Monographie et strategie de developpement local dans une zone frappee par un conflit arme

Au début des années 70 les pays d’Afrique Sub-sahariens ont entamé des réformes en matière de décentralisation pour une meilleure implication des populations dans les processus de prise de décision. Ainsi, au Sénégal, la loi n° 72-25 du 19 avril 1972 crée les communautés rurales et étend, de ce fait, la décentralisation en milieu rural. La gestion des communautés rurales est retirée aux sous préfets et remise aux présidents de conseil rural. « Les décideurs ont compris qu’une stratégie de développement qui ne prend pas en compte les réalités sociales historiques et culturelles et les potentialités, besoins et aspirations des acteurs concernés n’aura aucune chance d’aboutir et les efforts qui seront consentis seront vains. Le développement doit être cohérent, concerté et global. » .

C’est en 1996 que la politique de décentralisation connaît une autre phase avec l’érection de la région en collectivité locale, la création de la commune d’arrondissement et le transfert de nouvelles compétences aux régions, aux communes et aux communautés rurales. « En parfaite harmonie avec l’évolution de la conscience populaire, la décentralisation vise des objectifs administratifs, politiques et économiques » . Cependant, le simple transfert de compétences par l’Etat aux collectivités locales n’a pas servi à certains terroirs du pays comme la Casamance, de relever les défis du développement local à cause du conflit armé qui s’est durci en cette période.

Cette partie du Sud du Sénégal est depuis 1982 plongée dans une guerre d’indépendance qui oppose le Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (M.F.D.C), à l’Etat du Sénégal. Le mouvement politique de 1947 s’est transformé de nos jours en groupe armé depuis le lancement officiel de la lutte armée en 1990. Depuis lors, la verte Casamance est devenue une région d’insécurité et de combats sanglants entre le mouvement séparatiste et l’armée nationale. Les populations paient un lourd tribut aux deux camps. Des tentations de résolutions du conflit ont abouti à des accords de cessez-le-feu qui ont brillé par le non respect de leurs signataires quelques mois après. Beaucoup de villages ont été abandonnés par leurs populations pour les centres urbains ou vers la Guinée Bissau et la Gambie.

PROBLEMATIQUE

Contexte et justification de l’étude

En Afrique, les politiques étatiques de développement et ses projets de développement, ont été conçus sans la prise en compte des attentes, besoins et des préoccupations des acteurs à la base. En effet, pendant longtemps, le modèle de développement a été élaboré non pas sur la base d’un programme de développement concerté intégrant les stratégies, logiques, aspirations, des populations, mais sur un modèle de gestion dirigiste et centralisé où la logique interventionniste faisait de l’Etat central le principal acteur du développement socio économique. Faisant l’état de la situation, notre pays, comme la plupart des pays africains, s’est rendu compte que l’approche descendante n’était pas vectrice d’un véritable développement économique et social. C’est qu’en effet, la réalisation du développement économique et social d’un territoire exige l’adhésion et la mobilisation de l’ensemble des acteurs concernés. Autrement dit, la réussite d’un projet de développement demande la participation des populations locales, des élus locaux, des membres de la société civile, et non pas seulement l’Etat et ses démembrements. Car selon Christian Longhi et Jacques Spindler, «le développement local repose sur une démarche de mobilisation des acteurs d’une zone géographique donnée désireux de prendre en compte leur avenir autour de projets autonomes» (Longhi C, Spindler J, 2000. P. 2). Dans ce même ordre d’idée, Lammerink Marc P. et Wolfers Ivan soutiennent «qu’en ce qui concerne le développement, la participation inclut l’engagement des populations dans les processus de décision et dans la mise en place des programmes …. »(Marc P.Lammerink et Ivan Wolfers, 1998. P. 17). Face à l’échec de ce modèle de développement, plusieurs pays africains, dont le Sénégal, aidés par des partenaires, ont initié des projets de développement avec la base. Il s’agissait, à travers cette option participative, de placer les populations à la base au cœur du développement de leur territoire. Au Sénégal, l’émergence du développement local, à la fin des années 80, début des années 90, va marquer une véritable rupture dans le processus de développement. L’Etat qui, jusque là, était le principal concepteur de la politique de développement cède sa place aux collectivités locales qui deviennent du coup les principales actrices du développement.

Par ailleurs, si dans la plupart des contrées du Sénégal le processus de développement local est lancé, dans certaines zones comme la partie sud-ouest du pays, l’envol du phénomène est complètement raté .En effet, l’émergence du concept de développement local a coïncidé avec le durcissement du conflit armé entre l’Etat du Sénégal et les séparatistes du MFDC : Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance. La crise casamançaise a eu un impact gênant dans le processus de décentralisation et de développement local en ce sens qu’il y a eu un grand retard dans l’application des réformes institutionnelles et dans l’exécution des projets de développement de l’agriculture, de l’élevage, de la pêche etc. Les élus locaux et les agents de l’Etat qui sont à la fois, représentants des populations et prolongements de l’Etat rencontrent d’énormes difficultés dans l’accomplissement de leurs tâches. Ils ont été l’objet, durant toute l’évolution de cette crise, d’attaques armées ou morales qui sont restées en général ambiguës ou non élucidées.

Les conséquences de cette instabilité politique ont donné un grand coup d’arrêt aux principales sources génératrices de revenues de la zone. L’agriculture, la cueillette et la pêche qui présentent d’importantes potentialités de développement dans ce terroir voient leur élan freiné. La quasi-totalité des lieux de production sont inaccessibles à cause des engins dangereux qui y sont enfuis, comme les mines et les grenades piégées. L’éducation, domaine incontournable dans tout processus de développement, connaît ses pires moments depuis le déclanchement de la crise casamançaise le 26 décembre 1982. Les enseignants, pour leur sécurité, quittent la zone à contre cœur, laissant derrière eux toute une génération d’élèves sacrifiée par le conflit. Même les activités de vacance de la jeunesse comme le football, le théâtre ou les soirées récréatives sont gelées. A cet effet, la production agricole chute lourdement puisque, mis à part les nombreux champs et autres vergers abandonnés, l’agriculture ne nourrit presque plus les paysans à cause du manque de bras valides. Les jeunes qui ont la force physique pour le « kadiandou »préfèrent rester en ville ou ils peuvent vivre pleinement leur vacance.

Analyse des concepts

Le développement local 

Le terme développement local est de plus en plus employé pour évoquer une amélioration des situations locales et régionales qui assure une certaine harmonie entre une croissance quantitative et une amélioration qualitative, dans le domaine social et culturel en particulier. (Brunet R, 2005. P.157). Le développement local, considéré comme le développement à la base, peut être défini comme étant la mobilisation des acteurs locaux ou extérieurs pour la mise en valeur des potentialités d’un territoire, en même temps que les résultats de cette activité. Le développement local peut concerner une région, un département ou une communauté rurale. Le développement local peut intéresser plusieurs acteurs locaux ou extérieurs dont les intérêts ne sont pas toujours convergents, mais qui trouvent tous avantage à la réalisation du potentiel du territoire auquel ils s’identifient pour y développer leurs activités. Plus simple, le développement local est un processus de transformation socio économique et culturel, opéré dans un espace en vue d’y promouvoir le mieux être. Cette transformation doit être le fruit d’un projet collectif négocié entre toutes les composantes de la population à laquelle incombe la mise en œuvre du projet.

Monographie

Etude plus ou moins approfondie d’un phénomène, d’un sujet, d’un espace. La monographie est un moment nécessaire de la recherche géographique. Elle sert même volontiers de rite initiatique pour l’accès au grade de chercheur, et néanmoins peut avoir une certaine dimension ludique et un réel formateur. Trop longtemps, la géographie s’est limitée à la collection de monographies d’espaces distincts, dont la délimitation, d’ailleurs, devenait un exercice de style, peinant pour exprimer des lois, des régularités et des principes, ou s’y refusant. (Brunet R, 2005. P.336). Du grec monos, seul, et graphein, décrire. Etude détaillée et prétendument complète d’un sujet précis et relativement restreint. Dans la première moitié du XXème siècle, la monographie d’une région (le plus souvent française) a été par excellence le sujet des thèses de géographie régionale. Ce genre est aujourd’hui considéré comme désuet. Certes le défaut majeur de ces études a été pour la plupart de limiter leurs observations à un cadre donné assez arbitrairement, sans comparer avec les régions voisines. Mais en envisageant plusieurs niveaux d’analyse pour privilégier de façon raisonnée un ensemble spatial, la monographie présente un grand intérêt. (Lacoste Y, 2003. P. 254).

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
PROBLEMATIQUE
METHODOLOGIE
PREMIERE PARTIE : CARACTERISTIQUES PHYSIQUES ET HUMAINES
CHAPITRE I : PRESENTATION GENERALE DU MILIEU
CHAPITRE : II LES DONNEES SOCIO-DEMOGRAPHIQUES
1. LES RESSOURCES HUMAINES
1.1. Les caractéristiques du peuplement
1.1.1. Origine du peuplement
1.1.2. Composition ethnique et religieuse
1.2. La situation matrimoniale
1.2.1. Les mariés (es)
1.2.2. Les célibataires
1.2.3. Les veufs et veuves
1.2.4. Les divorcés
1.3. Migrations et structures de la population
1.3.1. Les migrations
a) Les migrations d’ordre structurel
b) Les migrations d’ordre conjoncturel
1.3.2. La structure de la population
a) Les impacts de la migration sur la composition par âge et par sexe
b) Les impacts de la migration sur les activités socio-économiques
1.4. Une population inégalement répartie
CHAPITRE III : LES DONNEES SOCIO-ECONOMIQUES
1. LA REPARTITION SOCIO-PROFESSIONNELLE ET LES ACTIVITES ECONOMIQUES
1.1. La répartition socioprofessionnelle
1.2. Les activités socio-économiques
1.2.1 L’agriculture et la cueillette
1.2.2. L’élevage
1.2.3. La pêche
1.2.4. L’artisanat
1.2.5. Le commerce
1.2.6. Le tourisme
2. LES CONDITIONS DE VIE DES POPULATIONS
2.1. La taille des ménages
2.2. Les revenus des ménages
2.3. Les caractéristiques du logement
2.3.1. Un habitat de type traditionnel à tendance moderne
2.3.2. Les infrastructures du logement
a) L’éclairage
b) L’approvisionnement en eau des ménages
c) L’assainissement
d) Le niveau d’équipement domestique
DEUXIEME PARTIE : LE NIVEAU D’EQUIPEMENT DE LA COMMUNAUTE RURALE
CHAPITRE I : LES EQUIPEMENTS DES SUPERSTRUCTURES, D’INFRASTRUCTURES ET DE SERVICES
1. LES EQUIPEMENTS SCOLAIRES ET SANITAIRES
1.1. Les équipements scolaires
1.1.1. Ecoles préscolaires
1.1.2. Ecoles primaires
1.1.3. Ecoles du moyen
1.2. Les équipements sanitaires
2. LES SERVICES
2.1. Les services administratifs
2.2. Les services de sécurité
2.3. Les services techniques
2.4. La problématique du commerce et de la communication
2.5. Les équipements socioculturels, cultuels et sportifs
CHAPITRE II : L’AIRE DE POLARISATION DES EQUIPEMENTS : LA COMMUNAUTE RURALE ET SON HINTERLAND
1. AIRE D’INFLUENCE DES EQUIPEMENTS SCOLAIRES
1.1. Etablissements préscolaires
1.2. Etablissements élémentaires
1.3. Etablissements moyens
2. AIRE D’INFLUENCE DES EQUIPEMENTS SANITAIRES
3. LES ACTIVITES COMMERCIALES
3.1. Le commerce de détail : les boutiques
3.2. Les produits agricoles et de cueillette
3.3. Les produits halieutiques
3.4. Les produits manufacturés
TROISIEME PARTIE : LES PERSPECTIVES D’AMENAGEMENNT ET DE DEVELOPPEMENT LOCAL
CHAPITRE I : NYASSIA : UNE COMMUNAUTE RURALE QUI NECESSITE DES OPERATIONS D’AMENAGEMENT DE L’ESPACE
1. ZONE D’HABITAT
2. ZONES AGRICOLES
2.1. Zone des rizicultures
2.2. Zone des cultures sèches
CHAPITRE II : RENFORCER LES INFRASTRUCTURES ET LES EQUIPEMENTS POUR ASSURER LA FONCTIONNALITE DE L’ESPACE ET DES ACTIVITES SOCIO-ECONOMIQUES
1. EN MATIERE D’INFRASTRUCTURES, D’EQUIPEMENTS ET DE SUPERSTRUCTURES
1.1. Infrastructures et équipements routiers
1.2. Réseau électrique
1.3. Réseau d’adduction d’eau courante
2. ASSAINISSEMENT ET PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT
2.1. Assainissement
2.2. Protection de l’environnement
2.3. Infrastructures et équipements administratifs
3. SERVICES SOCIAUX DE BASE, EQUIPEMENTS ET INFRASTRUCTURES SPORTIFS, DE LOISIRS ET DE CULTURES
3.1. Services de base
3.1.1. Infrastructures et équipements scolaires
3.1.2. Infrastructures et équipements sanitaires
3.1.3. Equipements sportifs, de loisir et de culture
4. INFRASTRUCTURES ET EQUIPEMENTS GENERATEURS DE REVENUS : LE COMMERCE, L’ARTISANAT ET LA TRANSFORMATION DES PRODUITS LOCAUX
CONCLUSION GENERALE

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