Organe de la relation sociale et de la communication

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Fonctions de la peau

Elles sont multiples, souvent méconnues. Toute altération de la peau retentit sur une ou plusieurs fonctions. Leur connaissance est donc indispensable avant tout geste esthétique [16].

Maintien de la température corporelle

La sécrétion de sueur aide à réguler la température corporelle, elle augmente avec la température et provoque un rafraichissement grâce à son évaporation en surface. Elle diminue lorsque la température s’affaiblit [16].

Barrière de protection du milieu extérieur

La peau est une barrière physique qui protège les tissus et les organes des agressions extérieures. C’est une barrière efficace face aux micro-organismes.
Elle évite également les pertes de fluide corporel et représente une membrane semi-perméable face au liquide extérieur. La peau protège aussi notre organisme des traumatismes mécaniques, des toxines chimiques, des UV, et des agents infectieux tels que les bactéries et les champignons. La peau est continuellement exposée aux bactéries, mais la structure des cellules de la couche cornée prévient la pénétration des bactéries. Par contre, certains champignons peuvent infiltrer et abîmer l’intégrité de la kératine, ce qui explique que les infections fongiques sont plus fréquentes que les infections bactériennes.
Enfin, c’est une protection contre les rayons du soleil, notamment grâce à sa pigmentation [16].

Organe sensoriel

Des terminaisons nerveuses contenues dans la peau et notamment le bout des doigts permettent à l’organisme d’explorer son environnement par le toucher. La peau permet ainsi à notre organisme d’avoir une sensibilité à la pression, à la chaleur et à la douleur. La peau possède différents types de terminaisons nerveuses et de récepteurs qui réagissent en fonction de stimuli différents et renvoient des informations interprétables par le cerveau [16].

Organe immunitaire

La peau est un organe immunitaire à part entière. Les cellules de Langerhans mentionnées plus haut sont des cellules présentatrices d’antigènes qui, de ce fait, sont susceptibles d’activer les lymphocytes T. Après avoir capturé des antigènes dans l’épiderme, les cellules de Langerhans migrent à travers l’épiderme et le derme vers le système lymphatique de voisinage, où elles prennent le nom de cellules interdigitées et présentent l’antigène au lymphocyte T CD4+ qui se retrouve ainsi activé. Elles sécrètent par ailleurs plusieurs types de cytokines qui interviennent dans la modulation de l’environnement. Les kératinocytes sont aussi des cellules capables d’exprimer les antigènes HLA de classe II, et ainsi de présenter des antigènes extérieurs aux lymphocytes T et d’induire leur activation. De plus, les kératinocytes produisent de nombreuses cytokines et notamment des cytokines pro-inflammatoires qui interviennent dans la réaction inflammatoire cutanée [16].

Organe de vascularisation

Véritables réservoirs, les vaisseaux sanguins du derme représentent 10% du sang chez l’adulte. Lors d’un exercice physique, ces vaisseaux se contractent et favorisent un apport sanguin au muscle. Au maximum, cette contraction peut aboutir à un phénomène équivalent à un phénomène de Raynaud.
L’épiderme, par contre, n’est pas vascularisé, il est nourrit par les réseaux capillaires du derme. Le derme et l’hypoderme sont richement vascularisés par un réseau d’artérioles, de capillaires et de veinules. Il existe 3 niveaux de réseaux. Un niveau hypodermique, un niveau dermique et un troisième situé au niveau de la jonction derme papillaire derme réticulaire. Les lymphatiques naissent par une anse borne du sommet de papilles dermiques et suivent le trajet des réseaux veineux. Il existe des anastomoses artérioveineux au niveau du lit des ongles et des régions palmo-plantaires. Elles jouent un rôle fondamental dans la thermorégulation. Curieusement, alors que les UV stimulent l’angiogenèse, le vieillissement, y compris photo-induit, s’accompagne d’une diminution des vaisseaux [16].

Organe de synthèse de substances essentielles à notre organisme

Les kératinocytes soumis aux UV participent à la synthèse de la vitamine D [16].

Organe de la relation sociale et de la communication

La peau à travers sa couleur, sa texture et son odorat transmet des messages sociaux et sexuels. Par exemple, érythème brutal qui reflète un embarrassement. Toute modification de ces messages sociaux a des répercutions sur l’individu et la reconnaissance de lui-même [16].

Mélanogénèse

La couleur de la peau humaine normale s’étend du blanc au marron foncé presque noir avec parfois des tons rosés presque cuivrés. Elle résulte de la contribution d’un mélange de 4 pigments, l’hémoglobine oxygéné (rouge) des capillaires, l’hémoglobine réduite (bleu) des veinules du derme, le caroténe alimentaire (jaune) et la mélanine produite localement. Néanmoins, c’est principalement la quantité et le type de mélanine (eumélanines, phaeomélanines, trichochromes) produit par les mélanocytes cutanés, dans l’épiderme et dans les follicules pileux qui déterminent principalement les différences dans la couleur de la peau, des poils et des cheveux entre les individus.
La pigmentation de la peau est un processus complexe qui, dans l’épiderme comme dans les follicules pileux, débute avec la synthèse de la mélanine dans les mélanosomes au sein des mélanocytes, suivie par le transfert des mélanosomes au kératinocytes environnants qui vont ultérieurement transporter le pigment et éventuellement le dégrader [16].

Mélanocytes

Le mélanocyte est une cellule dendritique de la peau possédant une activité dopa-oxydasique et produisant la mélanine. Dans la peau, les mélanocytes sont distribués régulièrement dans l’assise basale de l’épiderme et se localisent au niveau de l’infundibulum et au sommet des papilles dermiques dans les follicules pileux. Des mélanocytes dermiques ont également été décrits chez l’Homme mais dans des circonstances très particulières (tache mongolique, naevus de OtA).
Le nombre de mélanocytes par mm2 est de 2000 ou plus dans la peau exposée du visage et dans la peau du scrotum ou du prépuce et de 1000 à 1500 mélanocytes par mm2 sur le reste du corps des populations caucasiennes, négroïdes et mongoloïdes ; les différences raciales dans la pigmentation ne sont pas dues à des différences dans le nombre de mélanocytes.
Les mélanocytes épidermiques sont dispersés de façon régulière, parmi les kératinocytes basaux de l’épiderme selon un ratio de 1:10. Un mélanocyte distribue la mélanine qu’il produit à environ 36 kératinocytes avoisinants, constituant avec ceux-ci une unité fonctionnelle, appelée unité épidermique de mélanisation.
En microscopie électronique, les mélanocytes se caractérisent par un cytoplasme clair, ne contenant ni tonofilaments, ni desmosomes, mais contenant de nombreux microfilaments et des organelles spécifiques, les mélanosomes à différents stades de maturation (Figure 3) [17].

Mélanosomes

Les mélanosomes sont des organites intracellulaires spécifiques des mélanocytes, synthétisant la mélanine, et ayant des caractères communs avec les lysosomes puisqu’ils contiennent comme ceux-ci des hydrolases acides et des marqueurs de la membrane lysosomale (LAMPs = lysosomal-associated membrane proteins). Ils appartiennent à une famille d’organites spécifiques d’un type cellulaire, appelés organites liés au lysosomes (LROs = Lysosome-Related Organelles) qui comprennent les granules lytiques des lymphocytes T cytotoxiques et des cellules naturelles tueuses, les granules denses des plaquettes, les granules basophiles et les granules azurophiles, des neutrophiles et les corps de Weibel-Palade des cellules endothéliales. Le composant structural principal spécifique des mélanosomes est Pmel17/gp100/Silv .
Les mélanosomes résultent de la fusion entre des vésicules, contenant de la tyrosinase, de la dopachrome tautomérase (ou TRP2) et de la DHICA oxydase, dérivées de l’appareil de Golgi et des vésicules contenant les composants structurels des mélanosomes produites par le réticulum endoplasmique granulaire. Ces organites contiennent un matériel fibrillaire ou lamellaire présentant une périodicité caractéristique [17].

Mélanines

Les mélanocytes humains produisent deux types chimiquement distincts de mélanines, l’eumélanine, un pigment de couleur brun-noir et, la pheomélanine, un pigment de couleur jaune-rouge.
L’eumélanine est un copolymère fortement hétérogène, constituée d’unités de DHI (DiHydroIndole) et de DHICA (DiHydroxyIndole Carboxylic Acid.) sous forme réduite ou oxydée et la pheomélanine est principalement composée de dérivés benzothiazine contenant du soufre. Les mélanines sont synthétisées à partir de la tyrosine fournie de façon exogène par la circulation sanguine. Les tyrosines sont oxydées par la tyrosinase et métabolisée en DOPAs puis en DOPAquinones qui sont automatiquement oxydés en composés indole. Ces composés indole se lient entre eux pour former l’eumélanine (Figure 4).
La voie de la production de la phéomélanine fait intervenir des composés soufrés. Le soufre est présent dans la cellule soit sous la forme d’un acide aminé, la cystéine, soit sous la forme d’un tripeptide, le glutathion qui sous l’action d’une glutamyl-transpeptidase peut libérer une cystéine. La réaction spontanée de la cystéine avec les DOPAquinones aboutit à la formation des 5-S-cysteinyl DOPA qui polymérisent pour former la pheomélanines (Figure 5).
Le rôle majeur des mélanines est de protéger la peau contre les effets néfastes des rayons UV et d’empêcher ainsi le développement de cancers cutanés. De plus, eumélanine et phéomélanine jouent un rôle de détoxification important au sein des mélanocytes et des kératinocytes en raison de leur capacité à lier les cations, les anions et diverses substances chimiques.

Pigmentation cutanée 

Chez l’Homme, la couleur de la peau et des poils est principalement déterminée par le nombre, la taille, le type et le mode de répartition des mélanosomes. Il est particulièrement intéressant de noter que dans les conditions normales, les différences raciales de pigmentation de la peau chez l’Homme ne reposent pas sur des différences numériques de la population mélanocytaire épidermique. Pour une zone déterminée, le nombre de mélanocytes épidermiques est sensiblement identique chez le noir, le blanc ou l’asiatique. Les facteurs prépondérants dans le déterminisme de la couleur de la peau sont donc le type de pigment synthétisé et le niveau d’activité des mélanocytes.
Les principales étapes qui déterminent la pigmentation constitutive de la peau et qui sont les mêmes dans les peaux de différents groupes ethniques ou les différentes races, sont : la migration des mélanoblastes vers l’épiderme, leur survie et leur différenciation en mélanocytes, la densité des mélanocytes, l’expression et la fonction des constituants enzymatiques et structuraux des mélanosomes, la synthèse des différents types de mélanine (eu- et pheomélanine), le transport des mélanosomes aux dendrites du mélanocyte, le transfert des mélanosomes aux kératinocytes et finalement la distribution des mélanines et leur dégradation au niveau de la peau.
La pigmentation peut être modulée par un grand nombre de facteurs intrinséques ou extrinséques, tels que la région du corps, les différences de sexe, d’ethnies, les anomalies génétiques, l’âge, des réponses variables aux signaux hormonaux, des changements liés au cycle pilaire, le climat, les saisons, l’exposition aux UV, le contact avec des toxines, des polluants, des infections microbiennes.
Des facteurs intrinséques qui régulent la pigmentation peuvent provenir non seulement des kératinocytes et des fibroblastes, mais également des cellules endothèliales et des hormones véhiculées par l’apport sanguin, des cellules inflammatoires et du système nerveux.

Généralités sur la dépigmentation volontaire (DV)

Définition

L’expression « Dépigmentation Volontaire » désigne une pratique par laquelle une personne, de sa propre initiative, s’emploie à diminuer la pigmentation mélanique physiologique de sa peau. Le traitement de l’hyperpigmentation pathologique, fréquente sur peau noire, relève de la thérapeutique médicale et non de la DV. La frontière entre les deux est cependant parfois incertaine. Les procédés employés sont communs, et l’usage thérapeutique des dépigmentants peut être un prétexte, unejustification ou un mode d’initiation de la DV. Les dénominations vernaculaires sont nombreuses et d’origines variées : « khessal » au Sénégal, « tcha-tcho » au Mali, Ambi au Gabon etc. On parle souvent de « maquillage » au Congo ; ou tout simplement de « mettre les produits ». Il existe aussi d’autres dénominations savantes. Celles de Dépigmentation Artificielle et d’Utilisation Cosmétique de Produits Dépigmentants excluent a priori la simple photoprotection naturelle par les vêtements ou les masques minéraux traditionnels chez certaines femmes africaines. Enfin, la littérature médicale anglo-saxonne évoque simplement l’utilisation des produits éclaircissants ou blanchissants (« lightening », « bleaching ») ; le terme de « whitening » désignerait plutôt une pratique « douce », comprenant des crèmes antisolaires, fréquente en Extrême-Orient.

Historique

Des techniques d’éclaircissement ou de blanchiment ont vu le jour il y a très longtemps dans diverses civilisations, mais il s’agissait de pratiques rituelles limitées dans le temps, comme des déguisements et des maquillages de cérémonie ou de théâtre, ou d’habitudes cosmétiques d’efficacité limitée. La DV comme phénomène social de grande ampleur a pris naissance dans les années 1960. La découverte du pouvoir dépigmentant de l’hydroquinone et la mise au point des dermocorticoides à la fin des années 1960 y ont largement contribué. On raconte que les propriétés de l’hydroquinone auraient été décelées fortuitement chez des ouvriers noirs travaillant dans l’industrie du caoutchouc aux USA [18]. Ainsi, les dépigmentants à l’hydroquinone auraient-ils d’abord été produits aux USA en 1955 pour envahir en premier lieu les pays africains anglophones, avec l’Afrique du Sud en 1961 [19]. La pratique du blanchiment est déjà présente aux Etats-Unis en 1967 [20]. Des descriptions dermatologiques sont relevées dès le début des années 1970 en Afrique du Sud [21,22] et au Sénégal [23].

Causes

De multiples hypothèses ont été soulevées, pour justifier la DV, allant de la simple raison esthétique à des causes sociales, culturelles et psychiques. La majorité des personnes se blanchissant la peau évoque des raisons d’ordre esthétique. Cependant, une analyse plus poussée du comportement humain révèle un possible rejet de l’identité, comme l’a écrit Frantz Fanon dans son œuvre intellectuelle peaux noires masques blancs publiée en 1952 «Nous ne tendons à rien de moins qu’à libérer l’homme de couleur de lui-même». La dépigmentation volontaire relève donc de considérations multiples : socio-anthropologiques, psychologiques, esthétiques et médicales [2]. Les causes de la dépigmentation les plus citées sont :
 Motivation esthétique
La DV est considérée pour certaines femmes comme un outil d’apparat au même titre que la coiffure, les beaux habits, le maquillage. Dans la quête de produits pour éliminer ces taches et uniformiser leur teint, les sujets de peau noire se lancent dans l’utilisation des produits dangereux et qui par leur publicité pour la plupart mensongère promettent un éclaircissement rapide et efficace des taches [3].
 Statut socio-économique
La pratique de la DV serait une forme de modernité. Pour certaines femmes, cette pratique permettrait d’accéder à un certain statut social et à une forme de succès économique. Le teint clair étant assimilé à la richesse, à la réussite et à l’aisance sociale. Ces femmes considèrent donc que la couleur de peau détermine en quelque sorte le statut social.
Cette valorisation statutaire comporte des revers, puisqu’elle enferme la femme dépigmentée dans une prison la condamnant à continuer inlassablement les applications de produits dépigmentants, au risque de perdre l’éclat et la clarté de sa peau obtenue au bout de rudes et épiques combats. En effet toute variation du gradient de pigmentation dans le sens d’un assombrissement du teint sera interprétée par l’entourage en termes de perte, perte de revenus, baisse du niveau socio-économique, perte de l’harmonie au sein de son ménage.
 Beauté et la séduction
Beaucoup de femmes sont persuadées qu’avoir la peau claire est un critère de charme pour les hommes. En fait cette pensée n’est pas complétement fausse car il est vrai que beaucoup d’hommes noirs trouvent que les femmes qui ont une peau claire sont plus belles que les femmes à peau noire. Le teint clair serait donc un atout de séduction et les femmes pratiquant la DV seraient plus attirantes et donc plus courtisées. Certains hommes pousseraient même leurs femmes à se dépigmenter la peau, les menaçant parfois de les quitter si elles ne le font pas.
 Marché du travail
La pratique d’une activité salariée ou des contacts avec une clientèle, dans le cadre d’activités commerciales, étaient relevées chez plus de la moitié des femmes qui utilisaient des produits dépigmentants. Ces activités professionnelles ont pu être considérées comme des facteurs favorisant l’usage des dépigmentants [24].
 Phénomène de mode
Les célébrités, les icônes des magazines féminins et les égéries de parfums et de cosmétiques sont des références de beauté et de mode pour beaucoup de femmes.
 Publicité
En Afrique, depuis quelques années, des panneaux publicitaires vantant les mérites de produits dépigmentants inondent les rues. Les noms commerciaux des produits dépigmentants sont parfois adaptés de la langue régionale et renvoient alors à une symbolique ancrée dans l’inconscient collectif. Ainsi, il y a quelques années, une publicité a suscité un tollé au Sénégal en vantant les mérites d’une crème dénommée « Khess Petch» qui promettait aux utilisatrices l’éclaircissement de leur peau en 15 jours (Figure 6). La mode, le titre d’une chanson en vogue ou le nom d’un artiste célèbre peuvent également inspirer les fabricants de produits dépigmentants quant au choix du nom commercial. Le caractère urbain de la clientèle, ainsi que la liberté de choix de la femme adepte de la dépigmentation cosmétique sont mis en exergue dans l’appellation de certains produits, comme c’est le cas pour « L’abidjanaise® » ou la « Femme libre® » [4].

Produits dépigmentants

La synthèse de mélanine dans les mélanocytes est un processus très complexe qui fait intervenir une variété de protéines, d’enzymes et d’acides aminés. Les agents dépigmentants sont d’origine naturelle ou synthétique, chimique ou végétale. Ils agissent à différents niveaux en inhibant la mélanogénèse et combinent, pour certains, plusieurs mécanismes d’actions (Figure 7) :
– soit en bloquant la voie de synthèse de la mélanine à un niveau donné ; soit en bloquant le transfert des mélanosomes ; soit enfin, en détruisant les mélanocytes.
– L’agent dépigmentant idéal devrait avoir un effet dépigmentant fort, rapide et sélectif sur les mélanocytes hyperactifs et ne devrait pas entrainer d’effets secondaires. Dans cette partie sont présentés les principaux agents dépigmentants, leur mécanisme d’action, leurs indications, leur efficacité dans la dépigmentation, leur effets secondaires et la réglementation de leur utilisation dans les cosmétiques.

Actifs d’origine synthétique

Hydroquinone et ses dérivés

C’est en 1936 qu’Oettel. H observe un éclaircissement des poils chez des chats noirs dont l’eau de boisson était additionnée d’hydroquinone. Cette molécule est utilisée en thérapeutique, depuis 1961, dans les hypermélanoses acquises (mélasma, lentigos séniles). Son efficacité est proportionnelle à sa concentration (on l’emploie à des concentrations comprises entre 2 et 5%, voire 10%) [25].
 Structure
L’hydroquinone, aussi appelée benzène-1,4-diol, est un composé organique aromatique apparenté au phénol, de formule suivante C6H4(OH)2 et qui se présente sous une poudre solide dans les conditions normales de température et de pression. Sa structure comporte deux groupes hydroxyles liés à un noyau benzénique en position para. Des dérivés de l’hydroquinone sont aussi utilisés comme produits dépigmentants (Figure 8) :
 Mode d’action
L’hydroquinone et ses dérivés sont des inhibiteurs compétitifs de la tyrosinase. Ils ont une structure analogue aux précurseurs Q comme la tyrosine et la DOPA. Le mécanisme d’action des dérivés phénoliques est mal connu. Diverses théories ont été proposées. JIMBOW et al. ont été les premiers à reconnaître une action cytotoxique de l’hydroquinone sur les mélanocytes épidermiques. Par la suite, d’autres équipes ont montré que l’hydroquinone pouvait inhiber sélectivement le métabolisme des mélanocytes et provoquer ainsi un blocage de la synthèse des mélanines. Sur des cultures cellulaires, une inhibition de la synthèse de l’acide désoxyribonucléique (ADN) et de l’acide ribonucléique (ARN) a été mise en évidence. Celle-ci semblerait dépendante de la présence et de l’activité de la tyrosinase. Le mécanisme inhibiteur serait médié via une oxydation de l’hydroquinone par la tyrosinase en composants toxiques pour le mélanocyte. En effet, du fait de leur similarité moléculaire avec la tyrosine et la dihydroxyphénylalanine (DOPA), ces phénols sont oxydés par la tyrosinase, donnant naissance à des radicaux libres semi-quinones (des molécules réactives). Ces radicaux libres seraient responsables des altérations membranaires au niveau du mélanocyte, entraînant la mort cellulaire. La déplétion en glutathion qui en résulte pourrait expliquer les effets mélanocytotoxiques des dérivés phénoliques [25].
 Effets secondaires
Différentes manifestations de dermatoses dyschromiantes ont été décrites :
– l’hyperchromie périorbitaire « en lunette » est fréquente [5]; des achromies vitiligoïdes sont possibles [5];
– l’ochronose exogène est secondaire à l’application prolongée d’hydroquinone. Elle survient surtout sur les zones photo-exposées, notamment les régions faciales zygomatiques, temporales et les faces latéro-postérieures cervicales. Elle se manifeste par l’apparition de micropapules hyperpigmentées d’évolution confluente en nappes réticulées noirâtres. La peau est épaissie, rugueuse ou granitée. Lorsque le pavillon de
– l’oreille est atteint, il prend une teinte gris-bleutée. Les lésions de l’ochronose sont définitives et il n’existe pas de traitement médical à ce jour (Figure 9) [6];
– des lésions du visage simulant un lupus érythémateux, plus rares, ont également été décrites ;
 Aspects réglementaires
Selon la réglementation européenne, l’hydroquinone n’est autorisée dans les produits cosmétiques que pour usage restreint. Cette substance est inscrite à l’annexe III (liste des substances que les produits cosmétiques ne peuvent contenir en dehors des restrictions et des conditions prévues numéro d’ordre 14). D’après cette annexe, l’hydroquinone ne peut être utiliser qu’à 0,3% que comme colorant d’oxydation pour la coloration des cheveux. L’utilisation d’hydroquinone dans les produits cosmétiques de dépigmentation est de ce fait interdite en France et en Europe. Cependant, il est possible de le retrouver dans des produits cosmétiques vendus à la sauvette à des concentrations élevées (supérieures à 4%) [26].
Aux USA, l’agence fédérale américaine des produits alimentaires et médicamenteux (FDA) a interdit l’hydroquinone du fait de son caractère carcinogène potentiel.
Au Japon, un changement de la loi pharmaceutique permet désormais l’utilisation de l’hydroquinone comme ingrédients de formulation cosmétique à des concentrations inférieures qui seraient beaucoup plus sures [27].
Au Sénégal, le code de la santé publique considère l’hydroquinone et dérivés, mercure et dérivés, corticoïdes dans le cas des produits cosmétiques comme médicaments. Ainsi, certains produits (Asepso, Cleartone…) ont été interdits d’importation et d’autres de commercialisation [28].

Dermocorticoïdes

Les corticostéroïdes (CS) ou corticoïdes sont des hormones stéroïdiennes naturelles sécrétées chez les êtres humains par le cortex de la glande surrénale à l’origine de leur préfixe « cortico ». Sous l’effet de l’ACTH libérée par l’hypophyse, elle-même stimulée par la CRH de l’hypothalamus, cette partie superficielle de la glande surrénale est capable de produire trois types de CS :
– les glucocorticoïdes (GC), dont les molécules naturelles sont le cortisol (autrement appelée hydrocortisone, 30 mg sont sécrétés chaque jour) et la cortisone. Ils doivent leur nom à leurs effets sur le métabolisme glucidique et protidique en plus de leurs effets anti-inflammatoire et immunomodulateur ;
– les minéralocorticoïdes, dont la molécule naturelle est l’aldostérone, régulent l’équilibre hydroélectrolytique (rétention d’eau et de sodium, élimination de potassium) ;
– les stéroïdes sexuels tels que les androgènes, les œstrogènes et les progestatifs qui jouent un rôle dans le développement des caractères sexuels
 Structure
La cortisone, le cortisol et la corticostérone possèdent tous les trois le noyau 10,13-diméthylcyclopentanoperhydro-phénanthrène ou le noyau 5β-prégnane (Figure 10 et 11). Ces trois molécules ont comme caractéristiques sur ce noyau, une chaîne éthyle en position 17, une double liaison en 4-5, une fonction cétone (C=O) en 3 et 20 et un hydroxyle (OH) en 21.
 Mode d’action
Le mécanisme d’action des corticoïdes est mal connu. Ils diminueraient l’activité des mélanocytes et exerceraient une action sur la synthèse des mélanines [29].
 Effets secondaires
 Complications cutanées
Du fait d’une véritable immunodépression cutanée induite par les corticoïdes, les complications consistent avant tout en la survenue de novo ou en l’aggravation de dermatoses infectieuses préexistantes. Le risque infectieux est directement proportionnel à la puissance de l’activité et à la quantité cumulée de dermocorticoïdes appliqués, donc fonction de la durée d’utilisation et de la surface d’application. Ces affections sont souvent de sévérité inhabituelle :
– dermatophyties (peau glabre ou les plis axillaires) [30] ;
– la gale (notamment en zone d’endémie élevée) [31] ;
– les pyodermites superficielles (folliculites, impétigo, ecthyma, furoncles);
– les dermohypodermites bactériennes (érysipèle). Elles représentent à Dakar, 10% des motifs d’hospitalisation en dermatologie [32]. L’évolution vers une cellulite nécrosante est possible.
– l’acné (12 à 53% des utilisatrices), induite ou aggravée, parfois sévère, souvent très cortico-dépendante. Elle génère fréquemment des taches pigmentées au niveau du visage ;
– l’apparition de vergetures irréversibles (7 à 44% des utilisatrices) est également fréquente.
– l’atrophie cutanée est fréquente et responsable d’une fragilité anormale de la peau qui s’exprime lors de traumatismes minimes, ou par un retard et/ou par des complications de cicatrisation ;
– des cas d’hyperpilosité ont également été observés. L’arrêt de tout produit dépigmentant est primordial. Il doit être associé au traitement spécifique de chaque dermatose.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPELS ANATOMIQUE ET PHYSIOLOGIQUE DE LA PEAU
I. Structure de la peau
I.1. Epiderme
I.2. Derme
I.3. Hypoderme
II. Fonctions de la peau
II.1. Maintien de la température corporelle
II.2. Barrière de protection du milieu extérieur
II.3. Organe sensoriel
II.4. Organe immunitaire
II.4. Organe de vascularisation
II.5. Organe de synthèse de substances essentielles à notre organisme
II.6. Organe de la relation sociale et de la communication
III. Mélanogénèse
III.1. Mélanocytes
III.2. Mélanosomes
III.3. Mélanines
III.4. Pigmentation cutanée
DEUXIEME PARTIE : PRODUITS DEPIGMENTANTS
I. Généralités sur la dépigmentation volontaire (DV)
I.1. Définition
I.2. Historique
I.3. Causes
II. Produits dépigmentants
II.1. Actifs d’origine synthétique
II.1.1. Hydroquinone et ses dérivés
II.1.2. Dermocorticoïdes
II.1.3. Acide rétinoïque
II.1.4. Acide azélaïque
II.1.5. Trioxopimélate d’éthyle
II.1.6. Acide ascorbique ou vitamine C
II.1.7. Acide éthylène diaminetétracétique (EDTA)
II.1.8. Isopropylcatéchol (4-IPC)
II.1.9. Butylrésorcinol
II.1.10. Niacine ou Vitamine B3
II.1.11. Dérivés mercuriels
II.1.12. Glutathion
II.2. Actifs d’origine végétale
II.2.1. Arbutine
II.2.2. Alphahydroxyacides (AHA)
II.2.3. Extrait de racine de mûrier du Japon
II.2.4. Plantes à flavonoïdes
II.3. Actifs d’origine fermentaire
CONCLUSION
REFERENCES

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