MARC-ANTOINE MURET, un humaniste dans l’air du temps

Marc-Antoine Muret, un humaniste dans l’air du temps

« Veggio tutto’l mondo scrivere Varie Lettioni.» lance Carlo Sigonio lorsqu’il écrit à Fulvio Orsini en 1567. Ces quelques mots résument toute une époque. La seconde moitié du XVIe siècle marque en effet le point d’acmé d’une passion qui aura saisi toute l’Europe de la Renaissance: la mode des Variae lectiones. Ce genre littéraire, qui puise ses racines dans l’Antiquité, est remis au goût du jour dans les années 1470s, sous la plume des grands humanistes de cette fin de Quattrocento et n’aura de cesse de gagner de nouveaux adeptes jusqu’au XVIIe siècle. Mais c’est surtout dans la seconde moitié du XVIe siècle que le phénomène atteint son paroxysme. Érudits et charmants, ces petits écrits sont alors devenus un exercice incontournable auquel vont s’adonner les savants de l’époque.
Marc-Antoine Muret, jeune français ambitieux fraîchement débarqué à Venise en 1554, cherche justement à se faire un nom parmi les milieux lettrés de son temps.
Professeur talentueux, brillant orateur, éditeur prolixe, il cumule les casquettes en espérant un jour produire le grand œuvre de sa vie, celui qui lui offrira une place dans le glorieux panthéon des arts et des lettres. Les Variae lectiones vont lui en fournir l’occasion. Aimant à suivre les goûts de son temps, Muret n’aura aucune difficulté à adopter et mettre en pratique les codes du genre pour imposer son ouvrage comme une référence en la matière.
L’histoire de Marc-Antoine Muret et de ses Variarum lectionum libricommence donc par la rencontre entre une mode littéraire et l’une des grandes figures incarnant l’esprit de l’Humanisme et de la Renaissance.

MURET EN ITALIE: UN NOUVEAU DÉPART

L’exil forcé

Les premiers pas de Muret dans la Péninsule ne faisaient pas partie d’un quelconque plan de carrière ni même du désir d’effectuer son « voyage en Italie », comme cela se faisait chez les étudiants et apprentis humanistes de l’époque, chez les Français, les Espagnols, les Allemands et les Hollandais, ceux du Nord, d’au-delà les Alpes, qui prenaient leurs maigres effets et poussaient jusqu’à Rome, Florence ou Venise, mères de l’humanisme et de la pensée du siècle, pour parfaire leur éducation.
Muret ne l’avait pas prévu, ce voyage.
C’était arrivé à cause de son amour pour les chairs, de toutes sortes, celles des jeunes hommes, surtout, et celle de Ludovicus Memmius Frémiot , encore plus. « Sodomite ». On en brûlait pour moins que cela en ces temps aussi clairs-obscurs que les toiles du Caravage, plus obscurs que clairs malgré tout l’or et la pourpre des arts glorifiés. « Sodomite » donc, Muret l’était. On le condamna, à Toulouse où il enseignait. Hiver 1554. Heu fuge crudeles terras, fuge litus avarum ! « Hélas fuis ces terres cruelles, fuis ce rivage avare ! » chantait Vigile . Il faut croire qu’un vers latin peut suffire à sauver des vies. Il était là, glissé par une main anonyme, au petit matin, sous la porte. On avait dénoncé Muret. On, un autre, quelque ami, dénonçait l’arrestation imminente . Que faire ? Fuir. Bien sûr. En secret. Quand on préparait les bûchers sur la place Saint-Georges. Fuir. L’exil. Où ? L’Italie. Redevenir inconnu pour commencer une nouvelle vie.
Quelque part au début de l’année 1554, Marc-Antoine Muret, ainsi nommé d’un coin de Limousin où ses ancêtres avaient pris racines, Marc-Antoine Muret, né le 12 avril 1526 d’un père jurisconsulte et d’une mère dévote, Marc-Antoine Muret, éduqué, lettré, professeur précoce et talentueux ayant officié à Poitiers, Villeneuve d’Agen, Bordeaux, Auch, Paris, Toulouse, latiniste de génie et poète à ses heures, ami de Ronsard et de du Bellay, petite personnalité française en devenir, Marc-Antoine Muret donc abandonnait ses biens et sa situation pour franchir les Alpes. Dans le même temps, en royaume de France, faute de mieux, on brûlait son effigie.
Ce fut à Venise que le Limousin choisit de tenter sa chance . La Sérénissime, république florissante et tolérante, était alors toujours en quête de beaux esprits pour nourrir ses cours et ses collèges. En France, il était un excellent professeur. Pourquoi ne pas l’être de nouveau en Italie ? On cherchait justement à pourvoir la chaire d’humanités du couvent San Francesco della Vigna. Il postula. Difficile pour un inconnu sans fortune ni protecteur, sans recommandations ni renommée, étranger de surcroît, de briguer un tel poste – car malheureux les barbares transalpins qui espéraient alors rivaliser avec la fine fleur de l’Italie, race noble et raffinée s’il en était, héritière de l’Antiquité romaine et mère de la Renaissance. Il le fit pourtant, passa l’examen. C’était au Sénat et à ses patriciens de juger les futurs professeurs de leur progéniture. On exigeait alors des candidats la rédaction d’une composition en latin, puis un discours. L’exercice était scolaire, le sujet banal, les idées communes, mais Muret maîtrisait parfaitement son latin et se piquait d’éloquence. Il fit grande impression car orateur de talent, assurément il l’était. La Cour des papes s’en souvient encore.
Voilà donc le Limousin débarrassé de son passé, installé à Venise, enseignant de nouveau, propulsé au cœur du bouillonnement culturel et intellectuel de son siècle, bénéficiant à nouveau d’un petit pécule et d’une situation, de ses entrées chez les puissants, professeur, et bientôt familier, des jeunes patriciens . Les portes des palais lui étaient désormais ouvertes, les bibliothèques aussi, l’intimité des grands surtout, celle des Lauredani, des Suriani, des d’Este. Une nouvelle vie pouvait commencer, loin de sa France natale et des scandales, mais toujours au cœur de la République des Lettres.

Les succès éditoriaux

Les éditions commentées des auteurs classiques grecs et latins

Avant de fuir vers l’Italie, Muret s’était déjà confronté au monde de l’édition à Paris. En 1552, il publiait ainsi ses Juvenilia , un petit recueil dans lequel il rassemblait divers écrits de jeunesse, pour la plupart des poésies imitant les genres et les grands maîtres antiques – notamment Catulle. On y comptait dix élégies, deux satires, cent huit épigrammes, trois épîtres et six odes, ainsi qu’une tragédie en vers latins, Julius Caesar.
En 1553, ce fut un commentaire aux Amoursde Ronsard qu’il donna: un succès. Ces deux ouvrages parurent à l’enseigne de la veuve Maurice de la Porte, également éditrice de Pierre de Ronsard et de Jean-Antoine de Baïf , à une époque où Muret faisait encore partie intégrante de la Brigade, la future Pléiade, ces jeunes poètes qui ambitionnaient de révolutionner la littérature française . Michel de Vascosan fut lui aussi son éditeur, pour des œuvres d’un registre différent, qui n’avaient pas partie liée avec son activité poétique: ses commentaires sur l’ Eunuqueet l’Andriennede Térence en 1551 tout d’abord, puis une Oratio de dignitate et praestantia studii theologici en 1552.
Ce ne fut cependant qu’une fois en Italie que la carrière de Muret en tant qu’auteur-éditeur prit une réelle ampleur. Sa rencontre avec Paul Manuce fut en cela déterminante. Nous n’en connaissons pas les détails mais nous savons que les deux hommes se lièrent d’amitié peu de temps après l’arrivée du Limousin à Venise . Paul Manuce, imprimeur-libraire de la Sérénissime, n’était autre que l’héritier de la fameuse enseigne à l’ancre et au dauphin fondée par Alde Manuce (1452?-1515), dit l’Ancien, en 1494. Né en 1511, orphelin de père en 1515, il avait repris en main la maison familiale en 1533, après que la gestion fut confiée, à la mort du patriarche, à ses oncles, Giovanni Francesco (1498?-1558) et Federico (actif de 1538 à 1561) Torresano d’Asola, fils d’Andrea Torresano d’Asola (1451-1529), lui-même appui financier et beau-père d’Alde.
Le moins que l’on pût dire, c’était que la régence n’avait pas plu au jeune Paul Manuce qui en garda une ranc une tenace contre ses oncles. Leur reprochant d’avoir dégradé l’image de marque de la plus brillante officine de Venise, il reprit ensuite seul les rênes de l’imprimerie et s’attela à lui redonner toutes ses lettres de noblesse pour lui garantir de nouveau un rôle central dans l’édition des auteurs classiques, nouvellement établis et corrigés par les grands noms de l’humanisme européen. Alde Manuce avait en effet acquis sa renommée en éditant massivement les œuvres majeures et mineures de l’Antiquité grecque tout d’abord, pour un bon nombre encore inédites sous forme imprimée, puis le répertoire latin. Il y avait donc un nom à préserver, un rang à tenir chez les Manuce dont la maison continua de rayonner sur la République des Lettres tout au long du XVIe siècle.
De la rencontre en 1554 entre Paul Manuce et Marc-Antoine Muret, naquit une longue et fructueuse collaboration qui dura jusqu’à la mort de l’imprimeur le 6 avril 1574, se poursuivant même, en ce qui concernait le Limousin, avec le nouvel héritier de l’officine, Alde le jeune. Ce fut pour l’humaniste français l’occasion de trouver un appui privilégié à la fois pour diffuser ses travaux, étoffer son réseau de relations et se faire connaître dans les milieux érudits de la Sérénissime et de l’Europe. N’oublions pas en effet que la fameuse ancre aldine, estampillant chaque page de titre de chaque ouvrage, était un gage de qualité dans le monde savant de l’époque et Paul Manuce un personnage d’importance dans la belle société vénitienne. Avec lui, la carrière d’éditeur scientifique et de philologue de Muret prit véritablement tout son essor. De son côté, l’imprimeur trouvait dans cette association une nouvelle plume pour alimenter son catalogue, un jeune professeur talentueux dont le sens de la pédagogie lui permit quelques jolies ventes en matière d’ouvrages scolaires. Leur collaboration aboutit en effet à la publication de plusieurs éditions commentées d’auteurs classiques latins qui s’imposèrent rapidement comme des succès de librairie, augmentant tout autant la fortune de l’un que de l’autre.
L’édition scientifique était un exercice classique auquel les humanistes de l’époque s’adonnaient avec passion. À partir du XVe siècle, et tout au long du XVIe , les savants et les lettrés se livrèrent en effet à une recherche effrénée de manuscrits dans les bibliothèques des grands seigneurs et des monastères pour pouvoir, en les rassemblant, comparant, collationnant avec méthode et minutie, restituer du mieux possible les textes originaux des grands auteurs grecs et latins. L’intégrité des œuvres de l’Antiquité, maintes fois copiées et recopiées depuis leur création pour être transmises aux générations successives de lecteurs, se trouvait en effet, de fait, largement remise en cause par les erreurs que les copistes avaient accumulées au cours des siècles. Pour les beaux esprits de la Renaissance, cela n’était plus tolérable. Il fallait à leur étude des textes fiables, de qualité, aussi proches que possible des écrits originaux, afin d’avoir accès à la véritable pensée et à la véritable littérature antiques. Les hommes de lettres se mettaient donc en quête de manuscrits encore inconnus, des exemplaires les plus anciens qu’ils pussent trouver dans l’ombre des bibliothèques, avec l’idée que l’âge leur garantissait une copie moins fautive . Les œuvres qu’ils découvraient de la sorte étaient ensuite collationnées avec les versions connues, corrigées pour établir un nouveau texte, puis mises sous presse et publiées, principalement à l’usage des étudiants et des érudits.
Ces textes étaient le plus souvent agrémentés de notes, courtes, placées dans les marges, ou plus longues, se voyant alors rassemblées à part à la fin de l’ouvrage, comme c’était le cas pour Muret. Animadvertiones, adnotationes, castigationes , emendationes , observationes, les noms que l’on attribuait à ces recueils plus ou moins denses de scholies variaient d’un commentateur à l’autre. Le principe de l’exercice restait quant à lui toujours le même: l’éditeur relevait une leçon particulière, expliquait son choix, donnait les autres leçons possibles que le lecteur pourrait rencontrer du même passage, soulignait certains points d’histoire, de civilisation, de grammaire ou de vocabulaire pour éclairer la compréhension du texte, puis critiquait pour finir le travail de ses prédécesseurs et concurrents . Le tout s’accompagnait d’un flot continu de citations servant à la fois d’exemples et de comparaisons pour illustrer le propos de l’éditeur, mais surtout de « boîtes à citations » pour les étudiants et les érudits qui y piochaient de quoi affûter leurs arguments lors des débats littéraires et des joutes oratoires qui rythmaient la vie estudiantine et intellectuelle de l’époque.Passionné de philologie, lui-même amateur et collectionneur de livres , MarcAntoine Muret ne dérogea pas à l’exercice, et s’y prêta même volontiers, y trouvant un excellent moyen de lancer sa carrière. Les courtes annotations qu’il publia en 1551 sur l’Andrienneet l’Eunuquede Térence , furent un premier pas. Mais ce fut son association avec Paul Manuce qui lui ouvrit véritablement les portes du succès. Le premier ouvrage qu’il fit paraître sous les presses aldines fut une édition annotée de Catulle, dès 1554,
puis les œuvres complètes de Térence et d’Horace accompagnées de commentaires en 1555, les Catilinaires de Cicéron en 1557 , suivies, en 1558 , des corpus des trois poètes élégiaques latins réunis, Catulle, Tibulle et Properce. Cinq éditions, en quatre ans, auxquelles s’ajoutent également les Orationes tres de studiis literarum, premiers discours d’une longue série, qui furent publiés en 1555 . La correspondance échangée entre Manuce et Muret durant ce laps de temps témoigne de cette activité éditoriale intense. Jean-Eudes Girot dénombre soixante dix-sept lettres échangées, dont cinquante deux pour la seule année 1558 qui marqua à la fois la réédition du Térence et celle du Catulle, commentée et augmentée des œuvres de Tibulle et de Properce. La rapidité des publications s’expliquait par le succès qu’elles rencontraient. Le Térence fut réimprimé et réédité douze fois entre 1555 et 1594, le Horace six fois entre 1555 et 1570, les élégiaques une fois en 1562, sans compter les copies qui se multiplièrent dans toute l’Europe . Muret produisait du best seller, des incontournables de la littérature latine en petits formats, accompagnés de commentaires clairs, brefs, on ne peut plus scolaires, à destination des étudiants surtout. Et c’était bien pour cela qu’ils se vendaient comme des petits pains.

Un conflit d’intérêts : Muret seul contre les imprimeurs parisiens

Malheureusement, les faveurs royales ne signifient pas pour autant que l’entreprise de Muret, à savoir trouver un éditeur parisien de renom pour publier correctement ses œuvres, soit une réussite. Après Claude Dupuy, Claude Binet, compagnon et biographe de Ronsard, est le nouvel intermédiaire auquel il fait appel pour défendre ses intérêts au sein de la capitale. Une fois son privilège obtenu et enregistré auprès du Parlement le 6 juin 1579, il le charge ainsi d’aller trouver Frédéric I Morel (1523-1583), grand imprimeur-libraire humaniste, pour tenter de lui céder les droits d’exploitation et de diffusion de ses œuvres. L’entreprise de démarchage échoue, Binet rapportant dans une lettre datée du 18 juin 1579 le refus de Morel:
En ce qui concerne Morel, il m’a répondu qu’il n’aurait jamais rien pu entendre de plus agréable que l’expression de votre volonté de confier à sa diligence vos écrits et les monuments de votre divin génie. Mais il a ajouté qu’il souhaitait que cela ne se fît pas au préjudice de ceux qui, pourvus d’un privilège, ont imprimé vos dis cours et des lettres avec des notes de Nicodon; toute chose comme il me l’a écrit, qu’il vous expliquera par l’intermédiaire d’amis communs qui se trouvent à Paris. « […] ceux qui, pourvus d’un privilège, ont imprimé vos discours et des lettres avec des notes de Nicodon » fait explicitement allusion aux éditions de Locqueneulx, privilégiées en 1578. Toute alléchante que peut être la proposition de Muret, Morel refuse de publier des textes dont le contenu ou le titre pourraient être assimilés à une œuvre antérieure également protégée et, qui plus est, produite par l’un de ses confrères.
Est-ce par peur d’un procès ? Non, le privilège obtenu par Muret étant en règle et son détenteur un auteur de marque. Est-ce par solidarité ? Probablement. La demande de privilège faite par Muret pour ses propres textes est certes tout à fait légitime, mais elle intervient un an seulement après celle de Locqueneulx, pour le même ensemble de textes. La concurrence pourrait sembler quelque peu déloyale, en tout cas aux yeux d’un autre libraire. Morel renonce donc à une collaboration fructueuse, à l’occasion d’éditer un vaste corpus d’œuvres composées par l’un des auteurs à succès de l’époque, par un humaniste reconnu, pour ne causer aucun préjudice à l’un de ses paires.
En dépit de tous ses efforts, Muret échoue donc au pied du mur, se heurtant à la solidarité de la corporation des imprimeurs-libraires. N’ayant pas pu obtenir ce qu’il voulait auprès de Morel, trop loyal envers ses homologues, il trouve néanmoins à se rabattre sur Michel Clopejau et Robert Coulombel auxquels il cède son privilège, comme indiqué dans les Epistolaede 1580 , à la suite de l’extrait que nous avons cité précédemment:

Ledict Marc Antoine de Muret a permis à Michel Clopeiau et Robert Coulombel

Libraires à Paris d’imprimer ou faire imprimer une ou plusieurs fois les œuvres contenues audict Privilege.
Jean-Eudes Girot précise que l’acte notarié liant les deux parties date du 12 juillet 1579  , un mois après le refus de Morel. Même si le Limousin a été débouté de son premier choix, il a donc rapidement trouvé preneur. Michel Clopejau s’était déjà intéressé aux œuvres de Muret dont il avait réédité les Variarum lectionum libri VIIIen 1573 , ainsi que nous l’avons mentionné ci-dessus. S’il a pu rencontrer un succès avec ce premier ouvrage, il n’est pas étonnant qu’il ait facilement accepté d’éditer les autres textes du Limousin, s’attendant à réitérer une bonne opération commerciale. Muret est donc finalement parvenu à ses fins. Il ne s’agit cependant pas des grandes publications humanistes dont il rêvait. Ces deux libraires sont loin d’avoir la carrure de Morel. De plus, ils ne publieront qu’un très petit nombre d’œuvres parmi celles qui sont mentionnées dans le privilège: les Epistolaeen 1580, que nous avons déjà évoquées, et les commentaires des Catilinaires qui paraissent en 1581. Au regard de l’ampleur du privilège obtenu par Muret et de ses ambitions littéraires en France, c’est une véritable déception.

L’ÉDITION AUGMENTÉE D’ANVERS: UNE LONGUE ET LENTE MATURATION

Christophe Plantin et les éditions de variae lectiones

Christophe Plantin est né près de Tours, en France, autour de 1520. Il débute dans le métier de libraire et de relieur à Caen, vers 1540, chez Robert II Macé (1503-1563) , où il rencontre et épouse, en 1545/1546 Jeanne Rivière. Ayant séjourné à Paris, il finit par s’installer à Anvers en 1548-1549 non comme typographe mais comme relieur. C’est le 5 avril 1555 qu’il obtient l’autorisation d’imprimer ses premiers livres, La Institutione di una fanciulla nata nobilmente; l’Institution d’une fille de noble maison de Jehan Michiel Bruto , les Flores de Sénèque et le premier volume de Roland furieux traduit en français, devenant dès lors « imprimeur et libraire juré » comme mentionné dans le privilège accompagnant ces ouvrages . Cela annonce le début d’une brillante carrière.
Très vite, son affaire devient florissante, comptant entre seize et vingt-deux presses en fonction et plus d’une cinquantaine d’ouvriers , à l’apogée de sa production dans les années 1570. Il connaît néanmoins quelques problèmes. En 1562 tout d’abord, la publication des Chronika des Hüsgesinnes der Lieften , les chroniques de la Famille de la Charité, une secte hétérodoxe fondée et dirigée par Hendrik Niclaes (1502-1570), dont Plantin fut membre durant un temps, lui vaut d’être suspecté d’hérésie. Cela le contraint à quitter Anvers pendant plusieurs mois. De même, son activité alors en pleine expansion connaît un coup d’arrêt en 1576, pendant la « furie espagnole » qui met Anvers et tout le sud des Pays-Bas aux prises avec les troupes du roi d’Espagne Philippe II – nous aurons l’occasion d’en reparler. Ce contexte de crise entraîne pour Plantin d’importantes pertes financières, le contraignant à vendre une bonne partie de ses presses et à sacrifier sa succursale parisienne en 1577, laquelle sera achetée par Michel Sonnius . Il parvient néanmoins à rétablir un semblant de situation dans les années 1580. Par la suite, en 1583, comme l’université de Leyde tout juste fondée recherchait un typographe, il part s’installer dans ladite ville avec trois presses, laissant son officine d’Anvers à la charge de ses gendres, Jean Moretus et François Raphelengius. Cependant, ne se plaisant pas dans son nouveau lieu de résidence, il finit par confier à Raphelengius la direction de l’atelier de Leyde, en 1585, pour s’en retourner dans son officine anversoise.

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Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE I
MARC-ANTOINE MURET, UN HUMANISTE DANS L’AIR DU TEMPS
Muret en Italie: un nouveau départ
L’exil forcé
Les succès éditoriaux
Les éditions commentées des auteurs classiques grecs et latins
Les discours
Une nouvelle carrière de professeur
Les Variae lectiones : un genre littéraire à la mode humaniste
Varietas et polysémie : une première approche étymologique
Le genre des Variae lectiones à la Renaissance : héritages et renouveau
Les racines antiques
Le renaissance du genre aux XVe et XVIe siècles
Les grandes figures des variae lectiones de la Renaissance
Varietas et critique textuelle : la philologie à l’honneur
Charmer pour instruire : la diversité au service du divertissement
Muret et les Variae lectiones : un Français à la mode humaniste
L’editio princeps des Variae lectiones de Muret
Le choix d’un imprimeur
Muret dans l’atelier du typographe
Une édition soignée
Description matérielle de l’édition
Le strict respect des caractéristiques formelles et des thématiques fondamentales du genre
Une composition type du texte et du paratexte
Des thématiques attendues
CHAPITRE 2
VARIAE LECTIONES, COPIAE LECTIONES: UNE ŒUVRE SANS FIN 
Une première édition augmentée à Paris? : l’échec d’un projet
Les éditions pirates de Paris: la rançon du succès
Privilège d’imprimeur contre privilège d’auteur: Muret en bataille pour défendre ses droits
Un conflit d’intérêts : Muret seul contre les imprimeurs parisiens
L’édition augmentée d’Anvers: une longue et lente maturation
Christophe Plantin et les éditions de variae lectiones
Les Variarum lectionum libri XV, 1574-1580: splendeurs et misères d’une édition
1574: Une association prometteuse
1574-1576: La lente réception des livres IX à XII
1578: Hermann Hortenberg, un nouveau protagoniste à l’œuvre dans la livraison des sections XIII, XIV et XV des Variae lectiones
1579-1580: Les Variae lectiones sous presse, enfin?
1575-1580: cinq ans et demi de gestation, les raisons d’un retard prolongé
Une composition en perpétuel devenir
1559/1580: Nouveauté et continuité d’une œuvre
Description matérielle de l’édition de 1580
Une édition revue et augmentée
La révision des livres I à VIII
Les sept nouveaux livres de Variae lectiones
À titre posthume: les Variae lectiones après Muret
Une troisième édition en projet
Un vœu exaucé post mortem
CHAPITRE 3
DANS L’INTIMITÉ DE MARC-ANTOINE MURET, LECTEUR-AUTEUR
Les Variae lectiones , portrait robot du lecteur-Muret
Le goût des Antiquités
Grec ou latin?
Quels auteurs
…pour quelles époques
… et quels genres littéraires?
Une pratique de la lecture en évolution
Muret, lecteur de ses contemporains
Des lectures savantes
Muret, citoyen et lecteur du monde
Les affinités électives de Muret
Variarum lectionum libri Mureti et alii
Les Variae lectiones , portrait d’un érudit à l’œuvre
Muret philologue
Muret professeur
Un professeur en paroles
Expliquer les œuvres, faire connaître l’Antiquité
La question de l’intertextualité
Un professeur en actes: lectures publiques et lectures privées dans les Variae lectiones de Muret
De Venise au Quirinal: une esquisse d’autobiographie
L’intimité de la lecture-écriture mise en scène
Muret, livres en main
Muret, du livre à la plume
Les Variae lectiones: un art de lire et d’écrire
CHAPITRE 4
DE LA LECTIOÀ L’EDITIO: PUBLICATION, PUBLICITÉ ET PUBLIC DES VARIAE LECTIONESDE MURET 
Dons et dédicaces: Muret à la recherche de son public
Offrir une édition: la préface à Hippolyte d’Este
Un Limousin à la cour de Ferrare
À la recherche d’une figure tutélaire : les Variarum lectionum libri ad Hippolytum Estensem
Offrir des livres: élargir et décentraliser la diffusion d’une œuvre
Les Variae lectiones : forum ou arène de la République des lettres?
Vraie communication et faux dialogue: le théâtre de Muret
Muret, gladiateur des belles-lettres, et son public
Muret, un ami qui vous veut du bien
Muret et les querelles de son temps
Muret en duel
Vettori, l’une des victimes de la verve muretienne?
Vettori offensé
Muret offensant?
Une colère bien vite retombée
« Pour une poignée de lauriers », ou l’Affaire Lambin: de l’intimité volée à une paternité usurpée
Petites causeries philologiques entre amis
Premier publié, premier récompensé
Une publicité volée?
On ne lave pas son linge sale en public?
Une publicité réussie
CONCLUSION
SOURCES
BIBLIOGRAPHIE

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