Mise en place de scénarii d’analyse prospective à partir du réseau de fermes de référence du projet BVlac

Mise en place de scénarii d’analyse prospective à partir du réseau de fermes de référence du projet BVlac

L’objectif de la mise en place des scénarii d’analyse prospective

L’objectif de la mise en place des scénarii est de faire comprendre par l’ensemble des opérateurs les tenants et aboutissants des technologies proposées par le projet BVLac sur les systèmes de production. Suite à l’élaboration d’une série d’hypothèses sur les technologies proposées (rendement, quantité d’intrants, crédit associé, etc.), les scénarii réalisés permettent de comprendre l’impact des choix techniques sur le système de production (besoin en travail, performance économique, etc.) et la résilience du système proposé.
La mise en place de scénarii est donc avant tout un jeu pédagogique -et doit être présentée tel quel- dans lequel les opérateurs, et notamment les techniciens, peuvent visualiser les effets potentiels des techniques qu’ils diffusent sur les exploitations. Mais c’est également un outil qui permet à partir de la compréhension des stratégies paysannes par l’intermédiaire d’une typologie opérationnelle, de proposer des technologies adaptées aux situations et orientations stratégiques des paysans.

Description de la démarche de mise en place des scénarii

Nous allons décrire les grandes étapes de la démarche expérimentée pendant la contre-saison
2010 afin de mettre en place des scénarii d’analyse prospective.
 Etape 1 : Présentation des objectifs de l’atelier de travail
 Etape 2 : Choix de l’exploitation
 Etape 3 : Description et compréhension collective de l’exploitation agricole
Cette étape est indispensable pour comprendre les ressources de l’exploitation et éventuellement
la stratégie du paysan. Nous recommandons d’analyser la structure de l’exploitation ainsi :
– analyse de la structure du ménage (nombre d’UTH, nombre de main-d’œuvre salariée, nombre de personnes à nourrir sur l’exploitation)
– analyse du système de culture de l’exploitation. Il est intéressant de représenter l’assolement sur un support papier sous la forme d’un tableau simple comme cidessous. Ce tableau pourra être complété par la suite. Si la qualité des données le permet, nous pouvons déterminer la succession culturale passée de chaque parcelle
– analyse du système d’élevage
– analyse des besoins en main d’œuvre familiale (pics de travail, périodes d’inactivités)
– analyse des performances technico-économiques (tableaux recettes-dépenses, quantités produites, etc.)
 Etape 4 : Correction éventuelle de données aberrantes
Lors de l’étape précédente de nombreuses données peuvent apparaitre incohérentes, ou erronées.
Il est souhaitable de corriger ces données avant de passer aux étapes suivantes. Néanmoins il n’est pas forcement nécessaire d’avoir une représentation tout à fait exacte de la réalité. Si l’exploitation simulé est relative proche de la réalité, ceci est amplement suffisant.
 Etape 5 : Extrapolation de l’assolement actualisé aux années suivantes
Dans cette étape il faut créer une variante de « l’exploitation mère » qui contient les données actualisées. Nous nommerons cette variante « référence ». Dans cette variante, nous extrapolons l’assolement de l’année en cours, aux années suivantes.
Si par exemple l’exploitant cultive du riz sur une parcelle de RIA, nous pouvons supposer que l’année suivante, celui-ci cultivera du riz sur la même parcelle avec le même itinéraire technique ou un itinéraire technique standard. De même, si un exploitant possède une parcelle de baiboho sur lequel il pratique un itinéraire de maïs-légumineuse, nous pouvons raisonnablement émettre l’hypothèse que l’exploitant cultivera l’année suivante du riz pluvial.
Afin de valider collectivement les assolements de différentes années, l’utilisation d’un tableau comme présenté à l’étape 3 peut s’avérer très efficace.
 Etape 6 : Réflexion sur les scénarii possibles
L’idée de cette étape est de déterminer l’ensemble des possibilités d’amélioration de l’exploitation.
Nous pouvons pour cette étape utiliser un support papier afin de noter les différentes idées de scénarii issues de la réflexion des participants.
Il y a plusieurs niveaux de scénarii possibles :
– au niveau des ateliers (modification de l’itinéraire technique, amélioration d’un atelier d’élevage, etc.)
– au niveau du système de culture ou du système d’élevage (intensification, ou extension, autoproduction de semences, abandon d’une parcelle afin de libérer du temps de travail et intensifier une autre parcelle, etc.)
– au niveau du système de production (valorisation de flux de fumure, valorisation de productions agricoles pour l’alimentation animale, diversification etc.)
– au niveau du système d’activité (achat d’un motoculteur afin d’effectuer de la prestation de service, off-farm etc.)
Il est important de bien rappeler aux participants ces différents niveaux. En effet, s’il est impossible de proposer des technologies à un niveau, il est alors nécessaire d’élargir la réflexion aux niveaux supérieurs.
Il faut à ce stade bien distinguer des scénarii « indépendants ». En effet certains scénarii sont la juxtaposition de plusieurs scénarii. Par exemple le scenario « spéculation sur le riz et achat d’un motoculteur avec l’argent ainsi gagné » est la juxtaposition du scénario « spéculation sur le riz » et
Mise en place de scénarii d’analyse prospective du scénario « achat d’un motoculteur ». Nous devons donc réaliser un scénario dans lequel l’exploitant spécule, d’un autre ou l’exploitant spécule et achète un motoculteur.
 Etape 7 : Description des changements de structure
Dans cette étape, l’ensemble des hypothèses doit être décris (rendements, quantité d’intrants, temps de travail, etc.). Il est indispensable de choisir les hypothèses les plus vraisemblables possibles afin d’éviter l’instrumentalisation de l’outil de modélisation. Même si relativement fastidieuse, la simulation sous Olympe en instantané permet de bien structurer la réflexion et de ne pas oublier un certain nombre d’hypothèses. Un support papier permet également de s’assurer de l’acceptation par tous, des hypothèses retenues.
Dans cette étape, il est important de raisonner sur l’exploitation (disponibilité en main d’œuvre, disponibilité en trésorerie, gestion de flux, etc.) mais également de l’ensemble de l’environnement socio-économique de l’exploitation (climat, prix des produits, prix et disponibilité des intrants, la disponibilité de la main d’œuvre salarié, etc.).
 Etape 8 : Indentification des contraintes associées aux changements de structure
Dans cette étape, il faut identifier les contraintes associées aux changements de structure. Ces contraintes peuvent être techniques (rendement incertain, maladies, etc.) ou économiques (hausse
des prix des intrants, baisse des prix des produits).
Sans pour autant virer au pessimisme, seules les hypothèses pouvant impacter négativement le système de production doivent être étudiées. Même s’il est possible que des imprévus se révèlent être positifs pour l’exploitant (hausse des prix des produits, rendement anormalement élevé, etc.), ces hypothèses ne nous intéressent pas. Il est en effet préférable « d’avoir une bonne nouvelle qu’une mauvaise ».
 Etape 9 : Simulation des scenarii
Il faut dans cette étape modéliser les scénarii et les contraintes associées. Nous détaillons dans le
paragraphe 1.2 (p. 9) les conventions de modélisation pour la mise en place des scénarii
Cette étape est longue si le scénario est trop compliqué à modéliser. Dans ce cas, il est préférable
que le modélisateur modélise les scénarii sans la présence des autres participants, en s’assurant
après coup de la validité des scénarii auprès d’eux.
 Etape 10 : Analyse et discussion des scénarii réalisés
Lors de cette étape, les différentes sorties d’Olympe (calendrier de travail, tableau recettes dépenses, comparaison du solde de l’exploitation variante et de référence, etc.) permettent d’étudier les tenants et aboutissements des propositions réalisées. Il est important de déterminer si l’exploitant aurait les moyens et intérêt à adopter les technologies proposées. Des indicateurs tels que le revenu, solde, calendrier de travail, VJT peuvent aider à l’analyse des propositions réalisées.

Autoproduction de semence sur une exploitation

Même si dans de nombreux itinéraires techniques, nous pouvons négliger les semences, il est parfois indispensable de les prendre en compte  . Mais qu’en est-il si l’on autoproduit cette semence ? Nous allons dans les paragraphes suivants expliquer comment modéliser l’autoproduction de semences dans le cas d’une culture ou les charges en semence ne sont pas négligeables. En effet si l’on considère par exemple un itinéraire de riz, les semences représentent environ 60 kg/ha pour une production entre 1 000 kg/ha (production faible) à 5 000 kg/ha (production importante). Le rapport entre la quantité riz utilisée en semence et la quantité de riz récoltée est donc compris entre 1% (production importante) à 6% (production faible). Nous pouvons donc ne pas prendre en compte les charges correspondantes aux semences.
Néanmoins nous ne pouvons pas négliger le prix des semences pour tous les itinéraires. Par exemple, afin de produire 10 000 kg/ha de pommes de terre, il faut 1 000 kg de semences de pommes de terre. Le rapport entre la quantité de semence et la production est de 10% pour la pomme de terre. Nous ne pouvons donc pas négliger les prix des semences.
Charges en alimentation divisés par deux car décès des animaux à la moitié du cycle normal
Disparition des produits car décès des animaux avant la ponte et leurs ventes
Les frais vétérinaires et les l’achat des animaux restent quant à eux identiques Atelier sans aléa Atelier avec aléa
Cas où la spéculation est cultivée chaque année sur la même surface et valorisée au même prix Dans ce cas, il suffit de créer un itinéraire technique avec comme « produit », la production totale, et en charge, la quantité totale de semence utilisée, valorisée au même prix que la production.
Si la première année les semences ne sont pas autoproduites, il est alors nécessaire de créer un autre itinéraire technique avec comme charge, les semences valorisées au prix d’achat des semences par le paysan.

Une qualité des données faibles

Une grande difficulté à récolter des données fiables
Les données sur les exploitations du RFR issues des enquêtes des techniciens sont relativement fiables. En effet les techniciens ont une très bonne connaissance des exploitations qu’ils encadrent. Malgré tout, de très nombreuses incohérences dans les données persistent car certaines données sont très compliquées à obtenir (temps de travail, etc.).
De nombreuses données standards améliorables.
L’utilisation des itinéraires techniques standards dans l’analyse prospective a révélé qu’il est souvent impossible d’utiliser les itinéraires techniques « tels quels » sans les adapter au préalable.
De plus comme les rendements d’échelles sont généralement décroissants en agriculture, les données issues de petites surfaces ne sont pas forcement extrapolables aux grandes surfaces.
C’est le cas par exemple des itinéraires de contre-saison maraichères. Ainsi, lors de l’application d’itinéraires techniques standards de contre-saison maraichères sur des surfaces plus importantes que celles à partir desquels ces itinéraire techniques standards ont été crées, les résultats s’avèrent anormalement élevés.
Enfin, il y a peu de données standards sur les systèmes d’élevage. C’est en effet un travail fastidieux à réaliser .

Un objet « ferme » hybride entre réalité et modèle
Lorsque nous réalisons un scenario sur une ferme du RFR, l’objet « ferme » ne correspond pas à une exploitation agricole particulière, mais à un ensemble d’exploitations ayant accès à des facteurs de productions similaires et qui peuvent donc être représentées par un même modèle ; ce qui n’est pas sans provoquer certaines confusions chez certains ! C’est donc un travail assez différent de celui des opérateurs qui encadrent individuellement des producteurs en prenant en considération leur stratégie propre, et qui adaptent donc leurs recommandations techniques en fonction. D’où la remarque émise par certains techniciens qui trouve la démarche de mise en place des scénarii « trop théorique ».
Ainsi les scénarii réalisés sur une ferme permettent de balayer l’ensemble des possibilités d’appui à un certain type de producteur, mais ne peuvent pas être utilisés tels quels sur le terrain dans les recommandations techniques réalisées auprès des paysans. Il est en effet nécessaire d’adapter systématiquement les recommandations à chaque exploitation. C’est pour cela que l’exercice de mise au point des scénarii peut paraitre beaucoup trop « théorique » pour des agents de terrains.

Un exercice très fastidieux

Un démarche chronophage
Que ce soit pour les enquêtes, l’informatisation des données, ou la mise en place des scénarii, cette démarche exige beaucoup du temps aux opérateurs (cadres et techniciens) dont le coût d’opportunité du travail est très élevé.
Une démarche qui demande une grande rigueur
Enfin la démarche de mise en place des scenarii exige de maitriser parfaitement l’outil de modélisation Olympe et son fonctionnement afin de comprendre exactement ce que l’on simule.
De plus la mise en place de scénarii requière une sérieuse concentration sans laquelle l’utilisateur risque de commettre de très nombreuses erreurs d’inattention lors de la modélisation.

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Table des matières

Mise en place de scénarii d’analyse prospective
Introduction
1. Méthodologie 
1.1. La démarche de mise en place de scénarii d’analyse prospective
1.2. Quelques conventions de simulation pour la mise en place des scénarii
2. Résultats de la mise au point de scénarii en analyse prospective
2.1. Un outil pédagogique
2.2. Données génériques sur l’impact des principales technologies diffusées par le projet
3. Critiques de la démarche 
3.1. Une qualité des données faibles
3.2. Un objet « ferme » hybride entre réalité et modèle
3.3. Un exercice très fastidieux
4. Recommandations
Conclusion
Bibliographie

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