MOOC & institutions culturelles

Le MOOC

    Acronyme pour Massive Open Online Courses, est un phénomène apparu aux Etats-Unis au début des années 2010. Comme son nom l’indique, il s’agit de cours en ligne gratuits et ouverts à tous. Plus précisément, ce sont « des cours sur l’Internet, libre d’accès, proposés par des universités ou des entreprises. Ce qui change par rapport aux autres ressources pédagogiques déjà présentes en ligne c’est une volonté de maximiser l’interactivité. »  Ces cours se présentent souvent par « un cortège de clips magistraux n’excédant pas dix à quinze minutes chacun, agrémenté d’un forum organisant l’interaction entre les usagers et parfois assorti d’un réseau social encadrant l’évaluation par les pairs. » Ils sont parfois sanctionnés par l’obtention d’un certificat, voire l’attribution de crédits en vue d’un diplôme. Comme déjà évoqué, la principale distinction avec les cours en ligne déjà existants avant son apparition, repose sur le recours à la participation du public mais également la recherche d’un nouveau format s’opposant à celui, traditionnel, du cours magistral et de l’amphithéâtre. Répondant aux principes de « n’importe où, n’importe qui, n’importe quand », les MOOC ont été vecteurs d’un certain nombre de mythes. On parle de démocratisation des savoirs, d’un accès égal et juste à l’éducation ou encore de l’avènement d’une société sans école, « un monde de la connaissance où chacun apprendra selon ses besoins, partout, à tout instant, activement et efficacement, individuellement mais en collaboration avec des milliers d’autres. » Ce monde de la connaissance dont les MOOC seraient représentants, fait écho à la société de la connaissance, expression introduite dans les année 1970 par Daniel Bell dans son ouvrage Vers la société post-industrielle. La frontière avec les termes société de communication ou société de l’information, est pratiquement imperceptible et à raison que, la société de la connaissance recouvre, en partie, les deux notions précédentes. Ce qui la distingue c’est la connotation savante dont elle est investie. Trois piliers définissent ainsi la société de la connaissance : premièrement les « réseaux de savoirs (ensemble des technologies numériques diffusant des informations électroniques à haute valeur ajoutée), [puis] l’économie de la connaissance (système de richesse basé sur la production, la distribution et la consommation de la connaissance), [et enfin] l’intelligence collective (forme d’organisation sociale fondée sur le partage des savoirs). » La technologie et les sciences jouent donc un rôle essentiel dans cette nouvelle société. « Les promoteurs de la connaissance annoncent ainsi l’avènement d’une société ouverte, créative, mobile et d’autant plus respectueuse à l’égard des savoirs, des sciences et des technologies qu’elle trouve en ceux-ci le moteur de son développement. »  Ceci s’explique par les fondements mêmes de son apparition, puisque c’est dans la cybernétique des années 1940 qu’elle puisse son idéologie. Ainsi, « d’une part la connaissance est assimilée à la science, plus précisément à la technoscience, d’autre part la connaissance scientifique est réduite à l’information. » La science et la technologie sont donc garantes de cette société de la connaissance. On peut alors reprendre la définition de Padioleau qui qualifie la knowledge society comme « la production, diffusion, consommation, de connaissances, de compétences et de pratiques cognitives… maîtrisées par des groupes sociaux qui s’en réclament (recherche/développement, ‘services’, professionnels des technosciences, etc.), génératrices de performances, individuelles ou collectives, économiques, sociales et culturelles »

LE COUT FINANCIER DES ETUDES SUPERIEURES AUX ETATS UNIS

  Les MOOC sont apparus aux Etats-Unis, il faut donc prendre en compte le contexte éducatif américain pour comprendre la diffusion des MOOC. Les études supérieures aux EtatsUnis sont très coûteuses. Pour une année, il faut compter entre 12 000$ et 30 000$ pour les universités publiques et entre 25 000$ et 40 000$ pour les universités privées, cela pouvant monter jusqu’à 60 000$ pour un MBA dans les universités les plus prestigieuses telles que Harvard ou Columbia.17 Les étudiants aux revenus modestes, c’est-à-dire la majorité, sont obligés de s’endetter pour pouvoir poursuivre des études supérieures. Sur le plan économique, les MOOC peuvent donc être des outils intéressants pour des milliers de personnes souhaitant étudier à moindre coût. « Les meilleurs professeurs au monde donneraient des cours interactifs en ligne à des centaines de milliers d’étudiants disséminés autour du globe. Grâce aux économies d’échelle, à l’externalisation ouverte pour enrichir les contenus, aux forums d’apprentissage et à l’évaluation par les pairs, le coût d’un master pourrait ne pas excéder cent dollars, sans sacrifice de la qualité. »18 La hausse des inscriptions aux MOOC pourrait ainsi avoir une conséquence pour les universités. « [Ils] pourraient sensiblement entraîner une baisse des inscriptions dites « physiques », sur le seul argument de la gratuité. […] En communiquant sur la très haute qualité pédagogique des cours proposés, les promoteurs des MOOC incitent les étudiants aux revenus modestes, à ne plus fréquenter physiquement les écoles ou universités » 19 et ce, même si la question de la reconnaissance des diplômes demeure.  « La France devra vraisemblablement surmonter une prédominance accordée à la valeur du diplôme afin d’octroyer aux MOOC une reconnaissance légitime. »21 C’est n’est donc pas dans son possible rôle de diplôme universitaire, que l’avenir du MOOC semble se jouer en France, ni pour son avantage économique.

Des barrières sociales et techniques encore présentes

   Nous l’avons vu, l’un des principes fondamentaux des massive open online courses est leur ouverture, c’est-à-dire la gratuité et l’accessibilité à n’importe quel citoyen. Contrairement à l’université traditionnelle qui se situe dans un lieu géographique précis, avec une sélection académique et parfois financière à l’entrée, le MOOC serait un outil juste et égalitaire, dont la « portée [serait] mondiale et [qui s’adresserait] à tout le monde, sans distinction géographique, ethnique ou financière. » La démocratisation des savoirs est donc bel et bien en jeu derrière ce concept. « Tous les acteurs proclamèrent leur idéal démocratique et déclarèrent leur volonté de rendre l’enseignement supérieur accessible à tous, dans tous les pays. » Le MOOC incarne ainsi plus que jamais le mythe de « l’enseignement pour tous ». Grâce aux MOOC des populations qui n’ont pas ou peu accès à l’enseignement pourrait, pour la première fois, en bénéficier. « Comme l’Afrique a sauté l’étape du téléphone fixe pour passer directement au téléphone portable, ce continent en développement pourrait faire l’économie des universités physiques et entrer plus vite dans l’université numérique globale au 21 ème siècle afin de diplômer sa jeunesse. » 45 Or, malgré un accès internet dans la majorité des grandes villes situées dans des pays émergents, la connexion reste souvent insuffisante et l’accès encore difficile. « La consommation de MOOC nécessite pourtant un accès illimité, régulier et haut débit à l’Internet. [Et dans certaines] régions du monde, il n’y a tout simplement aucun accès à l’Internet. Dans ce cas, la question de l’influence des MOOC ne se pose même pas. » Les MOOC semblent ainsi difficilement profiter aux populations qui n’ont déjà pas ou peu accès à l’enseignement. « L’accès à l’enseignement ne passe peut-être pas encore par les MOOC, mais d’abord par l’arrivée de technologies à bas coût. » Quand on parle d’enseignement pour « tous », c’est en fait faire référence à « tous » ceux qui ont un accès à l’Internet et aux technologies nécessaires.

Un complément aux cours présenciels

  Pour les différentes raisons évoquées au préalable, il est plus raisonnable d’envisager les MOOC comme un complément au cours en présentiel, qu’un outil d’apprentissage indépendant. « L’idée que les MOOCs pourraient servir un peu partout de substituts à l’enseignement magistral semble n’avoir plus vraiment cours, et l’on envisage à présent les cours en ligne plutôt comme des suppléments. » Couplé à un suivi classique, ce dispositif peut avoir une vraie plus-value. « Pour éviter le risque de la standardisation, de la diffusion à grande échelle d’un modèle unique, il est nécessaire de laisser une place aux approches non orthodoxes pour favoriser le débat et permettre aux apprenants de développer une réelle capacité critique », que seuls des cours en présentiels peuvent assurer jusqu’à présent. Le recours aux seules technologies n’est pas suffisant pour faire un bon cours. Il faut préserver le présentiel pour avoir un enseignement complet et efficace. Le manque de connaissance technique et l’absence d’un accompagnement en présentiel peut s’avérer également démotivant pour l’apprenti qui a « le sentiment de se retrouver seul face à une machine ou un logiciel, dont il ne connaît pas forcément le fonctionnement. » Or, la motivation d’un apprenant est « un facteur déterminant dans le cadre de la formation en ligne, pour prétendre à l’efficacité pédagogique souhaitée. » Le présentiel est toujours utile et indispensable, si ce n’est juste pour pouvoir trier l’information à laquelle l’inscrit a accès.

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Table des matières

INTRODUCTION
Les Origines de L’Homme, un MOOC comme un autre ? 
A. D’un MOOC comme un autre… 
1. Historique et définition des MOOC
a. Un contexte socio-économique favorable à l’apparition des MOOC
b. Historique
2. Spécificités et techniques : les invariants des MOOC
a. Identité et accès libre
b. Temporalité
c. Vidéo
d. Pédagogie du peer
e. Validation des connaissances
3. Racines idéologiques et mythes des MOOC
a. Des cours ouverts
b. Une nouvelle façon d’enseigner ?
c. Des cours massif ?
d. Des cours « classiques » toujours présents
…Et le Musée de l’Homme ?
B. …à un MOOC singulier ? 
1. Les problèmes économiques et ses solutions : Orange et le mécénat
a. Orange : mécène de l’accessibilité pour tous
b. Solerni : plateforme de social learning
2. Les évolutions du rôle des musées et du public
a. Le processus de vulgarisation et les discours scientifiques
b. La dépendance des musées scientifiques aux scientifiques
c. Des nouvelles attentes du public, un nouvel espace
d. L’interaction et le divertissement au cœur
Conclusion
Le MOOC : un objet hybride entre outil de communication et outil pédagogique 
A. Un dispositif numérique innovant au service du Musée de l’Homme et d’Orange 
1. Le contexte
a. Missions
b. Chiffres clefs
c. E-reputation
2. Le dispositif du MOOC comme outil de communication
a. Les enquêtes de satisfaction qualitatives et quantitatives
b. La stratégie de communication
B. Le recours au divertissement et au petit écran comme dispositif pédagogique et communicationnel 
1. Analyse des vidéos : influence des « brèves audiovisuelles » et mini séries web
a. Le teaser
b. Les vidéos
c. La forme brève comme idéal
2. Analyse du site et des newsletters : influence de la « télévision de mise à l’épreuve de soi » et des séries télévisuelles
a. « La télévision de mise à l’épreuve de soi »
b. L’influence des séries télévisuelles
CONCLUSION
RESSOURCES
ANNEXES
RESUME
MOTS-CLEFS

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