Mahmoud Darwich, victime en quête d’identité

Le poète palestinien Mahmoud Darwich (1941-2008) est considéré comme l’un des plus grands poètes arabes du XXIème siècle. C’est un poète qui est continuellement cité, et son œuvre poétique, ainsi que ses positions politiques ont fait couler beaucoup d’encre.

Né à al-Birwa en Galilée, Darwich va être témoin de bouleversements géopolitiques majeurs avec la création de l’état d’Israël et la naissance de la résistance palestinienne. Jeune, il rejoint les rangs du parti communiste Rakah. Incarcéré à plusieurs reprises entre 1961 et 1967 et assigné à résidence à Haïfa, il choisit l’exil à Moscou en 1970. Il se rend plus tard au Caire puis à Beyrouth. Suite à l’invasion israélienne, il quitte Beyrouth en 1982, et s’installe à Paris. En 1987, il rejoint l’O.L.P. qu’il quitte en 1993 à la suite des accords d’Oslo, et retourne en 1995 à Ramallah en Cisjordanie, et meurt en 2008 aux Etats-Unis.

Dès la publication de ses premiers poèmes, et grâce à la publication des poèmes des poètes palestiniens restés en Palestine par le journal As-safir au Liban , Darwich devient très vite un poète populaire, acclamé par un public humilié par les défaites militaires et politiques. Ses vers sont devenus des slogans politiques, tel « inscrit, je suis Arabe. » Le poète et la référence religieuse chiite Mouhamad Hussein Fadlallah considère que : « Mahmoud Darwich a constitué un phénomène humain et poétique dans le monde arabe, et il faudrait beaucoup de temps pour en découvrir un phénomène comparable. » .

Darwich, aussi bien le poète que l’homme ont suscité et suscitent toujours un débat intense et passioné, car presque tout le monde considère d’une manière ou d’une autre, que Darwich lui appartient car ses mots touchent le plus intime en soi. C’est dire combien, le symbole a dépassé, voire éliminé l’individu ; le lecteur fusionne avec la poésie de Darwich à un tel point qu’elle devienne sienne.

Certains, le considèrent comme le poète national de la cause palestinienne, d’autres comme le poète qui a participé à l’émergence du renouveau de la poésie arabe, et d’autres, comme un traître qui a renoncé au combat politique auprès de son peuple.

De notre part, nous considérons que Mahmoud Darwich est la voix qui reflète les longs et les divergents déploiements de la cause palestinienne dans sa portée esthétique. Son œuvre littéraire peut être considérée comme la preuve vivante de la destinée d’un peuple qui a perdu sa terre, et qui est resté attaché à la reprendre – en tant qu’elle représente un espace vital porteur d’identité – que ce soit par la résistance sous toutes ses formes, ou bien à travers la parole littéraire.

Absence et visibilité 

Victime lui-même, Darwich symbolise en effet la quête perpétuelle du normal. Il déclare à maintes reprises qu’il se veut être la voix des vaincus et des victimes : « j’aimerais demeurer une victime » dit-il. Dans son entretien avec le journal Libération en 2003, répondant à une question quant à la définition du « poète troyen », Darwich affirma : « je n’ai choisi d’être une victime ni sur le plan existentiel, ni sur le plan politique. Les conditions historiques ont fait que les Palestiniens, et moi inclus sommes victimes. Ainsi, je m’efforce d’exprimer la conscience du perdant et de la victime. C’est cela être un poète troyen : dire qu’il n’y a pas que le récit du vainqueur. (…) Les faibles se doivent d’apporter la version de l’histoire, il ne faut jamais se contenter de la version des plus forts. Et de toute façon, la bonne littérature est celle des faibles, des vaincus, de ceux qui souffrent, et c’est une des vertus de la littérature, que de nous permettre de faire ressentir la douleur, et les blessures et partant, de nous faire accéder à notre humanité. » .

La réalité qui hante le poète est donc de porter l’absent au-devant de la scène, de lui donner la chance d’exprimer son droit et sa vision/version de la vie. « Je suis résolument du camp des perdants. Les perdants qui ont été privés du droit de laisser quelque trace que ce soit de leur défaite ; mais il n’est pas question de reddition » affirme Darwich. C’est l’absence de la victime, que la langue a rejetée en dehors du récit et de l’Histoire, mais le poème est là pour résister à cette déchéance, et à compenser l’absence. Le poète doit prouver qu’il peut encore proférer une parole neuve et vraie, et qu’il saura retrouver son être dans une Palestine de l’avenir.

Darwich est donc fidèle au rôle de l’écrivain tel que défini par Camus : « le rôle de l’écrivain, du même coup, ne se sépare pas de devoirs difficiles. Par définition, il ne peut se mettre aujourd’hui au service de ceux qui font l’histoire : il est au service de ceux qui la subissent. » En effet, Darwich dit : « celui qui impose son récit hérite la terre du récit», dans le sens que celui qui raconte l’histoire de son pays, est l’héritier véritable de ce pays .

A la première prise de conscience du besoin de s’affirmer face à l’occupation et à l’injustice, la victime s’écrit : « je suis arabe », et affirme son lien fusionnel avec la terre, la « première mère ». Sortir de sa frustration, exprimer la rage de son impuissance, la victime dans la quête de sa place dans le monde ne peut s’empêcher de concevoir sa relation avec l’autre.

L’identité pour Darwich se conçoit à travers un processus dynamique. Cette dynamique traverse des étapes définies par le temps et le lieu, et est donc contextuelle. Cette construction s’achemine entre le refus de la réalité aliénante, et la prise de conscience de soi en tant que victime ; entre l’affirmation de soi face à l’oppresseur et la volonté de façonner la réalité ; entre l’agressivité de l’autre et la conceptualisation de l’altérité ; entre la particularité du vécu intime, et l’universalité de l’expérience humaine.

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Table des matières

INTRODUCTION
Délimitation du champ de réflexion
Les multiples faces de Darwich
A la recherche de Soi
J’appartiens à l’interrogation de la victime
Absence et Visibilité
Problématique et Hypothèse
Méthodologie de recherche : L’analyse égo-écologique
L’analyse égo-écologique : une épistémologie naturaliste
L’analyse psycho-contextuelle : explorer le système identitaire
Le répertoire sémantique de l’identité et de l’altérité
L’espace élémentaire de l’identité
La triade identitaire
Le circuit affectif-représentationnel ou circuit identitaire
L’ego-écologique et l’analyse textuelle
Les mots identitaires : unités d’analyse
PREMIÈRE PARTIE : CONTEXTE IDENTITAIRE : VICTIME, POÉSIE ET IDENTITÉ
Chapitre I : Le contexte identitaire mutations et identité déchirée
1.1- Une terre, deux peuples
3.2- La négation identitaire : de Palestinien à non-Juif
3.3- La « Nakba » : étranger chez soi
3.4- Tristesse ordinaire
3.5- Le contexte culturel et la poésie palestinienne engagée
Chapitre II – Poésie en temps de détresse
2.1- Etonnement et perpétuel commencent
2.2- La poésie : un autre nom de la vie
2.3- La poésie : transformation de la réalité en réel
Chapitre III : La victime et le rapport identitaire à la poésie
3.1- Identité et unité
3.2- La victime et son rapport au monde
3.3- Darwich-victime : la sublimation de l’ordinaire
3.4- Mahmoud Darwich : l’engagé et le révolté
3.5- Le récit Darwichien
Synthèse de la première partie
DEUXIÈME PARTIE : MÉMOIRE ET SOUFFRANCE (1972 – 1983)
Chapitre I : Espace identitaire de l’exilé : mémoire et refus du présent
1.1- Exil-Mémoire, Présence
1.2- La mémoire comme rempart identitaire de la victime
1.3- L’oubli : une menace identitaire
1.4- Le refus du présent
1.5- L’exil ou la renaissance de la victime
Chapitre II : Espace identitaire du résistant : identité en souffrance, identité de
souffrance
2.1- La souffrance : soubassement du sort palestinien
2.2- Affirmation du statut de victime : la victimisation
2.3- Victime- souffrance, reconnaissance
Chapitre III : Violence et affranchissement
3.1- La résistance comme affirmation identitaire
3.2- L’altérite négative
3.3- Violence existentielle : « le meurtrier délicat »
Synthèse de la deuxième partie
TROISIÈME PARTIE : ERRANCE, NON-LIEU ET MORT (1984-2008)
Chapitre I : Espace identitaire de l’étranger : l’errance dimension ontologique de
l’identité
1.1- Errance : la recherche du non-lieu
1.2- L’attente du réfugié et la métamorphose de l’errant
1.3- Transformation identitaire : de l’absence du réfugié à la visibilité de l’errant
Chapitre II : La présence comme affirmation identitaire
2.1- Lutte contre l’absence et la mort
2.3- Le condamné L’éloge de la vie : réflexions sur l’exceptionnel
2.2- Les possibilités de la vie et de la paix
Chapitre III : Espace identitaire du poète : la langue comme élément identitaire
3.1- Une identité par la langue
3.2- La langue : recréer le Moi et la Patrie
3.3- La langue : réfèrent du lieu identitaire
Chapitre IV : Espace identitaire du solitaire : la Mort et les Mots
1.4- La dualité et la solitude du Moi
2.4- Reconstruire le lieu et le temps: triompher de l’absence
3.4- L’adversaire : l’Autre-Moi
Synthèse de la troisième partie
CONCLUSION GENERALE

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