Morphologie externe des tiques

Les tiques (Acari) sont des arthropodes hématophages parasitant la quasi-totalité des vertébrés à travers le monde et pouvant occasionnellement piquer l’homme (SONENSHINE, 1991). Après les moustiques, ce sont les vecteurs majeurs d’agents pathogènes d’intérêt vétérinaire et médical (CAMICAS, 1978). Près de 900 espèces de tiques ont été répertoriées dans le catalogue «Tiques du monde» (CAMICAS et coll., 1998) parmi lesquelles une quarantaine d’espèces ont été décrites au Sénégal. Les espèces appartenant à la famille des Amblyommidae sont les plus importantes de par leur répartition et leur implication en pathologie vétérinaire et médicale. Outre leur rôle pathogène direct, mécanique, cytolytique et toxique provoqué par la simple piqûre de la tique, les tiques sont responsables (rôle pathogène indirect) de l’entretien et de la transmission de nombreux agents pathogènes, virus, parasites, bactéries.

MORPHOLOGIE EXTERNE DES TIQUES

Les tiques sont des Acariens de grande taille (2 à 30 mm). Les adultes et les nymphes ont quatre paires de pattes tandis que les larves en ont trois. Contrairement aux insectes, elles n’ont pas d’antenne et le corps n’ est pas divisé en tête, thorax et abdomen (SONENSHINE, 1991), mais plutôt en 2 parties constituées par le capitulum et l’idiosoma. Le capitulum comporte les pièces buccales qui comprennent des organes sensoriels (pédipalpes), des organes coupant (chélicères) et un organe immobile médian (l’hypostome) sur lequel s’insèrent les dents ; c’est cet organe qui pénètre les tissus de l’hôte sur lequel la tique s’est attachée. L’idiosome porte les pattes et l’anus.

Morphologie externe des IXODINA 

Le sous-ordre des Ixodina comporte deux familles : la famille des Amblyommidae et celle des Ixodidae ou tiques dures qui diffèrent morphologiquement par quelques caractères. C’est ainsi que les adultes d’Ixodidae sont caractérisés par la présence d’une plaque dorsale appelée scutum qui couvre toute la partie dorsale de l’idiosoma chez le mâle où on le nomme concustum ; c’est d’ailleurs cette plaque qui confère le nom de tiques dures aux espèces de cette famille. Chez la femelle par contre, cette plaque ne couvre que la partie antérieure de la face dorsale et la partie non couverte est appelée alloscutum. Notons que lors du repas sanguin de la tique, seules les parties non couvertes par cette plaque sont extensibles. La morphologie externe des adultes d’Amblyommidae est voisine de celle des Ixodidae ; néanmoins, il y’a des différences patentes parmi lesquelles le sillon anal qui contourne l’anus par l’arrière chez les Amblyommidae, alors que chez les Ixodidae, ce sillon passe en avant de l’anus. En plus, nous pouvons observer chez les Amblyommidae que la face ventrale de l’idiosoma est dépourvue de plaque chez les mâles, soit pourvue d’un nombre pair de plaques qui n’adhèrent qu’en partie au tégument et font plus ou moins saillie. Les nymphes d’Ixodina sont confondues dans leur structure générale à une femelle sans gonopore ni aires poreuses et leur taille est réduite par rapport à celle de l’adulte. Les larves quand à elles , ont une taille de l’ordre du millimètre. Le diagnostic de genre et d’espèces et même celui du sexe étant facile chez les adultes; ce n’est pas le cas chez les larves et les nymphes où il faut dans certains cas recourir au microscope pour faire ce diagnostic.

Morphologie externe des ARGASINA 

Comportant la seule famille des Argasidae ou tiques molles, les adultes d’ Argasina sont très différents des Ixodina par leur taille. Celle-ci est généralement supérieure à celle des Ixodina et l’absence de scutum d’où leur nom de tiques molles. Les pièces buccales sont en position ventrale et chez l’adulte ne sont pas visibles du dessus. Chez ces espèces, le diagnostic de sexe est difficile. Les nymphes d’Argasina, contrairement aux Ixodina sont pourvues de gonopore et les larves hexapodes sont pourvues d’un capitulum terminal sans scutum.

ANATOMIE GENERALE DES TIQUES 

Les tiques ont un appareil circulatoire et tous les organes sont irrigués par un liquide circulant, l’hémolymphe constitué par le plasma et des cellules : les hémocytes (SONENSHINE, 1991 ; HILLYARD, 1996). Leur appareil respiratoire est constitué d’un réseau de tubes trachéaux acheminant l’air des pores sur la face latérale du corps vers les organes et les tissus. Le système nerveux central consiste en une seule masse de neurones dans la région antéroventrale du corps. L’absence d’yeux chez la plupart des espèces est remarquable ; en revanche, les tiques développent un grand réseau d’organes sensoriels périphériques parmi lesquels : les soies sur le corps et les organes olfactifs et gustatifs sur la face dorsale du premier tarse ; ces organes sont appelés organes de HALLER (SONENSHINE, 1991 ; HILLYARD, 1996). Ce sont des organes déterminant pour leur vie de relation en particulier la réception des hôtes. L’appareil digestif comprend, outre les pièces buccales, deux parties distinctes : l’intestin antérieur et l’intestin moyen. L’intestin antérieur est relié aux glandes salivaires par un salivarium et à l’intestin moyen par un pharynx d’abord puis par l’œsophage. L’intestin moyen comporte un estomac central et des diverticules antérieurs et postérieurs. L’appareil excréteur prolonge l’arrière de l’intestin avec un sac rectal et une paire de tubes de Malpighi. L’appareil reproducteur femelle des Ixodidae débouche sur la face ventrale par le gonopore. Il est formé d’un vagin vestibulaire qui sert d’ovipositoire , d’un vagin cervical qui s’ouvre dans le réceptacle séminal, d’une paire de glandes tubulaires accessoires , d’une paire d’oviductes et d’un ovaire impair. Chez les mâles, l’appareil reproducteur s’ouvre à l’extérieur par le pore génital recouvert d’un tablier génital. Il est formé d’un canal éjaculateur qui fusionne postérieurement avec une glande génitale accessoire multilobée, d’une paire de canaux déférents, d’une vésicule séminale et d’une paire de testicules.

Bioécologie des tiques

Prise de nourriture, Reproduction et Cycles évolutifs

Prise de nourriture 

A toutes les stases de développement, les tiques sont parasites hématophages à l’exception des Genres Antricola, Parantricola, et Otobius dont seules les stases préimaginales sont hématophages. Quant à Ornithodoros savignyi, il ne se gorge qu’à la stase larvaire. Quand elles infestent leurs hôtes, elles adhèrent à leur chair par l’hypostome et les palpes. Ensuite, une substance lubrifiante destinée aux palpes dans l’épiderme superficiel et à l’hypostome dans l’épiderme profond est sécrétée dans la salive : c’est le cément de fixation. L’hypostome crée ainsi une ébauche à travers la peau. De là, la tique prélève son repas sanguin au niveau des vaisseaux sanguins et des vaisseaux lymphatiques émergents. Chez les Ixodidae , le repas est lent car il faut attendre que les vaisseaux se dilatent pour que les tiques puissent commencer à prélever du sang. C’est ainsi que les larves prennent 3 à 5 jours pour se gorger; les nymphes 4 à 8 jours; et les femelles 5 à 20 jours. Notons que les mâles de plusieurs espèces prennent le repas sanguin mais ne se gorgent pas comme le font les femelles; ils se nourrissent juste pour assurer leur métabolisme de base. Chez le genre Ixodes, les mâles n’ont pas besoin de repas car leur métabolisme de base est assuré lors de la muaison au stade nymphal. Les Argasidae se nourrissent plus rapidement pendant seulement quelques heures. Ils prennent une quantité modérée de sang mais ceci à plusieurs reprises et à chaque stase du cycle évolutif. Ils n’adhèrent pas complètement à l’hôte comme les Ixodidae (WALKER et coll., 2003).

Reproduction

Chez les tiques durs (Ixodidae) l’accouplement a lieu sur l’hôte, sauf chez le genre Ixodes où il peut avoir lieu sur le sol après la chute. Les mâles restent sur l’hôte et essayent de s’accoupler à plusieurs femelles pendant que celles-ci sont entrain de prendre leur repas sanguin. Ils transmettent un sac de sperme à la femelle. Les femelles ne s’accouplent que lorsqu’elles sont sur le point de s’engorger après avoir observé un temps de pause que MOREL (2003) appèle pause trophique virginale. Après engorgement, elles se détachent ayant déjà reçu assez de sperme pour fertiliser leurs oeufs. Les Ixodidae pondent un nombre important d’œufs (2 000 à 20000) à la fois tandis que les Argasidae pondent de petites quantités (100 à 500) mais de manière répétitive. La ponte a lieu toujours dans la nature mais jamais sur l’hôte. Les oeufs des Argasidae sont relativement gros par rapport à ceux des Ixodidae (WALKER et coll., 2003).

Cycles évolutifs 

La connaissance exacte du type de cycle d’une espèce de tique est indispensable pour interpréter son rôle dans la circulation naturelle d’un agent pathogène, aussi bien que pour établir les dispositions particulières relatives à la lutte contre le vecteur. En effet, toutes les espèces de tiques ont quatre stases de développement : un stade embryonnaire et les trois stades actifs. Il s’agit des stases larvaire, nymphale et adulte (photo p12). Le dimorphisme sexuel n’est évident qu’à la stase adulte et l’identification du sexe n’est évident qu’à cette stase (SONENSHINE, 1993). Comme c’est décrit ci-dessus par MOREL (2003) SONENSHINE (1993) décrit les cycles en se référant sur le nombre d’hôtes. Il utilise lui aussi les termes monophasique si le cycle se passe sur le même hôte, diphasique si le cycle se passe sur deux hôtes et triphasique si le cycle se passe sur trois hôtes. WALKER et coll. (2003) utilisent les mêmes termes.

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Table des matières

NTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE DUR LES TIQUES ET LE SENEGAL
CHAPITRE 1 : GENERALITE SUR LES TIQUES
I- POSITION SYSTEMATIQUE ET CLASSIFICATION DES TIQUES
II- MORPHOLOGIE EXTERNE DES TIQUES
II-1- Morphologie externe des IXODINA
II-2- Morphologie externe des ARGASINA
III- ANATOMIE GENERALE DES TIQUES
IV- BIOECOLOGIE DES TIQUES
IV-1- Prise de nourriture, Reproduction et Cycles évolutifs
IV-1-1- Prise de nourriture
IV-1-2- Reproduction
IV-1-3- Cycles évolutifs
IV-1-3-1- Cycles évolutifs des Ixodina
IV-1-3-2- Cycles évolutifs des Argasina
IV-2- Facteurs bioécologiques
IV-2-1- Facteurs intrinsèques (spécifiques et génétiques)
IV-2-1-1- Nombre des hôtes et des phases parasitaires
IV-2-2-2- Nature des hôtes
IV-2-2-3- La recherche des hôtes
IV-2-2-4- Localisation sur l’hôte
IV-2-2- Facteurs extrinsèques (abiotiques)
IV-2-2-1- Facteurs physiques
IV-2-2-2- Couverture végétale et distribution des tiques
CHAPITRE 2 : LE CADRE D’ETUDE : LE SENEGAL
I- SITUATION GEOGRAPHIQUE ET RELIEF
II- CLIMAT
II-1- Conditions générales
II-2- Précipitations
III- VEGETATION ET FAUNE SAUVAGE
III-1- Végétation
III-2- Faune
IV- HYDROGRAPHIE
V- DENSITE DE PEUPLEMENT HUMAIN
VI- DONNEES SUR LE CHEPTEL
CHAPITRE 3 : TIQUES ET MALADIES TRANSMISES
I- LES ESPECES DE TIQUES CONNUES AU SENEGAL
I-1- Sous-ordre des Argasina : Famille des Argasidae
I-1-1- Sous-famille des Argasinae
I-1-2- Sous-famille des Ornithodorinae
I-2- Sous-ordre des Ixodina : Famille des Amblyommidae
I-2-1- Sous-famille des Amblyomminae
I-2-2- Sous-famille des Hyalomminae
II- LE ROLE PATHOGENE DES TIQUES
II-1- Rôle pathogène direct
II-2- Rôle pathogène indirect : Les maladies et agents pathogènes majeurs transmis par les tiques
II-2-1- Les viroses
II-1-2-1- La peste porcine africaine
II-1-2-2- La Fièvre Hémorragique de Crimée-Congo (FHCC)
II-1-2-3- Infection due au virus Bhanja
II-1-2-4- Infection due virus Soldado
II-2-2-5- Infection due au virus Wad Medani
II-2-2-6- Infection due virus Jos
II-2-2-7- Infection due au virus Somone
II-2-2-8- La Maladie de Newcastle (Pseudo-peste aviaire)
II-2-2-9- La Psittacose-ornithose
II-2-2- Les protozooses
II-2-2-1- Les Babésioses (piroplasmoses)
II-2-2-2- Les Theilérioses
II-2-2-3- l’Aegyptianellose des volailles
II-2-3- Les Rickettsialoses
II-2- 3-1- La Cowdriose (Ehrlichiose des ruminants)
II-2-3-2- Les Ehrlichioses
II-2-3-3- Les Anaplasmose
II-2-3-4- La fièvre Q
II-2-3-5- La Fièvre boutonneuse
II-2-4- Les Sprirochétoses : Les Borrélioses
II-2-4-1- Les Fièvres Réccurentes à Tiques (FRT)
II-2-4-2- La Maladie de Lyme
II-2-5- Les bactérioses : la Dermatophilose
III- ETAT ACTUEL DE QUELQUES MALADIES MAJEURES TRANSMISES PAR LES TIQUES AU SENEGAL
DEUXIEME PARTIE : DISTRIBUTION DES TIQUES AU SENEGAL ET IDENTIFICATION DE ZONES ARISQUE POUR LES PRINCIPALES MALADIES TRANSMISES : LA FIEVRE HEMORRAGIQUE DE CRIMEE-CONGO ET LA COWDRIOSE
PREAMBULE : RAPPEL DES OBJECTIFS
CHAPITRE 1 : MATERIEL ET METHODES
I- MATERIEL
I-1- Collection de tiques
I-2- Données bibliographiques
II- METHODES
II-1- Contexte
II-2- Protocole de recueil des tiques
II-2-1- Sur les vertébrés
II-2-1-1- Grands mammifères
II-2-1-2- Petits vertébrés
II-2-1-3- Oiseaux
III-2-2- Dans les terriers
II-3- Identification des tiques
II-4- Conservation des tiques
II-4-1- Liquides conservateurs
II-4-2- Conservation des tiques peu ou pas gorgées
II-4-3- Conservation des tiques gorgées
II-2-5- Commémoratifs
II-2-6- Etiquetage
II-2-7- Conditionnement
II-3- Saisie des données de la collection des tiques
II-4- Traitement des données
II-5- Modèle d’analyse spatiale : cartographie
CHAPITRE 2 : RESULTATS
I- ANALYSE GLOBALE
I-1- Répartition dans le temps des récoltes de tiques
I-2- Répartition dans l’espace des localités de récolte
I-3- Répartition dans l’espace des espèces de tiques récoltées
II- ANALYSE SPECIFIQUE DES VECTEURS MAJEURS DE LA FHCC ET DE LA COWDRIOSE
II-1- Répartition géographique et abondance relative des vecteurs majeurs de la FHCC par zone biogéographique
II-2- Hôtes préférentiels des espèces vectrices du virus FHCC
II-3- Analyse du vecteur de la Cowdriose : Amblyomma variegatum
III- ANALYSE DES DONNEES BIBLIOGRAPHIQUES
III-1- Données sérologiques
III-1-1- Séroprévalence des IgG anti-FHCC sur hommes et moutons
III-1-2- Séroprévalence de Ehrlichia ruminantium chez les bovins adultes
III-2- Données sur les isolements des souches virales du virus FHCC et de Ehrlichia ruminantium
III-2-1- Souches du virus de la FHCC isolées
III-2-2- Souches d’Ehrlichia ruminantiun isolées
IV- CARTOGRAPHIE DES DONNEES (ISOLEMENTS, SEROLOGIE, ABONDANCE RELATIVE DES VECTEURS) RELATIVES AUX PRINCIPALES MALADIES
IV-1- La Fièvre Hémorragique de Crimée-Congo (FHCC)
IV-2- La Cowdriose
CHAPITRE 3 : DISCUSSION, RECOMMANDATIONS ET PERSPECTIVES DE RECHERCHE
I- DISCUSSION
I-1- Répartition géographique des espèces de tiques récoltées au Sénégal
I-2- Distribution des vecteurs majeurs de la FHCC et de la Cowdriose
I-3- Implications épidémiologiques concernant les vecteurs et leurs hôtes
I-3-1- La Fièvre Hémorragique de Crimée-Congo (FHCC)
I-3-4- Cowdriose
I-4- Circulation des agents pathogènes transmis : Isolements de souches de virus de la FHCC, d’Ehrlichia ruminantium et données sérologiques
I-5- Définition de zones à risque des principales maladies transmises
I-5-1- La Fièvre Hémmoragique de Crimée-Congo (FHCC)
I-5-2- La Cowdriose
II- RECOMMANDATIONS ET PERSPECTIVES DE RECHERCHE
II-1- Recommandations en direction les autorités sanitaires et Vétérinaires
II-2- Recommandations en direction des éleveurs et des populations
II-3- Perspectives de recherche
CONCLUSION

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