant·e de Cuenca de se rendre à New-York qu’à Quito43 . Si la stratégie de quitter le pays reste la même, de nouvelles destinations vont apparaître avec la crise de 1998.
Pourtant, il semble que la situation de crise objective que traverse l’Équateur à la fin du XXème siècle ne suffit pas à expliquer le phénomène migratoire que nous observons. Pour preuve, certain·e·s enquêté·e·s n’appartiennent pas à la proportion des Équatorien·ne·s ayant basculée dans la pauvreté à cause de la crise. C’est le cas de Nelson qui avait 34 ans à son départ : « Moi je travaillais dans une entreprise qui était… très puissante. […] J’ai travaillé de nombreuses années dans cette entreprise-là. […] Donc mon chef m’a dit écoute, s’il se passe quelque chose, il n’y a pas de problème, ton poste est là, quand tu voudras revenir. »
Gabriel, qui avait 26 ans lorsqu’il a émigré, avait aussi un travail en tant que commercial dans une importante entreprise internationale située à Guayaquil ; Oswaldo avait lui 37 ans et travaillait dans une entreprise de production de boissons. Ils ont tous les trois quitté volontairement leurs emplois, qu’ils semblaient pourtant bien aimer, pour partir en Espagne. Leur situation n’a donc pas particulièrement changé avec la crise, bien qu’au cours de nos conversations ils aient insisté sur l’augmentation du coût de la vie en Équateur après la dollarisation. D’autre part, certains Équatorien·ne·s rencontré·e·s en Murcie correspondent à un tout autre profil, comme Silvia et sa sœur Angela par exemple, qui ont émigré à leur majorité, considérant qu’il n’y avait « pas de futur possible là-bas »: elles n’ont jamais travaillé en Équateur.
Nous considérons alors que la crise que connait l’Équateur à la fin du XXème siècle constitue le contexte d’émigration, mais qu’il ne permet pas de justifier totalement un tel phénomène. Il est erroné de dire que la crise a plongé l’ensemble des Équatorien·ne·s migrant·e·s dans une pauvreté qui les conduit inexorablement à quitter leur pays. Par ce diagnostic, on s’éloigne de l’approche du courant économique néoclassique, qui lit la migration comme une stratégie logique répondant à une insatisfaction et qui résonne en terme « d’utilité » . Elle a plutôt affecté différemment celles et ceux qui par la suite ont fait le même choix de partir.

La compréhension du lien entre migration et cycle de vie est ici déterminante ; le projet migratoire est définit par le rapport entre l’individu et son système de relation, notamment familial, économique et politique à un moment donné . L’ensemble des enquêté·e·s a donc été confronté à la crise économique équatorienne, mais en fonction de leur âge et de leur situation familiale, ils ont été affecté·e·s différemment. Au début de l’année 2001, 62% des Équatorien·ne·s resencé·e·s en Espagne ont entre 15 et 34 ans, et 21% ont entre 35 et 44 ans ; la grande majorité de ces migrant·e·s est donc en âge de travailler : le facteur économique est évidemment primordial. Néanmoins, les contextes familiaux et individuels participent également aux prises de décision de chacun·e et permettent notamment de comprendre la popularité accrue de certaines destinations.

Chaînes migratoires

Les théories issues de la sociologie et de la géographie proposent un point de vue complémentaire sur le phénomène d’émigration et plus précisément sur la prise de décision. La focalisation se fait cette fois-ci sur les relations migrant·e-environnement social, comme l’expose Etienne Piguet : « L’individu confronté à la décision de migrer est désormais considéré comme relié à une structure sociale constituée par la famille proche et élargie, par les personnes originaires de la même région, du même groupe culturel ou plus largement par des amis et connaissances. Ces réseaux sont à la fois des sources d’informations et des fournisseurs d’aides et d’appui pour le voyage et l’installation dans un pays de destination. On considère en général que l’existence de réseaux facilite la migration. »

Au-delà du contexte général dans lequel s’inscrivent les migrant·e·s, il convient alors d’examiner les interactions entre les individus et leur univers social, notamment familial et amical.
Pour décomposer ce phénomène, Sonja Haug décrit cinq éléments qui expliquent la relation entre le contexte familial ou social plus large et sa propre émigration . La recomposition des trajectoires individuelles permise par l’enquête de terrain et l’interaction avec les migrant·e·s en Murcie nous livre des éléments de parcours individuels, mais qui se répondent et semblent s’inscrire dans ce modèle.
D’abord les affinités correspondent à l’envie d’être ensemble, c’est à dire que la solidité des réseaux sociaux dans le pays d’émigration décourage le départ. Comme nous avons rencontré, sur le terrain, des personnes qui ont finalement fait le choix de quitter leur pays, nous pouvons simplement souligner les éléments qui ont freiné la décision. Avoir eu des enfants en Équateur avant d’émigrer est l’un de ces facteurs paralysants. C’est un sujet qui a surtout été abordé avec les femmes, dont plusieurs ont choisi de laisser leurs enfants auprès des grands-parents ou tantes pour tenter leur chance outre-Atlantique. Rappelons que les femmes sont les pionnières de l’immigration équatorienne en Espagne. Elles sont arrivées prématurément, à partir des années 1980, dans les grandes villes espagnoles pour effectuer du travail domestique essentiellement ; en 1997, elles représentaient 58% de la population équatorienne en Espagne . À l’exception de Juana, Ines et Maria qui ont rejoint leurs compagnons, l’ensemble des femmes rencontrées sur le terrain sont à l’initiative de leur migration. En évoquant ces enfants laissés en Équateur, celles qui ont migré en étant déjà mères, comme Lorena, Isabel, ou Gloria, se sont accordées à dire, au cours des groupes de discussion et des conversations informelles, que leurs départs étaient motivés par la volonté d’offrir une vie meilleure à leurs enfants. Cette observation, au-delà de la force des affinités met en exergue les puissants effets de genre dans la migration.

Ensuite, l’information traduit la volonté accrue d’émigrer dans le cas où des connaissances ont déjà pris cette décision. Lorena se souvient de l’engouement général qu’elle observait à Guayaquil avant son départ :« Tout le monde disait je vais en Espagne, je vais en Espagne ! »
À un niveau plus proche encore, les migrant·e·s sont motivés par le départ anticipé des membres de leur famille. Silvia a rejoint sa sœur Angela qui avait elle-même retrouvé une amie installée à Rome. Gabriel, lui, avait déjà deux sœurs immigrées en Allemagne. En faisant le bilan de la distribution géographique des familles des enquêté·e·s, on s’aperçoit qu’elles sont multi-situées : par exemple Nelson a quatre frères et sœurs en Espagne, deux aux États-Unis et quatre sont restés en Équateur.
Le troisième élément est la facilitation : si l’on connaît quelqu’un qui a déjà immigré dans un pays, il va être plus facile de s’intégrer à son tour dans la société d’accueil, ce qui encourage l’émigration. Le cas de Nelson l’illustre : « J’ai été… à Madrid, parce qu’il y avait mes sœurs et tout […] et elles m’ont beaucoup aidé. »
Le quatrième point, le conflit, fait référence à un contexte familial houleux dans la société d’origine, qui motiverait un départ. C’est la raison principale de l’émigration de Mariana qui divorce en 2001 et est contrainte de retourner chez ses parents où elle endosse le rôle de femme au foyer ; elle présente son émigration comme une fuite.
Enfin, l’encouragement des proches qui voient dans la migration une stratégie d’ascension sociale constitue le dernier point. Gabriel justifie son départ par ce type de discours : « Mes sœurs étaient en Allemagne et elles disaient viens maintenant. Moi j’ai dit non parce que en réalité j’étais bien là-bas. […] Quand ma mère m’a dit mon fils, c’est mieux que tu t’en ailles, et moi : non ! Bon au final elle me l’a dit deux fois et elle m’a convaincu et j’ai pris la décision. »

S’INSTALLER EN MURCIE

Un contexte propice à l’immigration

Le dernier point de la partie précédente amorce la réflexion sur l’attractivité de l’Espagne dans le contexte d’émigration de l’Équateur à partir de la fin du siècle dernier. Il convient à présent de se placer à l’autre pôle du flux migratoire qui nous intéresse, afin de compléter la recomposition des trajectoires depuis le lieu d’immigration.
D’abord, les conditions d’entrée en Espagne pour les Équatorien·ne·s sont facilitées jusqu’en août 2003. En effet, l’ensemble des enquêté·e·s rencontré·e·s en Murcie, mises à part les épouses ayant rejoint leurs maris déjà installés, sont arrivé·e·s en Espagne en tant que touristes, avec la possibilité sur place de faire les démarches pour régulariser leurs situations. À partir de 2003 et l’annonce du besoin de visa pour entrer en Espagne, le flux d’immigration en provenance d’Équateur perd en intensité. Mais si en théorie, imposer la détention d’un visa devait limiter l’immigration en provenance d’Équateur, l’effet de cette législation est finalement l’arrivée de migrant·e·s au projet d’installation durable, les familles notamment . Dans sa thèse, Daniela Vono de Vilhena montre que les immigré·e·s latino-américain·e·s en Espagne ont été favorisé·e·s par les politiques migratoires de leur pays d’accueil et préféré·e·s par la société civile, si l’on compare aux autres minorités nationales issues d’Afrique ou d’Europe de l’Est.

À titre d’exemple, il est impossible pour les Africain·e·s immigré·e·s en Espagne d’avoir la double nationalité, alors que les Équatorien·ne·s le peuvent . Dans leurs récits, les enquêté·e·s relatent cette facilité d’entrer en Espagne sur la période 1998-2003 : « avant on venait avec un sac de valeur … pour nous présenter à l’aéroport. Mais eux savaient très bien qu’on venait travailler, pas en touriste. Parce que toi […] tu arrives avec un sac de valeur, dans lequel il y a une grosse somme. Et ils sont très visibles, c’est facile à contrôler… dire bon —tu vas où ? —je vais à cet hôtel… —et ensuite tu vas où ? Après les 25 jours ils seraient revenus mais ça ne s’est pas passé comme ça. Pourquoi l’Espagne n’a pas dénoncé tous ces gens ? Parce que ça intéressait l’Espagne que les migrants entrent . »
Les autorités espagnoles auraient donc volontairement laissé entrer les migrant·e·s équatorien·ne·s.
Nelson souligne la clairvoyance de l’État quant au motif de voyage de ces migrant·e·s —le travail— et met en avant l’intérêt qu’elles et ils représentent pour le pays à cette période. En effet, le besoin de main d’œuvre en Espagne est alors très important, surtout dans les secteurs non salariés comme l’agriculture et de la construction.

EXISTER DANS LA SOCIÉTÉ ESPAGNOLE : identité, sociabilités et affects

ENTRE ETRANGETE ET FAMILIARITE : UNE PLACE INTERMEDIAIRE

Identité culturelle des Équatorien·ne·s en Murcie

Nous allons interroger l’identité culturelle des Équatorien·ne·s qui ont migré dans la région de Murcie. Un tel intérêt résulte de questionnements sur ce que la migration fait à l’individu, dans la continuité de notre analyse des expériences. Nous nous demandons comment la mobilité géographique affecte voire transforme l’identité des migrant·e·s ; cette identité, bien que multidimensionnelle, est largement influencée par l’appartenance culturelle. Nous utiliserons le concept d’identité culturelle qui, en thématisant le rapport que l’individu entretient avec son environnement culturel et la contribution de cet environnement à la définition de soi, est mis à l’épreuve par l’expérience de migration.
Dans ce travail, la population étudiée est déterminée par une nationalité d’origine.

L’ensemble de nos interlocuteur·ice·s est né en Équateur, c’est même la condition d’implication dans l’enquête. Des individus aux nationalités distinctes sont cependant impliqués, dans la mesure où ils apportent un regard sur la présence équatorienne en Murcie depuis plus de vingt ans. Sur le terrain, cette désignation en terme de nationalité a toujours fait sens, que ce soit pour ces personnes gravitant autour de notre enquête ou pour les Équatorien·ne·s eux-mêmes. En effet, ils et elles se présentent systématiquement comme « Équatorien·ne·s en Espagne » et l’Équateur est désignée comme « mon pays » ou souvent, « ma terre » L’identité culturelle que nous allons interroger ici sera donc, comme nous invite à le penser Etienne Balibar, une métaphore de l’identité nationale, dans toutes ses contradictions : « Par métaphore nous entendons traduction, expression, représentation ; mais entendons aussi déplacement, voire fuite en avant, exprimant une incapacité au moins relative des constructions nationales à se doter elles-mêmes et à doter leurs ressortissants d’une « identité » parfaitement simple, univoque, et absolument commune, unifiée. Ce qui ne veut pas dire qu’une telle identité n’est pas voulue ou postulée par les individus qui reconnaissent une nation comme « la leur » et qu’elle n’a pas d’effets collectifs, mais plutôt qu’elle continue d’avoir affaire en permanence à ses propres contradictions, à ses divisions internes et externes, et qu’elle les surmonte uniquement en se projetant dans l’élément de l’identité culturelle ».

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Table des matières

INTRODUCTION 
I. PARTIR EN ESPAGNE : TRAJECTOIRES MIGRATOIRES DES ÉQUATORIEN·NE·S VERS LA REGION DE MURCIE
A. QUITTER L’ÉQUATEUR
1. Échapper à la crise
2. Chaînes migratoires
3. Représentations sociales
B. S’INSTALLER EN MURCIE
1. Un contexte propice à l’immigration
2. Intégration de la population équatorienne dans la région de Murcie
II. EXISTER DANS LA SOCIÉTÉ ESPAGNOLE : IDENTITE, SOCIABILITES ET AFFECTS 
A. ENTRE ETRANGETE ET FAMILIARITE : UNE PLACE INTERMEDIAIRE
1. Identité culturelle des Équatorien·ne·s en Murcie
2. Sociabilités et espaces publics
B. RACONTER SA MIGRATION, SE RACONTER
1. Négocier son identité en fonction du contexte
2. De la contrainte au désir d’aventure : différentes migrations, différent·e·s migrant·e·s
III. TRAVAILLER EN MURCIE : DES OPPORTUNITES AUX CONTRAINTES
A. MODELE GLOBAL, VIES LOCALES
1. Migrant·e·s dans le potager de l’Europe
2. Ancrages des travailleur·euse·s migrant·e·s à Totana
B. LA CONDITION IMMIGRANTE EQUATORIENNE
1. Vulnérabilité
2. Ethnostratification et division sexuelle du travail
IV. RESTER EN MURCIE : LA FAMILLE, UN FACTEUR DETERMINANT 
1. Des proches ici et là-bas
2. Deuxième génération : un aperçu des expériences
3. Du désir d’accomplir le projet migratoire aux réalités de la reproduction sociale
CONCLUSION 
Bibliographie 
Table des illustrations 

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