Monde artistique métaphorique

FESTIN DE COULEURS DE ZHANG AILING

Euphonie

Autour de ces allitérations qu’on a analysées se répandent de nombreuses « agréables et harmonieuses combinaisons de sons », définies par TLF comme l’ « euphonie ». Cette partie sera consacrée à la musicalité euphonique des mots de Colette. Pour commencer, revenons à notre premier exemple de l’allitération globale : on constate que la répétition des sons et des mots contribue à former une atmosphère « terne ». On remarque, dans Chéri, une réapparition de ce trait terne qui est marquée par un sentiment d’errance et de tristesse. Au moment où Chéri était absent avec sa nouvelle épouse, Léa, parmi le groupe de vieilles femmes, fut soudain prise d’angoisse et d’anxiété:Elle erra d’image en image, de souvenir en souvenir, cherchant à s’écarter de la porte vide encadrée de sauges rouges.Ici, la répétition des mots « image » et « souvenir » et des sons dans cette paronomase « sauges rouges », forme une musicalité euphonique qui renforce le ton plaintif de cette errance sentimentale et de cette souffrance amoureuse due à l’absence de Chéri. En lisant cette petite phrase, on a l’impression d’apprécier une élégie. Léa, en l’absence de Chéri, ne sait plus où le temps l’emmènera. Elle essaie en vain de s’écarter de ce groupe de vieilles « ilotes »43, tombe dans une perplexité totale sans savoir la raison de cette désespérance ni ce qu’elle peut faire, jusqu’aux lignes suivantes où le nom de Chéri sort inconsciemment de sa bouche Des larmes suivirent, qu’elle ne pût maîtriser tout de suite. z s a i i i i Dès qu’elle reprit de l’empire sur elle-même, elle s’assit, s’essuya le visage, pr p r s s s s s z i i a i i a i a ralluma la lampe.44 l l l a a a an
Ici on remarque facilement les répétitions des phonèmes consonantiques et vocaliques : une allitération en « s/z » et en « l », qui évoque un ensemble de tendresse et de tristesse selon notre analyse précédente et une assonance en « a » et en « i ». Cette assonance en « i », accompagnée de la répétition des phonèmes « m » et « a » nous fait penser à une phrase de Racine : « Tout m’afflige et me nuit et conspire à me nuire. 45» Comme Phèdre, Léa, notre héroïne, est accablée d’incertitude, d’angoisse et de désespérance. À ces procédés de l’allitération et de l’euphonie s’ajoute le retour des sonorités identiques à la fin de nombreux groupes syntaxiques.La bouche aux dents serrées, qui n’éclataient presque jamais de rire, souriait souvent, d’accord avec les grands yeux aux clins lents et rares, sourire cent fois loué, chanté, photographié, sourire profond et confiant qui ne pouvait lasser.
Dans cette description de la bouche de Léa, le « é » et le « r » forment des rimes embrassées irrégulières. L’assonance avec le phonème « ᾶ » renforce le caractère poétique et musical de ce passage. Cette description, sous forme d’un poème consacré aux femmes, nous évoque le poème intitulé « Une femme est l’amour » de Gérard de Nerval47. Ce sourire de Léa, comme ce sourire chez Gérard de Nerval, représente l’amour et la gloire et a la capacité de dompter les hommes et adoucir leurs cœurs. Parfois, les phrases courtes sont si structurées pour avoir une apparence de proverbes :
Voilà un bon régime, et pas de femmes !  … les femmes…j’en suis revenu…Les femmes…je les ai vues.
Ce dernier, qui nous rappelle le célèbre « Veni, vidi, vici » de Jules César, forme une description vivante d’un jeune Chéri qui ne sait pas encore aimer et qui se croit déjà désabusé. Cette proclamation ambitieuse fonctionne comme un présage ironique de sa tragédie. Contrairement à cette élégie qu’on a évoquée au tout début de cette partie, on rencontre aussi des chansons joyeuses. L’exemple qui suit se situe au moment où Chéri, revenant de sa lune de miel, s’enfuit de sa maison et constate, dans une longue attente désespérante, que Léa revient du Midi :uvrit son manteau, se laissa aller contre le dossier du banc, étendit les jambes et ses mains ouvertes tombèrent mollement.50
À travers ces quelques lignes, il nous semble pouvoir accéder à la joie, au bonheur suave de Chéri en suivant cette petite chanson de joie marquée par ses rimes plates. Ces caractères musicaux nous donnent l’impression que l’auteur a consciemment écrit de cette façon pour donner un trait lyrique à « leur idylle »51. L’auteur elle-même a comparé des paroles des personnages aux chants, comme en témoigne le passage de la germination de l’amour entres les deux personnages principaux :
Il murmurait des paroles des plaintes, tout un chant animal et amoureux où elle distinguait son nom, des « chérie… » des « viens… » des « plus te quitter… » un chant qu’elle écoutait penchée…
Cette musicalité rhétorique tient sans doute le premier rang de la griserie phonétique de Colette. Cependant, un autre plaisir rivalise avec elle : celui de la diversité de son vocabulaire. Dans son vocabulaire particulier, on remarque une union harmonieuse des termes régionaux et du langage de tous les jours. Cette hétérogénéité agréable nous présente un langage souple et « ailé », qui semble « prêt pour l’essor »53. Colette, issue de la région bourguignonne, a gardé son accent bourguignon et la richesse linguistique du dialecte bourguignon durant toute sa vie. Cet « alphabet nouveau »54 qui unit ses racines terriennes et le langage de tous les jours, nous demeure à la fois mystérieux et attrayant. Dans cette harmonie s’incruste un autre délice : celui de nommer. Plaçant un texte de Colette devant nous, nos yeux sont de temps en temps charmés par une longue énumération du vocabulaire horticole. Cette exhibition des plantes, surtout des fleurs, ne produit pas seulement une vision multicolore, mais aussi un festin auditif. Dans ses écrits parsemés de vocabulaires particuliers, on a parfois l’impression que c’est l’articulation des consonnes et des voyelles qui réveille en elle le sens d’écriture. Julia Kristeva, dans son livre intitulé Le Génie féminin, a avancé une comparaison intéressante entre Colette et Proust :
Contrairement à Proust dont la mémoire suit l’association des souvenirs sensibles, Colette, qui habite et ressent la langue avant toute chose, se laisse guider par la musique des mots pour mettre en ordre sa mémoire.

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Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE I – POÉTESSE ET PEINTRE
1.1 GRISERIE PHONÉTIQUE DE COLETTE
1.1.1 Allitération
1.1.2 Euphonie
1.2 FESTIN DE COULEURS DE ZHANG AILING
1.2.1 Touches multicolores sur une toile de fond sombre
1.2.2 Synesthésie sur les couleurs
CHAPITRE II – NATURE SOUS LA PLUME, SOUS LE PINCEAU
2.1 NATURE INTACTE DE COLETTE
2.1.1 Arabesque
2.2.2 Flore et Faune
2.2 NATURE RETOUCHÉE DE ZHANG AILING
2.2.1 Nature symbolique
2.2.2 Nature métamorphosée
CHAPITRE III – MONDE ARTISTIQUE MÉTAPHORIQUE
3.1 LA NAISSANCE DU JOUR DE COLETTE
3.1.1 Métaphore de l’aube
3.1.2 Féministe ?
3,2 LE NIHILISME DE ZHANG AILING
3.2.1 Métaphore du miroir
3.2.2 Double Démythification
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

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