Mécanismes de la déglutition normale

Mécanismes de la déglutition normale

Définition de la dysphagie

Le terme « dysphagie » est dérivé de l’ancien grec et peut se scinder en deux : dysindiquant un mauvais état, et -phagie signifiant manger (Winstein, 1983). La dysphagie peut se définir comme étant une gêne, une difficulté ou une sensation de blocage lors de l’ingestion de liquides ou d’aliments à travers la bouche, le pharynx ou l’oesophage. En d’autres mots, il s’agit d’une impression d’obstacle lors du passage du bol alimentaire. De plus, la dysphagie est un symptôme d’une pathologie sous-jacente et non une maladie en elle-même (Lohe & Kadu, 2016). Finalement, la dysphagie est considérée comme un dysfonctionnement digestif et entre dans la Classification Internationale des Maladies (CIM) qui est supervisée par l’Organisation Mondiale de la Santé (Organisation mondiale de la santé, 2009). Il existe deux types de dysphagies : la dysphagie oropharyngée et la dysphagie oesophagienne (Lohe & Kadu, 2016). La première est celle qui est traitée dans ce travail. Elle est généralement décrite comme une incapacité à débuter la déglutition. Lohe et Kadu (2016) décrivent une problématique qui se situe au niveau du transfert du bol alimentaire de la bouche à l’oesophage supérieur. Une faiblesse dans les muscles de la langue semble être une cause première. La deuxième résulte d’une difficulté à faire passer la nourriture et les liquides dans l’oesophage et peut être provoquée par des troubles de la motilité ou des lésions mécaniques obstruant l’oesophage (Lohe & Kadu, 2016).

Mécanismes de la déglutition normale

La littérature scientifique distingue deux types de déglutitions : la déglutition volontaire et la déglutition spontanée (Forster et al., 2013). D’une part, la déglutition volontaire a lieu lorsque le sujet mange en étant conscient et éveillé. La déglutition volontaire fait partie du comportement alimentaire. D’autre part, la déglutition spontanée est le résultat d’une accumulation de salive ou de restes de nourriture en bouche. La déglutition spontanée a lieu durant le sommeil ou lorsque le sujet est éveillé sans qu’il en ait conscience et agit comme un réflexe de protection des voies aériennes supérieures contre l’arrivée de nourriture dans la trachée (Ertekin, 2011). Finalement, la déglutition est un phénomène complexe, en partie réflexe et en partie volontaire, activant différents composants moteurs, sensitifs et psychologiques. Plusieurs zones corticales du cerveau, notamment l’insula et l’opercule frontopariétal ainsi que plusieurs nerfs crâniens (V, VII, IX, X, XII) contribuent au contrôle neurologique de la déglutition (Humbert & Robbins, 2007). La déglutition normale se décline généralement en trois phases : la phase orale, pharyngée et oesophagienne (Forster et al., 2013). Tout d’abord, durant la phase orale, la nourriture arrive dans la cavité buccale où elle est mastiquée et mélangée à la salive. Il en résulte la formation du bol alimentaire. Avec l’élévation de la langue, le bol alimentaire est propulsé vers le pharynx. De plus, les mouvements de la langue vont stimuler les récepteurs oropharyngés qui vont activer le réflexe de déglutition pharyngée.

Ensuite, les mécanismes exacts de la phase pharyngée ne sont pas encore totalement connus. Cependant, plusieurs stimuli sensitifs et sensoriels tels que le goût, la pression, le contact et la température interviennent probablement dans le déclenchement de cette phase (Steele & Miller, 2010). De plus, plusieurs événements synchrones interviennent : l’élévation du palais mou évite le reflux de bolus vers le nasopharynx, la base de la langue contribue à la propulsion du bolus vers le pharynx, l’os hyoïde s’élève tandis que l’épiglotte s’abaisse pour éviter que le bol alimentaire passe dans les voies aériennes inférieures (Van Daele, McCulloch, Palmer, & Langmore, 2005). Enfin, durant la phase oesophagienne, le bolus est propulsé à travers l’oesophage jusqu’à l’estomac par le péristaltisme (Matsuo & Palmer, 2008). Finalement, la phase orale est principalement volontaire (Ertekin, 2011), mais aussitôt que la propulsion du bol alimentaire a lieu, une série d’événements spontanés et involontaires s’activent pour transporter la nourriture et protéger les voies aériennes inférieures (González-Fernández & Daniels, 2008).

Etiologie des troubles de la déglutition

Le concept de fragilité est un syndrome caractérisé par une diminution des réserves physiologiques de plusieurs organes menant à une plus grande vulnérabilité lors de situations stressantes (Belmin et al., 2014). Dans ce contexte, la vulnérabilité est considérée comme un risque augmenté d’évolution défavorable au niveau de la santé. De nombreux instruments de mesure ont été élaborés pour identifier la fragilité chez l’adulte âgé (Sternberg, Wershof Schwartz, Karunananthan, Bergman, & Mark Clarfield, 2011). Nombre d’entre eux se basent sur deux modèles : l’approche phénotypique de Fried et le modèle accumulatif de Rockwood (Santos-Eggimann et al., 2008). Le modèle phénotypique de Fried repose sur cinq dimensions : la dénutrition, la fatigue, la faiblesse musculaire, le ralentissement et un bas niveau d’activité physique.

Ce modèle positionne la fragilité en regard de la maladie, des déficits fonctionnels et des influences extérieures (Fried et al., 2001). Les adultes âgés fragiles ont une probabilité significativement plus élevée d’aller vers une dépendance fonctionnelle ou d’être admis en milieu hospitalier. Rockwood mentionne que la fragilité peut se mesurer par le nombre de problèmes de santé liés à l’âge sans tenir compte de leur nature ou de leur gravité. En outre, un index de fragilité a été mis en place et représente une proportion de problèmes identifiés dans un ensemble de variables de santé (Mitnitski, Mogilner, & Rockwood, 2001). En définitive, la fragilité est considérée comme indépendante des notions de comorbidité et de dépendance. Les variables du modèle de Fried ne se trouvent que dans la sphère de la fragilité. En revanche, les variables du modèle de Rockwood s’intègrent dans les trois dimensions : la fragilité, les comorbidités et la dépendance. Ainsi, le modèle de Fried semble être un indicateur spécifique de la fragilité alors que le modèle de Rockwood apparaît plutôt comme un indicateur global de la santé des adultes âgés (Santos-Eggimann & David, 2013).

Lien entre la fragilisation et la dysphagie La fragilité est considérée comme un syndrome gériatrique. Elle est favorisée par la présence d’affections chroniques multiples pouvant mener à la dépendance fonctionnelle et est décrite comme un processus progressif. Le concept de syndrome gériatrique a été défini pour la première fois en 1909 et regroupait les « four geriatric giants » qui étaient : l’incontinence, l’instabilité, l’immobilité et l’appauvrissement intellectuel (Baijens et al., 2016). D’autres syndromes, tels que la sarcopénie et la fragilité ont depuis été ajoutés (Ahmed, Mandel, & Fain, 2007; Cruz-Jentoft & Michel, 2013). Toutefois, à l’instar d’autres syndromes gériatriques, la fragilité n’est pas liée à une pathologie spécifique. La Société Européenne des Troubles de la Déglutition et la Société Européenne de Médecine Gériatrique ont proposé d’introduire la dysphagie oropharyngée comme syndrome gériatrique (Baijens et al., 2016). La dysphagie oropharyngée pourrait intégrer la liste des syndromes gériatriques pour plusieurs raisons. En effet, elle a une prévalence haute chez les adultes âgés, elle est associée à plusieurs comorbidités avec un pronostic défavorable et nécessite une prise en charge multidisciplinaire (Baijens et al., 2016).

Dysphagies liées au vieillissement physiologique Avec l’âge, des modifications physiologiques de la sphère oto-rhino-laryngée s’opèrent même chez l’adulte âgé sain (Belmin et al., 2014). La sensibilité laryngée et pharyngée semble diminuer. Plusieurs études suggèrent que le seuil de déclenchement du réflexe de déglutition est plus long à atteindre chez les adultes de plus de 61 ans (J. E. Aviv, 1997; R. Shaker et al., 1994). De plus, les phases orales et pharyngées sont plus longues, et la phase pharyngée réflexe apparaît plus tardivement chez l’adulte âgé en bonne santé. L’ouverture du sphincter supérieur de l’oesophage se fait plus lentement avec une moins bonne amplitude et le risque de résidus pharyngés semble augmenté (Forster et al., 2013). En parallèle, les adultes âgés présentent fréquemment une réduction de la sensibilité des fonctions gustatives et olfactives ainsi qu’une tendance à la sécheresse buccale et aux troubles buccodentaires (Forster et al., 2013). En définitive, la diminution progressive avec l’âge de la sensibilité laryngopharyngée et la baisse de la sensibilité gustative pourraient être des facteurs favorisants le développement de dysphagie et de broncho-aspiration chez l’adulte âgé (J. E. Aviv, 1997). Enfin, ces modifications physiologiques opérées même chez l’adulte âgé en bonne santé peuvent engendrer une dysphagie liée au vieillissement, communément appelée presbyphagie (Forster et al., 2013).

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Table des matières

1 Résumé
2 Remerciements
3 Déclaration
4 Introduction
4.1 Problématique
4.2 Question de recherche
4.3 But de la recherche
5 Cadre théorique
5.1 Définition de la dysphagie et déglutition normale
5.1.1 Définition de la dysphagie
5.1.2 Mécanismes de la déglutition normale
5.1.3 Epidémiologie de la dysphagie
5.2 Etiologie des troubles de la déglutition
5.2.1 La fragilisation
5.2.2 Lien entre la fragilisation et la dysphagie
5.2.3 Dysphagies liées au vieillissement physiologique
5.2.4 Causes mécaniques
5.2.5 Causes neurologiques
5.2.6 Les causes iatrogènes
5.3 Examens cliniques pour le dépistage précoce de la dysphagie
5.3.1 Tests de dépistage des troubles de la déglutition oropharyngée
5.3.2 La vidéofluoroscopie
5.3.3 L’endoscopie flexible par voie nasale
6 Méthode
6.1 Design de recherche
6.2 Stratégie de recherche documentaire
6.3 Sélection des données
6.4 Analyses des études retenues pour cette recherche documentaire
7 Résultats
7.1 Description de l’Etude 1 (Sørensen 2013)
7.1.1 Validité méthodologique
7.1.2 Pertinence clinique et réponse à la question de recherche
7.2 Description de l’étude 2 (Titsworth 2013)
7.2.1 Validité méthodologique
7.2.2 Pertinence clinique et réponse à la question de recherche
7.3 Description de l’étude 3 (Warner 2013)
7.3.1 Validité méthodologique
7.3.2 Pertinence clinique et réponse à la question de recherche
7.4 Description de l’étude 4 (Cummings 2015)
7.4.1 Validité méthodologique
7.4.2 Pertinence clinique et réponse à la question de recherche
7.5 Description de l’étude 5 (Li 2015)
7.5.1 Validité méthodologique 1
7.5.2 Pertinence clinique et réponse à la question de recherche
7.6 Description de l’étude 6 (Sivertsen 2017)
7.6.1 Validité méthodologique
7.6.2 Pertinence clinique et réponse à la question de recherche
7.7 Synthèse des principaux résultats
8 Discussion
8.1 Discussion des résultats
8.2 Discussion de la qualité et de la crédibilité des évidences
8.3 Limites et critiques de la revue de la littérature
9 Conclusion
9.1 Propositions pour la pratique
9.2 Propositions pour la formation
9.3 Propositions pour la recherche
10 Références bibliographiques
1 Annexe I : Tableaux de recension des études
2 Annexe II : Grade de recommandations de la HAS
3 Annexe III : Schéma simplifié du carrefour aérodigestif
4 Annexe IV : Test à l’eau, le Yale swallow protocol
5 Annexe V : Glossaire méthodologique

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