Notions d’enseignement bilingue et modelé de bilinguisme scolaire

LES PROBLEMES DE LA LANGUE D’ENSEIGNEMENT A MADAGASCAR

Le bilinguisme est un phénomène d’envergure mondiale. Dans tous les pays, on trouve des personnes qui utilisent deux ou plusieurs langues à diverses fins et dans divers contextes . Nous pouvons prendre l’exemple du Canada (l’anglais et le français), de la Corée du Sud (l’anglais et le Coréen), de l’Afrique du Sud (l’anglais et les divers dialectes, etc.). Chaque institution (ministère, société, association, etc.) possède son propre bilinguisme et l’une des entités les plus concernées en matière de langue est sûrement l’école. Signalons qu’une personne est dite bilingue lorsqu’il se sert régulièrement de deux langues dans la vie de tous les jours.

Pour le cas de Madagascar, le pays a connu plusieurs politiques linguistiques depuis le temps de Radama 1er, mais celle qui a le plus marqué la situation sociolinguistique des Malgaches est sans doute la malgachisation suivie d’une interprétation erronée durant la deuxième République (1975-1993). Cette situation a donné naissance au métissage linguistique nommé le « variaminanana » ou « franç-gasy » . Entretemps, la maîtrise du français par les jeunes malgaches a régressé. De ce fait, l’enseignement bilingue a été préconisé dans le second cycle du secondaire.

A Antananarivo, capitale de Madagascar, l’utilisation du bilinguisme dans les lycées dépend de l’établissement, des enseignants et des élèves. Mais généralement, le franco-malgache est fréquent à cause de la non-maîtrise du français par la majorité des élèves. Selon les recherches effectuées par Judith et Célestin RAZAFIMBELO, 50% des professeurs enquêtés soutiennent que le « franc-gasy » est plus efficace en tant que langue d’enseignement que le français.

LES PARTICULARITES DU BILINGUISME, GENERATEUR DE LA PARTICIPATION ACTIVE DES ELEVES ET FACILITATEUR D’ACQUISITION DES CONNAISSANCES

F. GROSJEAN affirme que le bilinguisme se manifeste dans tous les pays du monde, dans toutes les classes de société, dans tous les groupes d’âge . Il a été estimé que la moitié de la population du monde est bilingue. Le bilinguisme est dû à de nombreux facteurs tels que la migration politique, économique et religieuse, la fédération politique de différentes régions linguistiques, l’éducation, etc…

Avant les années 1960, on ne voyait que ses côtés négatifs, les premières publications sur le bilinguisme affirment « une confusion intellectuelle », de « fatigue mentale », d’« handicap linguistique » comme conséquences du bilinguisme. En plus, les sujets bilingues sont plus exposés aux risques d’« anomie » , il s’agit de l’indétermination du sujet dans son identité. Malgré ces critiques sur le bilinguisme, d’autres recherches ont prouvé ses effets bénéfiques sur le développement personnel, voire national. C’est pourquoi l’éducation bilingue est encouragée actuellement.

Chaque pays a ainsi ses modèles d’enseignement bilingue accompagnés par des objectifs bien déterminés. Dans le cas de Madagascar, la langue maternelle est utilisée en appui à la langue d’enseignement (étrangère) en classe pour avoir une meilleure participation des élèves et une bonne acquisition des savoirs. Durant notre recherche, nous nous sommes demandé si le franco-malgache permet aux enseignants d’histoire géographie d’obtenir ces résultats. Avant d’en avoir la réponse, une présentation des particularités de l’enseignement bilingue s’impose.

NOTIONS D’ENSEIGNEMENT BILINGUE ET MODELE DE BILINGUISME SCOLAIRE MALGACHE

Définitions du bilinguisme individuel 

Il existe toute une panoplie de définitions du bilinguisme. Certains auteurs la délimitent en fonction des compétences linguistiques des locuteurs. Ainsi, BLOOMFIELD (1933) considère comme bilingue une personne ayant deux compétences de locuteur natif . MACNAMARA (1967) englobe dans le bilinguisme tout individu qui possède une compétence minimale dans une des quatre habiletés linguistiques (compréhension écrite et orale, expression écrite et orale) dans une langue autre que sa langue maternelle. Ces définitions ne sont guère satisfaisantes car elles ne correspondent plus au contexte actuel. En effet, la maîtrise des deux langues diffère selon l’individu. D’autres auteurs ont alors donné une autre définition au mot bilinguisme : Uriel WEINREICH le considère comme « l’emploi alterné de deux langues par le même individu »

quant à ELS OKSAAR (1980) « l’individu bilingue est en mesure, dans la plupart des situations, de passer sans difficulté majeure d’une langue à l’autre en cas de nécessité » . D’après ces points de vue, l’individu bilingue utilise la première ou la deuxième langue selon ses besoins de communication et dans des domaines différents: par exemple, l’une entrera en jeu dans des situations professionnelles alors que l’autre est mise en œuvre au sein de la famille. La compétence linguistique du bilingue n’est plus considérée car elle est rarement équivalente dans chacune des deux langues.

En nous basant sur les différents points de vue cités ci-dessus, nous pouvons donc définir le bilinguisme comme la capacité à utiliser deux langues dans la vie quotidienne et ce n’est pas, comme le pensent beaucoup de gens, la connaissance de deux ou plusieurs langues avec le même niveau de maîtrise pour chacune.

Notions d’enseignement bilingue

Définition et aspects
Par enseignement bilingue, il faut entendre un enseignement où la « langue étrangère » est non seulement enseignée mais sert aussi de support à l’enseignement des autres matières. DUVERGER et MAILLARD (1996) souligne qu’il y a enseignement bilingue lorsque sont présentes deux langues d’enseignement, deux langues véhiculaires, deux langues qui vont servir aux apprentissages extralinguistiques.

L’enseignement bilingue peut prendre plusieurs modèles en fonction de la politique linguistique de chaque pays : il existe les modèles soustractifs auxquels l’Etat valorise la langue étrangère (officielle) et dénigre la langue maternelle, tandis que les modèles additifs donnent une place importante aussi bien à la langue maternelle qu’à la langue étrangère. Quant à ses aspects, il se présente sous forme d’alternance codique, ou codeswitching en anglais, qui consiste à faire alterner des unités de longueur variable de deux ou plusieurs codes ou langues à l’intérieur d’une même interaction verbale. Par conséquent, « un enseignement bilingue se caractérise par une alternance entre la langue maternelle et la langue étrangère ».

Durant une séance d’enseignement, le discours du professeur peut se caractériser par l’existence de deux types d’alternance codique : la micro-alternance et l’alternance séquentielle.

La micro-alternance
Il s’agit de passages ponctuels et non programmés d’une langue à l’autre, pendant les cours. Le changement de langue se situe à l’intérieur d’un même discours ou entre les discours des partenaires de la communication. C’est par exemple le cas d’un élève qui ne connaît pas un mot en L2 et qui passera à la L1 pour poser la question à l’enseignant, ou encore pour être sûr d’être compris, l’enseignant reformule dans la L1 ce qu’il vient de dire en L2.

L’alternance séquentielle ou méso-alternance:
Il s’agit fondamentalement de l’emploi alterné de deux langues dans un même cours, en relation notamment avec les activités pédagogiques. Elle est composée fondamentalement d’une suite de séquences monolingues plus ou moins longues, sachant qu’il ne s’agit aucunement de la traduction systématique en L2 des documents en L1 et inversement, et peut prendre différentes configurations.

Points de vue des pays sur l’enseignement bilingue

Plusieurs pays dans le monde ont donné leurs points de vue sur l’enseignement bilingue:, certains sont en faveur de l’éducation bilingue alors que d’autres hésitent encore. Dans les pays de l’Union Européenne, l’enseignement bilingue a diverses appellations : EMILE (Enseignement d’une Matière par Intégration d’une Langue Etrangère), AICL (Apprentissage intégré du contenu et de la langue), Immersion ou CLIL (Content and Language Integrated Learning), BILD (Bilingual Integration of Language and Discipline), etc. Il offre de nombreux avantages aux élèves, selon la Commission au conseil, au Parlement européen, au Comité des régions : « L’apprentissage intégré d’un contenu et d’une langue, c’est-à-dire l’apprentissage d’une matière dans une langue étrangère, a une contribution majeure à apporter à la réalisation des objectifs de l’Union européenne en termes d’apprentissage des langues.

Le modèle de bilinguisme scolaire malgache

En considérant les réalités du système éducatif malgache, le modèle d’enseignement bilingue est transitoire : l’objectif est de n’avoir qu’une seule langue à la fin de la scolarité, et la langue visée est la langue officielle (français). Les apprenants peuvent commencer à utiliser la langue maternelle et passer graduellement à la langue officielle comme langue d’instruction . Le dernier texte qui définit le modèle d’enseignement bilingue malgache date de 1994, il stipule que la langue malgache est l’outil d’instruction durant le premier cycle du primaire (sauf pour l’enseignement du français). Au second cycle, seules les matières malgaches et histoire sont enseignées dans la L1. Depuis les collèges jusqu’aux lycées, toutes les disciplines, exceptés le malgache et les autres langues étrangères sont dispensées en français. Bref, la langue malgache n’est utilisée qu’au début du cycle du primaire pour ensuite donner place au français.

De ce fait, les apprenants sont déjà censés maîtrisés la langue française à partir de la classe de 6ème jusqu’à la fin de la scolarité. Pourtant, nombreux sont les élèves qui comprennent, parlent et écrivent mal le français. Ce problème touche également certains professeurs, selon les recherches menées par Célestin et Judith RAZAFIMBELO (2003) , la majorité des enseignants censés dispenser les enseignements en français ne peuvent s’exprimer en français et cela se répercute sur la compréhension des élèves. De plus, la discipline histoire-géographie figure dans les sciences humaines, cela signifie l’existence de plusieurs termes plus ou moins scientifiques qui sont difficiles à expliquer en français.

CONCLUSION GENERALE 

Que dire au terme de ce travail, il a été effectué dans deux écoles d’Antananarivo, le lycée J.J.R d’Analakely et l’établissement scolaire L.S.P.C d’Ambohipo. Les professeurs sont contraints de recourir au franco-malgache pour enseigner l’histoire-géographie à cause de la faiblesse des élèves en français. L’objectif de cette étude a été de déterminer l’efficacité du bilinguisme d’où la question : « Quels intérêts et quels inconvénients présentent le bilinguisme dans l’enseignement et l’apprentissage de l’Histoire-Géographie aux lycées ? ». Deux hypothèses ont été avancées :
– Le bilinguisme encouragerait la participation active des élèves en classe et faciliterait une appropriation des savoirs durant une séance de cours
– L’hétérogénéité linguistique des élèves compliquerait le choix de la langue à employer par le professeur, et le bilinguisme restreindrait l’auto-apprentissage des élèves et leur capacité de rédaction en français. Malgré tout, des solutions seraient envisageables. Les résultats des investigations ont confirmé la première hypothèse. D’une part, le francomalgache suscite la participation des élèves. Certes, les activités pédagogiques de l’enseignant et sa manière de motiver la classe favorisent la participation de l’assistance. Mais la langue est également essentielle vu qu’elle est le principal outil de communication. En faisant usage du malgache pour s’adresser au professeur en classe, les élèves peuvent s’exprimer librement sans éprouver des difficultés.

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE : LES PARTICULARITES DU BILINGUISME, GENERATEUR DE LA PARTICIPATION ACTIVE DES ELEVES ET FACILITATEUR D’ACQUISITION DES CONNAISSANCES
CHAPITRE I : LES PARTICULARITES DE L’ENSEIGNEMENT BILINGUE DANS LES LYCEES MALGACHES
I. NOTIONS D’ENSEIGNEMENT BILINGUE ET MODELE DE BILINGUISME SCOLAIRE MALGACHE
II. LES FORMES D’ENSEIGNEMENT BILINGUE DES PROFESSEURS INTERVIEWES ET LA REACTION DES ELEVES
CHAPITRE II : LE BILINGUISME, GENERATEUR DE LA PARTICIPATION ACTIVE DES ELEVES ET FACILITATEUR DE L’ASSIMILATION DES SAVOIRS 
I. L’INFLUENCE DU BILINGUISME SUR LA PARTICIPATION DES ELEVES
II. LE BILINGUISME ET L’ACQUISITION DES CONNAISSANCES PAR L’ELEVE
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
DEUXIEME PARTIE : LES LIMITES DU BILINGUISME DANS L’ENSEIGNEMENT ET L’APPRENTISSAGE DE L’HISTOIRE-GEOGRAPHIE 
CHAPITRE I : LE BILINGUISME ET L’APPRENTISSAGE DE L’HISTOIRE-GEOGRAPHIE PAR L’ELEVE 
I. L’HETEROGENEITE DES ELEVES, UN FACTEUR LIMITATIF DE SON UTILISATION
II. UN AUTO-APPRENTISSAGE PLUTOT RESTREINT DE L’HISTOIRE-GEOGRAPHIE PAR L’ELEVE
CHAPITRE II : LES INFLUENCES DU BILINGUISME SUR LA CAPACITE DE REDACTION DES ELEVES
I. LES RESULTATS OBTENUS CHEZ LES ELEVES DE CLASSE DE SECONDE DU L.S.P.C
II. LES RESULTATS OBTENUS CHEZ LES ELEVES DE LA CLASSE DE PREMIERE DU LYCEE J.J.R
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE
TROISIEME PARTIE : LES PROBLEMES DE L’ENSEIGNEMENT BILINGUE MALGACHE ET LES SUGGESTIONS POUR L’AMELIORER AINSI QUE L’APPRENTISSAGE DE LA MATIERE 
CHAPITRE I : LES PROBLEMES DE LA LANGUE D’ENSEIGNEMENT A MADAGASCAR
I. UNE POLITIQUE LINGUISTIQUE MARQUEE PAR DE FREQUENTS CHANGEMENTS ET AMBIGUË
II. LES IMPACTS NEGATIFS DU BILINGUISME
CHAPITRE VI : LES SUGGESTIONS POUR AMELIORER LE BILINGUISME AINSI QUE L’ENSEIGNEMENT ET L’APPRENTISSAGE DE L’HISTOIRE-GEOGRAPHIE
I. TENDRE VERS UN BILINGUISME ADDITIF
II. LES SUGGESTIONS POUR AMELIORER L’APPRENTISSAGE DE L’HISTOIRE-GEOGRAPHIE PAR LES ELEVES
CONCLUSION DE LA TROISIEME PARTIE
CONCLUSION GENERALE

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