Modélisation de l’activité créative pluridisciplinaire en conception architecturale centrée utilisateur

Processus de conception architecturale centrée utilisateur

Avant d’analyser les démarches actuelles de prise en compte de l’utilisateur futur en conception architecturale, il est nécessaire de comprendre la spécificité du processus de conception architecturale. Nous explorons ici l’activité générale d’élaboration du projet et les taches effectuées lors de la démarche conceptuelle en considérant les représentations intermédiaires. Sur la base de connaissances sur le processus de conception architecturale, nous explorons plus particulièrement la prise en compte de l’utilisateur futur dans ce processus.

Processus d’élaboration du projet architectural

L’étude des approches de modélisation du processus de conception architecturale met en évidence que les étapes de la conception énoncées par H.A. Simon (l’intelligence, la conception, la sélection et l’apprentissage) restent centrales avec quelques spécificités liées au domaine de l’architecture. La phase d’intelligence doit intégrer des éléments favorisant la génération de l’image de l’objet à bâtir. La conception repose avant tout sur la construction de représentations visuelles et la phase de sélection, quant à elle, consiste à proposer la ou les représentations au maître d’ouvrage. Le processus est alors une suite de cycles exploration/proposition (ou programmation / élaboration) qui doivent être suffisamment proches pour faciliter la prise en compte des évolutions. Ici, la place du maître d’ouvrage et/ou du futur utilisateur ne doit pas être négligée. Ce processus est incrémental, car la solution se précise au fur et à mesure que l’on progresse, et itératif, la progression étant rythmée par un ensemble de cycles identiques [Halin 2004].
Selon Lebahar, le processus d’élaboration du projet architectural est considéré comme un ensemble de situations de résolution de problème qui met les acteurs en demeure de produire une solution. D’autres le considèrent comme un processus qui donne naissance à des systèmes et prédit leur accomplissement d’objectifs donnés [Sless, 1978].

Processus conception architecturale d‘intégration des informations relatives à l’utilisateur futur : itératif et séquentiel

Comme processus stratégique de conception architecturale en vue d’intégrer des informations relatives à l’utilisateur future, nous prendrons comme référence un processus modélisé par Zwemmer [Zwemmer 2008]. Ce modèle se consacre à organiser des activités ayant lieu dans les phases amont et à y positionner des acteurs concernés qui fournissent des informations relatives à l’utilisateur futur.
Selon ce processus, il y a trois phases principales qui constituent un échange d’informations entre l’architecte, le demandeur de projet et futurs utilisateurs. Au cours de la phase stratégique les sources d’information sont distinguées.
Données d’évaluation des anciens projets, Résultats de l’analyse des besoins, Valeurs générales du demandeur du projet.
Dans cette phase, le travail consiste à réaliser la formulation d’un briefing stratégique du projet pour sélectionner l’un des concepts préliminaires proposés, et à organiser des ateliers stratégiques de communication ouverte entre les acteurs concernés du projet.
La phase préliminaire commence avec un briefing du projet complété qui devrait être fondé sur les concepts proposés par l’architecte. A ce stade, l’on aboutit à un plan plus détaillé. L’évaluation des concepts proposés fournit un aperçu sur les idées de l’architecte combinées avec des informations plus précises issues de l’évaluation d’anciens projets architecturaux, et les apports de professionnels ou consultants.
La phase de détail commence par l’évaluation de la conception représentée sous forme de schémas, et la mise en place d’un briefing plus détaillé. Tout au long de cette phase, de nouvelles représentations relatives à l’utilisateur futur sont traduites selon un briefing et des concepts plus détaillés.

Génie industriel et sciences de la conception

La Fédération des Sciences des Systèmes et des Produits Industriels définit le Génie industriel comme suit [Guidat 1996] :
«une science de l’action à l’interface des sciences de l’ingénieur et des sciences de l’homme permettant de piloter l’ensemble des interactions qui gouvernent les systèmes industriels au niveau de leur conception, leur mise en place et leur conduite» Le Génie Industriel rassemble un grand nombre de disciplines toutes liées au fonctionnement de l’entreprise. Il associe vers un même objectif des sciences pour l’ingénieur, les sciences économiques et les sciences sociales. De manière plus pragmatique, le Ministère de l’Industrie définit le Génie Industriel comme l’association transversale de disciplines scientifiques classiques avec les sciences humaines et sociales. Le Génie Industriel concerne tout le cycle de vie d’un produit ou d’une fourniture, depuis l’analyse du besoin jusqu’au suivi après vente, la récupération et/ou la gestion des déchets générés Min 1995. Notre recherche qui s’insère dans le génie industriel et dans les sciences de la conception a pour objet de proposer un processus de conception intégrant des plusieurs disciplines scientifiques avec des éléments constituant (concepteurs, utilisateurs et des équipements de production).

Evolution de la démarche d’intégration des informations relatives à l’utilisateur

L’intervention des informations relatives à l’utilisateur s’est effectuée initialement dans les phases aval de la conception. Elle n’était constituée que de tests utilisateurs avec un produit quasiment fini pour corriger d’éventuelles erreurs [Lim 2003].
L’intervention de l’ergonome avait souvent lieu au stade des tests utilisateur où la conception de produits est quasiment finie. Bien qu’elle permette pour l’amélioration du produit, cette intervention tardive n’apportait pas une contribution suffisante. Les modifications apportées dans cette phase prenaient beaucoup de temps.
Tout le monde s’accorde sur le fait que l’intervention des informations sur la qualité vis-à-vis de l’utilisateur devrait être portée plus en amont.
Dans les années 1990, l’intervention de l’ergonome ne se concentre plus seulement sur la correction des erreurs sur le produit. Elle commence à participer à l’activité de recherche de solutions pour modéliser un système du produit de manière itérative.
Les démarches de conception de produits offrent de multiples moyens pour intégrer les informations sur l’utilisation. Cependant, elles trouvent leurs limites dans le modèle linéaire et séquentiel du processus [Visser et Hoc 1990] [Darses 1997]. En effet, l’utilisation supposée du produit est dépendante de la formulation du concept à étudier ; un concept est formulé, puis soumis à un processus d’évaluation sur l’utilité.
Dans le même sens, selon Haué, lorsque la technique est très contraignante et joue un rôle principal dans les phases amont de définition des concepts, la prise en compte de l’utilisateur se limite bien souvent à une approche corrective des produits [Haué 2004].
Cette position dans le processus ne permet pas une création de valeur vis-à-vis de l’utilisateur qui intègrerait réellement les données liées à celui-ci dans les phases amont. Aujourd’hui, il est nécessaire d’élaborer une démarche susceptible de prendre en compte les informations relatives à l’utilisateur comme source créative dans les phases amont de génération des concepts. La prise en compte de l’utilisateur futur ne consiste pas seulement à assurer l’acceptabilité de la fonction du produit, mais plutôt à satisfaire les attentes de l’utilisateur futur en considérant les dimensions émotionnelle et sociale. Cependant, il n’est pas évident d’intégrer des informations de ce type qui sont par nature qualitatives. Cette intégration est encore plus difficile lorsque des concepts sont élaborés puisqu’à la conception technique ce qui est la manière la plus courante actuellement. Les démarches de conception de produits centrées sur des aspects d’ingénierie technique nécessitent une intégration des informations qualitatives sur l’utilisateur futur en amont du processus de conception.

Description de la conception architecturale

Depuis les années 1980, plusieurs auteurs ont entamé une réflexion sur les concepts fondamentaux de la conception architecturale.
Un certain nombre de théoriciens du design, soutiennent la notion spécifique de problèmes à résoudre, au fur et à mesure du processus de conception [Dorst et Cross 2001]. Ceux-ci souhaitent se libérer des contraintes engendrées par une approche systématique en essayant d’étudier le processus à partir d’un autre point de vue basé sur la pratique architecturale où les notions de bouclage et d’itération sont omniprésentes [Laaroussi 2007].
Ainsi, le modèle de Darke permet d’explorer la façon dont les différents acteurs et en particulier les architectes se comportent dans des situations de résolution de problèmes (qualifiées de complexes), en tenant compte de paramètres complémentaires qui peuvent influencer la proposition finale. Pour Darke, la tâche des architectes est considérée «comme une succession de propositions de formes soumises aussitôt à un examen critique précédé d’une prise de position délibérée de l’architecte qu’elle appelle, le générateur primaire» Darke 1979, cité par Conan 1990+.
Dans le même ordre d’idée, d’autres auteurs Zeisel 1984], [Conan 1990], [Prost 1992], [Farel 2000] considèrent la conception comme un ensemble de systèmes complexes, dynamiques représentée par un enchevêtrement intelligible et finaliste d’actions interdépendantes *Le Moigne 1990+. Ils mettent en évidence la différence qui existe entre les problèmes de la conception et les problèmes scientifiques [Bendeddouch 1998].
Zeisel décrit le processus de conception comme un système d’apprentissage « autour duquel se construit une œuvre et s’acquiert une expérience » [Zeisel 1984, cité par Conan, 1990] dont l’organisation s’élabore autour de nombreuses caractéristiques. La conception architecturale, selon Zeisel, s’articule d’une part à partir de trois activités primitives autour desquelles s’établissent l’émergence de l’idée et la constitution de l’objet architectural.
D’autre part, l’usage de deux types d’informations complémentaires dont la première décrit les données relatives à l’image mentale que l’architecte possède du futur objet architectural, sert à concevoir l’image conceptuelle qui doit être mise à l’épreuve, par le biais d’une deuxième information, l’image. Cette dernière n’est pas nécessairement différente de la première. Toutefois, son contenu est utilisé à des fins d’évaluation .

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
Objectif de la recherche
Problématique de la recherche
Spécificité de la recherche
Apports de la thèse
Organisation du document de thèse
1. PREMIERE PARTIE : Contexte de la recherche
1.1 Positionnement scientifique 
1.1.1 Génie industriel et sciences de la conception
1.1.2 Axes de recherche du LCPI et positionnement de thèse
1.1.3 Prise en compte de l’utilisateur en conception de produits nouveaux
1.1.3.1 Nécessité d’intégrer les informations relatives à l’utilisateur en conception de produits
1.1.3.2 Evolution de la démarche d’intégration des informations relatives à l’utilisateur
1.1.4 Conclusion
1.2 Domaine d’application : Conception architecturale 
1.2.1 Aspects caractéristiques de la conception architecturale
1.2.1.1 Description de la conception architecturale
1.2.1.2 Représentations intermédiaires en conception architecturale
1.2.1.3 Démarche conceptuelle de l’architecte
1.2.1.4 Problèmes mal définis
1.2.1.5 Nécessité d’une activité pluridisciplinaire
1.2.2 Méthodologies existantes : prise en compte de l’utilisateur en conception architecturale
1.2.2.1 Approche analytique
1.2.2.2 Participation directe de futurs utilisateurs au processus de conception architecturale
1.2.2.3 Intervention de l’ergonome en conception architecturale
1.2.3 Conclusion
1.3 Conclusion de la première partie
2. DEUXIEME PARTIE : Problématique et Hypothèse de modélisation
2.1 Problématique de recherche 
2.1.1 Processus de conception architecturale centrée utilisateur
2.1.1.1 Processus d’élaboration du projet architectural
2.1.1.2 Processus de conception architecturale d’intégration des informations relatives à l’utilisateur futur : itératif et séquentiel
2.1.2 Constat 1 : Intervention du consultant en ergonomie
2.1.3 Constat 2 : Variabilité des avis des futurs utilisateurs
2.1.2 Constat 1 : Intervention du consultant en ergonomie
2.1.3 Constat 2 : Variabilité des avis des futurs utilisateurs
2.1.4 Constat 3 : Communication entre l’architecte et les futurs utilisateurs
2.1.5 Enoncé de la problématique
2.1.6 Conclusion
2.2 Hypothèses de modélisation 
2.2.1 Hypothèse 1 : Intervention de l’ergonome dans la démarche conceptuelle
2.2.2 Hypothèse 2 : Méthodes et outils de créativité de manière collective
2.2.3 Hypothèse 3 : Evaluation des concepts par les futurs utilisateurs
2.2.4 Conclusion : Modèle théorique du processus de conception architecturale basé sur les processus NPD
2.3 Conclusion de la deuxième partie
TROISIEME PARTIE : Expérimentation
3.1 Principes de l’expérimentation
3.1.1 Objectifs expérimentaux
3.1.2 Limites de l’expérimentation
3.1.3 Projet architectural : Habitat d’urgence
3.1.3.1 Pourquoi l’habitat d’urgence
3.1.3.2 Objectifs du projet
3.2 Expérimentation 1 : Génération de concepts globaux
3.2.1 Objectif de l’expérimentation 1
3.2.2 Protocole de l’expérimentation 1
3.2.3 Génération de nouvelles idées
3.2.3.1 Protocole et méthodes
3.2.3.2 Résultats
3.2.3.3 Synthèse
3.2.4 Génération et développement des concepts
3.2.4.1 Protocole et méthodes
3.2.4.2 Résultats
3.2.4.3 Synthèse
3.2.5 Evaluation et sélection des concepts
3.2.5.1 Protocole et méthodes
3.2.5.2 Résultats
3.2.5.3 Synthèse
3.2.6 Discussion
3.3 Expérimentation 2 : Développement des concepts détaillés
3.3.1 Objectif de l’expérimentation 2
3.3.2 Protocole et méthodes
3.3.2.1 Modélisation des concepts sélectionnés en réalité virtuelle
3.3.2.2 Questionnaire et interview avec grille d’évaluation
3.3.3 Evaluation des concepts en réalité virtuelle
3.3.3.1 Résultats
3.3.3.2 Synthèse
3.3.4 Discussion
3.4 Expérimentation 3 : Evaluation du modèle de processus par 6 architectes
3.4.1 Objectif de l’expérimentation 3
3.4.2 Protocole
3.4.3 Résultats
3.4.3.1 Créativité en conception architecturale
3.4.3.2 Intégration des informations relatives à l’utilisateur futur dans les phases amont
3.4.3.3 Intervention pluridisciplinaire lors de la génération de concepts
3.4.4 Synthèse
3.5 Conclusion de la troisième partie
4. QUATRIEME PARTIE : Modèle de processus de conception architecturale basé sur les modèles NPD
4.1 Présentation du modèle
4.1.1 Discussion relative au modèle et à l’hypothèse 1
4.1.2 Discussion relative au modèle et à l’hypothèse 2
4.1.3 Discussion relative au modèle et à l’hypothèse 3
4.1.4 Conclusion
4.2 Apport relatif au modèle : Optimisation des démarches du processus de conception amont, par l’intégration des informations relatives à l’utilisateur futur
4.2.1 Mise en œuvre du modèle
4.2.2 Phases suivantes du processus de conception amont
4.3 Conclusion de la quatrième partie
CONCLUSION GENERALE ET PERSPECTIVES
Références bibliographiques

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