Nature et prévalence du désir de mourir 

Cet essai comporte deux sections, soit une introduction générale et un article scientifique, visant à étudier ce qui distingue les hommes et les femmes âgées qui ont le désir de mourir. Afin de bien cerner la problématique de cette étude, la première section sera divisée en cinq parties. La première se penche sur la définition du concept, puis sur la prévalence du désir de mourir chez les aînés. La deuxième partie présente un modèle théorique de l’origine et du développement du désir de mourir. La troisième traite des facteurs associés au désir de mourir des aînés, alors que la quatrième aborde plus spécifiquement les différences selon le sexe. Enfin, la dernière partie de l’introduction précise l’objectif de l’étude.

Nature et prévalence du désir de mourir 

Le désir de mourir est défini comme le souhait de ne plus vivre ou l’idée qu’il vaudrait mieux être mort (Skoog et al., 1996). Il s’agit d’une souffrance psychologique présente chez un bon nombre de personnes âgées (Ladwig et al., 2008). Les études indiquent une prévalence d’environ 4 à 6 % chez les aînés vivant dans la communauté (Ayalon, 2011 ; Bamow & Linden, 1997; Scocco & De Leo, 2002; Scocco, Meneghel, Caon, Dello Buono, & De Leo, 2001 ; Yip et al., 2003). Le désir de mourir semble également augmenter avec l’âge (Ayalon & Shiovitz-Ezra, 2011; Ladwig et al., 2008). En effet, il est observé plus fréquemment chez les adultes de plus de 75 ans (15,6 %), que chez ceux âgés entre 66 et 75 ans (7,3 %), et ceux âgés entre 50 et 65 ans (4,6 %) (Ayalon & Shiovitz-Ezra, 2011).

Pour bien clarifier le concept du désir de mourir, il est nécessaire de le mettre en contexte par rapport au concept de suicidalité, lequel inclut toutes les manifestations cognitives et comportementales se rapportant au suicide, telles les pensées à propos de la mort, le désir de mourir, les idéations suicidaires, la planification suicidaire, la tentative de suicide et le suicide complété (Bamow & Linden, 1997; Scocco & De Leo, 2002). Les différentes notions incluses dans le concept de la suicidalité se chevauchent de près. Alors que les idéations suicidaires renvoient à l’idée de se tuer, les pensées à propos de la mort constituent des réflexions normales sur cet événement à venir pour les personnes qui sont à la dernière étape de leur vie. Quant au désir de mourir, il reflète plutôt le désir et l’impatience d’être mort, sans nécessairement vouloir mettre intentionnellement fin à ses jours. Selon certains auteurs, la dépression, le sentiment d’impuissance et le désir de mourir constituent les premières étapes du processus suicidaire et peuvent potentiellement mener au développement d’idéations et de comportements suicidaires (Caine & Conwell, 2001; O’Connell, Chin, Cunningham, & Lawlor, 2004). D’ailleurs, le désir de mourir est corrélé positivement avec les idéations suicidaires (Rao, Dening, Brayne, & Huppert, 1997). Les idéations suicidaires sont à leur tour un facteur de risque significatif des tentatives suicidaires et des suicides complétés (Kuo, Gallo, & Tien, 2001). Cependant, bien que plusieurs chercheurs aient tendance à confondre le désir de mourir et les idéations suicidaires, ces concepts sont distincts et ne mènent pas nécessairement à des comportements suicidaires. Toutefois, comme il indique un mal être chez l’individu, il est important d’en étudier les facteurs associés afin de mieux prévenir la détresse et le suicide chez les aînés.

Origine et développement du désir de mourir 

À ce jour, seule une équipe de chercheurs néerlandais a tenté de développer un modèle théorique pour expliquer l’origine et le développement du désir de mourir chez les personnes âgées (Rurup, Pasman et al., 2011). Selon les résultats de leur étude qualitative, il existe différents éléments déclencheurs précédant l’apparition du désir de mourir. Parmi ceux-ci, les auteurs relèvent la survenue d’un évènement de vie traumatique, une vie marquée par l’adversité, des épisodes récurrents de dépression, ou, pour une majorité de répondants, une faible qualité de vie, conséquence du vieillissement ou d’une maladie. Chez les répondants âgés, la faible qualité de vie semble être le reflet d’incapacités physiques qui entraînent l’impossibilité d’ accomplir certaines activités de la vie quotidienne et une dépendance aux autres. Bref, l’origine du développement du désir de mourir semble être une situation ou un évènement de vie qui dépasse les capacités de résilience de la personne (Rurup, Pasman et al., 20Il).

Selon le modèle théorique néerlandais, l’individu qui fait face à ce type d’élément déclencheur compare sa situation à la situation désirée ou souhaitée. Cette évaluation est influencée par le caractère de la personne, ses stratégies d’adaptation et la qualité de son réseau de soutien social. En effet, les personnes âgées ayant le désir de mourir rapportent souvent une difficulté à faire face à leur nouvelle situation de dépendance, ainsi que le sentiment d’être inutile et d’être un fardeau pour les autres. Elles rapportent également un manque de contacts sociaux et de grandes attentes concernant l’aide et la présence de leur entourage (Rurup, Pasman et al., 2011).

Si l’individu éprouve l’impression de ne pas avoir de contrôle sur sa situation, alors celle-ci lui parait inacceptable, et peu à peu, il se résigne et abandonne toute tentative de changer sa situation. À ce moment, ce constat peut mener la personne à considérer la mort comme un moyen de fuir cet état désagréable. Les pensées à propos de la mort deviennent une façon de regagner le contrôle perdu, car elle est alors perçue comme un élément positif puisque la situation réelle ne pouvant être changée, son côté pénible cessera, du moins avec la mort. Mourir devient une solution et y penser augmente le sentiment de contrôle (Rurup, Pasman et al., 2011).

Facteurs associés au désir de mourir 

Quelques études se sont penchées sur les facteurs associés au désir de mourir chez les personnes âgées. Il ne s’agit pas d’études de causalité mais d’études corrélationnelles qui observent les liens entre le désir de mourir et des variables d’ordre psychologique, social, physique et sociodémographique.

Les facteurs psychologiques les plus souvent associés au désir de mourir des personnes âgées sont les symptômes dépressifs et les diagnostics de dépression (Ayalon, 2011 ; Bamow, Linden, & Freyberger, 2004; Vip et al., 2003). D’ailleurs, selon Dennis et al. (2007), le risque d’ exprimer le désir de mourir est plus élevé chez les aînés dépressifs entre 55 et 74 ans (OR = 25,36, 95 % CI = 13,65-47,13), que chez les personnes dépressives d’autres groupes d’âges, comme ceux âgés entre 16 et 34 ans (OR = 7,42,  95 % CI = 3,91-14,05). Néanmoins, certaines études notent qu’une majorité de personnes ayant le désir de mourir éprouvent certains symptômes dépressifs sans répondre à tous les critères nécessaires à l’établissement d’un diagnostic de trouble de dépression (Jorm et al. , 1995; Rurup, Deeg, Poppelaars, Kerkhof, & OnwuteakaPhilipsen, 2011). D’ailleurs, les résultats de l’étude de Lapierre et ses collaborateurs (2012) relèvent que jusqu’à 62 % des personnes âgées ayant le désir de mourir ont des symptômes de dépression, sans rencontrer les critères diagnostiques d’une dépression.  mmeure ou majeure.

Conclusion

L’étude réalisée dans le cadre de cet essai doctoral représentait un premier pas vers l’étude des facteurs distinctifs chez les hommes et les femmes âgés ayant le désir de mourir. Les analyses exploratoires ont permis de répondre à l’objectif de l’étude. En effet, les résultats ont relevés plusieurs différences notables entre les sexes sur diverses variables sociodémographiques, psychologiques, physiques et sociales. Par ailleurs, l’étude se voulait uhe contribution à l’élargissement des connaissances sur le désir de mourir en tant que concept différent des idéations suicidaires, et ce, auprès d’une population particulièrement à risque, celle des personnes âgées, puisque celles-ci font face à des pertes importantes dans différents domaines de leur vie. Il s’ avère important de poursuivre les recherches afin de comprendre les raisons pouvant expliquer ces différences et faciliter le développement d’interventions spécifiques à chaque sexe pour diminuer le désir de mourir, augmenter le désir de vivre et prévenir le suicide chez les aînés.

 

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Table des matières

Introduction 
Nature et prévalence du désir de mourir
Origine et développement du désir de mourir
Facteurs associés au désir de mourir
Facteurs associés à la suicidalité selon le sexe
Objectif
Article scientifique. Différences entre les sexes chez les aînés ayant le désir de
mourir
Résumé
Abstract
Objectif
Méthode 
Participants
Déroulement
Mesures
Résultats
Discussion
Références
Conclusion

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