Musées d’arts visuels: des complications 

Musées d’arts visuels: des complications

Les arts de la vue 

Il faut remarquer que parmi tous les musées avec collection, ceux pour lesquels la tâche de se rendre accessible au public des handicapés de la vue est la plus difficile, sont les musées qui ont en charge une collection d’œuvres d’arts visuels. Pour bien comprendre cela, il est intéressant de revenir sur les relations que les arts entretiennent avec les sens notamment du point de vue du spectateur. En fonction du type d’art, ce dernier doit faire appel à un sens plutôt qu’à un autre pour percevoir et appréhender une oeuvre. Ce qui diffère d’un art à un autre relève donc principalement des sens et c’est là ce qui peut notamment permettre de les différencier . Etant donné que le spectateur utilise généralement le sens de la vue pour percevoir les œuvres d’art, on a choisi de nommer « arts visuels »  la catégorie dans laquelle ranger ces dernières. La distinction avec les arts qui font intervenir l’ouïe s’avérait évidente: “la comparaison entre les arts de la vue et ceux de l’ouïe s’inscrit dans une longue tradition qui, selon Platon, remonterait à Simonide, et qui s’est diffusée à la Renaissance à travers la lecture d’Horace”. En effet, ces catégorisations ont justement été reprises au XVIème siècle, au moment où s’est reposé la question de la hiérarchisation entre les arts: la plus importante distinction effectuée a alors consisté en un parallèle entre les arts du visible et ceux du discours: “peinture et sculpture d’une part, arts poétiques de l’autre”. Peinture et sculpture ont ainsi été depuis longtemps définies comme les « arts du visible », autrement dit comme des œuvres qu’on approche, perçoit et dont on se fait une idée au moyen du sens de la vue. Mais pourquoi ce sens précisément a-t-il autant d’importance dans la perception des œuvres d’arts?

Le monopole de la vue dans la perception des arts visuels: l’exemple de la beauté

Si cher aux philosophes et aux « beaux-arts » , le concept du beau, en tant que valeur et jugement esthétique, a participé à ce que l’on accorde à la vue la plus grande importance. Socrate, comme nous le rappelle Maitasky, pensait déjà que la vue était le meilleur des sens pour percevoir la beauté: “à la claire brillance de la beauté, seule la clarté de la vue fait pendant”. Et, au sujet de la beauté, il affirme en outre: “nous (la) saisissons avec celui de nos sens qui fournit les représentations les plus claires, brillant elle-même de la plus intense clarté. En effet, la vision est la plus aiguë des perceptions qui nous viennent par l’intermédiaire du corps”. Le sens de la vue semblait même être déterminant pour Socrate lorsqu’il s’agissait de se remémorer la Beauté Idéale: “celui qui est un initié de fraîche date, celui qui a les yeux pleins des visions de jadis, celui-là, quand il lui arrive de voir un visage d’aspect divin, qui est une heureuse imitation de la beauté, ou la forme d’un corps, commence par frissonner, car quelque chose lui est revenu” . Ce primat accordé au visuel depuis Socrate et Platon, lorsqu’il s’agissait de parler de beauté, pourrait en partie expliquer la prééminence que le sens de la vue a pris par rapport aux autres sens dans la perception du monde en général. Le sens de la vue est ainsi considéré depuis l’Antiquité comme le meilleur des sens, le plus capable lorsqu’il s’agit pour nous de saisir, percevoir et comprendre le monde qui nous entoure: “les pères fondateurs de la philosophie, Platon le premier, ont été accusé de concevoir la connaissance sous les auspices de la vue, déterminant ainsi le sens et la nature de toute l’épistémologie postérieure”.

Et c’est ce triomphe du sens la vue sur les autres sens qui a contribué au développement de l’idée qu’il est, par conséquent, le meilleur moyen d’accéder aux œuvres d’art. De ce fait, le concept de beauté a été longtemps considéré comme fondamental lorsqu’il s’agissait d’évaluer ces dernières et de distinguer ce qui relevait de l’art de ce qui n’en était pas .

Mais dans quelle mesure le sens de la vue est-il le seul moyen pour accéder à la perception de la beauté dans les arts visuels? Ce monopole peut-il être remis en question? Certains penseurs ont avancé l’idée selon laquelle la vue n’était pas le seul moyen d’accéder au monde et à la beauté. Ils sont même allés jusqu’à affirmer, en se basant sur le cas des handicapés de la vue, que c’est le toucher qui peut être considéré comme le sens le plus riche et le plus adapté à notre approche du monde. Le problème de la perception des personnes non-voyantes a en effet intéressé les penseurs dès le XVIIème siècle. Le problème de Molyneux  fût notamment de ceux qui ont lancé le débat et constitué le point de départ d’une somme de réflexions. Les problématiques soulevées par celui-ci sont très intéressantes et engagent toute une théorie de la perception . Un grand nombre de penseurs ont d’ailleurs tenté d’y répondre: que ce soit Berkeley, Reid, Leibniz, Voltaire, La Mettrie, Condillac, Rousseau ou Diderot par exemple.

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Table des matières

1. Introduction 
2. Les musées: des handicapés de l’accessibilité? 
2.1. L’approche multisensorielle face à la nature de la collection du musée
2.2. Quelques raisons de l’handicap des musées
3. Musées d’arts visuels: des complications 
3.1. Les arts de la vue
3.2. Le monopole de la vue dans la perception des arts visuels:
l’exemple de la beauté
3.3. Des formes d’arts visuels plus adaptés?
4. Des musées pour quel public? 
4.1. Des musées pour chacun
4.2. Des musées pour handicapés de la vue
5. Musées d’arts visuels et handicapés de la vue: des médiations possibles 
5.1. Les expositions adaptées: des exemples
5.1.1. L’importance du thème
5.1.2. La Muséographie
5.2. La médiation culturelle adaptée
5.2.1. Audioguides vs visites guidées
5.2.2. L’ekphrasis: de la vue aux mots
5.2.3. Pour une nouvelle ekphrasis
6. L’expérience du Musée de l’Elysée: une approche multisensorielle 
7. Conclusion

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