Microfinance et développement dans la théorie économique

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Modèle de développement de Harris-Todaro

A la différence du modèle de Lewis, le modèle de Harris-Todaro25 distingue trois états possibles du marché du travail. Outre l’emploi dans les deux secteurs (traditionnel et moderne) définis par Lewis, ces deux auteurs introduisent l’existence des chômeurs dans le milieu urbain. Celui-ci serait le résultat de l’augmentation des flux migratoires des campagnes vers les villes, dus à la persistance de l’écart de revenus entre les deux secteurs. Ce dualisme dans les rémunérations s’explique par l’existence dans le secteur agricole de salaires concurrentiels, le salaire agricole correspond à la productivité marginale du travail qui est égale au salaire d’équilibre alors que dans le secteur moderne les salaires se situent, compte tenu de l’existence d’un salaire minimum légal, au-dessus du salaire d’équilibre. Tout accroissement de l’écart de revenus entre les deux secteurs entraînerait un accroissement des flux migratoires, qui induiraient à leur tour l’aggravation du chômage urbain. Le salaire urbain étant fixé au-dessus du salaire d’équilibre, cette situation se traduira par un déséquilibre du marché du travail : ND < NO(*) ; (NO – ND) représente le volume du chômage. L’apport fondamental du modèle de Harris-Todaro consiste principalement à la mise en évidence de la rationalité des comportements migratoires, malgré l’existence du chômage urbain. Ainsi, les migrants ruraux doivent prendre leur décision de migration vers la ville sur la base d’une comparaison du salaire agricole avec le salaire urbain espéré (Wu.e). Celui-ci correspond au salaire potentiel (We) obtenu multiplié par la probabilité de trouver un emploi (p). Wu.e = We x p. Les deux théories précédentes s’intéressent à la réduction du chômage, une des conditions au développement, on va par suite voir une théorie de la croissance économique.

L’asymétrie de l’information

Les banques et les emprunteurs ne disposent pas des mêmes informations concernant le risque du projet nécessitant le prêt. En effet, les banques connaissent imparfaitement les risques mais les demandeurs de crédit connaissent parfaitement les risques et les probabilités de réussite des projets qu’ils présentent. Et malheureusement, ces problèmes d’asymétrie d’information conduisent, au moment de la signature du contrat vers un phénomène d’anti-sélection, de sélection adverse et vers un phénomène d’aléa moral après la signature du contrat car de ce fait, les banques augmentent les taux d’intérêts à un niveau élevé, afin de se protéger des « mauvais emprunteurs ». Cependant, cette hausse du taux d’intérêt a un effet inverse puisqu’il a tendance à faire fuir les bons emprunteurs qui, eux, méritaient des taux d’intérêt plus faibles. Il ne reste donc plus que les emprunteurs à hauts risques. Des taux d’intérêt élevés n’attirent donc que les emprunteurs risqués, c’est donc le phénomène de sélection adverse, et plus ce taux augmente, plus les emprunteurs sont incités à augmenter le risque de leur projet, c’est le phénomène d’aléa moral.

Aux niveaux sociaux et techniques

On constate encore dans les pays en développement une inégalité sociale conduisant à une imperfection au niveau du marché du travail et financier. Ceci est causé par la redistribution inéquitable des revenus. Cette inégalité constitue un blocage au développement.

Chômage

Le manque d’emploi domine la population et les pouvoirs publics semblent ignorer ce fait, ils ne prennent pas en charge les chômeurs pour assurer leur suivie quotidienne. Certains chômeurs cherchent alors à créer d’auto-emplois et s’intègrent dans le marché de travail informel. Sans source de financement, cela entraîne une intensification de la pauvreté. D’où la nécessité des services financiers intermédiaires pour le financement des microentreprises, pour assurer ensuite un revenu stable et suffisant pour les personnes pauvres en vue d’améliorer leur condition de vie : c’est-à-dire en vue de satisfaire le besoin de financement des pauvres.

Le manque de technologie et de capital humain

Ce manque est rencontré aux agriculteurs et aux entrepreneurs, face aux changements climatiques et écologiques, les agriculteurs doivent se munir d’une technologie pour pouvoir s’y adapter. Pour les entrepreneurs, diverses techniques doivent être acquises pour faire face à la concurrence et aux organisations productives ; faute de technique, les activités des entrepreneurs présentent des imperfections.

Impacts sociaux de la microfinance

Grâce à des stratégies très développées, l’accès à des services financiers pratiques et accessibles présente beaucoup d’apport sur le bien-être des micro-entrepreneurs, des agriculteurs et celui des simples ménages à travers l’égalité sociale, la consommation, la sécurité et le capital humain. C’est ce que va montrer cette section.

La réduction des inégalités sociales

Un des moyens de réduction de la pauvreté est l’augmentation du niveau de revenus des pauvres par la redistribution des richesses en faveur des pauvres.
Les services de la microfinance permettent de réduire les inégalités entre le milieu urbain et rural au niveau financier et technique. En effet, tous les ménages peuvent améliorer leur niveau de vie suite à l’augmentation de leur revenu créé par leurs activités agricoles financées par les IMF. Puis, le service de microfinance réduit les inégalités entre hommes et femmes, elle autonomise ces dernières à s’occuper dans les activités agricoles.
Et enfin, l’exclusion financière, qui constitue aussi une inégalité sociale entre les exclus et ceux qui ne sont pas exclus, est atténuée par la microfinance grâce à son intervention pour réintégrer ces exclus.

La consommation, l’éducation et l’assurance

La microfinance accroît régulièrement la consommation alimentaire chez leurs clients. Les micro-prêts ont aussi tendance à avoir des effets indirects qui se traduisent par une amélioration de l’accès à la santé et à l’éducation pour les enfants33. Plusieurs études34 ont 33 Assemblée générale des Nations Unies 2008 « Rôle du microcrédit et de la microfinance dans l’élimination de la pauvreté » Élimination de la pauvreté (2008-2017), Rapport du Secrétaire général, p. 7.
montré que le microcrédit est aussi utilisé pour assurer une consommation régulière. Cette continuité de la consommation consiste à permettre aux personnes pauvres et vulnérables de faire face à des difficultés financières à court terme et à la perte de revenus résultant d’urgences médicales ou sanitaires, de catastrophes naturelles ou de décès de membres de la famille.
Cette réorientation des fonds a un effet réel et concret sur la vie des pauvres, et les empêche souvent de se retrouver totalement démunis. Pour faire face à la demande existante de protection contre la perte de revenus, la microfinance apporte également aux bénéficiaires un élément de sécurité des activités face aux aléas, une sécurité par rapport aux relations de dépendance vis-à-vis des prêteurs, mais aussi des autres sources de financement traditionnelles ; d’où ’importance accordée à la microfinance par l’ensemble des bailleurs de fonds qui repose sur l’idée qu’elle constitue un moyen efficace de lutte contre la pauvreté.

Persistance de l’exclusion financière

Une confusion37 est conservée par la plupart des acteurs entre lutte contre la pauvreté et inclusion financière. Une des critiques38 formulée par une approche institutionnaliste repose sur les conséquences sociales de la recherche de l’accessibilité financière. En se concentrant sur la recherche de la rentabilité financière, les IMF sont tentées d’exclure les plus pauvres des programmes de microfinance. Les plus pauvres se trouvent alors sous le risque d’exclusion financière malgré la présence de la microfinance pour deux raisons principales. D’une part, l’idée selon laquelle les plus pauvres sont de mauvais payeurs est anticipée par les IMF. D’autre part, plus un prêt est de faible importance, plus son coût unitaire est élevé, les IMF auraient par conséquent intérêt à négliger les micro-prêts accordés aux plus pauvres.

Statut social non respecté

Une autre confusion39 porte sur le statut des acteurs. Les IMF ont des statuts plutôt commerciaux, les institutions financières ont une responsabilité de l’exclusion financière qu’elles engendrent car leurs actions ont pour effet secondaire de détériorer les conditions de vie et de survie des autres en favorisant des situations de surendettement due à la hausse du taux d’intérêt. La commercialisation de la microfinance s’amplifie avec l’ouverture de la microfinance aux investisseurs privés qui y voient parfois une occasion de diversifier leurs produits d’investissement, mais qui attendent malgré tout un retour financier, ce qui a parfois pour effet de détourner les IMF de leur mission sociale, au profit de la performance financière.

Faible rentabilité des activités

Les limites du micro-entrepreneuriat40 sont de plusieurs ordres. La faible rentabilité des activités est très fréquente, en grande partie faute de pouvoir d’achat local car il n’y a pas de clients, mais aussi faute de compétitivité face à des produits manufacturés, et du fait également de l’offre excessive de certains biens dont la consommation est limitée faute d’expérience, les nouveaux entrepreneurs se contentent d’imiter leurs voisins.

Agriculture

Actuellement, la grande majorité des institutions de microfinance ne sont pas rentables41 pour l’agriculture. En fait, l’agriculture n’est pas une production régulière, et les revenus qui en sont tirés peuvent fortement fluctuer d’une année sur l’autre en fonction notamment des conditions climatiques. Suite à une tragédie climatique, à une sécheresse, à des inondations ou à un cyclone, les investissements potentiels des foyers sont réduits, la main-d’oeuvre est débauchée, le niveau d’endettement et d’asservissement s’aggrave, etc. Or la microfinance, à l’heure actuelle, répond très mal aux exigences et aux risques des activités agricoles.
On a montré que d’après diverses théories, la microfinance contribue au développement et certaines de ces théories infirment cette contribution, ce qui va être vérifié empiriquement sur le pays dans la deuxième partie.

Economie et démographie

Madagascar est encore classé parmi les pays en développement malgré sa richesse en matières premières et en ressources minières. En 201443, le pays se trouve à la 154ème position sur les 188 pays selon l’Indicateur de développement humain (IDH). En effet l’IDH du pays est à 0,510, près de 76% de la population vit sous le seuil de pauvreté et, près de 50% des enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition. En 201544, le pays est peuplé de 24,24 millions d’habitants où chaque ménage est en moyenne composé de 5,2 personnes, 34% de la population se trouve dans le milieu urbain et 66% dans le milieu rural. D’autres indicateurs clefs caractérisant le pays sont présentés dans le tableau suivant..

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Table des matières

Partie I : Microfinance et développement dans la théorie économique
Chapitre 1. Approche conceptuelle
Section 1. La microfinance
Section 2. Le développement économique
Chapitre 2. Liens théoriques entre la microfinance et le développement économique 
Section 1. Les entraves au développement
Section 2. Impacts sociaux de la microfinance
Section 3. Impacts économiques de la microfinance
Section 4. Limites de la contribution de la microfinance au développement
Conclusion de la première partie
Partie 2 : Les Impacts réels de la microfinance au développement de Madagascar
Chapitre 3. Environnement économique et financier à Madagascar
Section 1. Niveau de développement du pays
Section 2. Constat du secteur de la microfinance
Chapitre 4. Analyse des impacts de la microfinance
Section 1. Impacts sur l’économie
Section 2. Impacts sur le bien-être
Section 3. Limites et impacts négatifs de la microfinance
Conclusion de la seconde partie
Conclusion générale

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