Modèle théorique infirmier : Hildegarde Peplau

Modèle théorique infirmier : Hildegarde Peplau

Contexte

Prévalence Selon l’OMS (2016), la schizophrénie toucherait 21 millions de personnes dans le monde soit 12 millions d’hommes et 9 millions de femmes. En Suisse il y aurait 85 000 personnes souffrant de cette pathologie (Association des journées de la schizophrénie, 2018). En 2014, la schizophrénie représentait 29,9% du nombre d’hospitalisations en psychiatrie en Suisse (Observatoire suisse de la santé [OBSAN], 2016) et durant l’année 2016, 15 117 personnes ont été hospitalisées (Office fédéral de la statistique [OFS], 2017). Wittchen et al. (2011) avancent que, parmi les maladies psychiques, les coûts liés à la schizophrénie seraient les plus élevés. En Suisse, les coûts moyens de la schizophrénie seraient estimés à 50’000 francs par patient et par an (Laboratoire Universitaire de Recherche en Neurosciences Psychiatriques [LUNEP], 2015). 1.2 Histoire En 1908, le psychiatre suisse Eugen Bleuler définit le terme de « schizophrénie », signifiant fractionnement de l’esprit. « Schizophrénie » provient du grec « σχίζειν » (schizein), le fractionnement, et de « φρήν » (phrèn), l’esprit. C’est en 1983 que débute le projet du CIM 10 [classification internationale des maladies], dans le but d’uniformiser le diagnostic en psychiatrie. Cet ouvrage catalogue les maladies et une très vaste variété de signes et symptômes. C’est dans cette édition qu’apparaît pour la première fois le diagnostic de la schizophrénie (Baud, 2003). La pathogenèse exacte de la schizophrénie demeure inconnue, cependant la recherche suggère que l’étiologie de la schizophrénie est multifactorielle et peut inclure des composantes génétiques, environnementales et inconnues (Haller, Padmanabhan, Lizano & Torous, 2014). 1.3 Caractéristiques de la maladie La schizophrénie est caractérisée par des symptômes dits « positifs ». Ils comprennent les délires, les hallucinations, les troubles de la perception de soi ainsi que les troubles de la pensée qui affectent la communication et le langage (CHUV, 2015), mais également des symptômes « négatifs » comprenant un manque d’énergie et de motivation, une apathie, une dysrégulation affective (Gourion et al., 2004) ainsi que le retrait social (CHUV, 2015). 10 Les délires sont des tentatives d’auto soins qui permettent de donner sens à l’angoisse et ils ne s’exprimeront pas toujours de la même manière chez chaque individu (Lavoine & Boutenchouf, 2012). Ils se manifestent par un trouble du traitement et de l’intégration de l’information se caractérisant par une distorsion de la réalité, de la pensée, des émotions, du sens de soi et du comportement. Ils affectent le fonctionnement de la pensée, celle-ci devient inhabituelle avec des croyances irréelles, de fausses convictions auxquelles le sujet adhère, des hallucinations peuvent également être présentes (Liorca, 2006). La personne qui souffre de schizophrénie est souvent seule et isolée en raison du fait qu’elle est touchée dans sa communication, son comportement et ses émotions, ce qui se répercute sur son insertion sociale et ses relations (Gourion et al., 2004). 1.4 L’importance de la famille Evert, Harvey, Trauer & Herrman (2003) ont rapporté que les personnes atteintes de schizophrénie qui sont en contact avec leur famille auraient amélioré leur travail et leur rendement général. Ils relèvent également une association positive entre le contact familial et le fonctionnement social. La famille prodigue des soins de longue durée et un soutien continu (Caqueo-Urizar, RusCalafell, Craig, Irarrazaval, Urzua, Boyer & Williams, 2017). Cependant, ce temps consacré à soigner et à s’occuper de leur proche malade peut empêcher les membres de la famille d’avoir un travail à plein temps, ce qui peut avoir pour conséquence l’apparition de problèmes financiers (Caqueo-Urizar et al. 2017). De plus, les proches aidant des personnes souffrant de troubles psychiatriques peuvent être affectés par leur rôle de soignant, entrainant une diminution de leur qualité de vie et de leur capacité à prodiguer des soins (Caqueo-Urizar et al. 2017). Vaughn & Leff (1979) ont démontré que les attitudes familiales reflétant les niveaux élevés de détresse mesurés au moment de la rechute psychotique du proche malade tendaient à prédire des taux plus élevés de rechutes subséquentes. Les facteurs contribuant à cette complexité sembleraient être l’absence d’informations suffisantes sur le diagnostic, une mauvaise communication entre le patient et la famille et des stratégies d’adaptation inefficaces au sein de cette dernière (Caqueo-Urizar et al. 2017). 1.5 Les rechutes La rechute est une réapparition des symptômes de la maladie et une perturbation du comportement après une phase de rémission (Thomas, 2013). Robison et al. (1999) ont 11 estimé que 70% à 82% des patients feraient une rechute 5 ans après un premier épisode. D’après Thomas (2013), il y aurait un taux de rechute de 82 et 84 %, suggérant que 16 à 18 % des patients ne rechutent pas après un premier épisode de schizophrénie. Les rechutes aggraveraient l’évolution normale de la maladie, 17% des patients conserveraient des symptômes résiduels après une première rechute (Shepherd, Watt, Falloon, & Smeeton, 1989). S’ajoute à cela le fait que des symptômes résistant aux traitements psychotropes apparaitraient chez 35 % des patients après une rechute (Kumar, Thara & Rajkumar, 1989). Cela crée un cercle vicieux où chaque rechute accroît le risque de rechutes ultérieures (Kane, 2007). De plus, le risque suicidaire augmenterait après chacune d’elle. En effet, 48 % des patients feraient des tentatives de suicide (Besnier, 2009). Au fur et à mesure des rechutes, le retour à un fonctionnement normal au sein de la société́ devient souvent plus long et supérieur à un an (Higashi et al., 2013).

État des connaissances

Le chapitre qui suit va présenter le concept d’alliance thérapeutique, ce qui peut influencer sa création et ses dimensions. 2.1 L’alliance thérapeutique Le terme d’alliance signifie union par engagement mutuel. Au sens thérapeutique, il a été employé la première fois par Freud en 1913. Il insistait alors sur l’importance d’une alliance forte entre un patient et son soignant2 . Cette dernière nécessite un l’intérêt sérieux et une compréhension bienveillante de la part du soignant pour développer un engagement réciproque avec le patient (Bioy, Bénony, Chahraoui & Bachelart, 2012). Cependant, c’est Carl Rogers qui développa les principes qui rendent l’alliance thérapeutique facilement adaptable aux soins infirmiers psychiatriques (Bioy et al., 2012). L’écoute, la congruence, le non-jugement, la considération positive et l’empathie sont essentiels à la qualité d’une relation centrée sur la personne et dans laquelle la relation entre soignant et soigné est primordiale (Guay, 2009). Selon Luborsky, Crits-Christoph et Alexander (1983), l’alliance thérapeutique recouvre à la fois le soutien que le patient perçoit de la part du thérapeute et l’impression de collaboration avec celui-ci vers un but commun. En soins infirmiers, l’alliance thérapeutique est la création d’une relation de confiance entre l’infirmier et le patient. Grâce à cette dernière ils s’entendent pour travailler ensemble à l’engagement du patient dans un processus de changement et à sa progression vers un mieux-être (Guay, 2009). 2.2 La création de l’alliance La création de l’alliance thérapeutique est influencée par différents facteurs (DeRubeis, Brotman & Gibbons, 2005). Il y a les caractéristiques du patient, psychologiques mais aussi interpersonnelles tels que le soutien social, les relations familiales ou les événements de vie. Toutefois, il semblerait que ce facteur ne soit pas le plus déterminant et que la personnalité du patient n’ait qu’une faible influence dans la création de l’alliance qui reste très malléable (Despland, De Roten, Martinez, Plancherel & Solai, 2000). Ensuite il y a les caractéristiques du soignant. Sa chaleur, sa bienveillance, ses compétences et son respect pour le patient ainsi que son engagement dans la clarification des règles et de la structure du traitement facilitent la construction d’une bonne alliance. Bien que 2 Lire aussi au féminin 14 formé et dans le cadre professionnel, le soignant reste influencé par son propre passé et donc sa perception de la relation (Despland et al., 2000). Puis il y a l’interaction patient/thérapeute. Il semblerait que certains patients soient plus à même de former une bonne alliance avec certains thérapeutes en fonction de divers critères. L’origine ethnique, le sexe et la personnalité pourraient influencer la relation (DeRubeis et al., 2005). Finalement, il y a la technique de soins utilisée telles que la reformulation, la mise en avant des succès thérapeutiques, la justesse des interprétations et l’attention portée aux expériences du patient qui influenceraient de façon favorable l’alliance (Ackerman & Hilsenroth, 2003). Les avis concernant l’évolution de l’alliance au cours de la relation divergent selon les sources et les études (Rodgers et al., 2010). Despland et al. (2000) proposent deux phases dans la construction de l’alliance. La première phase se développe lors des premiers entretiens entre le patient et le soignant. Elle semble associée au climat « affectif » qui règnent entre eux. Le patient se sent soutenu par le soignant, il a l’impression que ce dernier peut l’aider à porter ses difficultés. Plusieurs chercheurs suggèrent que cette première phase n’est pas liée aux caractéristiques du patient, mais qu’elle se développe en fonction du travail et de l’attitude du soignant. La deuxième phase correspond à l’alliance au cours du traitement, phase durant laquelle le patient voit le soignant comme un allié dans un travail en commun afin de lutter contre ses difficultés. Elle peut être plus fluctuante, avec des cycles durant lesquels l’alliance peut être diminuée puis restaurée grâce au travail thérapeutique. Safran, Crocker, McMain et Murray (1990) décrivent cinq principes pour restaurer une alliance thérapeutique. Tout d’abord le soignant doit se rendre compte que l’alliance avec son patient s’est affaiblie. Ensuite, il doit être conscient de ses propres sentiments. Cette étape peut être critique car il se peut que les sentiments du soignant lui servent de baromètre pour évaluer la qualité de la relation. Identifier ses sentiments permet au soignant d’accepter ses responsabilités. S’il n’y parvient pas, certains facteurs inconscients pourraient affecter la relation. Par exemple, si le soignant est en colère contre le patient et qu’il ne s’en rend pas compte, il pourrait le communiquer de manière subtile et cela affecterait la relation. Le soignant doit reconnaître que son rôle dans la relation est l’un des éléments les plus importants pour restaurer l’alliance. Il doit parler des problèmes comme étant « leurs problèmes » et non comme ceux seulement du patient. En plus de cela, il peut être utile que le soignant manifeste une compréhension empathique pour l’expérience que vit le patient durant cette phase de rupture et communique sur ce qu’il a compris. Cela peut permettre au 15 patient de se sentir à nouveau compris et ainsi lui permettre de commencer à explorer ce qui se passe et identifier ses propres sentiments, cela permettant par la suite de les explorer ensemble. Finalement, il est important que le soignant parvienne à maintenir ce lien et favorise la communication afin qu’il puisse à nouveau y avoir une alliance thérapeutique.

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Table des matières

Déclaration
Remerciements
Résumé
Mots-clés
Liste des abréviations
Liste des tableaux
Liste des figures
Table des matières
Introduction
1. Contexte
1.1 Prévalence
1.2 Histoire
1.3 Caractéristiques de la maladie
1.4 L’importance de la famille
1.5 Les rechutes
1.6 L’adhérence au traitement
1.7 Enjeux de la prise en soins
2. État des connaissances
2.1 L’alliance thérapeutique
2.2 La création de l’alliance
2.3 Les dimensions de l’alliance
3. Modèle théorique infirmier : Hildegarde Peplau
3.1 Les métaconcepts
3.2 Les phases de la relation
3.3 Les rôles
4. Question de recherche
5. Méthode
5.1 Sources d’information et stratégie de recherche documentaire
5.2 Diagramme de flux
6. Résultats
6.1 Analyse critique des articles retenus
6.2 Tableau synoptique
6.3 Résultats par thèmes
6.3.1 L’alliance thérapeutique
6.3.2 La connaissance de la maladie/du traitement
6.3.3 Le fonctionnement global
6.3.4 La consommation de substances
6.3.5 Les traitements
6.3.6 Temporalité
6.3.7 La sévérité de la psychose
6.3.8 Les facteurs du point de vue des patients
6.3.9 Favoriser l’adhérence
7. Discussion
7.1 L’alliance thérapeutique
7.2 Identifier les facteurs de risque
7.3 L’éducation thérapeutique
7.4 Le plan de soins
7.5 Développement personnel
8. Conclusion
8.1 Limites et apports du travail
8.2 Recommandations
8.2.1 Pour la pratique
8.2.2 Pour la recherche
8.2.3 Pour l’enseignement
Bibliographie

 

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