Morpho taxonomie et Biologie de Arthrocnemum glaucum

Le terme « halophyte » désigne les espèces végétales qui évoluent dans des milieux salés. Actuellement on appelle halophyte toute plante qui est en contact par une partie quelconque de son organisme avec des concentrations anormalement fortes de sels : végétation marine, plantes de bords de mer, de déserts, marais ou lacs salés. On distingue néanmoins les “halophytes facultatives”, qui bien que pouvant résister à d‟importantes accumulations de sels dans le milieu extérieur se comportent normalement sur des sols non salés (certaines espèces d‟Atriplex par exemple), des “halophytes obligatoires”. Ces dernières ne peuvent se développer convenablement qu‟en présence de fortes concentrations salines par exemple les salicornes telle que Salicornia fruticosa qui présente une tolérance en sels de 33 à 42 meq/100g. D‟une manière générale, on leur réserve le qualificatif d‟halophiles c’est-à-dire plantes aimant le sel (Dangien, 1980).

Généralités

L‟Arthrocnemum glaucum (Photo n° 1) est une espèce, appartenant à la famille des Chénopodiacées, qui forme des groupements hyperhalophiles colonisant des milieux temporairement submergés (Corre, 1975 et Metge, 1977). Selon la nouvelle classification dite APG III (Angiosperms Phylogeny group III) les Chénopodiacées sont dorénavant appelés Amaranthacées. Ce nom d‟ « Amaranthacée » n‟est pas nouveau, Monteil (1906) affirme que certains auteurs considéraient les Amaranthacées comme une tribu des Chénopodiacées. Des études moléculaires et morphologiques ont montré que les Chenopodiaceae étaient très proches des Amaranthaceae, et, selon certains, les deux familles peuvent être fusionnées (Rodman, 1990 ; Angiosperms Phylogeny Group, 1998, 2003 ; Judd et Ferguson, 1999), c‟est chose faite.

Famille des Amaranthacées ou Chénopodiacées

Les Amaranthacées représentent ¼ des halophytes dans le monde.Comprenant plus de cent genres, et 2400 espèces, ce sont des plantes de terrains salés, buissonnantes rarement des herbes, vivant surtout sous les climats arides et semi arides. Elles acquièrent, sous l‟influence de l’eau salée, des caractères spéciaux ; elles sont moins sveltes, plus charnues, plus succulentes, plus transparentes et d’une couleur verte différente de celle des plantes normales (Monteil, 1906).

Selon Ozenda (1991) cette famille est caractérisée d‟un point de vue floristique par :
– Des fleurs petites sans pétales avec 2 à 5 sépales peu visibles cachés en partie sous les bractées ; la floraison est en général automnale ;
– Un périanthe formé de cinq pièces, persistant autour du fruit ;
– Des étamines en nombre variable, généralement inférieur à cinq ;
– Un ovaire comportant une seule loge, contenant un ovule, généralement surmonté de deux stigmates ;
– La graine est ordinairement aplatie en une lentille, disposée suivant les genres dans un plan vertical ou horizontal.

Selon Dupont et Guignard (2007) les fleurs sont très petites, disposées en cymes contractées souvent regroupées en panicules. Elles sont hermaphrodites ou unisexuées monoïques ou même parfois dioïques. La formule florale s‟écrit : 5T + 5E + 3C ouverts (parfois 2C). Les stigmates sont libres et bien développés. L‟organisation des genres des Chénopodiacées en sous-familles et tribus a été une source de confusion dès le début des années 1800 (Blackwell, 1977). La première division des Chénopodiacées en groupes a été faite par Meyer (1829) qui a utilisé la structure des graines pour séparer les espèces avec des semences exalbuminées et un embryon en spirale, de ceux avec des graines albumineuses et un embryon périphérique (Kapralov et al., 2006). Selon Ozenda (1991) la classification des Amaranthacées repose toujours essentiellement sur la structure de la graine et la forme de l‟embryon, caractères d‟une observation assez délicate. La répartition géographique des Amaranthacées est très vaste. On les retrouve dans le bassin méditerranéen et le Sahara, au Moyen-Orient dans les steppes et déserts de l‟Asie  , en Afrique du sud, Australie et les deux Amériques. En Europe, cette famille compte quelques dizaines d‟espèces (Ozenda, 1958). Cependant les Amaranthacées hyperhalophiles telles que Halocnemum strobilaceum ou Arthrocnemum glaucum font défaut au Sahara central et méridional. Elles descendent par contre très au Sud dans le Sahara océanique (Ozenda, 1991).

Origine du nom : Arthrocnemum glaucum

Arthrocnemum signifie « cornes de sel » en français et « articles galbés comme le mollet » en latin. Cet étrange aspect renflé des tiges est dû à une concentration élevée de chlorure de sodium dans les tissus, ce qui crée un appel d‟eau et fait enfler les entrenœuds. Au niveau des nœuds en revanche, la tige semble pouvoir se désarticuler et, de ce fait, elle y est cassante, surtout dans l‟axe des épis. L‟adjectif macrostachyum (« gros épis ») prend acte de la taille respectable de ces derniers. Son nom vernaculaire est la salicorne à gros épis. On l‟appele aussi parfois salicorne glauque ou grise. En arabe le nom de Hardjem ou Hamel lui est donné, selon le répertoire des noms indigènes des plantes spontanées cultivées et utilisées dans le Nord de l‟Afrique de Trabut (1935). Le nom de El-N‟jil lui a également été attribué.

Aire géographique de l’espèce

Arthrocnemum glaucum est une espèce méditerranéenne, rare cependant en Provence. Cette espèce colonise les zones frontières entre terre et eaux, on la retrouve dans les bas-fonds salés des chotts (Quézel et Santa, 1962-1963).On peut également la rencontrer en bordure de mer, dans les marais salants et les déserts salés. Selon Maire (1962) on retrouve le genre Arthrocnemum en Europe méridionale, en Asie occidentale, en Egypte, en Macaronésie, en Afrique tropicale et australe, en Asie méridionale, en Australie et en Nouvelle-Zélande. En Afrique du Nord et plus précisement en Tunisie, il est présent du littoral aux oasis. En Algérie, on le trouve dans les marais salés du littoral, dans les hauts plateaux et dans le Sahara septentrional et enfin au Maroc il est fréquent du littoral au Sahara (Maire, 1962). Habitat : On retrouve cette espèce au niveau des sansouires, marais salants, sables et rochers littoraux à des altitudes nulles.

Intérêt de Arthrocnemum glaucum 

Selon l‟Herbier des plantes sauvages de Pierre et Délia Vigne (2007) la salicorne n‟a pas de véritable importance commerciale, mais elle fournit un complément de revenus aux sauniers. Riche en iode, phosphore, calcium, silice, zinc, manganèse et en vitamines, les extrémités des jeunes pousses sont consommées en condiments ou en accompagnement du poisson, un peu comme les haricots verts. Brûlée, elle fournissait autrefois des cendres qui donnaient de la soude pour la production du savon et du verre. Au XIV siècle d‟ailleurs, les verriers se déplaçaient en fonction des endroits où poussait la salicorne. Au niveau des stations d‟étude cette espèce était très appréciée par le bétail (Photo n° 2). En effet Ozenda (1991) affirme que beaucoup de plantes à feuillage mou ou charnu, notamment les Crucifères, les Légumineuses et quelques Chénopodiacées sont broutées par tous les animaux. Il ajoute aussi, que les besoins en bois de feu des populations sahariennes sont tels, qu‟elles utilisent non seulement les arbres mais les souches de nombreux arbustes, en particulier ceux appartenant à la famille des Chénopodiacées. En effet, la proximité d‟un campement d‟agro pasteur au niveau de la station « Sebkha 1 » justifie l‟état de dégradation de la végétation et notamment de Arthrocnemum glaucum (Photo n° 3). L‟utilisation traditionnelle des halophytes comme plantes à intérêts médicinales et alimentaires est justifiée entre autres par leur capacité à surmonter le stress oxydatif déclenché par la salinité. Cette capacité est régie par de multiples mécanismes biochimiques (biosynthèse d‟osmolytes, de protéines spécifiques et de molécules anti oxydantes) qui facilitent le maintien et/ou l‟acquisition de l‟eau, la protection des chloroplastes et le maintien de l‟homéostasie ionique. Aussi Ksouri et al. (2008) ont valorisé certaines halophytes, pouvant être utilisées comme une source naturelle de biosynthèse d‟antioxydants, par la mise en évidence de leurs molécules actives. Les graines de Arthrocnemum glaucum ont fait l‟objet d‟une étude par Weber et al. (2006) afin de déterminer leur potentiel à être utilisées comme source d‟huile comestible. La quantité d‟huile présente variait de 22 à 25% et les taux d‟acides gras insaturés sont élevés (65 à 74 %). Les résultats indiquent clairement que ces graines, libres de toutes composantes indésirables, pourrait être utilisées comme source d‟huile pour la consommation humaine (Weber et al. , 2006). Chandrasekaran et al. (2008) ont mis en évidence un effet antibactérien puissant et des activités anti-candidal modérées des extraits FAME de quatre halophytes dont Arthrocnemum. L‟administration d‟extraits de Arthrocnemum glaucum à des rats normo glycémiques produit un effet persistant d‟hypoglycémie ; aussi, donnés aux rats diabétiques, ces extraits ont montré un effet hypoglycémiant supérieur à celui de « Daonil » selon Shabana (1990) in Bnouham (2006).

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Table des matières

Introduction Générale
Chapitre I Morpho taxonomie et Biologie de Arthrocnemum glaucum
Introduction
I-1- Généralités
I-1-1- Famille des Amaranthacées ou Chénopodiacées
I-1-2- Origine du nom : Arthrocnemum glaucum
I-1-3- Aire géographique de l‟espèce
I-1-4- Intérêt de Arthrocnemum glaucum
I-2- Systématique de Arthrocnemum glaucum
I-2-1- Classification
I-2-2- Synonymes
I-3- Organographie
I-3-1- Partie aérienne
I-3-1-1- Tige et rameau
I-3-1-2- Feuille
I-3-1-3- Inflorescence
I-3-2- Partie souterraine (Photo n° 9)
I-4- Phytomasse de Arthrocnemum glaucum (Matière sèche, matière fraiche)
I-4-1- Teneur en eau de l‟espèce
I-4-1-1- Méthodologie
I-4-1-2- Résultats
I-4-1-3- Interprétations
I-4-1-4- Conclusion
I-4-2- Teneur en eau de la graine d‟Arthrocnemum glaucum
I-4-2-1- Méthodologie
I-4-2-2- Résultats
I-4-2-3- Interprétations
I-4-2-4- Conclusion
I-4-3- Densité de l‟appareil aérien et de l‟appareil souterrain
I-4-3-1- Méthodologie
I-4-3-2- Résultats
I-4-3-3- Interprétations
I-4-3-4- Conclusion
I-5- Pollu-tolérance de l‟espèce
I-5-1- Notion de « concentreur biologique »
I-5-2- Méthodologie
I-5-2-1-Minéralisation par la méthode de la “plaque chauffante”
I-5-2-2- Dosage et analyse (Photo n° 13)
I-5-3- Résultats
I-5-4- Interprétations
I-5-4-1- Station « El-Amria 1 »
I-5-4-2- Station « El-Amria 2 »
I-5-4-3- Indice de contamination
I-5-5- Conclusion
Conclusion
Chapitre II Zone d’étude, Milieu physique
Introduction
II-1- Situation géographique de la région d‟étude
II-2- Etude à grande échelle
II-2-1- Echantillonnage et choix des stations
II-2-2- Description des stations
II-2-2-1- Zone nord
II-2-2-2- Zone sud
II-3- Approche bioclimatique
II-3-1- Aperçu bioclimatique régional
II-3-2- Analyse des données climatiques
II-3-2-1- Méthodologie
II-3-2-2- Données climatiques
II-3-3- Synthèse bioclimatique
II-3-3-1- Indices climatiques
II-3-3-2- Diagrammes climatiques
II-3-4- Conclusion
II-4- Géomorphologie et réseau hydrographique
II-4-1- Littoral (plage de Rachgoun et Moscarda)
II-4-2- Sebkha (Fig. 9)
II-4-3- Chott El-Gharbi (Oglat en Naadja)
II-5- Contexte Géologique
II-5-1- Littoral (plage de Rachgoun et Moscarda)
II-5-2- Sebkha (Fig. 12)
II-5-3- Chott El-Gharbi (Oglat en Naadja) (Fig. 13)
II-6- Edaphologie
II-6-1- Aperçu général des sols
II-6-1-1- Littoral (plage de Rachgoun et Moscarda)
II-6-1-2- Sebkha
II-6-1-3- Chott El-Gharbi (Oglat en Naadja)
II-6-2- Méthodologie
II-6-3- Résultats et interprétations
II-6-3-1- Station : « Rachgoun 1 »
II-6-3-2- Station : « Rachgoun 2 »
II-6-3-3- Station : « Moscarda »
II-6-3-4- Station : « Sebkha 1 »
II-6-3-5- Station : « Sebkha 2 »
II-6-3-6- Station : « Oglat en Naadja »
II-6-4- Conclusion
Conclusion
Chapitre III Histologie organographique
Introduction
III-1- Matériel et méthode
III-1-1- Matériel utilisé
III-1-2 Technique d’étude
III -1-2-1- Préparation des coupes anatomiques
III-1-2-2- Coloration des coupes
III-1-2-3- Montage des coupes
III-2- Résultats et interprétations
III-2-1- Etude anatomique de la tige de Arthrocnemum glaucum
III-2-2- Etude anatomique de la feuille de Arthrocnemum glaucum
III- 2-3- Etude anatomique de la racine de Arthrocnemum glaucum
III-3- Histométrie
III-3-1- Résultats
III-3-2- Interprétations
III-3-2-1- Etude de corrélation
III-3-2-2- Histogrammes
III-3-3- Conclusion
Conclusion Générale

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