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Le personnage de la marâtre dans la littérature.
L’identification du personnage de la marâtre réside dans l’horizon d’attente qu’il crée. Il apparaît dans la littérature comme nu personnage archétypal au même titre qu’un ogre ou une fée.
C’est un personnage qui au cours de l’histoire de littérature s’est constitué et dont on peut citer un certain nombre de caractéristiques et de rôles. En effet, il se révèle parfois comme mythe. La marâtre en tant qu’une seconde épouse du père a des rôles difficiles à tenir. Jamais dans l’histoire de l’humanité, on n’attend pas d’un beau-père qu’il s’occupe du foyeralors que la femme en est la gardienne. Elle s’occupe de l’essentiel dans le foyer : soins des enfants, tenue de la maison, préparation des repas, veille au sommeil des uns et des autres, tenue du jardin, apparence vestimentaire et physique du mari. Dans la vie réelle, l’histoire des marâtres s’épiloguent souvent par de bain de sang à cause de cette jalousie dans laquelle elle est toujours perdante. Voilà pourquoi, on peut comprendre la marâtre comme une anti-héroïne, parce qu’elle entreprend contre sa rivale une quête de suprématie auprès du mari. Une des manifestations de cette suprématie, croyait-elle, est l’ascension sociale de sa propre fille au détriment de celle de la défunte. C’est pour cette raison qu’elle cherche à nuire à la fille de sa rivale parce que la véritable rivale est hors d’atteinte dans le tombeau. C’est cette situation que stigmatise le récit en présentant la marâtre comme une mauvaise mère pour l’orpheline. Dans la mesure où les contes de la marâtre fait intervenir une dimension merveilleuse à travers la présence d’un auxiliaire magique, l’action de cet auxiliaire correspond toujours à l’amélioration de la situation de l’enfant maltraité. C’est cela qui fait dire à E. Belinga que : « l’entrée en scène du parent défunt correspond souvent à une véritable renaissance à la vie de l’orphelin ou de l’orpheline. Cela explique encore pourquoi les orphelins finissent presque toujours par triompher et connaître un vrai bonheur ». Il ne faut pas oublier que lorsque l’enfant grandit, il ouvre les yeux sur le monde des adultes. Or, la présence de la marâtre sert souvent à incarner des désillusions. E lle représente donc aux yeux de l’enfant la part sombre de la mère. . L’homme n’est pas toujours en mesure d’affronter seul les difficultés de l’existence. Il lui faut souvent recourir à une femme quel que soit son statut. Cette force paisible sait bien le galvaniser. Quand il s’agit de marâtre, elle détient la force e t les secrets susceptibles de pousser le mari à réaliser des actes inimaginables contre ses propres enfants.
Certes, les mentalités des marâtres ne sont pas les mêmes. Certaines d’entre elles se substituent à la mère décédée ou destituée de ses droits parentaux par le divorce. D’autres coexistent avec les parents qui, bien que séparés, continuent d’exercer pleinement leur autorité parentale.
En fait, le personnage de la marâtre occupe une pla ce non négligeable dans la littérature et surtout dans la littérature traditionnelle. Aujourd’hui, ce personnage constitue un objet de débat et de conférence en sciences humaines.
L’existence de ce personnage de la marâtre dans la littérature orale a fait l’objet de débat tout à fait comparable à ceux qui sollicitent la littérature moderne à l’image du roi Égisthe dans la tragédie grecque.
Spécifications en profondeur.
Décrire et explorer le comportement de la marâtre a u sein de la société comorienne implique d’emblée deux questions. La première consiste à se demander quelle est la part de l’influence du social dans le comportement de la femme. Est-ce que le comportement de la femme sera la même si le mariage aux Comores devient virilocal ? Est-ce que le matriarcat ou, au contraire, le patriarcat favorise ce comportement ? Quelle est la part de la phallocratie dans ce comportement typiquement féminin ? La deuxième question est aussi cruciale que la première, il s’agit de voir quelle est la part de la structuration de la jalousie dans le comportement de la marâtre. Ai nsi, les questions que soulève l’analyse de contes sur la marâtre nous amène à des investigations sociologiques pour recueillir des données pouvant expliquer ce comportement pour le moins paradoxal. Mais il faut admettre que les résultats des investigations sociologiques ne sont là que pour corrobore la production de la thématique de la marâtre dans la littérature traditionnelle. L’effort le plus important sera mené sur la comparaison d’éléments de niveau différent entre plusieurs productions qui se réfèrent à la thématique. De la sorte, il serait possible de cerner avec précision les motifs de ce comportement et de mieux comprendre la production des contes et les rôles qu’ils jouent au sein de la société. Cette détermination de la fonction des contes au sein de la société constitue l’un des objectifs les plus attractifs de l’analyse des contes, et ce d’autant plus passionnant qu’ils sont liés à des comportements psychologiques. Par ailleurs, il est très intéressant de comprendre le personnage de la marâtre car son parcours figuratif n’intervient pas uniquement dans le cas de décès de la première femme. Étant donné que l’adultère masculin est souvent toléré, voire valorisé comme expression d’une virilité et de puissance économique, l’on assiste, soit à une polygamie de fait ou institutionnalisé. De cette manière, les conditions d’apparition du comportement de la marât re sont loin d’être marginales. Il y a donc lieu de conclure que la marâtre dans cette seconde approche constitue une situation généralisée qui rend plus crucial l’intérêt que nous portons sur la thématique. A contrario, l’analyse de la marâtre permettra de mettre en évidence le rôle de la femme dans la formation du destin des enfants. Renforce cette idée, le fait que l’on parle de langue maternelle et jamais de langue paternelle parce que l’enfant connaît toujours une relation fusionnelle avec la mère. La question de la marâtre peut aussi servir de base à l’analyse de la situation monoparentale et de la situation de famille recomposée.
Spécifications verticales.
D’un point de vue général, notre recherche vise à endre positive la situation de marâtre, il s’agit donc d’un effort po ur sortir la femme qui épouse un homme ayant déjà un enfant de l’enferment dans lequel le confine la définition de la marâtre selon la perception sociale. Mais i l faut chercher à savoir si tout vient d’elle. L’enfant issu d’une autre union reçoit obligatoirement une autre éducation qui n’est pas celle de sa belle-mère. Il en résulte une comparaison ou, plus précisément, une chaîne de comparaisons qui se passent sur plusieurs niveaux. Cette comparaison met en jeu l’absente et la présente et tourne toujours à l’avantage de la première. Ce qui veut dire exactement que, sur le plan cognitif, les contes nous incitent à élaborer, à partir de ses données, le mécanisme de la gestion des sentiments, notamment celui négatif de la jalousie. La punition qui affecte la belle-mère et sa fille vers la fin des contes nous suggère que la jalousie est un sentiment que l’on doit transformer en amour. Elle est une transgression de l’amour filiale sur la base du doute au sein de l’amour entre les parents. En définitive, le conte nous suggère une certaine forme d’équité dans le rapport entre générations.
HYPOTHESE ET QUESTION SPECIFIQUE DE RECHERCHE.
L’intitulé montre bien l’idée du projet : Le personnage de la marâtre dans le contexte des contes comoriens : cas de trois îles de l’archipel : Mayotte, Anjouan et Mohéli. »
Ce travail n’est pas seulement une étude thématique. Il s’agit d’une étude sociologique et comparative. Cette étude pluridisciplinaire nous permettra de mener une étude d’ensemble sur le personnage de la marâtre dans toute sa diversité et dans sa particularité. Il nous faut scrupuleusement analyser le parcours figuratif de la marâtre afin de déceler ce qui provoque le sentiment de jalousie et ainsi de pouvoir l’éradiquer ou tout au moins de pouvoir le surmonter.
Hypothèse de travail.
Si le personnage de la marâtre existe, c’est parce qu’il est le support d’une action commandée par la jalousie. Mais il nous faut avouer que dans ce domaine, la littérature s’est presque cantonnée sur ce sentiment négatif entre deux amoureux, et nous pouvons affirmer ici que le problème de la marâtre est une extension de cette jalousie en amour par projection sur l’enfant.
– L’étude du personnage de la marâtre dans la littérature en général et dans la littérature orale en particulier ne remonte pas d’aujourd’hui. Il nous semble que le personnage de la marâtre reste dans l ’histoire littéraire un personnage universellement connu au même titre qu’u n personnage archétypal.
En effet, l’enjeu de l’identification de ce personnage réside :
– dans l’horizon d’attente qu’il cré..
– dans le plaisir que procure la découverte des variations et de détournements qui déjouent l’attente légitime des uns et des autres dans la relation familiale et même sociétale. Nous pensons bien que les caractéristiques et rôles essentiels de la marâtre sont naturellement difficiles. Notre but est de montrer ce que révèle la marâtre dans la société en tant que personnage mythique .
– Nous cherchons à sortir ces caractéristiques particulières de la marâtre dans la société comorienne par rapport aux autres sociétés.
Marâtre, personnage fictif ou effectif.
Le personnage de la marâtre est à double visage. Il est à la fois fictif et en même temps effectif dans la mesure où on le trouve dans les récits oraux comme dans la société existante. Dans les récits, al logique narrative opère et la marâtre finit par être démasquée. On peut dire q ue le récit de la marâtre prend naissance à partir de cette nécessité de dévoiler le secret de l’ambition de l’ascension sociale par élimination d’une rivale potentielle avant la concurrence, c’est déni du « meilleur » qui gagne. De ce point de vue, le personnage peut prendre une dimension politique dans ce sens où le pouvoir africain a tendance à jeter en prison les adversaires potentiels. Tandis que dans la société, nous vivons avec des marâtres qui ne sont jamais démasquées par défaut de vigilance de la société, et justementc’est pour cette raison que le parcours figuratif de la marâtre dans le récit suit inexorablement la logique narrative afin de se constituer en morale.
Le personnage de la marâtre selon le lieu d’étude.
Nous sommes aux Comores sur l’étude du personnage de la marâtre plus précisément dans les trois îles de l’archipel mis àpart la Grande Comore.
Après lecture des récits, nous avons conçu le personnage de la marâtre comme suit : C’est une femme qui après la mort de son premier époux prend un second mari et maltraite les enfants de ce dernier. Aux Comores, ce sont les hommes qui habitent dans la famille de sa femme. Par conséquent, quand la femme meurt en premier, l’homme n’a pas droit de rester dans la famille de sa femme car il est avant tout un étranger de cette famille. Il est obligé de quitter cette famille pour chercher une autre afin de continuer sa vie ; quand il part, il doit amener aussi ses enfants ou tout au moins prendre en charge les besoins de ses enfants qui sont laissés au sein de sa belle famille auquel cas, le personnage de la marâtre ne peut pas se créer.
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Table des matières
Introduction
I. Présentation du CORPUS.
I.1. L’importance théorique et pertinence actuelle de la recherche.
I.1.1. La place de la marâtre dans la société.
I.1.2. Le personnage de la marâtre dans la littérature.
I.2. Méthodologie
I.2.1. La méthode d’exploration et ses enjeux
I.2.1.1. Son importance
I.3. Notre technique d’approche de la marâtre
I.3.1. Importance
I.3.2. L’approche socio-critique
I.3.3. L’approche comparative
I.4. Spécifications
I.4.1. Spécifications en profondeur.
I.4.2. Spécifications verticales.
I.5. Hypothèse et question spécifique de recherche.
I.5.1. Projet de thèse : but et méthode.
I.5.2. Hypothèse de travail.
I.6. Nature des données et informations à recueillir et à analyser.
I.6.1. Problématiques de la collecte.
I.6.2. Marâtre : mythe ou réalité
I.6.3. Marâtre, personnage fictif ou effectif.
I.6.4. Le personnage de la marâtre selon le lieu d’étude.
I.7. Corpus d’étude.
I.7.1. Choix du corpus.
I.7.2. Description de la démarche méthodologique.
I.8. Mots clés.
PLAN DE LA THÈSE :
BIBLIOGRAPHIE COMMENTÉE
Conclusion
Bibliographie sélective
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