Neospora caninum et la néosporose

Neospora caninum et la néosporose

Le diagnostic de la néosporose chez les bovins

On va ici décrire les différentes méthodes directes et indirectes permettant d’établir le diagnostic de la néosporose. On verra quelles sont les limites de ces tests notamment ce qu’on est en droit d’en conclure à l’échelle de l’individu et du troupeau. On s’est cependant limité aux méthodes rencontrées et couramment utilisées dans les laboratoires départementaux français.

Les méthodes directes

Les méthodes qui demeurent des tests de laboratoire de recherche comme l’immunoblot ne seront pas développées ici. Cette méthode devient la méthode de référence pour le diagnostic direct, mais n’est encore utilisée que dans les laboratoires de recherche.
(1) L’histologie
L’histologie est une méthode sûre de diagnostic direct de Neospora caninum mais elle a comme inconvénient que les kystes, bradyzoïtes et tachyzoïtes sont souvent peu nombreux et il faut des histologistes expérimentés pour interpréter les prélèvements.
(2) L’immunohistochimie
Sur une coupe histologique, on fait incuber des anticorps anti Neospora qui vont se fixer sur les tachyzoïtes le plus souvent. Ces anticorps sont des sérums issus de lapins expérimentalement infectés par le parasite. Un antisérum antilapin, lié à un complexe enzymo chimique comme l’avidine biotine ou la peroxydase, est mis en contact avec le prélèvement. Puis on laisse agir le substrat de l’enzyme ce qui entraîne une coloration des tachyzoïtes. Malheureusement, il existe des risques de réactions croisées avec T. gondii (Anderson et al. 1994 ; Sundermann et al. 1997).
(3) La PCR (Polymerase Chain Reaction)
La PCR semble une méthode appelée à se développer. Elle permet de détecter les tachyzoïtes dans les pièces prélevées sans aucune transformation. Ces méthodes se sont développées surtout depuis 1996. Différentes amorces ont été testées et retenues (Payne et Ellis 1996 ; Anderson et al. 2000). Sur des prélèvements comme le foie, l’encéphale ou le cœur, on obtient une spécificité de 100 % (Ho et al. 1996 ; Ho et al. 1997). Aucune réaction croisée avec T. gondii n’est notée, à la différence des autres méthodes. Le seuil de détection du nombre de pathogènes est 5000 tachyzoïtes par gramme de cerveau (Lally et al. 1996 a), ce qui correspond à une faible quantité. Toutefois on n’a aucune certitude de la quantité minimale retrouvée chez des animaux atteints.
La PCR devient de plus en plus employée pour le diagnostic direct de la néosporose. En France, elle est mise en application notamment au laboratoire vétérinaire départemental du Calvados (Pitel et al. 2000). Ses deux inconvénients essentiels sont son coût qui demeure élevé et la diminution de sa sensibilité sur les pièces autolysées, ce qui est souvent le cas des avortons. Cette technique serait intéressante pour le diagnostic de la néosporose chez les carnivores ainsi que pour la recherche des ookystes dans les fèces (Lally et al. 1996 a).

Les méthodes indirectes

Il s’agit de mettre en évidence la présence d’anticorps anti-Neospora. L’inconvénient des méthodes indirectes était les réactions croisées qui existaient entre les anticorps (Ac) anti T. gondii et ceux anti N. caninum. Sur les antigènes (Ag) utilisés au début, dans ces manipulations, les Ag pariétaux de T.gondii et de N. caninum présentaient une homologie de près de 50 % (Howe et Sibley 1999). Mais progressivement, les Ag ont été mieux identifiés et purifiés (Atkinson et al. 2000). (1) L’immunofluorescence indirecte (IFI)’est la première des méthodes sérologiques mises au point pour détecter Neospora caninum dans différentes espèces dont les bovins. Elle permet une mesure quantitative du titre présent chez l’animal testé (Conrad et al. 1993 ; Barr et al. 1995). C’est aussi la méthode de référence pour étalonner d’autres tests comme certains ELISA (voir plus loin). Les anticorps contre N. caninum sont détectés par fluorescence après fixation sur des antigènes. Il faut cependant être habitué à interpréter les fluorescences obtenues, qui doivent entourer complètement les parasites. On considère que le bovin est infecté lorsque le taux d’Ac dépasse le seuil de 1/640ème (Pare et al. 1995 a).
Des études comparatives sur les caractéristiques de l’IFI montrent qu’elle a une spécificité proche de 100 % (Pare et al. 1995 a). Depuis ce résultat est à nuancer par les progrès de l’ELISA (cf. infra).

La séroagglutination

C’est une méthode dont le principal intérêt est qu’elle est adaptable à toutes les espèces. Les anticorps spécifiques à chaque espèce que sont les IgM sont scindés par une incubation à la chaleur en IgG. Ce sont eux qui sont détectés par le test (Romand et al. 1998 ; Bjorkman et Uggla 1999). L’agglutination est un test sensible et spécifique qui permet aussi de quantifier un taux d’Ac.

L’ELISA (Enzyme Linked ImmunoSorbent Assay)

Le principe de l’ELISA est la fixation des Ac à des Ag fixés au fond d’une cupule. Puis on fait incuber des Ac anti Ac de bovins sur lesquels est fixé un colorant enzymo-activable. Ainsi, après action de l’enzyme, on mesure une densité optique plus ou moins importante reliée à une concentration plus ou moins forte d’Ac dans le sérum à tester. Au milieu des années 90 apparaissent les premiers tests ELISA pour détecter Neospora. Ce sont des tests qui ont une bonne sensibilité et une bonne spécificité (86 % et 96,5 % pour celui de Pare et al. (1995 b). On leur reproche un risque de réactions croisées et de moins bonnes caractéristiques par rapport à l’IFI. L’avantage de l’ELISA est que ce test est facilement automatisable et on peut alors effectuer les tests en grand nombre (gain de coût et de rapidité) (Pare et al. 1995 b; Schares et al. 1999 a). Plusieurs améliorations des tests ELISA ont été apportées dans le but d’augmenter leur sensibilité et leur spécificité. Ainsi certains ELISA utilisent des Ag monoclonaux (Jenkins et al. 1997), parfois recombinants (Lally et al. 1996 b) ou intégrés à des complexes immunostimulants améliorant la présentation de l’Ag à l’Ac cible (Bjorkman et Uggla 1999). Il n’existe alors plus de risque de réactions croisées. Récemment, en 1999, Bjorkman et al. ont développé un ELISA avide qui permet de différencier avec une bonne précision, une infection précoce d’une infection tardive. Les anticorps, secrétés précocement suite à une primo-infection, ont une moindre capcité de liaison à l’Ag que des Ac dits « matures », qui vont se lier plus rapidement et en plus grand nombre à l’antigène parasitaire. Les anticorps précoces ont une plus faible spécificité pour les Ag de N. caninum. Si on mesure la vitesse de liaison de tous ces Ac, on obtiendra une forte avidité pour des infections installées et une faible avidité pour des primo infections (Bjorkman et al. 1999). La vitesse de liaison est comparée avec celle d’animaux infectés expérimentalement depuis plus ou moins longtemps. Ce test a donc pour intérêt de permettre de « dater » une infection.
L’ELISA devient la méthode de sérodiagnostic de plus en plus utilisé. Ses qualités intrinsèques concurrencent l’IFI. Sa rapidité, son automatisation et le nombre d’échantillons traités par unité de temps, sont d’autres atouts de l’ELISA. De plus, en atelier laitier, des tests sur le lait ayant une corrélation de 95% avec le sérum sont en développement (Bjorkman et al. 1997).

Interprétation des résultats de sérologie

Un résultat sérologique est pratique et fort intéressant sur un animal ayant avorté mais plusieurs auteurs s’accordent pour dire qu’une unique sérologie positive ne signifie que peu de chose : l’animal est porteur du parasite mais ce n’est pas forcément lui ou lui seul, l’agent étiologique de l’avortement (Anderson et al. 1994 ; Dubey et al. 1997 ; Anderson et al. 2000 ; McAllister et al. 2000). D’autre part, on peut observer parfois des phases de masquage des Ac notamment en péripartum. Ainsi, lorsqu’on fait une enquête épidémiologique dans un cadre d’avortement, il faut effectuer deux prélèvements à 21 jours d’intervalle minimum pour mettre en évidence une séroconversion éventuelle (Dubey et Lindsay 1996 ; Stenlund et al. 1999 ; McAllister et al. 2000). Dans les élevages atteints de néosporose, on ne connaît pas de façon certaine s’il y a une relation entre forte prévalence de l’infection et fort taux d’avortement. Toutefois, les animaux séropositifs ont en moyenne 3 à 5 fois plus de risque d’avorter que des animaux indemnes (Pare et al. 1997 ; Wouda et al. 1999). Mais actuellement, on n’a aucune corrélation entre la concentration en Ac et le risque d’avortement (Pare et al. 1995 b; Schares et al. 1999 b). Chez le fœtus, les méthodes de diagnostic directes sont à privilégier, les résultats donnés par la sérologie ayant un niveau de certitude trop faible (Wouda et al. 1997). On peut tout de même effectuer des examens sérologiques sur les liquides de la caillette du fœtus et sur le sang fœtal (Barr et al. 1995). Dans ce cas, les seuils de positivité doivent être adaptés, c’est-à-dire diminués (Densité optique de 0,25 contre 0,45 chez l’adulte, dans les ELISA).
La sérologie prend tout son intérêt lorsqu’on se place dans un contexte épidémiologique. Elle est très utile pour mener à bien des études de séroprévalence. Dans ce cas les résultats auront une bonne précision si on interprète à l’échelle du troupeau (Pare et al. 1998). Mais plusieurs enquêtes font état de simple bilan de sérologie parmi une population choisie (les vaches ayant avorté par exemple) (Klein 1997 ; Keefe et VanLeeuwen 2000 ; Waldner et al. 2001). Elles permettent d’avoir une première vision quelque peu sous estimée de la situation avant les études prospectives.

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Table des matières

Introduction
Première partie : Étude bibliographique sur Neospora caninum, la néosporose, son épidémiologie et les moyens de lutte existants
I. Neospora caninum et la néosporose : le parasite, son cycle de développement, sa pathogénie, les moyens diagnostiques
A. Le parasite, son cycle de développement
1. Le parasite
2. Son cycle de développement
B. Sa pathogénie
1. Voies de contamination
(1) Contamination horizontale
(2) Transmission verticale
2. Lésions
C. Manifestations cliniques
1. Espèce bovine
(1) Chez les adultes, les avortements
(2) Chez les jeunes, des atteintes systémiques
2. Espèce équine
3. Espèce canine
D. La réponse immunitaire contre Neospora caninum
E. Le diagnostic de la néosporose chez les bovins
1. Les méthodes directes
(1) L’histologie
(2) L’immunohistochimie
(3) La PCR (Polymerase Chain Reaction)
2. Les méthodes indirectes
(1) L’immunofluorescence indirecte (IFI)
(2) La séroagglutination
(3) L’ELISA (Enzyme Linked ImmunoSorbent Assay)
3. Interprétation des résultats de sérologie
4. Porter un diagnostic de néosporose
II. Épidémiologie de la néosporose bovine, impact économique et moyens de lutte actuels
A. Épidémiologie de la néosporose bovine
1. Épidémiologie descriptive générale
2. Épidémiologie analytique
(1) Facteurs de risque de l’infection environnementaux
(2) Facteurs de risque dus à la présence d’un hôte définitif
(3) Facteurs de risque liés à des maladies concomitantes
B. Situation épidémiologique à travers le monde
1. Répartition géographique
2. Situation épidémiologique en Europe
3. Situation épidémiologique au Québec et au Canada
4. Situation épidémiologique en France
C. Impact économique de la maladie
1. Nature des pertes économiques
(1) Quelles sont ces pertes ?
(2) A propos de la production laitière
(3) Diminution de la valeur marchande des animaux
(4) A propos de la réforme
2. Évaluation des pertes
D. Moyens de lutte actuels et futurs
1. Les thérapeutiques possibles
2. La vaccination est-elle envisageable ?
3. Mesures de contrôle sanitaire
(1) Élimination des animaux séropositifs
(2) Transplantation embryonnaire
(3) Élimination des avortons et placentas
(4) Élimination des chiens
4. Politique d’application des mesures sanitaires
Conclusion
Deuxième partie : Etude de la séroprévalence de la néosporose chez les bovins ayant avorté en France. Etude de l’efficacité des mesures de lutte sanitaires
I. Enquête épidémiologique dans les laboratoires départementaux vétérinaires
A. Introduction
B. Matériel et méthodes
1. Le questionnaire
(1) Le volume d’activité et les protocoles d’analyses
(2) Les résultats d’analyses de recherche de Neospora
(3) Les commémoratifs d’analyse
(4) Les informations départementales
2. Les interlocuteurs
C. Résultats de l’enquête – Discussion
1. Les buts ont-ils pu être atteints ?
2. Les différents laboratoires départementaux recherchant la néosporose
3. Les tests utilisés pour dépister la néosporose
4. Les principaux biais de l’étude
5. La séroprévalence de N. caninum dans les avortements bovins dans différents départements français
6. Des précisions sur l’épidémiologie de la néosporose
(1) Prévalence en fonction du type de production
(2) Les interactions entre agents pathogènes
(3) Le stade de gestation lors de l’avortement
7. Les différentes politiques de recherche et de contrôle appliquées
D. Que penser de la prévalence actuelle de la néosporose en France ?
II. Étude sur l’efficacité des moyens de lutte appliquée dans le cadre de la prévention de la néosporose
A. Introduction
B. Matériel et méthodes
1. Les groupes d’étude
2. Les données déjà existantes
3. Le questionnaire d’enquête
4. Les mesures de lutte appliquées dans chaque élevage
5. Les animaux prélevés et les prélèvements
6. Les analyses (recherche d’anticorps anti-Neospora caninum)
7. Le traitement statistique des données
C. Résultats
1. Variation du taux abortif en fonction de la prévalence de la néosporose
(1) Préalables
(2) Le taux d’avortement augmente avec la prévalence
2. Situation épidémiologique dans les trois élevages (efficacité des mesures de lutte)
(1) Rappels préalables
(2) Prévalence de la néosporose dans les élevages en décembre 1999 et en décembre 2000
(3) Importance des nouveaux cas
(4) Importance de la contamination horizontale
3. Application et efficacité des mesures de lutte
(1) Les mesures de lutte proposées
(2) L’impression des éleveurs
(3) Des difficultés à la mise en place des mesures de lutte
(4) La prévalence de la néosporose augmente malgré les mesures de lutte
D. Discussion
1. Une relation entre la prévalence de la néosporose et le taux d’avortement
2. La contamination horizontale est une évidence !
3. Les mesures de lutte proposées sont-elles efficaces ?
4. L’application des mesures de lutte, l’opinion des éleveurs
Conclusion générale 74 Bibliographie 76 Annexes

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