Malnutrition et infection par le VIH

Malnutrition et infection par le VIH 

La malnutrition est depuis des décennies un problème endémique en Afrique (ACC/SCN, 2000), compliquée par divers facteurs et, récemment par l’infection à VIH. Elle est considérée comme un cofacteur de progression de l’infection à VIH vers le stade SIDA. La dénutrition, identifiée sous l’appellation de « syndrome d’amaigrissement », est devenue par sa fréquence un des critères majeurs de complication de la maladie (Nahlen BL et al., 1993 ; Macallan DC, 1999). L’impact nutritionnel de l’infection par le VIH fut rapidement reconnu comme l’une des caractéristiques fondamentales de cette maladie et illustre une fois de plus les interactions entre immunodépression et malnutrition (Wade et al., 1985, 1988 ; Chandra RK., 1991). Au cours de l’infection à VIH, la figure 1 illustre ces interactions. L’impact de l’alimentation intervient très tôt au cours de la maladie avant même qu’on ne sache que l’individu est infecté ou non (Beach et al., 1992 ; Semba et al., 1999 ; Bogden et al., 2000 ; Jahoor et al., 2003). La malnutrition et le VIH/SIDA œuvrent donc en tandem, créant un cercle vicieux qui accélère l’évolution de l’infection entraînant une perte de poids et des carences en micronutriments.

Mécanisme de la dénutrition au cours de l’infection à VIH 

Perte de poids « syndrome d’amaigrissement »

Le syndrome d’amaigrissement est défini comme étant une perte de poids de 10% en 6 mois, accompagnée de diarrhée ou de fièvre pendant plus de 30 jours, sans cause connue autre que l’infection virale elle-même (CDC, 1993). La dénutrition au cours de l’infection à VIH est multifactorielle, mais la principale cause est la diminution des ingesta (de la consommation alimentaire) (Macallan DC., 1995 ; Castetbon et al., 2000). D’autres facteurs ont été évoqués dont la malabsorption fréquente des nutriments, les infections opportunistes et l’altération du métabolisme. La conjonction de plusieurs facteurs explique la rapidité d’installation de la malnutrition chez ces patients. L’insuffisance des apports alimentaires conduit à une adaptation caractérisée par une perte prédominante de masse grasse, alors que l’organisme épargne la masse maigre et les réserves protéiques. Une augmentation des ingesta est alors le plus souvent très efficace pour compenser les pertes. L’augmentation importante de la dépense énergétique de repos au cours des syndromes d’infection aiguë suggère que la dénutrition au cours de l’infection à VIH dépend des apports protéiques. En effet, la perte de masse maigre est proportionnellement plus importante que la perte de poids (Wang et Pierson, 1985 ; Macallan et al., 1995). Cette perte de tissu maigre essentiel au métabolisme peut se manifester tout au long de la maladie, même lorsque le poids est normal. Or, il a été clairement établi que la survie des personnes vivant avec le VIH est directement liée à la perte de masse maigre indépendamment de la présence ou de l’absence de complications infectieuses (Kotler et al., 1989 ; Suttman et al., 1995 ).

Réduction des ingesta
Elle constitue la principale cause de la perte de poids chez les personnes vivant avec le VIH (Macallan DC., 1995 ; Castetbon et al., 2000). A l’origine de cette baisse de la consommation alimentaire, il y a l’anorexie (perte de l’appétit) qui peut être dûe à une réaction systémique de l’organisme à l’infection ou aux lésions oropharyngées, infections opportunistes les plus fréquentes chez les personnes vivant avec le VIH (Samaranayake, 1992 ; Ranganathan & Hemalatha, 2006). Dans les études expérimentales, il y a deux raisons majeures liées à l’anorexie : la carence en un nutriment spécifique et l’infection. La perte de l’appétit est par conséquent un signe cardinal qu’un désordre métabolique est en train de se produire (Stanga Z, 2008). L’anorexie est aussi souvent le témoin d’une progression de l’immunosuppression (Lourenço & Figueiredo, 2007). L’effet secondaire des médicaments, la détresse associée aux facteurs de stress inhérents au fait de vivre avec le VIH, le syndrome psychiatrique associé à la maladie sont aussi des facteurs qui concourent à la réduction des ingesta chez les personnes vivant avec le VIH. A cela, s’ajoutent les facteurs socio-économiques qui influencent la disponibilité alimentaire et la qualité nutritionnelle des régimes alimentaires.

Malabsorption des nutriments
L’infestation des cellules intestinales par le VIH entraîne une détérioration de la muqueuse de l’intestin grêle qui constitue la principale cause de la malabsorption des nutriments (Ullrich et al, 1989 ; Babameto & Kotler, 1997). Nombre de maladies opportunistes s’attaquent alors au système gastro-intestinal, provoquant une anomalie dans l’absorption des nutriments. Cette malabsorption est à l’origine de la diarrhée et de la perte de poids chez les personnes vivant avec le VIH (Endeshaw et al., 2006). La malabsorption, en particulier celle des matières grasses, intervient tout au long de la maladie accompagnée ou non de diarrhée (Jimen-Exposito et al., 1998; Semba & Tang, 1999). Elle affecte l’absorption et l’utilisation de certaines vitamines telles que les vitamines liposolubles (A et E), détériorant davantage l’état nutritionnel des patients. La malabsorption pourrait également être à l’origine de certaines autres carences en micronutriments.

Altération du métabolisme

Un certain nombre d’anomalies métaboliques a été signalé au cours de l’infection à VIH. L’augmentation de la dépense énergétique au repos chez les personnes vivant avec le VIH a été rapportée par plusieurs auteurs (Melchior et al., 1991 ; Hommes et al., 1991). Le métabolisme de repos peut augmenter de 9 à 12 % dans les stades précoces de l’infection pour atteindre 40 % au cours des infections opportunistes (Grunfeld et al., 1992 ; Melchior et al., 1993). Cette augmentation de la dépense énergétique serait dûe à l’augmentation du renouvellement protéique (Macallan et al., 1995). Les facteurs responsables du catabolisme protéique ne sont pas bien connus, il semblerait que le coût métabolique de l’inflammation, y compris celui de la production de cytokines (peptides secrétée par les lymphocytes T et les macrophages et médiateurs des mécanismes inflammatoires et de la réponse immunitaire) soit prédominant. En effet, certains auteurs ont montré le rôle du facteur de nécrose tumorale alpha (TNFα ; Tumor Necrosis Factor-alpha) ou cachectine, de l’interleukine 1(IL-1) et de l’interleukine 6 (IL-6) dans la pathogénie du syndrome d’émaciation (Abad et al., 2002 ; Wig et al., 2005). Par ailleurs, les travaux de Hellerstein et al. (1993) ont permis de mettre en évidence une augmentation de la lipogenèse de novo qui empêche l’organisme d’utiliser ses réserves lipidiques alors que la masse maigre s’émacie. Les dysfonctionnements endocriniens qui interviennent au cours de l’infection à VIH ont été aussi évoqués comme autres facteurs qui contribueraient à la perte de poids et à la modification de la composition corporelle chez les personnes séropositives (Grinspoon et al., 2003), en particulier la diminution de la sécrétion de testostérone chez l’homme qui réduit l’anabolisme, l’insuffisance rénale et les anomalies de la fonction thyroïdienne (Coodley et al., 1994).

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela rapport-gratuit.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

CHAPITRE I : INTRODUCTION GENERALE
I.1 Rappels sur la situation de l’épidémie du VIH/SIDA au Sénégal
I.1.1 Le virus de l’immunodéficience humaine (VIH)
I.1.2 Mode de transmission du virus
I.1.3 Classification de l’infection à VIH
I.2 Malnutrition et infection par le VIH
I.2.1 Mécanisme de la dénutrition au cours de l’infection à VIH
I.2.1.1 Perte de poids « syndrome d’amaigrissement »
I. 2.1.1.1 Réduction des ingesta
I.2.1.1.2 Malabsorption des nutriments
I.2.1.1.3 Altération du métabolisme
I.2.2 Carences en micronutriments au cours de l’infection à VIH
I.2.2.1 Carence en vitamine A
I.2.2.2 Carence en fer
I.2.2.3 Carence en zinc
I.2.2.4 Carence en sélénium
I.3 Evaluation de l’état nutritionnel des personnes vivant avec le VIH
I.3.1 Anthropométrie
I.3.2 Impédancemétrie bioélectrique (BIA)
I.3.3 Dilution isotopique au deutérium
I.4 Objectifs de l’étude
I.4.1 Objectif général
I.4.2 Objectifs spécifiques
CHAPITRE II : MESURE DE LA COMPOSITION CORPORELLE PAR IMPEDANCEMENTRIE BIOELECTRIQUE (BIA) ET PAR DILUTION ISOTOPIQUE AU DEUTERIUM CHEZ LES PATIENTS : ETABLISSEMENTS DE NOUVELLES EQUATIONS POUR EVALUER L’ETAT NUTRITIONNEL
I. INTRODUCTION
II. CADRE DE L’ETUDE
III. SUJETS ET METHODES
III.1 Sujets
III.2 Méthodes
III.2.1 Mesures Anthropométriques
III.2.1.1 Mesure du poids
III.2.1.2 Mesure de la taille
III.2.1.3 Calcul de l’indice de masse corporelle
III.2.2 Dilution isotopique au deutérium
III.2.2.1 Administration du deutérium, collecte et conservation des échantillons de salive
III.2.2.2 Mesure du deutérium par Spectrométrie de Masse à Rapport Isotopique (IRMS)
III.2.2.3 Mesure du deutérium par Spectrométrie Infrarouge à Transformée de Fourier (FTIR)
a. Principe du FTIR
b. Calibration du FTIR
c. Analyses des échantillons de salive
III.2.3 Impédancemétrie bioélectrique (BIA)
III.2.4 Equations de prédiction de la composition corporelle testées
III.2.5 Prélèvement et conservation des échantillons de sang
III.2.6 Dosage des lymphocytes CD4
III.2.7 Analyses statistiques
IV. RESULTATS
ΙV.1 Caractéristiques des sujets
IV.2 Comparaison des mesures du deutérium par IRMS et FTIR
IV.3 Répétabilité des mesures d’impédancemétrie bioélectrique (BIA)
IV.4 Validités des équations de prédiction testées
IV.5 Etablissement de nouvelles équations d’estimation de la composition corporelle
V. DISCUSSION
CHAPITRE III : EVALUATION DE L’IMPACT DE LA SUPPLEMENTATION AVEC UN ALIMENT ENRICHI EN VITAMINES ET MINERAUX (RTUF) SUR LA COMPOSITION CORPORELLE ET LE STATUT EN MICRONUTRIMENTS
I. INTRODUCTION
II. SUJETS ET METHODES
II.1 Sujets
III.2 Méthodes
II.2.1 Supplémentation alimentaire
II.2.1.1 Type et composition du supplément utilisé
II.2.1.2 Test d’acceptabilité du RTUF
II.2.1.3 Test d’acceptabilité du RTUF mélangé avec de la bouillie de mil
II.2.2 Collecte des données socio-économiques
II.2.3 Mesure des plis cutanés
II.2.4 Mesure de la composition corporelle
II.2.4.1 Dilution isotopique au deutérium
II.2.4.2 Impédancemétrie Bioélectrique (BIA)
II.2.5 Prélèvement et conservation des échantillons de sang
II.2.6 Mesures biologiques
II.2.6.1 Hémoglobine
II.2.6.2 Protoporphyrine érythrocytaire
a. Mode opératoire
b. Contrôle de qualité des mesures
II.2.6.3 Ferritine plasmatique
a. Mode opératoire
b. Contrôle de qualité des mesures
II.2.6.4 Récepteurs solubles de la transferrine
a. Mode opératoire
b. Contrôle de qualité des mesures
II.2.6.5 Zinc plasmatique
a. Mode opératoire
b. Contrôle de qualité des mesures
II.2.6.6 Sélénium sérique
a. Mode opératoire
b. Contrôle de qualité des mesures
II.2.6.7 Rétinol sérique
a. Mode opératoire
b. Contrôle de qualité des mesures
II.2.6.8 Protéines de la phase inflammatoire et ou infectieux
II.2.6.8.1 Protéine C Réactive
a. Mode opératoire
b. Contrôle de qualité des mesures
II.2.6.8.2 α1- acide glycoprotéine
a. Mode opératoire
b. Contrôle de qualité des mesures
II.2.7 Estimation des apports en nutriments du supplément et pourcentage de couverture des besoins nutritionnels des patients
II.2.8 Analyses statistiques
III. RESULTATS
III.1 Caractéristiques des sujets de l’étude
II.1.1 Evolution de la taille de l’échantillon
III.1.2 Caractéristiques socio-économiques
III.1.3 Caractéristiques anthropométriques et cliniques
III.2 Résultats du test d’acceptabilité et consommation du RTUF mélangé à la bouillie de mil
III.2.1 Apport en nutriments du supplément alimentaire (RTUF modifié et bouillie de mil)
III.2.2 Pourcentage de couverture des besoins nutritionnels des sujets par le supplément
III.3 Impact de la supplémentation sur la composition corporelle
III.3.1 Evolution de la composition corporelle
III.3.1.1 Evolution chez les patients supplémentés
III.3.1.2 Evolution chez les contrôles
III.3.2 Comparaison de l’évolution de la composition corporelle dans les deux groupes au cours du suivi
III.3.3 Modifications de la composition corporelle associées à la variation du poids au cours du suivi
III.3.3.1 Modifications à 3 mois
III.3.3.2 Modifications entre 3 et 6 mois
III.3.3.3 Modifications à 6 mois
III.4 Impact de la supplémentation sur le statut en micronutriments
III.4.1 Evolution du statut en fer
III.4.1.1 Evolution chez les patients supplémentés
III.4.1.2 Evolution chez les contrôles
III.4.2 Comparaison de l’évolution du statut en fer dans les deux groupes au cours du suivi
III.4.3 Modifications du statut en fer associées à la variation du poids au cours du suivi
III.4.3.1 Modifications à 3 mois
III.4.3.2 Modifications à 6 mois
III.4.4 Relation entre les paramètres du statut en fer et les marqueurs de l’inflammation
III.4.5 Evolution du statut en rétinol, zinc et sélénium
III.4.5.1 Evolution chez les patients supplémentés
III.4.5.2 Evolution chez les contrôles
III.4.6 Comparaison de l’évolution du statut en rétinol et zinc dans les deux groupes au cours du suivi
III.4.7 Modifications du statut en rétinol, zinc et sélénium associées à la variation du poids au cours du suivi
III.4.7.1 Modifications à 3 mois
III.4.7.2 Modifications à 6 mois
III.4.8 Relation entre le rétinol, le zinc et les marqueurs de l’inflammation
IV. DISCUSSION
V. CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
VI. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

Lire le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *