MOBILITE PASTORALE ET PRATIQUES SPATIALES DANS L’UTILISATION DE L’ESPACE

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Hypothèses de recherche

Pour bien aborder ce sujet, nous sommes partis d’une hypothèse générale, avant de faire sortir des hypothèses spécifiques afin de mieux construire l’argumentaire de notre réflexion.
L’espace pastoral tend vers une disparition dans le nord Ferlo :
 Hypothèse spécifique 1 : les pratiques spatiales ont des conséquences sur la mobilité pastorale dans le nord Ferlo ;
 Hypothèse spécifique 2 : l’ampleur des déplacements des pasteurs a des impacts sur leur vie sociale ;
 Hypothèse spécifique 3 : la mobilité pastorale est source de conflits entre agriculteurs et éleveurs dans le nord Ferlo ;
 Hypothèse spécifique 4 : les forages ont participé à la modification de l’espace pastorale ;
 Hypothèse spécifique 5 : il existe des enjeux entre la communalisation intégrales et l’émergence de l’activité pastorale dans le nord Ferlo ;
Voici autant de points sur lesquels nous tenterons d’apporter des éclaircissements qui permettront de construire un argumentaire tout au long de ce travail.

Méthodologie de recherche :

La méthodologie de recherche est incontournable et importante à toute recherche scientifique. Elle nécessite à la fois des connaissances théoriques et des travaux de terrains pour mieux appréhender et cerner l’ampleur du problème posé. Cela implique une mobilisation forte de différents moyens et sources préparant ainsi à une tentative d’analyse et d’explication. La méthode de recherche appliquée pour réaliser les objectifs de notre étude est basée d’abord sur la recherche bibliographique, ensuite sur la revue documentaire et enfin elle se porte sur la partie la plus importante qui est le travail de terrain. En effet, c’est ce dernier qui va confirmer ou infirmer les différentes hypothèses que nous avons posées au début de notre travail. Celui-ci s’est fait à travers un questionnaire administré à la population ciblée et une rencontre avec les personnes ressources et la collecte d’informations (qualitatives et quantitatives) sur le terrain, auprès des acteurs ciblés. Mais aussi il a été question de faire une observation directe sur le terrain qui est étayée par des prises des photos. Toutes ces raisons nous ont poussés à nous organiser de la manière suivante.

Recherches bibliographique

Elle constitue une première étape pour une recherche scientifique et permet aux chercheurs de se départir du sens commun en étayant leurs propos par des références. En effet, pour formuler un projet de recherche, il paraît essentiel de consulter les ouvrages et les travaux qui ont déjà traité du sujet ou bien qui ont porté leur réflexion sur des approches similaires à notre thème. Ainsi nous avons visité divers centres de documentations répartis entre les institutions universitaires, les organismes de recherches et les cabinets d’études.
A la bibliothèque universitaire (BU), malgré des difficultés pour retrouver des ouvrages, nous avons pu tirer des informations importantes concernant notre thème d’étude. Pour ce qui concerne la bibliothèque de l’IFAN, bien qu’il faut saluer l’organisation, force est de constater que la documentation gagnerait à être ravitaillée par des nouvelles publications. Les bibliothèques du département de géographie, du GERAD, de Enda tiers monde de PRODDEL du CSE, et de l’IRD sont aussi des lieux que nous avons eu l’occasion de visiter. Il faut aussi reconnaître que ces différents centres de documentations présentent une meilleure organisation et une grande disponibilité du personnel.
L’internet aussi est d’une importance capitale dans cette recherche à travers les différents sites qui nous ont facilité la localisation et la cartographie de notre zone d’étude, mais aussi du fait des nombreux articles en lignes réalisé par des groupes d’études et des chercheurs qu’on a eu à consulter et dont les travaux touchent notre domaine de recherche. Compte tenu des difficultés d’accès à certaines structures comme la division du pastoralisme, la direction de l’élevage, la commission nationale chargée de la réforme foncière et certains ministères comme le ministère de l’élevage et de la production animale, le ministère de l’hydraulique, et le ministère de l’agriculture, nous avons exploité d’autres alternatives qui consisteront à chercher ces documents au niveau des ARD.
Toutefois, nous avons toujours continué les démarches pour accéder à ces structures vue qu’elles sont des organes intéressants pour notre étude. Ces visites se sont poursuivies et nous ont apporté beaucoup d’éléments importants. Nous nous sommes aussi rapprochés de plusieurs services locaux et projets de développement résidant dans notre zone d’étude. Pour cela, nous avons ciblé quelques-uns à savoir : le projet des unités pastorales de Wido, le PAPEL, le projet de la grande muraille verte, les archives de la SODESP, les ASUFOR, la sous-préfecture de Mbane, Yang-yang et Keur Momar Sarr, les services locaux de l’élevage, de l’agriculture, les services vétérinaires, les services Eaux et Forêts, les ONG, les chefs de villages, les personnes ressources, les GIE, les organisations de jeunes et de la société civile.

Revue documentaire

De nos jours, se prononcer sur les questions liées à la mobilité pastorale au nord Ferlo est devenu en quelque sorte une répétition, vu le nombre de publication (ouvrages et articles) consacrés sur la problématique du pastoralisme de la zone. Ainsi, pour une meilleur compréhension de notre sujet dans le cadre de ce mémoire de Master II, nous avons eu à consulter un certains nombres d’ouvrages qui vont des ouvrages généraux jusqu’aux articles en passant par des thèses, des mémoires, des revues, des rapports de recherches, des comptes rendus, des quotidiens et même des cours magistraux. Cette revue de la littérature a été d’une importance capitale dans la mesure où elle nous a permis de bien cadrer notre sujet dans une thématique bien déterminée. En effet plusieurs auteurs ont largement débattu sur le pastoralisme en général et sur les questions de la mobilité pastorale en faisant une corrélation avec les pratiques spatiales. C’est pourquoi nous allons organiser la revue littéraire en partant des ouvrages généraux vers les ouvrages spécifiques qui sont en rapport avec notre thématique. Bien que l’analyse du foncier ne soit pas notre principal objectif, nous jugeons nécessaire de l’aborder pour mieux comprendre l’enjeu et la dynamique des pratiques spatiales dans les espaces ruraux Sénégalais. Pour cela, nous avons parcouru au début de cette revue documentaire un certains nombres d’ouvrages qui abordent les thèmes fonciers en Afrique.
L’ouvrage de B. Crousse, E. Le Roy et E. Bris, intitulé : « Espace disputé en Afrique noire : Pratique foncières locales ». Nous a été d’une importance capitale car il nous a donné un aperçu sur les pratiques foncières locales dans les pays africains. En effet, à la page de garde de l’ouvrage, nous pouvions lire un résumé qui attire notre attention sur les problématiques et les enjeux fonciers en Afrique noire : «L’espace demeure un enjeu considérable dans l’Afrique contemporaine. Soumises progressivement aux lois du marché, les immenses superficies du continent sont appelées à rapporter des bénéfices économiques substantiels. L’intervention de l’Etat, dans sa double dimension juridique et politique, pèse d’un point très lourd ; (derrière l’Etat émergent cependant les acteurs particuliers et des logiques contradictoires) (chef coutumier, marabouts géomètres, haut fonctionnaire…) ». Aboutissant à un colloque tenu en décembre 1983 sur les pratiques foncières locales en Afrique noire, cet ouvrage est l’ouvre du réseau international de chercheurs sur la question foncière en Afrique noire. Depuis 1979, ce réseau regroupe des spécialistes de toutes les disciplines qui, en Afrique ou ailleurs, veulent comprendre le sens de l’intervention de l’Etat et du capital dans le statut de la terre en milieux ruraux et urbains ».
Cependant, force est de constater qu’il y’a certains limites du fait de l’évolution des espaces dans le temps. Certaines informations aussi demandent des mises en jour parce que les données citées dans l’ouvrage ont évolué de manière considérable dans le temps et dans l’espace.
L’ouvrage de E. Le Roy, A. Karsenty et A. Bertrand, intitulé : « la sécurisation foncière en Afrique » : Pour une gestion viable des ressources renouvelables, est pour nous d’une importance capitale, dans la mesure où il nous a permis de voir les conséquences qui peuvent découler d’une mauvaise sécurisation foncière. Cependant cet ouvrage présente des limites dans la mesure où il traite seulement la sécurisation foncière des terres agricole et laisse en rade celle des espaces pastoraux.
Dans l’ouvrage intitulé appropriation de la terre en Afrique noire, Manuel d’analyse et de gestion : il y est noté ici que la question foncière dans les Etats de l’Afrique noire est diamétralement opposée à celles des précédents européens et latino-américains. Les auteurs de cet ouvrage démontrent que les liens fonciers se présentent dans une logique de pratique sociétaire au sens large, même si dans leurs analyses, ils leur ont été difficiles de faire abstraction à la référence juridique. Dans le même sillage, ils ont aussi montré que les politiques foncières élaborées durant le colonialisme sont épaulées par les pratiques relatives au capitalisme avec la pression démographique ainsi qu’avec le glissement de l’agriculture commerciale qui doit composer avec d’autres formes d’organisation.
Ainsi les auteurs affirment que « c’est donc bien en terme d’enjeux à la l’horizon 2000 que se pose la question foncière en Afrique noire. Ces enjeux portent à la fois sur l’organisation de la société, le renforcement du pouvoir étatique et la maitrise de l’espace national». On note dans cet ouvrage la présence de géographe ; ainsi Emile le Bris sur le statut foncier dans les études menées par les géographes en Afrique de l’Ouest précise que le dessein de cette note est de montrer le point de vue des géographes sur les problèmes fonciers, puisqu’il existe tout un tas de point de vue et qu’aussi la question foncière est beaucoup plus traitée par les juristes, les sociologues, anthropologues, etc. que par les géographes.
Il est clair que le foncier, malgré son caractère autonome et important n’est pas privilégié par les géographes. La réduction de la dialectique à la logique est le moyen fondamental pour réussir à élimer les contradictions et faire apparaître une cohérence. En Afrique noire on observe une coexistence très habituelle dans les zones d’agriculture stabilisée de différents droits, sur la même terre : droits superposés et hiérarchisés à l’image d’une construction sociale de type fédéral ou semi-fédéral, par exemple : droits industriels qui sont entrains de remplacer les droits collectifs. Les droits modernes offrent des paramètres spatiaux ou d’organisations spatiales plus faciles à représenter à une carte contrairement aux formes d’organisations précoloniales.
Les sociétés d’Afrique noires ont connu des bouleversements majeurs dans leur histoire qui ont influé le régime foncier traditionnel à savoir l’influence de l’Islam sur les biens des sociétés africaines, des normes occidentales.
Cet ouvrage est intéressant en ce sens qu’il aborde les rapports des hommes à la terre qu’ils possèdent et utilisent, mais faut-il noter toujours que les auteurs de ces ouvrages s’intéressent plus sur le foncier qui est en lien avec les activités agricole que sur le foncier pastoral. Cependant, les questions traitées nous ont beaucoup aidés à mieux comprendre la dynamique foncière surtout dans les espaces ruraux africains. Mais au regard de tous les œuvres en rapport avec le foncier on déplore quand même l’inexistence d’une analyse approfondie des points qui touchent directement les questions pastorales.
Ainsi après cette revue des ouvrages dont leur thème sont relatif aux questions et pratiques foncières, nous allons aborder ceux dont les thèmes abordent le pastoralisme en générale et les questions liées à la mobilité pastorale en particulière.
C’est ce qui nous amène à interroger la thèse du professeur Cheikh BA, « les peuls du Sénégal ». Etude géographique, dans sa partie consacrée aux questions pastorale, nous avons tirée beaucoup d’informations relatives à notre thématique de recherche et dans notre zone d’étude. Ce dernier à aborder des questions liées au pastoralisme en faisant une corrélation de ceux-ci avec les autres pratiques spatiales. Il a aussi montré comment la législation Sénégalaise a influencé l’évolution de l’espace pastoral et par conséquent du foncier pastorale. Il va plus loin en montrant que dans la vallée du Sénégal, c’est surtout le développement de l’agro-industrie qui limite l’accès aux pâturages. Cependant, il est important de signaler que les informations fournies méritent des mises en jours dans la mesure qu’elles sont développée dans un contexte diffèrent du nôtre, en réalité trente ans avant notre étude. Les limites se situent aussi dans le fait que le pastoralisme, étant une activité qui évolue dans le temps et dans l’espace est en perpétuelle mutation.
Mais il faut noter qu’au-delà de son apport scientifique considérable, cet ouvrage nous a permis en tant que jeunes en quête du savoir d’avoir plus de motivation dans nos recherches et plus d’amour à notre discipline qui est la géographie.
L’ouvrage de Brigitte Thébaud : intitulé « foncier pastoral et gestion de l’espace au sahel, peuls du Niger oriental et du Yanga Burkinabé » représente pour nous d’une importance capitale, en effet, consacrant une profonde analyse à la gestion des espace pastoraux au sahel, elle nous a permis d’avoir une idée sur les modes de gestion des espaces dans deux zones différentes des nôtres et dont le caractère sahélien constitue un point commun. Par ailleurs, il nous a permis d’avoir une approche sur le fondement du pastoralisme dans le sahel tout en restant dans le dynamique de la mobilité pastorale qui apparait comme une stratégie commune à tous les pasteurs des pays sahéliens. Cependant ces limites se situent au niveau de son approche qui relève plus de la sociologie et de l’anthropologie que de la géographie.
La thèse de Astou Sougou Diao, intitulée « Le rapport au changement en société pastorale, Le cas des éleveurs du Ferlo et de Colonnat » a été d’un apport considérable dans la mesure que l’une de ces zone d’étude corresponde au nôtre et ceci nous a permis de tirer des informations relative à notre sujet. Néanmoins elle présente des limites par rapport à notre démarche, dans le sens où elle se fonde sur une approche sociologique et anthropologique.
L’ouvrage de Marguerite Dépire qui porte sur les pasteurs Wodabé du Niger est important aussi dans la mesure où il nous éclairé sur les systèmes pastoraux d’un autre pays sahélien qui est le Niger, en effet celui-ci nous a permis de dégager les point de convergences et divergences dans les modes de gestion des espaces pastoraux entre le Niger et le Sénégal étant tous des pays appartenant à la bande sahélienne et où les réalités écologique sont presque les mêmes. Mais cependant, cet ouvrage présent des limites par rapport à notre sujet, en effet les points développés dans cet ouvrage touchent plus l’aspect culturel des pasteurs que leurs pratiques pastorales. L’ouvrage de Barral intitulé : « le Ferlo des forages, gestion ancienne et actuelle de l’espace pastorale, nous a permis d’avoir une idée sur la gestion de l’espace pastoral dans le Ferlo dans les années 1980 mais aussi d’avoir un aperçu sur les mutations socio-spatiales que l’implantation des forages à apporter dans les espaces pastoraux du Ferlo. En outre il nous a permis de mesure la dynamique de l’évolution des espaces pastoraux dans le Ferlo sur un intervalle de trente-trois ans.
L’ouvrage d’Ahmadou Aly Mbaye, David Roland Holst et Joachim Otte, intitulé : « Agriculture, Elevage et Pauvreté en Afrique de l’Ouest» nous parait moins intéressant par rapport à notre thème. En effet, malgré les informations révélées dans la participation du secteur l’élevage dans l’économie des pays ouest africains, il se limite seulement à l’aspect économique de l’élevage sans dégager les fondements et les contraintes de l’élevage en Afrique de l’Ouest.
En effet, Mame Arame Soumaré dans sa thèse intitulée : « évolution des systèmes de production agro-pastoraux de la moyenne vallée du fleuve Sénégal (Rive Gauche) : Approche géographique » nous informe sur les mutations des espaces agro-pastoraux avec la maitrise de l’eau par la construction du barrage de Diama et les changements qui vont avec dans le delta du fleuve Sénégal, une ancienne zone de prédilection des pasteurs.
Le mémoire de DEA de Adama Abdoulaye Ndiaye à l’Institut des sciences de l’environnement (IST) qui porte sur : « la relation foncière/ Ressources végétales dans la gestion locale : exemple de la Communauté Rurale de Mbane », nous a donné une idée sur les relations foncières dans une commune qui fait partie de notre zone d’étude 20 ans avant le contexte de notre sujet. Elle constitue en quelque sorte pour nous une rétrospective de la situation foncière qui prévalait dans cette zone, mais aussi le rôle joué par le Lac de Guiers dans la pression foncière notée dans la zone surtout dans les communes de Mbane et de Syer.
En grosso modo, les études qui ont été fait sur le foncier et le sur le pastoralisme au Sénégal, portent en grande partie sur l’évolution des systèmes d’exploitation et d’occupation de la terre surtout sur les enjeux économiques, politiques et socio-culturaux pour le contrôle de la terre. Ceux-ci se traduisent par des conflits entre acteurs ; conflits entre pratiques traditionnelles et pratiques modernes dans la gestion de la terre ; et conflits entre programme étatique de développement agricole et réalités sociales, économiques et culturelles du terroir concerné.
Cependant, nous avons constaté que ces différents s’ouvrages ont abordé sommairement les questions liées au pastoralisme. En dehors de celui de Cheikh BA, les peul du Sénégal, de celui d’Astou Sougou Diao, de Brigitte Thébaud, les autres traitent le plus des questions liées à l’agriculture et ne s’intéressent à l’élevage que par son caractère extensif en faisant des études descriptives des systèmes pastoraux. Cependant, les articles présentent pour nous plus d’avantages dans la mesure où ils sont plus récent et traite de façon plus approfondies les questions liées à la mobilité pastorale.

Les enquêtes de terrains

Elles se sont faites sous forme de questionnaire et ont consisté à la collecte d’informations complémentaires sur le terrain d’étude notamment auprès de la population ciblée des cinq communes. Elles se sont déroulées durant les mois de septembre et octobre 2015 dans les cinq communes ciblées, pendant cette période aussi, nous nous sommes entre tenu avec plusieurs responsables de la zone. Les clichés insérés dans le document sont de même pris pendant cette descente sur le terrain. Les guides d’entretien ont consisté à des échanges avec les responsables, les élus locaux, les personnes ressources, les services déconcentrés de l’Etat… Pour se faire, nous avons procédés à l’enquête à la fois qualitative et qualitative. Pour l’enquête qualitative, nous avons utilisés le guide d’entretien et pour l’enquêtes quantitatives le questionnaire. Dans le but de mieux analyser la problématique du sujet, nous avons établi deux questionnaires pour nos enquêtes de terrain. Ces questionnaires sont répartis comme suit, un questionnaire composé de 68 questions administrées aux éleveurs dans quelques villages ciblés, étant donné que les moyens font défaut ; un questionnaire constitué de 25 questions adressées aux responsables d’ASUFOR dans onze forages. Pour cela, le choix des villages enquêtés est justifié d’abord par leur situation et leur place dans l’activité pastorale. Ainsi sur le terrain, le travail a consisté à effectuer des travaux d’enquêtes à passage unique chez 150 transhumants dont 10% de femmes répartis dans cinq communes. Ces enquêtes sont couplées à des interviews et des guides d’entretien auprès des élus locaux, des personnes ressources et des services techniques, ONG/Associations travaillant avec des transhumants dans chaque commune. L’étude s’est déroulée dans le Ferlo Sénégalais plus précisément dans sa partie nord qui correspond aux communes de Mbane, Syer, Tessékéré, Mboula et Mbeuleukhé. Les investigations proprement dites se sont déroulées durant les mois de septembre et octobre 2015.
Etant donné aussi que l’étude ce fait à l’échelle de cinq communes, nous avons interrogés 30 ménages par communes. En effet, dans les espaces pastoraux, les forages constituent à la fois le pivot du fonctionnement de l’espace et l’élément polarisateur, le choix des villages qui ont abrité les ménages en question s’est fait à partir des forages, mais aussi l’accent est mis sur les villages qui se situent sur les frontières des différentes communes et ceux en voisinage avec les aménagements hydro-agricoles.

Historique du peuplement

Le nord Ferlo est peuplé majoritairement par deux groupes ethniques, les peuls et les wolofs avec l’agriculture comme activité principale. Ces derniers habitent dans les gros villages abritant pour la plus part des cas les infrastructures hydrauliques (puits et forages) et dont la majeure partie est érigée aujourd’hui en commune avec l’Acte III de la décentralisation. D’après les sources, les peuls du Diolof sont originaires du Macina (Dupire. M, 1970). Ils ont fait un long séjour au fouta avant de migrer vers le sud et occuper le Ferlo. Ils furent officiellement autorisés par le Bourba à s’installer dans le royaume wolof (Timéra 98).
Les peuls constituent aussi un groupe important et peut être le plus représenté dans cette zone. Cependant ces derniers se regroupent généralement en fraction, nous pouvons distinguer quelques lignages : « les bisnabés, les bakarnabés, les hayrankobé, les Wodabé, les walwalbés… » Contrairement aux wolofs qui habitent dans des villages assez grands et regroupés, les peuls, compte tenu de leur de vie qui impose certaines techniques préfèrent l’habitat dispersé dans l’espace. Ainsi on les trouve dans des villages et campements satellites éparpillés et gravitant autour du village centre souvent abritant les forages. En dehors de ces deux groupes majoritaires que constituent les peuls et wolofs, nous pouvons citer des groupes ethniques secondaire, parmi lesquelles, nous pouvons citer les maures et les sérères qui ont adopté des modes de vies similaire à ceux des premiers. Cette dominance des peuls dans la répartition des ethnies de la zone et dans l’activité pastorale est confirmée par l’échantillon que nous avions pris. En effet, sur les cent cinquante que nous avons interrogés, les peuls représentent 94%. Cependant, même si ils représentent l’ethnie majoritaire dans le nord Ferlo, ils ne sont pas les seuls à pratiqué l’activité pastorale. En effet, sur l’échantillon que nous avons interrogé, d’autres ethnies apparient dans la pratique de l’élevage pastoral. C’est le cas des sérères (2,7%) les wolofs (0,7%) et les maures (0,7%)
En dépit de toute cette diversité ethnique, il faut noter que le nord Ferlo n’est pas aussi peuplé que les autres espaces ruraux Sénégalais.
En raison des faibles densités de population et de l’éloignement des centres urbains majeurs, le nord Ferlo se présente comme un espace « creux » au centre du territoire national mais très propice pour le développement du pastoralisme. Il y est inégalement intégré : à l’ouest et au nord, les densités de population, les réseaux de bourgs et de petites villes, les infrastructures de transport et les activités économiques diversifiées sont d’importantes facteurs d’intégrations ; au centre et à l’est, la présence de plusieurs réserves sylvopastorales et réserves de faune et de flore occupant de vastes étendues, la dispersion des implantations humaines, ainsi que l’absence quasi d’infrastructures de transport contribuent à son enclavement.
En ce qui concerne notre zone d’étude, l’espace géographique est plus réduite car s’étendant à l’échelle de cinq communes réparties dans trois départements à savoir Linguère, Dagana et Louga. Elle se situe dans la partie septentrionale du Sénégal, avec un lac (lac de Guiers) qui alimentait autrefois une vallée fossile s’étirant à plus d’une centaine de kilomètres entre Mbane, Keur Momar Sarr et Linguère. Elle couvre un ensemble communément appelé bas Ferlo. Cette dénomination de bas-Ferlo que l’on donne à cette partie du Sénégal est cependant impropre selon certains chercheurs. Selon Delafosse cité par Aidiger 1957 : « le Ferlo est la vaste région semi-désertique, parcourue par les nomades peuls, qui s’étend au sud du fouta entre le diolof et le boundou. Les peuls appellent Ferlo, toute brousse où ils se réunissent pour faire pâturer certaine saisons de pluies au Sénégal ». Ainsi, la vallée morte qui traverse cette région a reçu, à son tour, le nom de Ferlo.
C’est une zone sylvopastorale où l’activité principale est l’élevage extensif avec l’utilisation des pâturages naturels et une forte compétition pour l’accès aux ressources. Cependant, à côté de cet élevage, les populations non éleveurs pratiquent l’agriculture souvent source de conflits car se caractérisant par des champs à perte de vue et sans clôture« openfield », ce qui fait que toujours des conflits surgissent à cause de la divagation des animaux sur les cultures (Timéra 1998) et l’annexe des parcours pastoraux par les agriculteurs. En outre, depuis les années 50, le nord Ferlo est devenu un espace pénétré par les aménagements hydro-agricoles qui vont bouleverser les conditions d’utilisation de l’espace aboutissant ainsi à l’émiettement de celui-ci sous la pression de l’agriculture irriguée et l’avènement des puits et forages. L’étude s’est portée sur un milieu assez spécifique, limitée au Nord par la vallée du fleuve Sénégal, à l’Ouest par le lac de Guiers, au Sud par les communes de Kamb (arrondissement de Yang-Yang) et Warkhokh (arrondissement de Barkédji) et à l’Est par les communes de Fanaye, Labgar et Mbidi. Ces communes constituent dans leur ensemble ; une zone de forte nomadisation des pasteurs venus des horizons diverses et qui joue un rôle essentiel dans la disponibilité des ressources fourragères.
Les espaces pastoraux de ces cinq communes dans lesquelles évoluent les éleveurs que nous avons interrogés présentent certes des diversités mais, il apparait néanmoins dans l’ensemble, comme une zone homogène où nous pouvons noter plusieurs traits communs.
L’étude s’est portée dans la partie nord du Ferlo plus précisément dans cinq communes qui font parties des départements, Linguère, Dagana et Louga, avec une population totale qui s’élève à 54.115 habitant dont 50,2% d’homme et 49,8% de femmes, (RGPHAE) ANSD 2013. De ce fait, vue cet équilibre de nombre entre homme et femme dans cette zone, et la place que ces femmes occupent dans l’activité pastorale, nous avons réservés 10% de nos interlocuteurs aux femmes dans notre échantillon ce qui amène le nombre de femme interrogée à quinze.

Présentation des communes

La commune de Mbane

La décentralisation et le transfert de compétence de gestion et des pouvoirs de décision a suivi un long processus de maturation à partir des années 1972. Différents actes législatifs et réglementaires ont contribué à son renforcement. Celle de 1996 (loi 96-06) a constitué l’avancée la plus significative en matière de gestion du développement par les collectivités locales auxquelles ont été transférés neuf (9) domaines de compétence parmi lesquels le foncier, l’aménagement du territoire et l’environnement. Cela a abouti à la création de plusieurs communautés rurales au Sénégal dont celle de Mbane fait partie.

Situation

La commune de Mbane est située dans l’Hémisphère Nord entre les latitudes 16°48 et 15°92 et les longitudes 15.83° et 15.37°. Elle dépend de l’arrondissement de Mbane (Région administrative de Saint-Louis, département de Dagana). Elle est limitée :
– au Nord par la commune de Ndombo, de Richard Toll et la commune de Gaé
– à l’Est par la commune de Fanaye (département de Podor)
– à l’Ouest par le Lac de Guiers et la Taouey
– au Sud par les arrondissements de Yang-Yang et de Keur Momar Sarr (Région de Louga).
Elle occupe la partie sud de la route nationale N°2 sur l’axe Richard Toll- Dagana. De ce fait, sa position géographique lui confère une place stratégique dans cette partie du Sénégal puisque étant à cheval entre deux milieux éco-géographiques différents par leur vocation, la vallée du fleuve Sénégal à vocation agro-pastorale et le Ferlo à vocation sylvopastorale.

Historique

Mbane est un village qui fut créé en 1854. Suite à la réforme administrative de1972, Mbane fut érigé en communauté rurale et devient le chef-lieu de l’arrondissement portant son nom et regroupant deux communautés rurales: Mbane et Gaé. C’est à la suite du décret n°2008-748 et 2008-749 du 10 juillet 2008, que, respectivement, Gaé fut érigé en commune et Mbane et Bokhol deviennent les deux communautés rurales de l’arrondissement de Mbane.

Cadre physique

La commune de Mbane couvre une superficie de 1.906 Km2 et compte une population estimée à 28.630 habitants (RGPHE ANSD 2013) soit une densité de 15 hbts/km2. Elle est constituée de 65 villages officiels et de 46 hameaux inégalement répartie dans l’espace. Elle recèle des caractéristiques physiques (climat, sol, végétation et hydrographie) favorable à l’agriculture et à l’élevage. Sa pédologie révèle l’existence de deux zones différente à savoir le walo et le diéri. Le walo : ce sont les terres qui bordent le lac et la Taouy et leurs alentours, ils couvrent une superficie de 276,7 km2, soit 14,5% de la superficie totale de la commune et sont très favorable à l’agriculture irriguée car renferment des sols hydro morphes enrichis par les limons du lac.
Le diéri c’est la zone aride la plus importante par sa superficie estimée à 1629,63km2 soit 85,5% de la superficie totale de la commune. Ce milieu semi-aride est constitué de sols dits Dior apte à l’élevage extensif et aux cultures d’hivernages.
Avec un relief relativement plat, la commune de Mbane présente un réseau hydrographie importante, elle est arrosée par un défluent du fleuve Sénégal qui alimente une dépression importante appelé Lac de Giers, le plus important du Sénégal avec (240 km2). La présence de nombreux mars temporaires relativement importants sont aussi à notés dans la zone du diéri mais avec un temps de séjour des eaux qui dépasse rarement deux mois à part quelques exceptions (Sagobé, Diawalédji et Dangdé) qui durent de quatre à six mois. Cependant, pour combler le déficit des ressources en eau dans le diéry, des bassins aménagés ont été construit pour le bétail. Cette initiative a été lancée par certains agro-business comme la Compagnie Sucrière Sénégalaise (CSS). Néanmoins, ce programme n’a pas connu un grand succès dans la mesure où ces points d’eau sont souvent pollué, très boueux et constituent des sources de maladies pour le cheptel de la zone.

Caractéristique socio-démographiques

Sur le plan démographique, la commune de Mbane laisse apparaitre une population très jeune. En effet plus de 60% de la population ont moins de 20 ans (PLD Mbane 2010-2015) contre 4,8% pour les personnes âgées de plus de 60 ans. Les femmes âgées de 15 à 49 ans sont évaluées à 9358 personnes soit 23,1% de la population totale.
Ainsi avec la communalisation intégrale, posée en place par l’Acte III de la décentralisation, Mbane devient une commune et polarise plus de 100 villages. Les établissements sont répartis dans deux zones différentes, les gros villages wolofs qui se localisent sur la bordure du lac et dont l’agriculture constitue l’activité principale et les villages peuls avec élevage extensif comme activité principale. Ces villages d’éleveurs gravitent autour des forages dans le diéri sur un rayon de 6 km en moyenne et d’autres sur des axes adjacents au lac de Guiers. Toutefois il important de souligner qu’on peut trouver des villages wolofs éparpillés dans le diéri et dont l’activité repose sur la culture pluviale. Cette répartition spatiale détermine la vocation principale des milieux. En effet les terres humides qui bordent le lac sont principalement occupées par les cultures irriguées même si ces zones sont parfois des lieux de pâturages des animaux.

L’activité pastorale

Le diéri qui constitue la zone la plus importante est mise en valeur par l’élevage extensif qui se caractérise par une importante mobilité autour des forages et puits. Il constitue un espace de nomadisation des éleveurs transhumants et serve de zones de replis aux éleveurs expulsés par la présence dans la vallée et la bordure du lac des cultures irriguées et des aménagements hydro-agricoles et agro-industries. Face à cette situation, les forages, souvent surchargés en saison sèche jouent un rôle déterminant dans l’organisation de l’espace pastoral. En effet ils constituent un pivot car se situant sur des zone de tampon entre le walo humide et le diéri sec. Celui de Niassanté peut être illustré en titre d’exemple. Cette concentration du troupeau autour des trois forages de la commune (Niassanté, Bouteyni et Saré Lamou) n’est pas sans conséquence sur le fonctionnement de ces derniers et sur la disponibilité des ressources pastorales car accélérant l’épuisement du fourrage et la surcharge des infrastructures hydrauliques. En effet, les forages au de la de leur rôle de polarisateurs de l’espace pastoral, ils apparaissent comme un outil participant à la recomposition territoriale et aux mutations sociaux spatiales. C’est un point que nous allons traiter on peu plus loin dans le chapitre dédié au rôle des forages dans la mutation de l’espace pastoral. De même que les communes voisines, celle de Mbane est une zone où l’élevage est la première activité qui dispute à l’agriculture l’accès aux ressources terre et eau. Le Diéri, malgré l’importance de l’agriculture pluviale, reste une zone à vocation essentiellement pastorale. Les populations de la zone du Lac ont également toujours intégré la place de l’élevage à travers, notamment, la définition de couloirs d’accès du bétail à l’eau du Lac mais aussi par le zonage fait par les POAS.
Toutefois, le développement de l’élevage pastoral dans cette commune se heurte à une diminution constante de l’espace, résultat de deux facteurs principaux : d’un côté par la baisse constante de la pluviométrie qui a entraîné l’appauvrissement progressif du potentiel fourrager du Diéri et de l’autre par le développement de l’agriculture irriguée qui a éliminé l’essentiel des pâturages traditionnels dans la zone du walo.
Jadis très riche en ligneux et en graminées, le Diéri n’est plus peuplé que par les espèces suivantes : Acacia Radiana (seung), Balanites aegyptca (sump) et Acacia Senegalensis (werek). Dans la zone du Lac, l’humidité maintient les populations d’Acacia nilotica et de Prosopis, ainsi qu’une strate herbacée relativement importante. Mais c’est une zone également favorable à l’agriculture qui est l’activité principale de la majorité des populations résidentes et qui s’y développe à un rythme affectant même l’intégrité des couloirs traditionnels de passage du bétail.
Malgré ces problèmes, l’élevage demeure un système de production important dans cette commune. Il occupe la grande majorité des ménages, avec des proportions qui dépassent 90% dans les villages du Diéri habités par les peuls et/ou les maures (Niassanté, Kouel Balandé, Bouteyni, etc.). Cette dominance de l’activité pastorale est rendu possible dans cette commune grâce à l’adoption de la mobilité pastorale qui est la principale stratégie recourus par les éleveurs pour se maintenir.
A ce nombre, il faut ajouter que, la commune de Mbane est un espace de replis des troupeaux venant du delta du Sénégal et de la république de Mauritanie qui viennent s’ajouter au cheptel local de la commune. Cette situation justifie l’épuisement précoce des pâturages et les départs anticipés des éleveurs pendant la saison sèche. Ces déplacements sont aussi accentués par une forte utilisation de l’espace à des fins agricoles et qui s’accompagnent parfois par des mauvaises pratiques culturales présentes surtout dans les gros villages wolofs du diéri. En effet, faute de l’absence des plans réglementaires pour l’utilisation de l’espace et du non-respect des POAS, on note une occupation anarchique de l’espace par les champs en saison de pluies. Ces dernières sont souvent source de conflits entre les différents acteurs. En outre, il est constaté aujourd’hui, l’apparition de certaines maladies qui constituent une réelle menace pour le cheptel parmi elles, nous pouvons citer la fièvre aphteuse, les distomatoses, les parasites internes et externes chez les bovins.
Certes, l’on constate aujourd’hui, l’apparition de petites unités de transformation du lait comme celle de LDB installée à Richard-Toll et qui s’approvisionne auprès des éleveurs de Mbane, cependant, il n’en est pas moins que cette unité n’a pas apporté une grande satisfaction dans la mesure où les éleveurs déplorent les prix qu’elles proposent, ce qui justifie une faible collaboration avec les éleveurs. Il s’y ajoute aussi que pendant la saison sèche, cette unité peine à trouver de quantité de lait importante à cause de la mobilité des éleveurs.
Au final, la commune de Mbane qui constitue l’échelon le plus vaste et le plus peuplé de notre étude, recèle des caractéristiques particulières sur le plan géographique et sur le plan économique. En effet, traversé par la plus grande réserve d’eau douce du Sénégal, cette situation lui confère un rôle important dans cette partie du Sénégal. Elle constitue un lieu d’expérimentation de plusieurs projets hydro-agricole affectant ainsi les pratiques locales dont l’activité pastorale. L’extension des aménagements et le développement de l’agro-business ont participé considérablement à la diminution des zones de nomadisation et au bouleversement de la mobilité pastorale.

La commune de Tessékré.

Ancienne communauté rurale du nord Ferlo, Tessékré Forage devient une commune avec la réforme de l’acte III de la décentralisation. Cependant, avec une économie essentiellement pastorale et une mobilité importante des animaux et des pasteurs s’organisant autour de trois forages qui forment l’espace communautaire, la commune de Tessékré est loin d’être une commune de plein exercice.

Situation

La commune de Tessékré se situe à 350 km de Dakar, la capitale du Sénégal, elle s’inscrit dans l’arrondissement de Yang-Yang dans le département de Linguère, région de Louga. Elle est limitée au Nord par les communes de Mbane (département de Dagana) et de Fanaye, (département de Podor) à l’Ouest et au Sud-Ouest par les communes de Mboula et de Mbeuleukhé (département de Linguère), à l’Est par la commune de Labgar et au Sud par la commune de Dodji (département de Linguère).

Cadre physique

La Commune de Tessékré s’étend sur une superficie de 1.759 km² et est peuplée de 8.999 habitants (ANSD RGPHE 2013) soit une densité de population de 5,03 hbts/km². Une population répartie comme suit, 48,8% d’hommes et 51,2% de femmes. Elle recèle des caractéristiques physiques favorables au développement de l’activité pastorale. Le climat est de type nord sahélien avec une courte saison de pluies (août à octobre) et une moyenne de 297 mm de pluie par an. La saison sèche est plus longue de novembre à juillet, elle est caractérisée par la prédominance d’harmattan, vent chaud et sec qui souffle durant la majeure partie de l’année, provoquant ainsi une forte érosion éolienne et participant à la destruction des ressources environnementales. Avec une végétation dominée par une steppe arbustive, nous pouvons distinguer 16 espèces réparties dans 11 genres et 8 familles botaniques (Touré 2010). Comme la plus part des communes du nord Ferlo, Tessékré Forage a un relief relativement plat avec des sols de types sablonneux qui représentent 75% de la superficie de la commune et des sols sablonneux argileux qui représentent 5%. La faune sauvage n’est pas très fréquente dans la zone, cependant, avec les réserves forestières et le projet GMV qui a introduit un certain nombre d’arbre, il nous a été signalé la présence et la prolifération de certains prédateurs tels que les renards.

Caractéristiques socio-démographiques

L’histoire de la commune de Tessékré Forage est principalement liée à celle de l’empire du Diolof dont la capitale fut Yang-Yang, actuel arrondissement où se situe cette commune. Sur le plan de la démographie, la population de la commune est inégalement répartie dans l’espace communal avec trois villages centres qui forment un triangle isocèle dont l’axe Widou Tingoly-Amali est la base et dont le village de Tessékré constitue le sommet. Ces trois principaux villages polarisent leur hinterland avec un chapelet de hameaux et de campement qui gravite autour des forages dans un rayon de 20 km, il s’agit entre autres de Labardi, Ngolka et Windou Diabi. La population de cette commune est estimée à 8.999 hbts avec un taux d’accroissement qui est de 2%. Elle est majoritairement dominée par les peuls qui représentent l’ethnie principale avec environ 90% de la population totale et les wolofs viennent en deuxième position avec 4% et les autres ethnies avec 1% (PLD 2012).
En outre, les trois villages centres qui sont aussi les lieux d’implantation des forages et d’autres équipements polarisent des campements situés au de la même des limites administratives de la commune (Touré 2010). La vocation pastorale de ces milieux a fortement influencé le mode d’habitat de la population, il est de type traditionnel, dominé par la présence des abris provisoires tirés directement des ressources environnementales. Cela est justifié par le fait que, les éleveurs n’accordent pas une grande importance à l’immobilier à cause de leur mobilité. Toutefois, nous pouvons noter une évolution de l’habitat traditionnel avec l’émergence des constructions moderne ou semis moderne surtout dans les gros villages.

Activités socio-économiques

Le secteur agricole domine l’économie principalement pastorale avec une moyenne de 4,6 unités de bétail tropical par habitant (principalement des bovins, en particulier des zébus de la race Gobra, mais aussi des ovins et caprins sahéliens, des asins et quelques chevaux), néanmoins il faut souligner l’existence de quelques cultures vivrières (mil, sorgho, niébé, arachide) cultivées sur 2% de la superficie de la commune. Le parc agro-forestier est de dimension réduite et dominé par Acacia raddiana et Balanites aegyptiaca. Par contre la majeure partie des terres de la commune ont un statut de réserve forestière (réserves sylvo pastorale des six forages) dont la gestion est contrôlée par le service des Eaux et Forêts, (Touré, Wane 2010). Ce statut n’est pas sans conséquence sur la vocation pastorale de la commune et sur la mobilité des éleveurs et leurs troupeaux dans la mesure où il modifie les axes de transhumance et colonise les parcours pastoraux.
C’est un point que nous traiterons on peu plus loin dans nos analyses afin de diagnostiquer les relations qui existent entre la vocation pastorale de la commune et la présence de ces réserves.

L’activité pastorale

Dans la commune de Tessékré, l’agriculture est un secteur minoritaire, l’élevage pastoral constitue l’activité principale de production des populations. 95% de la population pratiquent l’élevage pastoral, 4% pratique l’agriculture sous pluie et 1% l’artisanat. (PLD 2012). Le commerce est une activité secondaire pratiquée à la fois par les agriculteurs, éleveurs et artisans. Cependant, malgré la diversification des activités économiques, la commune reste principalement pastorale caractérisée par une forte mobilité des éleveurs et de leurs troupeaux. Cette forme de mise en valeur s’appuie essentiellement sur la transhumance suivent les saisons et empruntant plusieurs axes. Dans cette commune, les principales espèces élevées sont les bovins, les ovins et les caprins, cependant il faut aussi noter la présence d’asins et équins et force est de reconnaitre le rôle qu’ils jouent dans la mobilité des pasteurs, ces derniers assure pour la plus part des cas, le transport des personnes des biens et même l’eau pour les animaux. Pour ce qui concerne les bovins, les principales races rencontrées dans la commune sont les zébus « gobra », la race hybride « jokoré ». Cependant avec l’achat des mâles géniteurs venant de l’extérieur et transitant par le centre de Dahra, il est facile de croisé des espèces hybrides plus proches des bovins brésiliens et pakistanais communément appelé par les éleveurs « bousora ». En outre le programme d’insémination artificielle initié par les autorités dans les années 2000 a introduit une nouvelle race hybride proche des races française, cependant, force est de reconnaitre que celle-ci n’est pas appréciée par les éleveurs que nous avons rencontrés à cause de leur fragilité et de leur inaptitude à effectuer les grands déplacements. Ainsi plusieurs éleveurs ont avancé que cette race est inapte à la transhumance. Pour les ovins, au de la des races locales, « les foutankés et/ou poulfoulis », nous pouvons constater la présence d’autres espèces comme les « toubambiir », plus proche des races mauritaniennes, les « bali-bali » et les « laadoum » qui s’identifient par la taille de leurs oreilles.
Cependant, même si l’élevage constitue l’activité principale de la population, il n’en demeure pas moins que cette dernière associe parfois des cultures vivrières tout autour des concessions ou aux alentours des cases avec les cultures de niébé, de pastèque, de « bissap » et rarement du mil. Pour le secteur du commerce, il faut noter qu’en dehors des trois villages centres constituant des pôles autour desquels se développe toute activité économique, les échanges ne sont pas importantes ou même inexistantes dans les autres établissements humains de la commune. En effet, les villages « centres » avec leur forage et marché hebdomadaire, les mardis pour Widou, les jeudis pour Tessékré et les vendredis pour Amali, constituent des lieux d’échanges très importants dans l’économie de la commune. Des denrées alimentaires, des aliments de bétail, des produits laitiers et un grand nombre de bétail sont vendu dans ces marchés. Certains produits comme les ressources animales sont ventilées vers les autres marchés plus importants comme Dahra et Thilé.

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Table des matières

SOMMAIRE
INTRODUCTION
I. Contexte et Justification
1. Contexte
2. Justification
II. 1. Problématique
II. 2 Discussion conceptuelle
II. 3 Objectifs de recherche
a.) Objectif général
b.) Objectifs spécifiques
II. 4 Hypothèses de recherche
III. Méthodologie de recherche
1. Recherches bibliographique
2. Revue documentaire
3. Les enquêtes de terrains
a. Observation directe
b. La population ciblée
c. L’interview
4. Traitement des données
5. Matériels et logistiques
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION DU CADRE D’ETUDE ET L’ANALYSE DE LA MOBILITE PASTORALE
I. Présentation du cadre de l’étude
1. Situation
2. Le climat
3. Le relief
4. Le réseau hydrographie
5. Sols et Végétations
6. Historique du peuplement
II. Présentation des communes
1. La commune de Mbane
a. Situation
b. Historique
c. Cadre physique
d. Caractéristique socio-démographiques
e. L’activité pastorale
2. La commune de Tessékré
a. Situation
b. Cadre physique
c. Caractéristiques socio-démographiques
d. Activités socio-économiques
e. L’activité pastorale
f. Les équipements pastoraux et les infrastructures sociaux de base
g. Le transport
3. La commune de Mbeuleukhé
a. Situation
b. Activités socio- économiques
c. La mobilité des éleveurs
4. La commune de Syer
a. Situation
b. Cadre physique
c. Cadre humain
e. L’activité pastorale
5. La commune de Mboula
a. Situation
b. Cadre physique
c. Caractéristiques socio-démographiques
d. L’activité pastorale
III. Analyse de la mobilité pastorale dans le nord Ferlo
DEUXIEME PARTIE : MOBILITE PASTORALE ET PRATIQUES SPATIALES DANS L’UTILISATION DE L’ESPACE
Chapitre 1 : Mobilité pastorale et autres pratiques spatiales
I. Mobilité dans l’espace
1. La durée d’habitation des éleveurs sur les lieux trouvés
2. Les causes du changement des campements ou lieux d’habitation
II. Conséquences des pratiques spatiales sur la mobilité pastorale
1. Evolution et réduction de l’espace pastoral
a. Les facteurs de l’évolution de l’espace pastorale
b. Les manifestations de l’évolution de l’espace pastoral
III. Les enjeux de la mobilité sur l’activité pastorale
1. Les maladies et l’épuisement du bétail
2. La séquestration des animaux par les agriculteurs
3. Vols et pertes de bétail
IV. Les perspectives de la mobilité pastorale
Conclusion partielle
Chapitre 2 : Rôle des forages dans les mutations de l’espace pastoral
I. Les forages du nord Ferlo
1. Historique des forages du nord Ferlo
2. Jeu des forages dans l’organisation spatiale
II. Les facteurs de mutation
1. La distance entre les forages
2. Le forage : outil de polarisation de l’espace pastoral
3. Les forages : outils de recomposition et de mutations socio-spatiales
4. Jeu des forages dans la dynamique des transhumances
5. La gestion des forages
6. Le fonctionnement des forages
Chapitre 3 : Mutations spatiales et stratégies d’adaptation des éleveurs
I. Les mutations de l’espace pastoral
1. L’influence des pratiques spatiales sur la dynamique de la mobilité pastorale
II. Les nouvelles stratégies d’adaptation des éleveurs
1. Le stockage de fourrage en saison sèche
2. La modernisation de l’élevage
3. Les autres stratégies d’adaptations
Conclusion partielle
TROISIEME PARTIE : ENJEUX ET PERSPECTIVES DE LA MOBILITE PASTORALE 
Chapitre 2 : Mobilité pastorale et accès aux services sociaux de base
I. Analyse de la fréquence des déplacements des éleveurs
1. Les causes des déplacements
2. Les mois de transhumance
3. Les mois de retour
4. Les lieux de séjour
II. L’accès aux services sociaux de base
1. L’accès à l’éducation
2. L’accès aux services de santé
3. L’accès à l’eau potable
Conclusion partielle
Chapitre 2: Mobilité pastorale et conflits
I. Cause des conflits
1. La cohabitation entre éleveur et cultivateur
2. L’accès aux points d’eaux
3. Le non maitrise de la réglementation foncière
II. Les solutions aux conflits
1. La mise en place des comités de paix
2. Les acteurs intervenant dans la résolution des conflits
Conclusion partielle
Chapitre 3 : Mobilité pastorale et communalisation intégrale.
I. Enjeux de la communalisation des espaces pastoraux
1. Le profil des élus locaux
2. La gouvernance foncière
3. Les crises climatiques
II. Les perspectives de la communalisation intégrale
1. Le point de vue des éleveurs sur la communalisation des espaces pastoraux
2. Les attentes des éleveurs de ces nouvelles communes
3. Enjeu de la mobilité pastorale sur l’économie des communes
Conclusion partielle
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE 

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