Milton Friedman en faveur des mécanismes autorégulateurs du marché

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L’économie livrée à elle-même n’est pas autorégulée

J.B. Say, un des pères de l’école classique, stipule que l’offre crée sa propre sa demande et ainsi dans ce cas, il ne peut y avoir de crises économiques dans un contexte de libre fonctionnement des marchés. Sa « loi des débouchés » présentée en 1803 dans son Traité d’économie politique, démontre ce qu’il avance. Aussi, par conséquent, l’offre qui crée sa propre demande évoque que les coûts de production doivent être dépensés directement ou indirectement pour l’achat de la production3. En conséquence, si la demande est présente, l’offre augmentera, et ainsi de suite. Dans un tel cas de figure, il ne peut y avoir de crise.
Mais Keynes refuse ceci dans son ouvrage La Théorie générale, sa réflexion se fonde sur des arguments bien fondés.

Rappel de la loi des débouchés

Dans le Dictionnaire d’économie et de sciences sociales cette loi se résume clairement comme suit, « Se présentant comme le disciple de A.Smith, J.B.Say propose dans son Traité une représentation de l’économie qui s’écarte sensiblement de celle que l’on trouve dans la Richesse des nations , et préfigure celle qui triomphera avec la « révolution marginaliste » de la fin du XIXe siècle : inclusion des services dans les activités productives ; tentatives pour expliquer la valeur des marchandises à partir de leur utilité ; analyse de la production comme une combinaison, par des entrepreneurs, de « services productifs » fournis par le travail, les capitaux et les terres. Voyant dans la monnaie un simple intermédiaire des échanges, Say est également l’auteur de la « loi des débouchés » selon laquelle, globalement, « l’offre crée sa propre demande », ce qui exclut la possibilité de surproductions généralisées. » 4. Ce bref résumé rappelle en effet que selon J.B.Say, dans une économie de division du travail, on peut obtenir des biens et services en produisant des biens et services pour une valeur équivalente. Ainsi, des hypothèses sont à retenir de cette loi des débouchés5 :
– La monnaie est neutre, c’est juste une marchandise comme une autre. C’est donc uniquement un instrument de transaction .
– La thésaurisation n’existe pas, la monnaie n’est utilisée et désirée que pour le produit qu’elle permet d’acheter, d’où l’identité entre épargne et investissement .
– Il y a concurrence sur tous les marchés .
– La souveraineté du consommateur .
– Le progrès technique a des effets favorables sur la production, l’emploi et la consommation .
– L’entrepreneur est un agent économique rationnel.
Par conséquent, toute crise de surproduction s’avère impossible dans la mesure où le montant des ventes des entreprises en étant intégralement reversé et reparti entre les salariés et les capitalistes sous forme de revenus, assure un débouché à la production.

La contestation de la conception libérale du marché du travail

Keynes s’attaque aux classiques qu’il existe bien un chômage involontaire qu’il définit dans sa Théorie générale (traduction française) de la manière suivante : « il existe des chômeurs involontaire si, en cas d’une légère hausse du prix des biens de consommation ouvrière par rapport aux salaires nominaux, l’offre globale de main d’oeuvre disposée à travailler aux conditions courantes de salaire et la demande globale de main d’oeuvre aux même conditions s’établissent toutes d’eux au dessus du niveau antérieur de l’emploi »11.
Selon Keynes il n’y a ni flexibilité des salaires, ni même l’existence d’un véritable marché du travail. Selon lui, les salaires, en terme réel, sont en effet considérés comme stables dans la mesure où les salariés et leurs syndicats ne sauraient accepter une diminution de leur pouvoir d’achat. D’ailleurs, et il s’agit du point fort de son argumentation, le niveau de l’emploi nécessaire aux entreprises varie en fonction de déterminants indépendants de ceux influençant le nombre total d’actifs (occupés et inoccupés).
Donc on peut dire que pour Keynes :
– Les travailleurs sont victimes d’illusion monétaire en raisonnant en termes de salaire nominal et non réel. Pour lui, les contrats salariaux sont fixés en termes nominaux.
– L’offre de travail n’est pas concurrentielle, c’est-à-dire que les travailleurs ne se font pas concurrence entre eux, et le taux de salaire nominal est rigide à la baisse.
– Il existe un certain nombre de travailleurs qui acceptent de travailler au taux de salaire minimum, les autres n’acceptent d’offrir leur travail que pour un taux de salaire plus élevé12.

Les déterminants de la demande effective

Parler de la demande effective de Keynes revient à parler de la fonction de l’offre globale et celle de la demande globale15. Pour cela, La Théorie générale l’explique de la manière suivante. Soit Z le prix de l’offre globale du volume de production correspondant à l’emploi de N personnes. Soit Z=φ(N) la fonction de l’offre globale. De la même façon, soit D le produit que les entrepreneurs espèrent tirer de l’emploi de N personnes et D=ƒ(N) la fonction de la demande globale. Donc, si pour un volume de l’emploi N le produit attendu est supérieur au prix de l’offre globale, en d’autres termes si D est supérieur à Z, les entrepreneurs accroîtront l’emploi. Ils peuvent même élever les coûts jusqu’à ce qu’il y a égalité entre Z et D c’est-à-dire lorsque l’emploi ait atteint un certain volume permettant cette égalité. Donc, le volume de l’emploi qui n’est pas nécessairement le plein emploi s’obtient par le point d’intersection de la courbe de demande globale et celle de l’offre globale. Et c’est ce qu’on appelle demande effective, c’est d’ailleurs à ce point que la prévision de profit des entrepreneurs est maximum16 (voir figure ci après).

Les différentes modalités d’intervention de l’Etat selon Keynes

Etant donné l’aggravation des déséquilibres économiques citée précédemment, Keynes préconise que laisser faire le marché parait inadéquate comme solution à la crise. C’est d’ailleurs ce qui a aboutit à la crise de 1929. Dans ce cas, il faut que l’Etat intervienne pour corriger cette imperfection du marché.
La politique budgétaire représente pour Keynes le moyen d’action privilégié, même si, la politique monétaire peut être également efficace sous certaines conditions.

Le multiplicateur d’investissement : fondement d’une politique budgétaire active

La situation dans laquelle ce multiplicateur keynésien s’applique est, bien entendu, une situation de sous-emploi, résultat d’une demande effective insuffisante. Pour Keynes, l’investissement de l’Etat relancera vite l’économie. Grâce au jeu du multiplicateur, les pouvoirs publics vont, à partir d’un supplément de dépenses d’investissement, relancer, stimuler la demande effective. En d’autres termes, l’investissement de l’Etat a un effet multiplicateur considérable sur l’individu. Afin de mieux comprendre ce principe du multiplicateur keynésien, partons tout d’abord d’un exemple très simple. Soit deux chômeurs au chômage. L’Etat leur engage et donc leur offre du travail. L’un creuse un fossé et reçoit ainsi un salaire tandis que l’autre remplit ce fossé et reçoit aussi un salaire correspondant. Et considérons également la chaîne de valeur : yaourt→ lait → vache laitière. L’effet qui en découle est que ces deux salariés engagés par l’Etat ayant plus de revenu, iront acheter des produits, disons du yaourt. La demande en yaourt augmente alors et ainsi que la demande de consommation intermédiaire en lait et les immobilisations en vache laitière. Ainsi, en achetant le produit yaourt, ces gens créeront de l’emploi à d’autres et ceux-ci feront à leur tour la même chose. La production des filières constituant la chaîne des valeurs augmentent ainsi simultanément. C’est ce qu’on appelle effet multiplicateur. L’on voit bien qu’un petit investissement de l’Etat aura un effet considérable en bien qu’en mal, sur l’économie se trouvant en difficulté22.
Par ailleurs, pour encore mieux comprendre le multiplicateur d’investissement, considérons le cas suivant.
Une variation positive d’investissement de 1000 entraîne aussitôt une augmentation du revenu distribué de 1000 (aux entreprises et aux salariés concernés par les circonstances). Donc dans un premier temps, si la propension marginale à consommer est de 0,8 par exemple, alors la hausse de 1000 du revenu se traduit par une hausse de la consommation de 0,8 x1000 = 800 ; tandis que l’épargne augmente, elle, de 200 (=1000 x 0,2). Cet accroissement de la consommation de 800 se traduit alors dans un deuxième temps par un revenu supplémentaire de 800 qui entraîne une consommation supplémentaire de 0,8 x 800 = 640 et l’épargne croît également de 160.
Il faut noter que le phénomène se propage tout en s’atténuant, pour finalement s’arrêter lorsque la somme des épargnes générées égalise le montant du supplément d’investissement initial.
En considérant les séries d’impacts sur la consommation et le revenu, la variation cumulée du revenu global correspond donc dans cet exemple à 5 000.
En effet, le multiplicateur keynésien est égal à k = 1/(1-c) où « c » représente la propension marginale à consommer. D’où ici, k = 1/1-0,8 soit k = l/ 0,2 et finalement k = 5.
ΔY= k ΔI où ΔY représente l’accroissement du revenu c’est-à-dire la somme globale des revenus générés par l’investissement initial I. Ici, comme on l’a évoqué un peu plus haut, ΔY=5×1000 =5000
La découverte de cet effet par Keynes, constitue une information capitale pour les pouvoirs publics puisqu’il apporte la preuve qu’une pénurie d’investissement privé abaissant la demande effective, pourra être compensée par les effets secondaires considérables d’un investissement réalisé par l’Etat.

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Table des matières

PREMIÈRE PARTIE : MATERIELS ET METHODES
I-Matériels
II-Méthodes
PARTIE II : RESULTATS : L’analyse keynésienne : la justification du rôle du pouvoir public 
II-1-)L’économie livrée à elle-même n’est pas autorégulée
II-1-1) La réfutatiLS de la loi de Say
II-1-2) La réfutation de la capacité des marchés à s’autoréguler
II-2) Les différentes modalités d’intervention de l’Etat selon Keynes
II-2-1) Le multiplicateur d’investissement : fondement d’une politique budgétaire active
II-2-2) La non neutralité de la monnaie : fondement d’une politique monétaire active24
Partie III : Discussions : Milton Friedman en faveur des mécanismes autorégulateurs du marché
III-1) La critique de Milton Friedman
III-1-1) Les politiques interventionnistes sont inefficaces et déstabilisantes
III-1-2) L’Etat doit se limiter à garantir le fonctionnement le plus efficace possible du marché
III-1-3) Extension de la politique keynésienne
III-2) La politique économique des pays africains
III-2-1) La remise en question des interventions publiques
III-2-2) L’échec de l’Etat providence
CONCLUSION
RÉFERENCES BIBBLIOGRAPHIQUES

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