Matériaux et méthodes d’assemblage des restaurations partielles indirectes

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Les Table Top

Ces RPI ont pour but de restaurer l’organe dentaire ayant subit une usure. L’usure doit préalablement être identifiée en tant qu’érosion, abrasion, abfraction ou attrition pour que l’étiologie puisse être comprise et traitée en amont et intégrée dans le plan de traitement.
Les préparations sont peu invasives, il s’agit d’une pénétration contrôlée à une profondeur de 0,5mm à 0,8mm. 3 Rainures doivent être réalisées (versant interne cuspide vestibulaire, sillon central, versant interne cuspide palatine). Ainsi le praticien pourra éviter toute sur-préparation. Les crêtes marginales proximales sont préservées.
Les faibles épaisseurs de réduction et donc de fabrication des pièces peuvent laisser penser que la résistance à la fracture de ces pièces laisserait à désirer. Ce n’est pourtant pas le cas, plusieurs études ont été menées dont une étude à Marseille (13) et montrent que par la persistance de l’architecture proximale, les crêtes continuant de jouer pleinement leur rôle mécanique, la restauration travaille essentiellement en compression ce qui est très bien toléré par les deux familles de matériaux utilisées pour ces RPI que sont les composites et les céramiques.

Les résines composites

Un matériau composite est un matériau composé de plusieurs matériaux de nature ou d’origine différentes et dont les caractéristiques mécaniques sont supérieures à celles des matériaux entrant dans sa composition. La cohésion de cet ensemble devant être réalisée par des liaisons mécaniques, chimiques ou physiques. (23)
Dans le domaine dentaire une résine composite est formée d’une matrice organique résineuse représentant 24 à 50% du volume du composite, dans laquelle des charges servent de renfort. La cohésion entre la matrice et les charges se fait par le biais d’un agent de couplage, le silane. (24) Actuellement, un grand nombre de résines composites est sur le marché dentaire. Elles diffèrent entre autre en fonction du pourcentage, de la taille et de la composition de particules de charges entrant dans leurs constitutions. Elles diffèrent également selon de nombreux autres critères qui ne seront pas abordés ici (Mode de polymérisation, viscosité, famille…).
Seulement une partie de ces résines pourra être utilisée comme matériau de restauration partielle indirecte collée, ce sont les résines composites de laboratoire :
Les premières résines de laboratoire, élaborées dans les années 80, n’ont pas donné de résultats satisfaisants à long terme. En effet, elles présentaient une usure de fatigue, entrainant à long terme l’apparition de fractures partielles et totales au sein du matériau.
Ces résultats étaient en rapport avec leur composition :
o Matrice à base de Bis GMA (Bis phénol A Glycidil Diméthacrylate) et une charge globale d’environ 72 % en poids. Ces premières résines composites sont également formées d’éther d’acide méthacrylique multifonctionnel (Dentacolor, Kulzer). On l’appelle aussi résine de Bowen. (25)
Plus tard, d’autres résines composites de laboratoires ont été élaborées. Ces dernières cherchaient à présenter des caractéristiques mécaniques plus plastiques/ductiles afin de mieux s’adapter aux contraintes liées à la mastication et à l’occlusion. (26)
o Matrice à base de Diméthacrylate d’uréthanes ou UDMA. Ces secondes résines composites micro – chargées présentent des propriétés plus plastiques que celles à base de Bis GMA. Cependant on n’observe pas une amélioration franche des propriétés mécaniques du matériau par rapport aux premières résines citées.
o Matrice à base de polycarbonate ou PCDMA. Ces dernières résines composites de laboratoires élaborées présentent un caractère plus ductile, un module d’élasticité et une résistance à la fracture plus élevée.
Ces composites sont dits « micro-chargés » car leurs charges ont une dimension comprise entre 0 ,04 et 100 on parle de micro-particules, c’est le cas de la silice pyrolytique. Ici, les particules de charges ont toute une dimension identique.
Les composites macrochargés ne sont, eux, que très peu utilisés actuellement.
On retrouve également des composites micro-hybrides, nano-hybrides ou nano chargés, également photo polymérisable.
La résine de Bowen n’a pas totalement été abandonnée. Une formulation a été crée associant une matrice constituée de diméthacrylate d’uréthane (UDMA) mais également formée de 34 % en volume de résine de Bowen (Bis GMA).
Ces composites sont dits hybrides car des particules de charges de différentes tailles sont associées : Une macro charge pré polymérisée et une micro charge d’acide silicique pinolytique constituent la charge de ce composite (EOS Ivoclar).(25)
L’augmentation de la quantité de charges inorganiques, associée à l’incorporation de macro charges, confère à ce matériau une meilleure résistance mécanique avec un meilleur rendu esthétique.
Enfin, pour améliorer encore une fois les résistances aux contraintes de ces composites de laboratoire, et donc leur longévité, des fibres ont été incluses au matériau composite et permettent d’en renforcer la structure sans avoir à utiliser un renfort métallique. Ces fibres sont essentiellement constituées de Verre, de Carbone ou encore d’Aramide. Plusieurs systèmes proposent l’utilisation de fibres de renfort: Targis®, Vectris® (Ivoclar), Connect®-Belle Glass HP® (Kerr).

Les matériaux hybrides

Ces matériaux sont vulgairement appelés « hybrides » mais sont aussi connus sous le nom de Réseaux de Céramique Infiltrée par un Polymère, soit RCIP.
Ils ont été mis au point par le Dr Michael Sadoun. Ils associent donc une céramique poreuse qui est renforcée par infiltration à très haute pression d’un polymère. Cela crée un matériau composite à phases interpénétrées.
Ils ont pour avantage une fragilité réduite, une meilleure usinabilité par rapport aux autres céramiques ainsi qu’une meilleure résistance mécanique à l’usure par rapport aux composites. (17)
On distingue deux sous catégories de RCIP :
 Les composites à charges dispersées également appelés « Dispersed filler » d’une part.
 Les « PICNs » (Polymer Infiltrated Ceramic Network) ou encore « double network hybrid materials » d’autre part, dont les éléments sont à phase interpénétrée, constituant alors un échafaudage tridimensionnel de particules interconnectées permettant de répartir plus efficacement les contraintes dans toutes les directions, augmentant les propriétés biomécaniques du matériau.

Les alliages métalliques

Ces matériaux sont de plus en plus délaissés au profit de ceux cités précédemment (D. 1, D.2, D.3). En effet, comme nous l’avons vu, les techniques rétentives ont été mises de côté au profit des protocoles adhésifs et des matériaux pour lesquels un collage est envisageable. De plus, peu esthétiques, les alliages métalliques ont quasiment été abandonnés pour la réalisation de pièces préformées dans le cadre de restaurations partielles.

Les facteurs de choix du type de matériau utilisé

Facteurs liés aux propriétés des matériaux

Les céramiques, les résines composites et les matériaux hybrides présentent des propriétés esthétiques, fonctionnelles, biologiques et un aspect financier différents que l’on peut mettre en comparaison afin d’en tirer les indications de l’utilisation de ces matériaux. (36)(37)(38)(39). Cf Tableau 2.

Les concepts de l’adhésion

Définitions de l’adhésion et de l’adhérence

Si l’on cherche dans le dictionnaire, l’adhésion est finalement bien brièvement définie. Il s’agirait d’un « Phénomène physique et/ou chimique créant l’adhérence », l’adhérence étant elle même définie comme « l’Etat d’une chose qui tient, qui adhère à une autre ». (40)
Lorsque l’on parle d’adhésion, on doit en fait définir l’interface à laquelle l’adhésion a lieu. Cela fait donc intervenir 2 surfaces que l’on veut mettre en relation directement ou au travers d’un troisième corps (pour nous, le système adhésif + polymère de collage).
Une interface est définie comme étant une discontinuité́ soit de l’arrangement atomique, soit de la structure électronique soit de la composition chimique. (41) Dans notre situation de collage d’une RPI à un substrat dentaire, notre interface est donc double : Dent (Email ou Dentine)/Adhésif et Adhésif/RPI.
Le principe d’un collage adhésif repose donc sur le concept de jonction et non de rétention. C’est ainsi que l’on peut procéder à des préparations non invasives puisqu’elles ne nécessiteront pas de systèmes rétentifs.
Même si ces notions sont étroitement liées et permettent de se définir l’une et l’autre, il faut distinguer de l’adhésion qui englobe l’ensemble des forces visant à lier deux corps, l’adhérence, qui elle, correspond à la force ou à l’énergie nécessaire à la séparation d’un assemblage collé. (42)

Les théories de l’adhésion

Plusieurs théories permettent d’expliquer ce phénomène d’adhésion. Elles sont en réalité toutes impliquées.
La théorie physico-chimique faisant intervenir les forces de liaison inter et intra moléculaires que nous aborderons plus tard (cf III. C.).
La théorie électrique, selon laquelle des champs électriques se formeraient à la surface du substrat dentaire, de polarité inversée à celle de l’adhésif. Il se crée alors un échange de charges entre les sites donneurs au niveau de l’organe dentaire et les sites receveurs de l’adhésif. (43)
La théorie thermodynamique liée au comportement d’un liquide sur un solide, également appelée théorie du mouillage. (Cf III.D.1.)
La théorie mécanique, selon laquelle l’adhésion s’effectue par l’ancrage de l’adhésif dans les rugosités à la surface du substrat dentaire. (cf III. E.)

Propriétés interactives d’un liquide et d’un solide

Comme nous l’avons décrit plus haut, lors d’un collage d’une pièce sur une surface dentaire, l’interface est double : La première est formée par la surface dentaire ainsi que de l’agent adhésif et la deuxième est formée par l’agent adhésif et la pièce constituant notre restauration partielle. L’adhésif, avant polymérisation est sous la forme d’un liquide, plus ou moins visqueux. Il sera appliqué sur une surface solide, le tissu dentaire, ainsi que sur la pièce constituant notre RPIC.

Mouillabilité

Il est donc important de décrire le phénomène de mouillabilité, qui permet de caractériser la façon dont un liquide se comporte sur une surface solide. (46)
Nous utiliserons l’image de la goutte déposée sur une surface solide plane. On considère que plus la goutte va s’étaler sur la surface et plus la surface sera définie comme étant mouillable. La notion de mouillage est directement corrélée à l’angle de raccordement  (ou angle de contact) du liquide sur le solide. On le rencontre au point triple où l’on retrouve la surface solide, le liquide et la vapeur (souvent de l’air), lieu où trois forces interfaciales exercées : les tensions solide-liquide SL, solide-vapeur SV et liquide-vapeur LV.

Énergie de Surface

Il est également important d’aborder la notion d’énergie de surface.
C’est l’énergie nécessaire pour casser les liaisons moléculaires entre les molécules de surface des solides et des liquides. (48)
On peut ainsi mesurer l’énergie de surface du solide mais également celle du liquide. Dans le cas d’un solide, l’énergie de surface s’exprime en milijoule par mètre carré, dans le cas du liquide on a pour coutume d’utiliser le terme de Tension de surface (ou tension superficielle) qui s’exprime, elle, en miliNewton par mètre.
Si l’énergie de surface du solide est supérieure à celle du liquide, les forces d’attraction vont pousser le liquide à s’étendre sur la surface. A l’inverse, si le liquide possède une tension de surface supérieure à celle du solide, on obtiendra une goutte sous une forme sphérique stable. Pour faire le lien avec la notion établie précédemment, on considère qu’un liquide ne mouille pas bien un solide possédant une faible énergie de surface.
Dans notre situation, au plus l’adhésif pourra s’étaler sur la surface dentaire et au plus on réduira l’épaisseur du joint entre l’organe dentaire et la pièce de restauration indirecte, ce qui permettra d’assurer une meilleure étanchéité et de limiter au maximum la diffusion de bactéries et de toxines vers le centre de l’organe dentaire.
Ainsi, pour obtenir un mouillage idéal du substrat dentaire par l’adhésif, il faut que l’énergie de surface de l’émail et de la dentine soit supérieure à la tension de surface de l’adhésif.
Nb : Le mordançage acide de l’émail et de la dentine permet d’augmenter l’énergie de surface de ces substrats en ouvrant permettant une pénétration capillaire de l’adhésif dans les rugosités crées.

Hystérèse

La notion de mouillabilité implique une surface totalement lisse et plane comme nous avons pu le définir précédemment.
Cependant, les structures dentaires ne sont en réalité pas comme telles. En effet, lors de la procédure de collage, le mordançage préalable de la surface a pour but de créer des micro rugosités, permettant d’augmenter la surface de collage.
Il faut alors décrire le phénomène d’hystérèse, car le mouillage d’une surface rugueuse ou texturée ne s’effectue pas de la même manière qu’une surface plane.
Cette surface solide ne pouvant en effet être considérée comme « parfaite », il est compliqué de mesurer avec certitude l’état d’équilibre d’un angle de contact. On détermine alors deux angles de contact, un angle d’avancée a, mesuré en augmentant le volume de la goutte, et un angle de retrait r, obtenu après une diminution du volume de la goutte (ou une évaporation d’une partie du liquide).
La différence entre ces deux angles correspond à l’hystérèse d’angle de contact.

Essayage de la pièce prothétique

Après avoir vérifié la qualité du travail prothétique remis sur le modèle de travail par le laboratoire et après avoir déposé la restauration provisoire qui avait préalablement été réalisée en inter-séance (à l’aide de curette, CK6, arrache-couronne, détartreur ou par fraisage en fonction de la restauration provisoire établie), la pièce prothétique pourra être essayée en bouche.
Lors de l’essayage de la pièce à coller, on vérifie que celle-ci s’adapte parfaitement à notre préparation : (42)(50)
– Adaptation marginale (absence de hiatus) : On peut vérifier visuellement, puis avec une sonde, que les limites prothétiques soient en continuité avec les limites de préparation de l’organe dentaire. Si ce n’est pas le cas, cela peut être dû à des résidus de ciment provisoire (qui devront alors être à nouveau éliminés), ou bien à un défaut de fabrication de la pièce. Dans ce deuxième cas de figure, il faudra reprendre une empreinte afin que la pièce soit refaite par le prothésiste.
– Bon engrènement : Les points de contact doivent être suffisamment présents afin d’éviter les tassements alimentaires, mais leur intensité ne doit pas être trop forte afin que la pièce puisse s’insérer complétement et que le fil dentaire puisse être passé.
Si le contact est trop prononcé, on peut mettre en place un papier d’occlusion en inter dentaire et essayer de le retirer une fois la pièce mise en place et maintenue avec une spatule de bouche. Le papier aura alors marqué la zone où l’intensité du point de contact est trop importante, ce qui nous permettra de le retoucher avec une fraise diamantée bague rouge petit à petit en répétant l’opération.
Si le contact est trop faible ou inexistant, la pièce pourra être renvoyée au laboratoire de prothèse afin qu’ils viennent « forcer » le contact par adjonction de matière.
– Occlusion : La vérification de l’occlusion est possible pour les restaurations présentant une épaisseur supérieure ou égale à 2mm et présentant un recouvrement cuspidien total mais est vivement déconseillée pour les pièces plus fines du fait de leur fragilité. Pour ces dernières il sera donc préférable de régler l’occlusion après l’assemblage.
– Intégration optique : De manière globale on vérifiera l’accord de la teinte, que l’on aura choisi pour la pièce, avec celle des dents adjacentes. Cet essayage devra se faire sans champ opératoire pour ne pas être faussé dans notre analyse esthétique. Pour une dent postérieure, nos exigences pourront être moins importantes que pour une facette antérieure par exemple, où, en plus de la teinte de nombreux critères esthétiques devront être validés (opalescence, translucidité, reliefs, caractérisations de surfaces, visualisation plus ou moins important des lobes dentinaires, zones de transition plus ou moins marquées…).
Il est à noter que l’essayage de la pièce « sèche » montre souvent une intégration esthétique insuffisante. Pour avoir une idée de sa teinte après assemblage il est préconisé d’utiliser une solution d’essayage hydrosoluble également appelée « try-in » ou à défaut une fine couche de glycérine.
Si l’ensemble de ces conditions sont remplies, nous pourrons alors procéder à l’isolation de l’organe dentaire sur laquelle la RPI sera collée.

Les techniques d’isolation

L’isolation dentaire regroupe l’ensemble des techniques et éléments qui permettent d’isoler le ou les organes dentaires du reste de la cavité buccale. (51)(52)(53)
Ce procédé devrait être systématique en Odontologie conservatrice ainsi qu’en Endodontie puisqu’il revêt plusieurs rôles primordiaux :
– Asepsie : Travail à l’abri d’une contamination bactérienne et de germes potentiellement pathogènes.
– Etanchéité : Rempart contre la salive, les fluides gingivaux, le sang, et l’humidité du milieu buccal (les colles étant hydrophobes, il est recommandé de coller dans un environnement sec).
– Ergonomie : Travail à distance des éléments anatomiques (langues, joues, lèvres) perturbateurs.
– Visibilité : Confort visuel et diminution de la fatigue visuelle.
– Sécurité de travail : Pour le patient, l’isolation lui évitera une ingestion de produits chimiques toxiques caustiques, d’instruments et de matériaux utilisés pendant l’acte ; Pour le praticien, l’isolation diminuera le risque de contamination croisée et d’exposition aux fluides biologiques.
Les techniques d’isolation font appel de manière systématique à :
• La digue : Carré en Latex ou en polyuréthane de 6 pouces aux propriétés élastiques.
• Les crampons : Clamp métallique permettant le maintien de la digue autour d’une dent grâce à ses mors. Ils peuvent être de différentes formes en fonction de la dent sur laquelle ils sont mis en place (Molaire, Prémolaire, secteur antérieur) et présenter ou non des ailettes permettant la mise en place de la digue selon la technique dite « parachute ».
• Le cadre à digue : En plastique ou en métal, circulaire ou quadrangulaire, il permet de tendre la digue afin de travailler de manière optimisée.
On peut également avoir besoin de façon ponctuelle de moyens de calfatage complémentaires :
• Le fil dentaire : Si il est utilisé de manière quasi systématique pour passer la digue entre les points de contacts dentaires dans la technique conventionnelle, il peut également être utilisé pour la bloquer en créant des « noeuds d’arrêt » afin que la digue reste plaquée et ne remonte pas lors du collage de nos pièces.
• La digue liquide : Conditionné sous forme de seringue, ce gel de viscosité modérée est photo polymérisable et se transforme en une coque semi rigide après polymérisation. La digue liquide est destinée à l’isolation locale du champ opératoire, lorsque la feuille de digue ne permet pas d’obtenir une isolation parfaite (remontée de fluide gingival par exemple).
• Le Téflon est un polymère thermoplastique utilisé initialement en plomberie car il possède une grande inertie chimique, un pouvoir d’étanchéité ainsi qu’un fort potentiel anti adhésif.
Conditionné sous forme de rouleau, on peut le découper en bandes afin de protéger les dents adjacentes saines lors du processus de mordançage. Il peut également être « roulé » de sorte à former un fil qui pourra être placé dans le sulcus dentaire afin de procéder à la rétraction gingivale mais pourra également servir à combler les zones que la digue ne recouvre pas et venir améliorer l’étanchéité du champ.
Si ces techniques d’isolation ne sont pas encore mises en place de manière systématique par l’ensemble des praticiens, il faut prendre conscience que la digue dentaire est un outil qui a été mis à disposition des chirurgiens-dentistes depuis plus d’un siècle aujourd’hui, et qui présente des résultats éprouvés.
Elle fait partie des recommandations de la HAS et représente donc une obligation médico légale en Endodontie (rapport publié en 2008), mais ne l’est pas en Odontologie Conservatrice. C’est donc plutôt l’expérience et le recul clinique qui a amené grand nombre de chirurgiens-dentistes à un consensus concernant son utilisation pour le collage.
Si son usage est primordial pour tous les avantages qu’elle procure et que l’on a évoqué plus haut, il reste encore un point indéfini : Faut-il préférer une digue unitaire ou plurale pour le collage des RPIC ?
Il n’y a actuellement pas de consensus concernant cet usage mais nous tenterons ici d’établir les avantages et les inconvénients que chacune des deux techniques peut amener.
• Digue Unitaire : L’organe dentaire sur lequel la pièce doit être collée et entièrement isolé du reste de la cavité buccale, des autres organes dentaires y compris.
• Digue Plurale : Des dents adjacentes à l’organe dentaire sur lequel la pièce sera collée sont inclues dans le champ opératoire.

Les traitements des surfaces dentaires préalables au collage

Après avoir obtenu une bonne isolation, propice au collage de la pièce, des traitements de surface devront être réalisés afin de s’assurer que la surface dentaire est parfaitement propre et propice au collage. On aura donc éliminé au préalable tous les éléments pouvant entraver l’adhésion.
Les potentiels résidus de ciment provisoire, les « Try Paste » ou pâtes d’essayages des RPIC ou toutes autres contaminations survenues au cours des séances de préparations et d’essayage seront donc totalement éliminés.
Pour se faire, un appareil ultrasonique ou un disque abrasif à faible vitesse pourront éliminer les résidus de ciment et autres polluants visibles. (37)
Par la suite, un sablage doux des surfaces dentaires pourra être réalisé par le biais de particules d’oxyde d’Alumine de petite taille (25 à 50 microns). Ce sablage se fera au cabinet dentaire, sous digue, à l’aide d’appareil de type sableuses intra orales. (37).
Le sablage est une préparation mécanique de l’émail, contrairement au mordançage qui est correspond à un traitement chimique. Le sablage consiste à projeter des particules à haute vitesse dans un flux d’air sec ou dans un brouillard d’eau. (54)
Cette procédure doit être douce (pression de 2 ou 3 bars), en effet, elle ne doit pas altérer la couche hybride qui aura été formée préalablement lors du scellement dentinaire immédiat (IDS, Immediate Dentin Sealing). Cet IDS, réalisé juste après l’étape de préparation et avant la prise d’empreinte consiste en l’application d’un adhésif, un M&RIII ou un SAM2 (plus souvent) car il diminue le risque de sensibilités post opératoires, (42)(55), sur la dentine fraichement préparée, suivie de l’application d’une résine composite fluide afin de diminuer d’une part les sensibilités liées à la préparation mais également de rendre imperméable la dentine aux bactéries et toxines, ainsi qu’aux stimulis hydrodynamiques. (56)

Mordançage de la surface dentaire

Effets sur l’émail

Il est admis aujourd’hui que la qualité́ du mordançage amélaire est le principal facteur influençant la valeur de l’adhésion à l’émail. Le mordançage d’une surface dentaire par rapport à une surface non traitée multiplierait par 20 la force du collage ultérieur. (57).
Si nous pourrons voir plus loin que dans certains systèmes adhésifs l’agent mordançant est « inclus », nous prendrons tout de même le temps de décrire cette étape qui est distincte dans le cas des systèmes adhésifs MR3 (cf D.2) et qui doit donc être réalisée en premier lieu.
De nombreux agents acides ont été utilisés sur l ‘émail (comme acide chlorhydrique, l’acide citrique, l’acide formique…) mais l’agent mordançant universellement utilisé aujourd’hui sur les surfaces dentaires est l’Acide Ortho – phosphorique, d’une concentration comprise entre 30 et 40% (en général 37%), il présente le plus d’avantages et permet de préparer l’émail tout en préservant un maximum les tissus dentaires. Cette technique a été décrite en 1955 par Mr. Buonocore. (54)(57).
Rappelons brièvement que l’émail est essentiellement constitué de cristaux d’Hydroxyapatite Ca10 (Po4)6 (OH)2 empilés et regroupés au sein de Cristallites pour former des prismes ou bâtonnets d’émail. Ces prismes débutent à la jonction amélo-dentinaire et s’arrêtent à 30m environ de la surface dentaire. Entre ces prismes on trouve une substance moins organisée, dite inter prismatique. Et sur l’extrême surface dentaire, de l’émail aprismatique, constituée de gros cristaux d’hydroxyapatite perpendiculaires à la surface dentaire. (57).

Importance du rinçage/ séchage

Un rinçage à l’eau claire, abondant, et d’une durée égale ou supérieure au temps de mordançage est essentiel. D’une part, le rinçage va éliminer tous les précipités d’émail dissout, de boue dentinaire, etc,… Mais le rinçage abondant permet également d’éliminer en totalité l’acide de mordançage, et de mettre fin à son action.
Au niveau de l’émail, si il persiste de l’acide sur les surfaces dentaires, cela pourrait entrainer une déminéralisation excessive des tissus et créer des sensibilités post interventionnelles.
Au niveau de la dentine, on estime que la zone dentinaire traitée par l’acide est ensuite constituée d’environ 1⁄4 de collagène et de 3⁄4 d’eau. Si le rinçage est très important, le séchage doit être modéré. En effet, si ce dernier est insuffisant, la présence d’eau en trop grande quantité dans les tubulis empêchera la bonne infiltration de la résine de collage. Cependant, si le séchage est excessif, la surface devient compacte et la pénétration de la résine adhésive se fait plus difficilement. (42)
Le rinçage, suivi d’un séchage doux permettra d’augmenter l’énergie de surface des tissus (émail et dentine), qui devient alors supérieure à la tension superficielle de l’adhésif, lui autorisant alors un étalement optimal. L’adhésif pourra alors parfaitement mouiller la surface dentaire, pénétrer les canalicules dentinaires et créer une attache résineuse.

Les vitro céramiques (64)

Comme nous avons pu le décrire précédemment, le caractère biphasé lié à la forte proportion de phase vitreuse présente dans ces céramiques fait d’elles des céramiques mordançables.
L’agent qui sera utilisé pour le conditionnement acide est l’acide Fluorhydrique avec une concentration de 5%. Son temps d’application dépend entièrement du type de vitro céramique travaillée. Ce procédé fait apparaître un relief anfractueux dans l’intrados de la céramique en dissolvant une partie de la matrice vitreuse. Ce traitement permet d’augmenter considérablement l’adhésion entre la colle et la céramique.
Après rinçage et séchage, un agent de liaison qu’on appelle le Silane est appliqué. Il a pour but d’augmenter considérablement la mouillabilité de la résine adhésive qui infiltrera ensuite la pièce, l’énergie de surface de la céramique est ainsi augmentée. Il faut ensuite souffler longuement sur le silane afin d’enlever les excédents et de matériaux.

Les céramiques cristallines (alumineuses ou Zircone) (64)

La faible proportion de phase vitreuse contre indique le conditionnement acide de ces pièces. En effet la phase cristalline ne pouvant être réellement mordancée, et étant présente en plus grande proportion, nous n’aboutirions pas à un réseau anfractueux propice au collage comme dans le cas précédent. Ces céramiques seront donc scellées. Nous aborderons donc succinctement les étapes de conditionnement de ces céramiques qui ne rentrent pas dans l’objet de cette thèse, traitant des pièces collées et non scellées.
Elles sont conditionnées par le biais d’un traitement mécanique qu’est le sablage. Des particules d’Alumine de 50m sont projetées sous pression d’air pour augmenter la rugosité de la pièce. Un revêtement de silicate appelé traitement tribochimique peut également modifier la rugosité de la pièce (moins fréquemment utilisé). Cette étape est réalisée au laboratoire de prothèse avant que la pièce ne nous soit livrée.
Après quoi, un agent de couplage, un primer Zircone (ex : Z-PRIMETM PLUS de chez Bisco) pourra être appliqué, passé en plusieurs couches puis longuement soufflé pour favoriser son étalement et enlever les excédents de matériaux. Il favorisera l’adhésion avec des colles à base de résine.

Les matériaux hybrides (type Enamic®) (12)

Ces matériaux, hybrides, comme leur nom l’indique nous poussent à utiliser 2 agents acides différents pour conditionner la pièce prothétique. De l’acide fluorhydrique concentré à 9% sera appliqué sur l’intrados pendant 20sec avant d’être rincé et séché sur la même durée. Par la suite, une application d’acide ortho phosphorique à 37% sur une durée de 1 minute est réalisée afin de traiter l’excès de mordançage à l’acide fluorhydrique, puis est rincé.
Par la suite, un silane pourra être appliqué pendant 1 minute. Cette dernière étape est controversée, elle ne serait pas forcément nécessaire en raison de la disparition de la phase minérale en surface. Il faut ensuite souffler longuement sur le silane afin d’enlever les excédents de matériaux.

Les résines composites (15)

Les RPI en résine composites ont subi un traitement de sablage au laboratoire de prothèse, comme dans le cas des céramique cristallines, afin d’augmenter la rugosité de l’intrados de la pièce. Ce sablage est réalisé par des particules d’oxyde d’alumine de 50m envoyées sous pression d’air.
Par la suite, lorsque l’on reçoit la pièce, celle-ci peut être mordançée à l’acide fluorhydrique ou à l’acide ortho phosphorique pendant 1min (étape facultative) et ce, afin de procéder à son nettoyage en profondeur. La pièce est ensuite rincée abondamment et séchée jusqu’à obtention d’une surface blanche crayeuse.
Un agent de couplage, le silane, peut alors être appliqué sur l’intrados, en frottant la pièce pendant 1min afin de faciliter sa pénétration. Il faut ensuite souffler longuement sur le silane afin d’enlever les excédents et de matériaux.

Le rôle du silane

L’étape de silanisation (application du silane ou agent de couplage sur la pièce prothétique) est une étape nécessaire pour permettre un bon étalement de la résine adhésive sur la pièce à coller et créer une interface adhérente et étanche.
Pour approfondir, silane crée en fait des liaisons covalentes : Des liaisons siloxanes avec les radicaux hydroxyles de la céramique et des liaisons carbones par copolymérisation avec la phase organique de la résine adhésive et du composite de collage. (57)
Certains fabricants ont voulu simplifier l’étape de silanisation en la couplant au conditionnement par l’acide fluorhydrique en les regroupant au sein d’un unique flacon. C’est le cas du Monobond® Etch & Prime d’Ivoclar Vivadent par exemple. Il faut se méfier de ces flacons uniques, qui semblent satisfaisants au niveau du gain de temps. Ils sont cependant sensibles aux variations de température et à l’humidité, soumis à ces variations, les composants peuvent interagir entre eux et précipiter.
Il faut préférer distinguer l’application de l’acide de mordançage et du silane pour obtenir un collage plus fiable.

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Table des matières

I. Introduction
II. Les restaurations partielles indirectes collées
A. Définitions
B. Les différentes catégories de RPI
1. Les restaurations partielles collées antérieures
a. Les Chips
b. Les Facettes
2. Les restaurations partielles collées postérieures
a. L’Inlay
b. L’Onlay
c. L’Overlay
d. Le Veenerlay
e. Les Table Top
C. Indications et limites
D. Les matériaux de fabrication des restaurations partielles
1. Les céramiques
a. Définition
b. Les différents types de céramiques
c. Propriétés
2. Les résines composites
a. Définition
b. Propriétés
3. Les matériaux hybrides
a. Définition
b. Propriétés
4. Les alliages métalliques
E. Les facteurs de choix du type de matériau utilisé
1. Facteurs liés aux propriétés des matériaux
2. Facteurs liés au type de restauration envisagée
III. Les concepts de l’adhésion
A. Définitions de l’adhésion et de l’adhérence
B. Les théories de l’adhésion
C. Propriétés interactives d’un liquide et d’un solide
1. Mouillabilité
2. Énergie de Surface
3. Hystérèse
D. Notion de couche hybride
IV. Matériaux et méthodes d’assemblage des restaurations partielles indirectes
A. Essayage de la pièce prothétique
B. Les techniques d’isolation
C. Les traitements des surfaces dentaires préalables au collage
D. Le protocole de collage
1. Le mordançage
a. Mordançage de la surface dentaire
1) Effets sur l’émail
2) Effets sur la Dentine
3) Importance du rinçage/ séchage
b. Conditionnement de la pièce prothétique
2. Le rôle du silane
3. Les systèmes adhésifs
a. Définition
b. Classification
1) Systèmes M&R
2) Les systèmes SAM
3) Les systèmes universels
c. Avantages et inconvénients des différents systèmes adhésifs
d. Indications des systèmes adhésifs selon la zone à restaurer
e. Indications des systèmes adhésifs selon le matériau constituant la RPIC
4. Les polymères de collage
a. Définition
b. Classification des différentes résines de collage
1) Les colles sans potentiel adhésif
2) Les colles avec potentiel d’adhésion propre
3) Les colles « auto adhésives »
c. Cahier des charges du matériau d’assemblage idéal
E. Assemblage et photo- polymérisation
1. Assemblage
2. Photo-Polymérisation
F. Finitions et Polissage
V. Systématisation de protocoles d’assemblage types
VI. Synthèse

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