Maladies professionnelles et réorientation professionnelles

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Aspects épidémiologiques

Lieu de recrutement et fréquence

Durant une période de 6 mois, nous avons recensé 60 cas ayant présenté un ECM. La répartition en fonction du lieu de recrutement s’établit comme suit :
– Trente-six cas au service de dermatologie de l’IHS, soit 60,0 %
– Vingt cas au service de dermatologie de l’HALD soit 33,3 %
– Deux cas au service de dermatologie de Philippe Senghor soit 3,3 %
– Deux cas au service de dermatologie de L’hôpital de FANN soit 3,3%.
La fréquence hospitalière était de 0,83%.Le nombre de patients ayant consulté à Philippe Senghor n’a pas été précisé, nous n’avons pas pu déterminer la fréquence au niveau de ce site.

Répartition des patients selon le statut matrimonial

Le statut matrimonial des patients, à l’exception des enfants (n=2), était variable :
– Marié Monogame : 36,2 % des cas (n=21),
– Marié Polygame : 24,1 % des cas (n=14),
– Célibataire : 27,6 % des cas (n=16),
– Divorcé : 6,9 % des cas (n=4),
– Veuf : 5,2 % des cas (n=3).

Répartition des patients selon mode évolutif de l’ECM

– L’évolution était continue dans 9 cas soit 15 % des cas, et par poussée et rémission dans 51 cas soit 85 %.
– La fréquence des poussées était de 1 à 3 fois /an dans 49 cas (96,1 %), > 3 fois/an dans 2 cas (3,9%).
– La durée de la poussée était :
o Entre 1 et 3 mois dans 80,4 % des cas (n=41)
o < à 1mois dans 11,8 % des cas (n=6)
o > 3 mois dans 7,8 % des cas (n=4)

Répartition des patients selon les facteurs favorisants

– Répartition des patients selon la relation avec le travail : une amélioration pendant les congés a été retrouvé chez 6 malades soit 10% (tableau XI).
– Répartition des patients selon la relation avec les loisirs : 70% des patients ne sont concernés par les loisirs (tableau XII).
– Répartition des patients selon la relation avec les saisons : pas de relation avec la saisonnalité dans 70% des cas (tableau XIII)

Maladies professionnelles et réorientation professionnelles

– Dans notre, étude un taux d’absentéisme de 27,02% a été trouvé chez nos patients avec une durée minimale de 7 jours.
– Un malade pêcheur avait arrêté son travail
– Deux patientes vendeuses des encens avaient arrêté leur travail
– Un patient au moment de la consultation travaillait comme vendeur en pharmacie mais annonce qu’il avait débuté comme maçon et il a changé à cause de son ECM.
– Six autres patients doutent sur leur futur professionnel dont une vendeuse de beignet, un ouvrier de bâtiment, un vendeur de piments et deux maçons.
– Deux femmes aux foyers déclarent prendre après la maladie une femme de ménage du fait de l’incapacité à continuer les travails ménagers.

Etude analytique

Relation entre le sexe et l’exposition professionnelle

Dans notre étude, il n’y avait pas de relation statistiquement significative entre le sexe et l’exposition professionnelle avec un p=1.

Relation entre le Sexe et les tâches ménagères

Une relation statistiquement significative a été retrouvé entre le sexe et les tâches ménagères avec un p=0,000.

APPORT DE CE TRAVAIL

Afin de réaliser notre étude, nous avons recruté durant une période de six mois tout patient atteint d’ECM vu aux services de dermatologie de l’HALD, de l’IHS, de Philippe Senghor et au Service de Dermatologie de l’hôpital de MALTE à FAN. Notre étude a pu déterminer les particularités épidémio-cliniques, étiologiques et thérapeutiques de l’ECM à Dakar.

Représentativité

Durant une période de 6 mois, nous avons colligé 60 cas atteints d’ECM. Notre population d’étude, n’est certainement pas représentative de tous les malades atteints d’ECM et consultant dans la région de Dakar car il existe d’autres dermatologues à Dakar en particulier dans des structures de santé périphérique et en pratique libérale qui accueillent un grand nombre de malades atteints d’affections dermatologiques. Toutefois, la majorité des patients consultent au niveau des deux principales structures de prise en charge des affections dermatologiques.

Les Biais

Les biais retrouvés dans notre étude étaient les suivants :
– Biais de sélection : Certains médecins considèrent l’ECM comme tout eczéma sans tenir compte de sa topographie particulière et sa chronicité, ce qui était à l’origine de cas sous-diagnostiqués et par suite non recrutés.
– -Biais dans la réalisation des examens complémentaires : Nous n’avons pas pu faire pour tous nos malades les explorations allergologiques du fait du manque des moyens financiers.

Limites de notre travail

Elles sont essentiellement liées à l’absence d’explorations allergologiques pour la majorité des patients.

DISCUSSION DE NOS RESULTATS

Les aspects épidémiologiques

La fréquence hospitalière de l’ECM était de 0,83 %. Un travail plus ancien effectué à Dakar par Fatou Seck [51] portant sur les dermatoses acquises des mains à propos de 140 cas avait montré une fréquence de 2,66 %. Cependant, Apfelbacher et al en Allemagne ont retrouvé une prévalence à un an et à vie respectivement de 10% et 15% dans la population générale adulte [40]. Dans notre contexte, le faible taux de prévalence serait dû à la sous fréquentation des structures sanitaires par la population pour des pathologies bénignes.
L’eczéma des mains est la maladie professionnelle dermatologique la plus fréquente. En effet, dans 80 à 90 % des cas, les eczémas professionnels (EP) touchent les mains [17-47] et 52 % des eczémas des mains sont imputables à une origine professionnelle [24]. Cependant, l’incidence annuelle des eczémas des mains professionnels (EMP) a été estimée en Europe en 1999 à 5 à 19 cas pour 10 000 travailleurs par année [56]. La proportion des EM parmi les maladies professionnelles est variable selon les pays. Elle est de 9 % en France [26], 8 % à Hong Kong [32], 15 % aux États-Unis [38-4], 16 % au Danemark [30] et en Finlande [33], 22 % en Grande-Bretagne [9] et 34 % en Allemagne [21]. L’incidence des EMP est plus importante en Bavière du Nord (67 pour 100 000 travailleurs entre 1990 et 1999) [17], aux Pays-Bas (150 pour 100 000) [23], au Danemark (80 pour 100 000) [30], en Finlande (51 pour 100 000) [34] et en Australie (20,5 pour 100 000) [37]. Peu d’études se sont consacrées à ce sujet au Sénégal. Fatou Seck [51] avait retrouvé au cours de son travail portant sur les dermatoses acquises des mains, 36,6% de dermite des mains d’origine professionnel. Une seconde étude effectuait par Ly et al [39] portant sur les Allergies aux gants en latex chez les professionnels de la santé à Dakar et qui était de 11% avec comme tableau clinique trouvé : urticaire de contact, prurit, rhinite allergique, asthme, conjonctivite, eczéma de contact.
L’âge moyen dans notre série est de 43ans ans, la tranche d’âge de 19 à 39 ans était la plus représentative. Ce résultat était similaire à celui trouvé par Hald et al [40] (41 ans) et Boehm [5] (42 ans). La moyenne d’âge retrouvée chez nos patients était similaire entre les hommes et les femmes concordant à ce qui est trouvé par Apfelbacher et al. [2] en Allemagne (47,46 ans). Mais l’écart entre les moyennes d’âge pourrait être expliqué par le retour aux différences des données démographiques entre les populations européennes et africaines. En effet la population de l’Afrique est très jeune.
Une prédominance masculine a été notée dans notre série avec un sex-ratio de 1,14, concordant à celle trouvée dans l’étude de Correia en France [7] et une étude britannique [48]. De nombreuses études ont révélé une prévalence plus élevée chez les femmes par rapport aux hommes [40, 2,35]. En outre, une étude faite en 2013 au service de dermatologie de l’IHS de Dakar portant sur le profil épidémio-clinique des affections cutanées [ 50], de même qu’une autre en 2017 à l’hôpital Aristide LeDantec, avaient montré que les femmes ont plus tendance à consulter [25]. Ce qui nous amène à nous poser la question de savoir si les femmes ont tendance à considérer l’ECM surtout les formes légères ou de début comme « une simple conséquence des travaux domestiques » et donc avaient moins tendance à consulter. D’autant plus, il existait une relation statistiquement significative entre la pratique des tâches ménagères et le sexe féminin dans notre étude (p=0,000).
Dans notre population d’étude, 61,7 % des patients étaient en activité professionnelle avec comme dénominateur commun dans la plupart des métiers, la sollicitation des mains et le contact avec des produits. Parmi ces professions, on peut citer : cultivateur, chauffeur, femme de ménage, maçon, vendeuse encens. Apfelbacher et al [2] en Allemagne avaient retrouvé comme groupe professionnel le plus fréquent : les professionnels de santé (21,0%), de même qu’une étude faite à Amsterdam [55]. L’absence de professionnels de santé dans notre étude pourrait être expliquée par le fait que ces derniers consultent de façon privée auprès d’un Senior dans la plupart des cas ou parfois même ne consultaient pas, ce qui est démontrée dans une étude faite en 2011 à Dakar sur les dermatoses rencontrées chez les professionnels de santé [ 14]. Une autre explication pourrait être une différence d’effectif du personnel de santé entre les lieux d’études, en effet dans la région africaine, on ne trouve que 2 médecins pour 10 000 habitants, contre 32 médecins pour 10 000 habitants dans la région européenne. Parmi nos patients sans profession, 52,2% étaient des FAF, concordant avec ceux retrouvés par Charan [8] en Inde où les femmes au foyer représentaient 45,6%, ce qui indique que le phénomène est assez commun dans notre population de femmes exposée à des produits irritants tels que les détergents lors des travaux domestiques et l’absence de protection cutanée adaptée. Cette explication est appuyée par la relation retrouvée dans notre étude entre les FAF et les tâches ménagères (p<0,026).
Concernant le statut matrimonial, les patients qui vivaient seuls représentaient la majorité de notre population d’étude (n=23), suivis par les patients qui vivaient en couple, mariés selon le régime monogame (n=21) et enfin les patients mariés selon le régime polygame représentaient la minorité (n=14). Ceci va dans le même sens avec l’étude norvégienne qui a suggéré que les hommes qui vivaient seuls avaient tendance à déclarer plus souvent un eczéma des mains que ceux qui vivaient avec quelqu’un [15]. En tenant compte des différences socioculturelles entre la Norvège et le Sénégal, la notion de famille qui existe dans notre contexte, nous amène à nous poser la question si les patients célibataires dans notre étude vivaient seuls. Mais toutefois, nous avons retrouvé parmi nos patients deux célibataires géographiques qui ont développé probablement leur ECM du fait de l’exposition aux travaux domestiques. En effet pour prouver que le statut matrimonial est un facteur favorisant de L’ECM, il faut des études qui mettent plus l’accent sur les conditions sociodémographiques des patients, ce qui semble jouer un rôle important dans cette pathologie.
Nous avons remarqué que l’ECM était plus élevé chez les patients moins instruits, et chez les patients ayant un niveau socioéconomique moyen ou bas. Ces résultats sont concordants avec une vaste enquête norvégienne auprès de 18 747 répondants montrant que les personnes moins instruites signalaient nettement plus d’eczéma des mains que celles ayant le plus haut niveau d’éducation et chez les patients ayant un revenu moyen par rapport aux groupes de revenus les plus élevés [15]. Ce qui pourrait être expliqué dans notre contexte par le manque d’informations concernant les mesures préventives ou l’absence d’aides ménagères. Cependant on n’a pas trouvé de relation entre le niveau socioéconomique bas et le score de HESCI dans notre étude.
Un nombre important de nos patients avaient un terrain d’atopie (36,7 %) ou des antécédents familiaux d’atopie (35 %). Des lésions de DA sur le corps au moment de la consultation étaient présentes dans 8,4% des cas, ainsi que des équivalents atopiques (asthme, rhinite, conjonctivite). Nos résultats sont concordants avec les données de la littérature qui ont prouvé que les antécédents personnels ou familiaux de dermatite atopique (DA) passée ou actuelle, d’atopie muqueuse (rhinite allergique, asthme) personnelle ou familiale, augmentent significativement le risque d’ECM [54, 2, 59,].
Une des originalités de notre étude est la survenue dans 10% des cas d’ECM dans la famille. Ceci soulève le rôle des facteurs génétiques dans la survenue de l’ECM. En effet certains auteurs se sont intéressés au rôle de la filaggrine, protéine de structure de la couche cornée, pour expliquer l’altération de la fonction de barrière cutanée dans les ECM [5,55].

Mode de vie et Expositions

Dans la littérature nous avons trouvé des résultats concordants concernant les facteurs déclenchants tels que le contact avec les détergents [8], par contre la spécificité de notre étude était le facteur déclenchant alimentaire en particulier les poissons à chair noire. Ce facteur déclenchant est décrit pour la première fois dans ce travail à notre connaissance, ceci pourrait être expliqué par les différences d’habitudes alimentaires entres les populations, une autre explication est possible c’est la croyance populaire des Sénégalais que la plupart des dermatoses seraient déclenchées par ingestion de poisson à chair noire.
Une autre spécificité de notre étude est le seul facteur calmant retrouvé en commun chez tous nos patients et qui était l’application de beurre de karité.
Une relation entre la survenue d’ECM et le climat a été recherchée chez nos patients, cependant nous avons retrouvé plus de relation avec la saison humide et chaude (23,3%), par rapport à la saison sèche et froide (8,3%). Ce qui pourrait être expliqué par l’humidité rencontré durant la période chaude et donc l’humidité serait un facteur déclenchant, comme cela peut être dû à la fréquence des pollens durant cette période. Kavli et al qui à leur tour ont réfléchi sur l’influence possible des conditions climatiques sur la prévalence de l’eczéma des mains, mais aucune causalité n’a été établie [36].
Huit de nos patients étaient tabagiques, un délai d’antériorité du tabac par rapport à la survenue de l’ECM supérieur à 10 ans a été retrouvé chez la quasi-totalité des patients. Cependant, certaines études ont prouvé l’existence d’un lien entre la survenue de l’ECM et le tabagisme [46], tandis que d’autres l’ont infirmé [35].En outre, nous n’avons pas retrouvé de relation statistiquement significative entre le tabac et le score de sévérité HESCI.
Un nombre important de lavage des mains, entre 5 et 10 fois par jour a été trouvé chez 38% de nos patients, cependant un nombre plus élevé supérieur à 20 fois par jour rapporté dans certaines études n’a pas été rencontré chez nos patients. Ce qui peut être expliqué par l’absence de professionnels de santé parmi notre population d’étude et qui sont le plus sujets en général aux fréquences élevées de lavage des mains du fait de leur condition de travail. L’eau et le savon ordinaire restent la principale méthode de lavage, mais une proportion importante (33,4%) utilise des produits non adaptés (liquide vaisselle, savon parfumé et des solvants). Cependant nous n’avons trouvé aucune relation entre le nombre de lavage des mains par jour et le score de sévérité HESCI.
En ce qui concerne l’exposition domestique, vingt-et-un patients effectuaient les tâches ménagères, avec une relation statistiquement significative trouvée entre le sexe féminin et les tâches ménagères (P=0,0001), Parallèlement un temps de contact prolongé avec l’humidité supérieur à 2H par jour a été trouvé chez certains de ces patients. Des associations ont été trouvées dans la présente étude entre la gravité de l’ECM et le temps de contact avec l’humidité (p=0,033).
L’exposition dans le milieu professionnel a été évaluée par l’étude du poste de travail chez nos patients et qui a montré l’exposition à des microtraumatismes (13,3%), des frottements (18,3%) et le contact avec des produits qui est variable en fonction du lieu de travail (détergents, piments, ciments…). Cependant, nous n’avons pas trouvé de relation statistiquement significative entre le sexe et l’exposition professionnelle. Toutefois dans notre étude le caractère professionnel des ECM n’a pas été bien étudié du fait de l’absence d’explorations allergologiques chez tous les patients suspectés d’exposition à des produits allergisants.

Les aspects cliniques

Dans notre série, le prurit a constitué souvent le motif de consultation avec une fréquence à 78,33 % des cas. Nos résultats sont concordants avec ceux de la littérature [2, 16,49].
Pour le délai d’apparition, nous avons constaté qu’il était long supérieur à 5 ans dans 33,3% (n=20). Ce qui pourrait être expliqué par le recours avant la consultation spécialisée à de nombreux traitements dans d’autres structures ou peut-être dus au mode évolutif par poussée et rémission de la pathologie. Par contre, pour d’autres patients, le délai était plus court inférieur à un an ce qui pourrait être expliqué par l’aggravation des symptômes sous des traitements inadaptés ou phytothérapie. Dans 36,7%, la nature des traitements antérieurs utilisés n’était pas précisée.
Le mode évolutif de l’ECM était par poussée et rémission dans 85%, avec un rythme de 1 à 3 épisodes par an dans la majorité des cas (96,1 %). Cependant, Charan et al [8] ont trouvé une corrélation statistiquement significative entre une augmentation des épisodes d’eczéma (> 4 épisodes / an) et l’altération de la qualité de vie, ce qui n’est pas le cas dans notre étude. Cette différence serait due à l’absence de fréquence élevée similaire du nombre d’épisodes (>4 par an) chez nos patients.
Parmi les lésions élémentaires rencontrées, l’érythème et la desquamation semblent être les symptômes les plus fréquents tels que rapportés par la littérature [19,16]. En revanche, dans notre étude, l’érythème n’a pas été bien apprécié, ceci peut être dû au phototype foncé de nos patients. Toutefois nous avons noté une fréquence élevée de lichenification, ce qui est en rapport probablement avec la longue durée d’évolution des symptômes d’ECM supérieur à 5 ans dans 33,3% des cas et par conséquent un prurit chronique qui entraîne à la longue une lichenification de la peau.
Les localisations préférentielles étaient les paumes et le dos des mains (58,3%, 53,3%), suivis par les bords latéraux et le dos des doigts (46,7%, 43,3%). Ceci est en accord avec les données de la littérature [19, 16, 54,2]. Cependant une corrélation a été retrouvée dans notre étude entre la localisation de l’ECM au niveau des pulpes des doigts et le score de sévérité HESCI (p<0,033), mais par contre aucune relation n’a été retrouvée entre la topographie et l’impact sur la qualité de vie. Un eczéma concomitant aux pieds était présent chez 28,4% des patients concordant avec les résultats d’une étude en Allemagne (27,3%) [2]. En outre, l’eczéma d’autres sites corporels retrouvé dans 15,2 % des cas dans notre étude, est plus faible par rapport aux résultats de Apfelbacher et al [2] (23,6%). Cette discordance peut s’expliquer par le plus grand effectif de terrains atopiques rencontrés dans son étude.
Dans notre étude, la forme clinique principalement rencontrée est la forme dyshidrosique ou vésiculeuse 45% avec une corrélation statistiquement significative entre cette forme et le score de sévérité HESCI (p<0,83), suivie par la dermite irritative 21,7% et l’eczéma lichénifé 21,7%. Il n’existe actuellement pas de consensus sur la classification des ECM. Si on veut l’appliquer à la pratique quotidienne, cette classification doit être simple dans son utilisation et ne proposer qu’un nombre réduit d’items. En outre, une classification des ECM se heurte au choix entre une classification morphologique pure (dont on sait qu’elle ne permet en rien de préjuger du mécanisme physiopathologique), étiopathogénique (étant entendu qu’aucun aspect clinique n’est pathognomonique et ne nécessite la réalisation d’un bilan étiologique complet), ou mêlant les deux. Enfin, il faut y intégrer le fait que l’association de plusieurs mécanismes physiopathologiques est fréquente [10]. Dans notre étude nous nous sommes limitées à une classification morphologique (formes cliniques). Pour faire une classification éthiopathogénique, il nous faut une exploration allergologique complète chez tous les patients, ce qui n’était pas possible avec nos malades du fait d’un manque de moyens financiers.

Les examens paracliniques

Les patchs tests ont été réalisés chez 15,3% (n=9) des patients, avec une allergie de contact trouvée dans 13,3 % des cas. Ce qui est nettement inférieur aux résultats de Apfelbacher et al en Allemagne [2] ou ils ont effectué des patchs tests chez 54,6% des patients avec une allergie de contact qui était présente dans 48,5%. Ce qui peut être expliqué par les différences de moyens financiers entre nos pays et par conséquent entre nos études. Les patchs tests se sont révélés pertinents chez deux patientes, vendeuses d’encens où une positivité aux fragrances mix a été retrouvée.

Impact sur la qualité de vie

Le DLQI

L’impact de l’ECM sur la qualité de la vie n’a pas été très bien apprécié car certains items, n’ont pas pu être évalués en particulier le sport, les loisirs qui ne concernaient qu’un nombre limité des patients, et le retentissement sur l’activité. Ce qui a pour conséquence, une sous-estimation d’un fort retentissement de l’ECM sur la qualité de vie des patients sur le plan affectif, psycho-social, relationnel, ressenti lors du partage avec les malades durant les consultations. La mesure de la qualité de vie dans la prise en charge des patients souffrant d’ECM permet de déterminer exactement le ressenti des patients, lequel n’est pas toujours corrélé avec la sévérité des lésions [29]. Les scores DLQI allaient de 2 à 17, avec une moyenne de 7,8. Dans notre étude on n’a pas trouvé de relation significative entre DLQI et sexe ce qui est en accord avec les données de la littérature. Il convient toutefois de noter que l’ECM avait un impact négatif important sur la qualité de vie chez 20,1% de nos patients et dans 29,9% des cas un impact négatif minimal. Ces derniers résultats sont similaires à ceux retrouvé par CVETKOVSKI et al au Danemark (31,1%) [11]. Dans cette même étude une relation entre le HECSI et le DLQI a été bien établie [11] .Cependant dans notre étude aucune relation n’a été retrouvée entre le score DLQI et HESCI, ce qui pourrait être expliqué par le fait que le questionnaire est non adapté à notre société dans certains paramètres tels que : les loisirs, l’activité sportive et l’influence de l’ECM sur l’activité sexuelle.
Il a été établi une corrélation significative entre l’altération de la QDV consécutive à un ECM sévère et la présence de symptômes dépressifs importants, évalués au moyen du score Beck Depression Inventory [11]. Une étude allemande réalisée chez 122 patients souffrant d’ECM et utilisant l’Hospital Anxiety and Depression Scale et le DLQI a également souligné la prévalence des comorbidités psychiatriques [5] (20 %) et de dépression (14 %) au cours de l’ECM. Cependant une étude française avait objectivé l’influence de l’ECM sévère sur l’activité sexuelle, retrouvée chez 16% des malades, avec une corrélation positive entre le dysfonctionnement sexuel et la sévérité de l’ECM.

Impact de l’ECM sur le travail

Les conséquences de l’ECM sur le travail chez nos patients ont été objectivées par un taux d’absentéisme de 27,02% au cours des 7 derniers jours et un arrêt total du travail chez 3 patients. Plusieurs études ont été réalisées afin d’évaluer les conséquences des eczémas des mains sur la durée de l’absentéisme et de la nécessité d’une reconversion (Tableau 2) [2, 44, 57, 31, 12, 42,19]. Les taux d’absentéisme imputables à l’ECM rencontré dans différents pays, sont illustrés dans le tableau XXXIX.

Les aspects thérapeutiques

Dans notre étude, Nous avons insisté sur l’éducation thérapeutique, en incitant les malades au changement des mauvaises habitudes et la nécessité des mesures de protection. Cette approche tend à prendre toute sa place dans la prise en charge de l’ECM. L’ETP a déjà fait ses preuves dans la prise en charge de la dermatite atopique avec une amélioration des scores de sévérité (SCORAD) et de qualité de vie (DLQI) [52]. Concernant l’eczéma des mains, plusieurs équipes européennes ont mis en place et évalué des programmes de prévention primaire, secondaire et tertiaire. Ces programmes de prévention s’apparentent à la démarche d’ETP par la volonté de rendre le patient acteur de sa prise en charge globale. En, France deux équipes à Besançon et à Nantes se sont lancées dans l’ETP dans les ECM. La première dans le cadre des séances individuelles depuis déjà 14 ans et la seconde plus récemment dans le cadre des séances collectives.
Un référentiel d’ETP a été établi en France, ce référentiel est le résultat d’un travail multidisciplinaire et multicentrique.
Une équipe allemande menée par Diepgen et al. a mis en place et évalué un programme de deux jours destiné à des professionnels de santé comprenant des modules de formation sur la physiopathologie cutanée, les facteurs de risque, les types de dermatoses, les méthodes de protection cutanée, les traitements, l’usage des gants et les mesures d’hygiène. Les participants bénéficiaient également d’une consultation longue avec un dermatologue, une amélioration était notée dans 72% des cas à un an.
D’ailleurs nous l’avons expérimenté, car nous avons effectué une éducation thérapeutique à tous les patients et attribué une grande part de la rémission obtenue chez ces patients à l’ETP.
Les dermocorticoïdes ont représenté le traitement de premier choix administré chez tous nos malades. Ceci est en accord avec les données de la littérature. Peu de traitements systémiques ont été mis en place.

Aspects évolutifs

Dans notre série, nous avons eu une rémission complète chez 75% (n=45) des patients dans un  délai de 4 semaines. Il y’avait 10% (n=6) de perdus de vue, ces résultats sont similaires à ceux retrouvés par Fatou Seck [53] (10,7%). Cependant, le nombre de perdus de vue rencontrés dans notre étude peut être expliqué par des problèmes de transport, car un nombre important de nos patients habitent en banlieue et venaient se consulter dans les centres de Dakar.

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Table des matières

INTRODUCTION
NOTRE ETUDE
I. PATIENTS ET METHODES
II. RESULTATS
II.1. Etude descriptive
II.1.1. Aspects épidémiologiques
II.1.2. Motif de consultation
II.1.3. Histoire de l’ECM
II.1.4. Antécédents
II.1.5. Habitudes/mode de vie et expositions
II.1.6. Clinique
II.1.7. Explorations allergologiques
II.1.8. Impact sur la qualité de vie
II.1.9. Traitement
II.1.10. Evolution
II.2. Etude analytique
DISCUSSION
I. APPORT DE CE TRAVAIL
II. DISCUSSION DE NOS RESULTATS
II.1. Les aspects épidémiologiques
II.2. Mode de vie et Expositions
II.3. Les aspects cliniques
II.4. Les examens paracliniques
II.5. Impact sur la qualité de vie
II.6. Les aspects thérapeutiques
II.7. Aspects évolutifs
CONCLUSION
REFERENCES

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