MORALE ET SYSTEMES CHEZ MONTAIGNE

La nature humaine chez Montaigne

    L’homme est un être vivant comme les autres êtres, mais différent d’eux. Ce qui fait cette différence peut du fait de sa nature. Cette dernière est ce qui constitue l’homme, ce par quoi il se caractérise. La nature de l’homme est sa substance, son essence, bref tout ce qui reste inchangé en l’homme. A cet effet, Montaigne fonde sa pensée sur celle-ci afin de pouvoir mieux connaitre l’homme. Mais, il sera confronté au caractère changeant de l’homme qui bloc la connaissance de celui-ci. Pour Montaigne, l’homme est de nature inconsistant dans tout son être. C’est-à-dire qu’il ne cesse de changer d’attitude à tout instant. Parfois bon, parfois mauvais ; généreux aujourd’hui, cruel demain ; dire vrai à l’instant, être faux après ainsi de suite. Il fait le constat en lui-même et se prend pour exemple. Ce qu’il conçoit c’est qu’ « on ne peut rien dire de l’homme ». Autrement dit, il faut savoir, d’abord, ce qu’est l’homme pour pouvoir en parler. Ainsi, donc, il cherche à répondre à la question « qu’est-ce-que l’homme ? », mais, il tombe sur un être insaisissable selon les circonstances. Ce sont ces circonstances qui orientent la visée de l’homme. Ainsi, dit-il « Voilà pourquoi pour juger d’un homme, il faut suivre longuement et curieusement sa trace : si la constance ne s’y maintien de son seul fondement, (…), si la variété des occurrences lui fait changer de pas, (…) laissez-le courir : celui-là s’en va avec le vent… »14 L’auteur des Essais laisse entendre ici que le jugement que nous faisons sur qui que ce soit ne doit pas être fait à la hâte. C’est-à-dire qu’il faut bien connaitre la personne en question. Ce qui parait difficile pour ne pas dire impossible, en tout cas dans la conception Montaignienne. En somme, la nature humaine semble difficile à cerner de façon exacte ; en tout cas selon Montaigne. Car suivant sa pensée dans les Essais, on ne peut dire ce que l’homme est. Ou bien même ce qu’est Michel de Montaigne puisqu’il étudie sa personne dans son œuvre. Il s’essaie car, il ne peut pas se résoudre. Et cela est dû au fait que l’homme ne cesse de changer d’un instant à un autre. Cette instabilité de l’homme conduit à l’illusion que nous faisons sur lui en voulant proférer des jugements. Qu’il soit : bon, méchant, intelligent, naïf, gentille, jaloux etc., ce sont les circonstances qui nous le diront. Par conséquent, l’homme se définit naturellement par les circonstances. Comme qui dirait circonstances particulières, mesures particulières. Pourtant la relation que nous avons avec les autres peut permettre de les connaitre. Est-ce donc connaitre l’homme ? Ou croyons nous le connaitre ? Ou encore, c’est une partie de lui que nous connaissions ? Nous pouvons répondre que ce que nous dirions connaitre l’homme n’est qu’illusion. Par fois, nous le jugeons en se référant à nous-mêmes. Finalement, le constat est que l’homme est un être obscur. Ce qui permet à Montaigne de dire que l’homme se connait soi-même. Par ailleurs notre auteur se fait connaitre aux lecteurs, à travers ses écrits. L’inconstance nous renvoie directement au caractère cruel de l’homme. Cependant, parlant de cruauté, notre auteur fait le constat sur lui-même par de multiples expériences, il ne songe qu’à parler de lui-même. Les Essais constituent le recueil de toutes ses expériences dans son vécu et dans son for intérieur. En effet, la vie de Montaigne est marquée par des expériences qu’il a vécues lors de la guerre des religions en France. Une guerre civile qui opposait les catholiques et les protestants. Mais ce qui attire notre attention c’est son observation sur les changements de l’homme. Autrement dit, comment l’homme peut, d’un instant quitter le statut de bon pour atterrir au méchant. Montaigne tire son expérience des moments vécus en France à son époque. « Il y’a plus de barbarie à manger un homme vivant qu’à le manger mort, à déchire par tourment et gènes un corps encore plein de sentiments, le faire rôtir par le menu, le faire mordre et meurtrie aux chiens et aux pourceaux (comme nous l’avons non seulement lu mais vu de fraiche mémoire, non entre des ennemis anciens, mais entre des voisins et concitoyens, et, qui pis est, sous prétexte de piété et de religion), que de rôtir et manger après qu’il est trépassé. » Il est inquiété par la situation de son pays, mais aussi dépassé par le niveau de cruauté où l’homme peut atteindre. Ainsi, la nature de l’homme devient multidimensionnelle. Dès lors, quel jugement faut-il faire de l’homme ? Autrement dit, que faut-il dire de l’homme ? Ces questions ont leur réponse dans un seul et unique élément : l’homme. C’est la question philosophique : « Qu’est-ce que l’homme ? ». Montaigne dira plus tard « Que suis-je moi-même, Michel Eyquem de Montaigne ? » Cela, parce que ses études portent sur lui-même. Les sujets, les thèmes et les études ont un seul but ; la connaissance de soimême. « Je suis moi-même la matière de mon livre : ce n’est pas raison que tu emploies ton loisir en un sujet si frivole et si vain. » dit-il dans son avis Au Lecteur; et ajoute : « Je n’ai pas plus fait mon livre que mon livre m’a fait, livre consubstantiel à son auteur, d’une occupation propre, membre de ma vie ; non d’une occupation et fin tierce et étrangère comme tous autres livres. »16 L’auteur des Essais veut faire savoir que la recherche ou la connaissance doit commencer en nous-mêmes. La première chose à connaitre c’est l’homme. Montaigne n’a fait que suivre le « connais-toi toi-même » de Socrate. C’est cette connaissance qui conduira tout être à atteindre la vérité de toutes choses. C’est parce que Socrate connait la complexité profonde de l’homme, qu’il l’étudie, souligne Guy Lazorthes. Cette connaissance de soi va au-delà de l’être simplement homme. C’est-à-dire qu’elle vise l’essence ou le fondement de l’être. La question « qu’est ce que l’homme ? » admettra donc une réponse métaphysique. D’ailleurs, c’est tout le dessein de Montaigne. Dans tout son œuvre, il parle que du « moi » et utilise la première personne : « je ». La connaissance de soi peut permettre de connaitre l’autre ou les autres. Lazorthes laisse entendre : « Je dirais volontiers ‘’connais l’homme pour mieux te connaitre’’. »17 Se connaitre pour savoir ce qu’on est et ce qu’on peut, afin d’éviter des illusions. Pour lui, la connaissance de soi est la « science première ». Et l’interjection dit : « renonce à chercher hors de toi, à apprendre par des moyens extérieurs ce que tu es réellement et ce qu’il te convient de faire ; reviens à toi, non pas certes pour te complaire en tes opinions, mais pour découvrir en toi ce qu’il y a de constant et qui appartient à la nature humaine en général ». Un appel à l’homme de mieux connaitre sa nature. Cette conception moderniste de la nature humaine est un prolongement de celle des anciens. L’humanisme du XVIe siècle tournait autour de cette question même si l’intérêt diffère d’un penseur à un autre. Pour Montaigne, c’est l’observation de soi qui renseigne sur la nature humaine. L’étude des sciences humaines contribue connaitre l’homme dans sa globalité. Toutes les qualités et les défauts de l’homme sont mis à l’étude par l’essayiste. Car se voit d’un œil d’observateur en tout ce qu’il fait. Ainsi, il découvre en lui-même un être indescriptible. Parce que « diverse » et « ondoyant ». Mais cette découverte lui sert à bien se faire connaitre. « Or autant que la bienséance me le permet, je fais ici sentir mes inclinations et affections : mais plus librement, et plus volontiers, le fais-je de bouche, à quiconque désir en être informé. Tant y’a que ces mémoires, si on y regarde, on trouvera que j’ai tout dit ou désigné : ce que je ne puis exprimer, je le montre au doigt. Je ne laisse rien à désirer, et deviner de moi. Si on doit s’en entretenir, je veux que ce soit véritablement et justement. » Montaigne se décrit ici de façon total, mais aussi de la plus sincère manière. La nature qu’il voit en l’homme est diversifiée suivant les évènements. L’humanisme, de Socrate à lui, n’a pas changé de chemin ; c’est-à dire qu’elle permet à l’homme de savoir ce qu’il peut ou ne peut pas faire. La manière dont nous nous prenons ou dont les autres nous voient peut être différent. Car, dit-il, « Nous sommes chacun plus riche, que nous ne pensons : mais on nous dresse à l’emprunt, et à la quête : on nous duit à nous servir plus de l’autre, que du notre. »19 L’éducation reçue par l’homme dès son enfance fait de lui un faible. En effet, l’homme reçoit une éducation toute faite venant des anciens. Cette éducation ne donne pas toute liberté à l’homme ; mais cultive la dépendance. De ce fait, nous ne pourrions rien faire qui soit de nous-mêmes sinon de l’autre. Si Montaigne s’intéresse autant à l’éducation, c’est pour « faire un homme ». Alors, il critiqua sévèrement le système éducatif de son pays. Il veut que tout homme reçoive une éducation humaniste comme la sienne. « Le bon père que Dieu me donna (qui n’a de moi que de la reconnaissance de sa bonté, mais certes gaillarde) m’envoya dès le berceau, nourrir à un pauvre village des siens, et m’y tint autant que je fus en nourrisse, et encore au-delà : me dressant à la plus basse et commune façon de vivre ». Malgré tout le luxe qui est au tour de lui, dès sa naissance, il est éduqué dans la pauvreté. Le but du père était de cultiver en lui l’humilité et la vie sociale. C’est, en fait ce que préconise Montaigne pour qu’il y’ait une bonne éducation. Ainsi, le « comment » trouve sa place dans l’enseignement voulu par l’auteur des Essais. Pour tout dire, il ne s’agit pas, pour lui, de suivre tous les programmes, mais de savoir la manière qu’il faut pour chacun. Afin d’éviter ce qu’il prend comme : « rêverie d’homme qui n’a gouté des sciences que la croute première, en son enfance, et n’en a retenu qu’un général et informe visage : un peu de chaque chose, et rien du tout, à la française. » Tout l’apprentissage de Michel Eyquem ne s’arrête qu’aux matières. Autrement dit, il ne peut pas lui servir dans sa vie. Car cette méthode n’englobe pas la connaissance pour se conduire dans son monde. Il comprend par là que même ses facultés naturelles ne supportent pas cela. Puisque ses conceptions et son jugement, ajoute-t-il, « ne marchent qu’à tâtons, chancelant, bronchant et chopant »22. Pourtant, Montaigne faisait partie des meilleurs élèves à cette époque. « Et n’est enfant des classes moyennes qui ne se puisse dire plus savant que moi »23 affirme-t-il. Descartes, des siècles plus tard, va reprendre cette même critique pour dénoncer cette façon d’éduquer dans les écoles. Dans la première partie du Discours de la Méthode, il affirme : « J’ai été nourri aux lettres dès mon enfance ; et, pour ce qu’on me persuadait que, par leur moyen, on pouvait acquérir une connaissance claire et assurée de tout ce qui est utile à la vie, j’avais un extrême désir de les apprendre. Mais sitôt que j’eus achevé tout ce cours d’études, (…), je changeais entièrement d’opinion. Car je me trouvais embarrassé de tant de doute et d’erreurs, (…), sinon que j’avais découvert de plus en plus mon ignorance. Et néanmoins j’étais en l’une des plus célèbres écoles de l’Europe, où je pensais qu’il devait y avoir de savants hommes s’il y en avait en aucun endroit de la terre.»24 Descartes est à la quête d’un savoir qu’il pourra faire confiance pour fonder la vérité qu’il recherche. Pour cela, malgré ses études, et surtout qu’il fréquente la meilleur des écoles, il n’y arrive pas. Mais notre intérêt porte sur le fait qu’il soit déçu de son instruction. Car elle ne parvient par lui conduire à trouver la vérité. Si Descartes cherchais la vérité dans les études, Montaigne cherche un individu rendu libre par l’éducation. Alors, tous deux ne peuvent plus faire confiance à l’éducation de ce même pays. Or, l’éducation joue un grand rôle dans le milieu social de chaque pays. C’est parce qu’elle est le fondement des citoyens de demain. Mais, il croit plus à une éducation qui ne réduit pas tout à l’autre. C’est-à-dire qu’il prétend que l’éduqué puisse s’appuyer de cette éducation pour se conduire seul. La preuve, son éducation lui a permis de ne pas suivre ceux qui l’ont influencé. « Comme quelqu’un pourrait dire de moi : que j’ai seulement fait ici un amas de fleurs étrangères, n’y ayant fourni du mien, que le filet à les lier. Certes j’ai donné à l’opinion publique, que ces parements empruntés m’accompagnent, mais je n’entends pas qu’ils me couvrent, et qu’ils me cachent : c’est le rebours de mon dessein. » L’éducation que Montaigne a reçue a fait qu’il puisse se servir de son propre entendement. C’est-à-dire à ne plus dépendre des autres. Si nous parcourons les Essais, nous nous rendions compte qu’il s’est servi de ceux qui l’on influencé comme un appui. Ainsi, il inaugure l’émancipation de l’être humain. Tout au long de son œuvre, il cherche à connaitre l’homme ; mais, à travers son « moi ». Cette recherche lui permet non seulement de se connaitre, mais de connaitre aussi autrui. Autrui est un « moi » mais qui est autre. « Chaque homme porte la forme entière de l’humaine condition. » Affirmait-il à ce sujet. Montaigne est conscient du fait que chaque homme a ses particularités. En plus, il a quelque chose d’universelle qu’il partage avec tous les hommes. De ce fait, il se connait lui-même et en même temps connait les autres. Cet autre, Montaigne l’appelle « ami ». Il en parle ainsi pour faire savoir ce qu’est un vrai ami. Pendant ces siècles, et bien avant, l’amitié avait une grande importance. Aristote disait : « Par conséquent, à la façon dont nous regardons dans un miroir quand nous voulons apprendre à nous connaitre, c’est en tournant nos regards vers notre ami que nous pourrions nous découvrir, puisqu’un ami est un autre soi-même. » Pour Aristote, l’autre est pour nous comme un miroir par rapport à nous. Nous nous connaissons à travers les autres. De l’antiquité aux temps modernes, le mot change d’écriture et devient : autrui. Jean Paul Sartre dit dans l’existentialisme est un humanisme : « L’homme qui s’atteint directement par le cogito découvre aussi tous les autres, et il les découvre comme la condition de son existence. Il se rend compte qu’il ne peut rien être (au sens où on dit qu’on est spirituel, ou qu’on est méchant, ou qu’on est jaloux) sauf si les autres le reconnaissent comme tel. Pour obtenir une vérité quelconque sur moi, il faut que je passe par l’autre. »  La perspective sartrienne de l’autre semble donner la vérité cherchée par soi sur soi. La question de l’autre continu son cheminement jusqu’au temps modernes comme on vient de le voir avec Sartre. Si on en parle jusqu’à présent, c’est parce que l’autre est une partie intégrante en moi. Dans la période antique, il était sujet dans toutes discussions. Et Montaigne étant lecteur des anciens est obligé d’en parler. Mais à bien y voir, Montaigne parle de l’amitié parce qu’il vit une véritable amitié. En effet, sa rencontre avec La Boétie ne relève guère du hasard. Car, malgré que celui-ci soit plus âgé que Montaigne, ils ont les mêmes objectifs, d’après lui. « Nos âmes ont charrié si uniment ensemble (…) que non seulement je connais la sienne comme la mienne, mais que je serais certainement plus volontiers fié à lui qu’à moi à mon sujet (…) c’est un assez grand miracle que de se doubler. »29 On dirait, d’après lui qu’ils se sont connus depuis des lustres. Néanmoins, chacun se reconnaissait à travers son proche. Cette amitié semble sincère qu’il est rare d’en trouver. « Nous étions à moitié de tout ; il me semble que je lui dérobe sa part »30 disait-il. Mais l’amitié n’a pas duré longtemps à cause de la mort de La Boétie. Et Montaigne en a souffert et ne cesse de penser à lui dans tout ce qu’il faisait. Il n’arrive pas à expliquer ce qui le liait à Etienne. En tout cas, ils étaient très proches l’un de l’autre, à tel point que Montaigne voyait son âme en lui. Tout ce qu’on peut dire de lui, c’est à travers son œuvre que nous le savons. Il y relate tout son être : ses humeurs, ses désirs, ses aversions, ses faiblesses etc. C’est ce qu’il appelle peindre son « moi ». On y trouve une liberté totale ; qui est le but de sa pensée parce qu’il est un libertin.

La nonchalance comme vertu chez Montaigne

    Toute la philosophie morale de Montaigne peut se résumer en une lutte pour le bien-être intérieur. Et, si nous traitons de la nonchalance, c’est pour montrer l’état d’impassibilité qu’il cultive pour maintenir son âme en paix. C’est-à-dire, comment est-il arrivé à traiter son âme à l’impassibilité des émotions, des désirs et des plaisirs. En effet, la nonchalance est un état ou bien une attitude qu’une personne adopte en vers les sentiments. Ces derniers sont la cause de toutes les difficultés de l’homme. Chez Montaigne, la solution ou le remède pour lutter contre les maux, c’est la solitude. Car, il y a des vices qui ne nous quitterons jamais nous dit-il en ces termes : « L’ambition, l’avarice, l’irrésolution, la peur et les concupiscences, ne nous abandonnent point pour changer de contrée. »55 Il continu en disant : « Elles nous suivent souvent jusque dans les cloistres (cloitres) et dans les écoles de philosophie. Ni les désers (déserts), ny les rochez creusez, ny le hère (homme sans mérite, sans considération ou sans fortune), ni les jeunes ne nous en démêlent ». Où qu’on aille et qui qu’on soit, les vices demeureront toujours avec nous. Parce qu’ils sont ancrés en nous et se manifesteront quand l’occasion se présentera. Même les grands hommes, les sages et autres ne font pas exception à la règle. Pour Montaigne, même si nous changeons de place, d’endroit ou de lieu en général, ils nous suivent. Mais, que faudrait-il donc faire au juste pour se libérer d’eux ? Ou bien y’a-til un moyen de pouvoir maitriser ces vices ? Montaigne dit qu’il faut s’ « Ecarter des conditions populaires qui sont en nous ; il se faut séquestrer et ravoir de soy. »56 C’est un appel à tous de se démêler du joug populaire pour se retrouver dans un lieu où on sera seul. En tout cas, il vit la sienne dans ce qu’il appelle son « arrière-boutique ». On appelle arrière-boutique, une pièce située immédiatement et de plainpied derrière une boutique. Mais, chez Michel de Montaigne, son « arrière-boutique » se situe dans sa bibliothèque. C’est l’endroit propice pour Montaigne de s’éloigner des maux et de ce qui cause nos malheurs. Juste pour se préparer si nous perdons, un jour, ce que nous désirons le plus. Par exemple la perte d’un être cher ou des biens auxquels on s’attachait. D’ailleurs, c’est ce dont souffrait Rousseau, dans Les rêveries du promeneur solitaire. Ainsi, disait-il : « (…) ils ont brisé violemment tous les liens qui m’attachaient à eux. »57. Il est devenu un étranger dans sa société afin de se demander : « Que suis-je moi-même ? » D’autant plus qu’il ne vie plus en société. Cela lui paraît comme un rêve auquel il veut immédiatement se réveiller car, il est peiné par la perte de ses amis. Rousseau s’imagine un avenir horrible, tragique qui le plonge dans le délire, dans le bouleversement. Mais pour sortir de ce calvaire qu’il ne peu stopper, il se soumet à sa destinée. Finalement dit-il : « J’ai trouvé dans cette résignation le dédommagement de tous mes maux par la tranquillité qu’elle me procure et qui ne pouvait s’allier avec le travail continuel d’une résistance aussi pénible qu’infructueuse. » L’habitude des souffrances est au point de mire chez Rousseau puisque rien ne peut plus affecter son âme. Et les douleurs corporelles se transforment en des divertissements. Cette paix de l’âme, produite par la nonchalance reste la seule voie de secours pour notre vie. Ainsi, la philosophie morale de la nonchalance permet à l’auteur des Essais de se départir de tout mal pouvant accabler son âme. C’est sa propre invention mais, suivant les pensées de grands penseurs antiques. C’est-à-dire qu’il n’y a pas de pensées uniques d’écrivains ; mais de doctrines. Raison pour laquelle, nous parlons de doctrines pour signifier la pensée des grands écrivains antiques. Et c’est en ce sens que nous parlions de la doctrine des Stoïciens qui traite de l’impassibilité de l’âme. Ils appellent cela ataraxie. C’est un état d’absence de passions, qui prend la forme d’absence de souffrance. De ce fait, les stoïciens mettent en avant les passions qui sont les seules responsables de ce phénomène. Mais avant eux, les péripatéticiens faisaient usage de ces passions. En effet, il s’agit, pour ces derniers de modérer les passions pour éviter qu’elles prennent le dessus sur l’âme. Pour eux, puisse que ces passions sont naturel en l’homme, il faut les modérer pour en faire des vertus. C’est-à-dire que les passions bien réglées peuvent aider aux raisonnements. Les stoïciens, au contraire, optaient pour la suppression totale de ces passions. Car, pour eux, les passions ne font que troubler l’esprit et, ne peuvent aider en rien la raison. La vertu est égale à la raison, chez eux, et elles sont pour la droiture ; alors que les passions sont contre la droiture et veulent les détourner. Sénèque, l’une des figures les plus marquantes du stoïcisme, nous fait savoir que le sage doit se préparer aux troubles de l’âme avant de descendre sur le terrain. Car, pour lui, les passions se réduisent à quatre : la peine, la crainte, le désir et le plaisir. Le sage ne peut que les faire disparaitre, puisqu’elles n’augmentent pas sa sagesse, pour vivre en paix. Ce grand penseur réfléchit sur tout ce qui conduit l’homme vers les passions. Par exemple la pauvreté et la mort qui constituent les plus grands maux de l’homme. Selon Sénèque, la pauvreté n’est que la perte de choses superflues et inutiles. Et le peu de chose que nous puissions posséder suffise pour le sage de survivre. Les stoïciens disaient : « un peu de pain et de vin nous suffis pour survivre. » En ce qui est de la mort aussi, Sénèque dit que c’est une chose naturelle à laquelle personne n’y échappera. Et, le plus étonnant est qu’on ne sait ni l’heure ni le lieu ; donc le sage s’y est déjà préparé.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : LA CRITIQUE DES SYSTEMES
1-La nature humaine chez Montaigne
2-La peinture du « moi » chez Montaigne
3-Le Style d’écriture
DEUXIEME PARTIE: MONTAIGNE PROPOSE COMME MORALE : LE BONHEUR PLUTOT QUE LA SAGESSE
1-La nonchalance comme vertu chez Montaigne
2-La morale anticonformiste
3-La Philosophie comme mode de vie
TROISIEME PARTIE: La visée de la pensée philosophique de Montaigne
1-L’honnête homme Montaignien
2-La philosophie sceptique du « Que sais-je ? »
3-Le piège du système
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

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