L’invention du concept d’« homosexualité » par la médecine au XIX e siècle

HISTORIOGRAPHIE AUTOUR DE LA NOTION D’« HOMOSEXUALITÉ »

Dans le cadre d’un sujet dont l’« homosexualité » une notion majeure, bien qu’à interroger et à redéfinir, il est absolument indispensable de revenir sur l’historiographie qui a permis son émergence comme objet, puis comme catégorie d’analyse. Plus qu’un simple condensé d’ouvrages et d’articles revenant sur les articulations majeures de l’analyse historique de l’« homosexualité » en milieu urbain, il apparaît plus que nécessaire de réaliser une historiographie renouvelée sur cet objet encore trop méconnu du champ universitaire français.
Mais pourquoi réécrire une telle historiographie ? Une étude bibliographique succincte permet de constater qu’aucune action de recherche historiographique n’a été entreprise depuis les années 2000. Or, depuis la discipline et le travail historique ont significativement évolué vers un virage méthodologique, que l’on perçoit dans la plupart des ouvrages consacrés aux « déviances » sexuelles et genrées. Conséquemment, il revient de s’interroger sur les processus et les concepts ayant permis un tel renouvellement historique. L’histoire des homosexualités françaises, au regard de l’historiographie anglo-saxonne, laisse apparaître le retard institutionnel français dans les recherches sur un champ encore trop marginal. Nous ne pouvons qu’observer le peu de départements de recherche consacrés aux « LGBT studies » et aux « queer studies », ou aux recherches en genre et en sexualité. De même, le nombre d’études portant sur les identités genrées et sexuelles dites « minoritaires » en histoire, reste trop faible par rapport à la multitude de sujets et la complexité des aspects qu’ils recouvrent. Les besoins épistémologiques, historiographiques et interdisciplinaires portés par une notion telle que l’« homosexualité », demandent un investissement plus grand de la part des chercheurs français, et probablement une méthodologie renouvelée.
Par ailleurs, en plus d’une historiographie française datée concernant l’histoire des homosexualités, elle n’a que très peu été abordée dans une perspective comparatiste avec l’histoire des homosexualités anglo-saxonne. Ce point est à souligner aussi bien au niveau des influences théoriques et paradigmatiques, qu’au niveau des questionnements intrinsèques à l’étude du genre et des sexualités de chaque pays, sur les débats autour de la pertinence des concepts sélectionnés, et des processus y étant associés. Plus encore, l’utilisation d’un grand nombre de travaux anglo-saxons dans le corps de notre travail aurait rendu obsolète une historiographie uniquement centrée sur les travaux français. C’est dans l’analyse et l’étude comparée de ces historiographies que nous pouvons faire émerger une connaissance complexe et plus pertinente de ce que semble a priori être « l’histoire des homosexualités ». Ce travail demanderait également à être enrichi de perspectives historiographiques issues d’autres pays.
L’approche comparatiste par laquelle nous souhaitons orienter notre chapitre ne s’arrête pas à ce point. En effet, il paraît plus qu’essentiel de faire émerger une approche comparative entre disciplines concernant les travaux sur les déviances genrées et sexuelles. Cette perspective transdisciplinaire doit permettre de faire apparaître les disciplines fondamentales ayant permis la justification de l’étude de l’homosexualité en tant qu’objet d’étude historique et les grandes avancées théoriques autour de cet objet. En histoire, l’interdisciplinarité permet le décentrement nécessaire de l’objet « homosexualité », non plus compris uniquement comme objet simple d’une étude historique, mais comme objet complexe et historicisable. Il ne s’agit plus tant de l’homosexualité, que de l’écart aux normes de genres et de sexualités que la notion recouvre, qui nous intéresse. Le genre et la sexualité deviennent pour nous des catégories d’analyse pertinentes, ignorant parfois les frontières disciplinaires pour les besoins de la recherche.
Ces passerelles entre disciplines semblent alors être le propre de notions et de catégories protéiformes et modulables en fonction de l’objet choisi et de son contexte.
L’interdisciplinarité, si elle est désormais revendiquée par les nouveaux chercheurs, était en amont, présente dans les anciens travaux portant sur l’homosexualité.
Afin de réaliser une historiographie la plus complète que possible, n’omettant aucun angle d’analyse, plusieurs grandes thématiques seront mises en avant dans ce chapitre.
Certaines de ces thématiques ont été intelligemment abordées dans les comptes rendus de chercheurs américains et français , tandis que d’autres n’ont été que très peu mises en avant dans les précédents travaux historiographiques. D’une part, nous observerons les liens entre l’émergence de l’homosexualité comme objet d’étude valable en sciences sociales, et les institutions universitaires françaises et anglo-saxonnes, la limitant ou l’appuyant concrètement.
Pareillement, il faudra mettre en avant les liens complexes du militantisme à l’écriture de travaux sur l’homosexualité, notamment en histoire, pour voir dans quelle mesure ce militantisme s’est imbriqué aux travaux de recherche sur l’homosexualité. C’est également le rapport du chercheur et de sa recherche à son époque qui nous intéresse. Cela consiste à replacer le chercheur dans un contexte temporel bien précis, fluctuant entre progressisme et conservatisme, et donc à observer la possible influence de ce cadre sur l’écriture de l’homosexualité. Sera aussi examiné le développement chronologique des travaux sur l’homosexualité, avec ses contingences, ses ruptures et ses changements de paradigmes.
D’autre part, il nous faudra prendre en compte les implications théoriques et méthodologiques des paradigmes historiographiques, leurs apports, leurs limites et leur portée dans la recherche aujourd’hui. Comme précédemment évoqué, la mise en rapport des histoires française et anglo-saxonne des homosexualités témoigne d’influences unilatérales ou partagées, des retards, des parallèles, et des différences. Elle doit faire émerger des auteurs clés et leurs travaux, toujours mis en relation dans une perspective comparatiste. L’interdisciplinarité au cœur de l’avènement de l’histoire des homosexualités est porteuse de perspectives dans le renouvellement des travaux de recherche en genre et en sexualité. Ce travail sera axé sur l’émergence des nouvelles thématiques propres aux besoins des théories « gay » et « queer », ainsi que les renouvellements disciplinaires et interdisciplinaires qu’ils apportent.
Nous proposons alors de comprendre et de lire cette historiographie renouvelée chronologiquement, bien que non linéairement, pour faire émerger de grandes thématiques au regard des perspectives comparatistes que nous défendons, par le prisme de quatre grandes périodes jusqu’à aujourd’hui. Si ce travail se veut complet, il n’en sera pas pour autant totalement exhaustif en raison de l’accroissement des études portant sur le genre et la sexualité, et plus spécifiquement sur les homosexualités, en France et ailleurs, et donc de l’impossibilité de toutes les citer. Globalement, par le biais de ce chapitre, nous souhaitons faire émerger une nouvelle organisation du savoir autour de l’historiographie homosexuelle qui mette en relation les différentes histoires et disciplines, afin de rédiger un compte rendu récent et critique qui pourra par la suite être utile pour les travaux de futurs chercheurs.

LA TRÈS LENTE ÉMERGENCE DE L’HOMOSEXUALITÉ COMME OBJET D’ÉTUDE EN SCIENCES SOCIALES (1900-1950/1960)

Au tournant du siècle, force est de constater que l’homosexualité n’est prise en compte dans aucun cadre universitaire. Tout au long du XIXe siècle, si l’on en suit Alain Corbin, l’homosexualité n’est abordée que sous les écrits plus ou moins licites des pornographes, des théologiens moraux entendant encadrer les pratiques sexuelles des Français, mais surtout des médecins et des psychiatres en venant à essentialiser des comportements sexuels et genrés, dans une forme « d’homophobie médicale ». Pour ne citer que les plus connus, on pensera par exemple aux travaux d’Ambroise Tardieu en médecine, de Sigmund Freud, Georg Groddeck et Richard von Krafft-Ebing en psychanalyse . Ces écrits influencent pour longtemps les considérations liées à l’homosexualité et la manière dont on envisage les recherches autour de cette notion. Mais d’autres médecins comme Havelock Ellis , envisagent l’homosexualité sous une forme d’objectivité scientifique, voire luttent pour la défense des droits homosexuels comme Magnus Hirshfield.
Dans ce cadre médico-légal, l’homosexualité est considérée comme une maladie physique et mentale, elle est un objet « alien » aux sciences sociales, dont les premiers travaux sont considérés comme particulièrement subversifs. L’avènement de la sociologie et l’intégration de l’homosexualité comme objet d’étude en sciences sociales passe par le biais d’institutions spécifiques, dont la principale est l’Université de Chicago, donnant ensuite naissance à une école de pensée. Jusqu’aux années 1950/1960, le travail de recherche autour de l’homosexualité se fait sous l’égide de l’ambivalence entre la relative marginalité des travaux en sciences sociales et l’hégémonie des travaux en médecine dont l’objectivité scientifique n’est que peu questionnée. Pourtant, des chercheurs s’en emparent de manière pionnière et marginale dans le cadre d’études anthropologiques et ethnographiques annonçant la reclassification de l’homosexualité comme objet social et non plus médical. Les travaux pionniers permettent la redéfinition des sexualités et des déviances sexuelles.

La tradition ethnographique comme premier lieu d’inscription universitaire de l’homosexualité

Les travaux d’anthropologie et d’ethnographie des premières années du XXe siècle ont un lien tenace avec l’émergence de la sexologie à la fin du XIXesiècle car les données sur les pratiques sexuelles sont centrales dans de tels travaux. Selon Gayle Rubin , c’est à l’Université de Chicago qu’émergent ces premiers travaux pionniers en sciences sociales aux États-Unis.
Les travaux du sociologue William Isaac Thomas, et ses analyses marquent la naissance de l’École de Chicago. En 1907, il publie Sex and Society: Studies in the Social Psychology of Sex , cet ouvrage majeur prend la forme d’un traité de sexologie et condense les travaux à l’origine du tournant anthropologique, auquel ont participé les anthropologues Edvard Westermarck, Edward Burnett Tylor, Herbert Spencer, Lewis Henry Morgan, ou encore Havelock Ellis, fondateur de la sexologie. Ces derniers prennent le contrepied des analyses issues de la médecine et de la psychanalyse pour introduire la sexualité dans le champ de la recherche scientifique. Ils concurrencent au passage l’hégémonie dominante des écrits scientifiques médicaux sur la sexualité. Cette tension entre le savoir anthropologique et le savoir médical sur la sexualité se poursuit durant toute la première moitié du XXe siècle. Si la médecine et la psychiatrie bénéficient d’une forme d’hégémonie sur le savoir scientifique, les anthropologues, les ethnologues et mêmes parfois certains médecins et psychiatres remettent en question le manque d’objectivité scientifique de ces travaux. En conséquence, le tournant anthropologique est majeur puisqu’il inaugure les prémisses du décentrement de la sexualité, et de l’homosexualité, non plus comme objets des sciences médicales et psychiatriques, mais comme objets étudiables avec les sciences sociales. Avec W. I. Thomas, le sociologue Florian Witold Znaniecki est un autre fondateur de l’École de Chicago. La collection The Polish Peasant in Europe and America de 1918 à 1920, marque leur rôle dans l’établissement de recherches urbaines basées sur des observations de terrain. En somme, ces premiers travaux sont extrêmement importants puisqu’ils sont à l’origine du tournant théorique visant à réhabiliter l’homosexualité comme objet approprié pour les sciences sociales après la seconde guerre mondiale jusqu’aux années 1960.

Une perspective méso-historique : l’histoire des réseaux au cœur du rapport entre individus et institutions

La perspective interactionniste doit alors être comprise au niveau méso-historique, c’està-dire que les interactions entretenues par les relations sociales s’inscrivent à l’échelle de diverses communautés, dont il convient d’adapter la focale d’analyse pour mieux les étudier.
Cette perspective méso-historique est un niveau médian entre les structures et l’individu, l’« homosexualité » se déploie alors dans un réseau complexe faisant intervenir une multiplicité d’acteurs, cette « déviance » n’est donc pas un acte isolé. Il s’agit alors de caractériser la structure sociale à l’échelle moyenne de la petite communauté.
L’analyse de réseau suggère que l’on emploie un ensemble de méthodes, de notions et de concepts dans l’objectif de faire émerger un phénomène relationnel donné. Plus spécifiquement, étudier un réseau consiste à prendre en compte différentes données matérielles et immatérielles . En histoire, l’analyse de réseaux suppose que l’on puisse symboliser le phénomène relationnel par des points représentants les acteurs, dont les lignes signifient les relations entretenues. Pour cela, les données sur lesquelles nous nous appuyons doivent nécessairement être homogènes, pour éviter de fausser les interprétations quantitatives.Le manque d’homogénéité est ainsi parfois un frein pour les historiens dont les sources, ou leur manque, sont responsables. Il s’agit donc d’identifier les liens formels et informels, et les intermédiaires au sein du réseau. L’emploi de l’outil « réseau », notamment pour des sujets portant sur les minorités sexuelles, est utilisé afin de dépasser le déterminisme, la rigidité des structures et le modèle du choix rationnel, en s’intéressant alors au lien social et aux aspects organisationnels . Encore peu pratiquée par les historiens modernistes, cette méthode d’analyse des données relationnelles doit même être considérée comme une alternative à l’histoire des normes, puisque l’intensité et la diversité des liens, et la structure du réseau déterminent dans certains circonstances le choix d’une norme dans un ensemble cohérent d’autres normes supposées pertinentes . L’histoire « réseau » semble alors adéquate pour infirmer ou confirmer l’existence d’une éventuelle subculture portée par les homosexuels parisiens au XVIIIe siècle. Elle permet également de détailler les multiples imbrications de l’individu au sein de réseaux infra-communautaires, comme la famille, les corporations, les
confréries, soit des réseaux de travail, d’entraide, de voisinage ou même des réseaux amicaux, liens forts construisant les communautés ; et la position de ces mêmes structures infracommunautaires, entre l’individu et les institutions. Ces réseaux, à divers niveaux, nécessitent une méthode précise d’exploitation, et la meilleure compréhension de leur interconnectivité. L’individu, sous l’Ancien Régime, est inscrit dans une multiplicité des structures communautaires fomentant divers réseaux qui se recoupent partiellement. Il s’insère dans un réseau familial, ce réseau est redoublé ou remplacé lorsqu’il est inexistant par des relations professionnelles par le biais des confréries et des communautés, et par des relations de patronage ou de domesticité, parallèlement il participe d’un réseau de voisinage à l’échelle de son quartier ou de son village, ainsi que de réseaux liés à son âge. Le réseau communautaire doit aussi être compris comme un biais identitaire pour les individus, auxquels il attribue, sinon une identité consciente, un sentiment d’appartenance. L’encadrement par les structures collectives contribue à forger l’identité des individus au gré des situations et des relations sociales, et joue un rôle aussi important que le sexe, l’origine, ou même la profession. Ces structures communautaires doivent être comprises comme des réseaux de solidarité et d’entraide, permettant d’inscrire les intérêts individuels, à l’échelle plus large d’intérêts communautaires. Pour le cas plus spécifique des réseaux familiaux, Jérôme Luther Viret démontre que les services rendus sont parfois difficiles à repérer, les relations médiatisées ne laissant pas toutes de traces écrites, une grande partie des interactions privées passant par l’oralité, ou n’étant tout simplement pas des interactions formalisées. Se pose alors avec acuité la question de la matérialité et de l’immatérialité puisque les actes privés et les accords verbaux n’en demeurent pas moins partiels sur les indications qu’ils confèrent. D’autant que la nature des actes et l’importance de l’action en étant à l’origine peuvent fortement différer et que les interactions non formalisées ne laissent aucune trace. Pour autant leur reconstitution est nécessaire afin de saisir au mieux les réseaux infra-communautaires et leur fonctionnement.

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Table des matières

INTRODUCTION GÉNÉRALE
PARTIE 1 : CONCEPTUALISER L’HOMOSEXUALITÉ EN HISTOIRE MODERNE
CHAPITRE 1 : HISTORIOGRAPHIE AUTOUR DE LA NOTION D’HOMOSEXUALITÉ
1) La très lente émergence de l’homosexualité comme objet d’étude en sciences sociales (1900-1950/1960)
1.1) La tradition ethnographique comme premier lieu d’inscription universitaire de l’homosexualité
1.2) Des travaux marginaux sur la sexualité sans focalisation sur l’homosexualité
1.3) Vers un changement de paradigme après la guerre : l’homosexualité en question
2) L’affirmation de l’homosexualité comme objet légitime de recherches en sciences sociales (1950/1960-1970/1980)
2.1) Les Etats-Unis : l’inscription de l’homosexualité au sein d’une longue tradition d’histoire sociale
symbolisée par le « social constructivism »
2.1.1) Le développement de la sociologie de la déviance porteuse du champ d’étude homosexuel
2.1.2) L’homosexualité et le constructivisme social
2.1.3) Les débuts d’une histoire pionnière ayant pour objet central l’homosexualité
2.2) La France : l’homosexualité comme sujet d’étude très marginal et sous influence jusqu’à l’essor de la « French theory »
2.2.1) Les débuts d’une histoire pionnière largement influencée par le changement théorique américain
2.2.2) L’histoire des homosexualités : une histoire en marge de l’université
2.2.3) Le renouvellement théorique porté par la « French theory »
3) L’affirmation de l’homosexualité comme catégorie d’analyse pertinente en sciences sociales (1970/1980-2000)
3.1) Les Etats-Unis : les « LGBT studies » et « queer studies » au fondement de l’imposition de nouvelles catégories d’analyse
3.1.1) Le passage de la « gay history » au « LGBT studies » puis au « queer studies »
3.1.2) L’importance des nouvelles catégories d’analyse : une nouvelle histoire des homosexualités
3.1.3) Entre nécessité de l’interdisciplinarité et retard dans l’étude d’objets encore trop minoritaires
3.2) La France : doutes et débats historiographiques sur l’écriture de l’histoire de l’homosexualité
3.2.1) Les conséquences du tournant paradigmatique et la nouvelle histoire des homosexualités
3.2.2) Le dépassement de la « French theory » malgré l’écho limité de la « queer theory » en France
3.2.3) Retards et limites de l’histoire gay française
3.3) Nouvelles perspectives et dépassement de la théorie queer : quelle place pour l’homosexualité depuis les années 2000 ?
3.3.1) Une histoire transdisciplinaire et décentrée des homosexualités
3.3.2) Renouvellement méthodologique et conceptuel
CHAPITRE 2 : ENJEUX ÉPISTÉMOLOGIQUES ET MÉTHODOLOGIQUES 
1) Les enjeux liés à l’emploi du concept « homosexualité » en histoire
1.1) Synchronie et diachronie du concept « homosexualité »
1.1.1) Prévention et stigmatisation policière des « homosexuels » au XIX e siècle
1.1.2) L’invention du concept d’« homosexualité » par la médecine au XIX e siècle
1.1.3) Exploration du concept « homosexualité »
1.2) Dimension anachronique de la notion appliquée à l’histoire moderne
1.2.1) Une histoire contemporaine de l’homosexualité ?
1.2.2) Des notions contemporaines comme outils d’analyse ?
2) Les concepts préexistants à la notion d’« homosexualité »
2.1) Le vocable employé sous l’Ancien Régime
2.1.1) Vocabulaire académique
2.1.2) Vocabulaire courant
2.2) Approfondissement autour de la notion de « sodomie »
2.2.1) Un substantif polysémique
2.2.2) La transition de la « sodomie » vers la « pédérastie »
3) Rapports entre genre et sexualité
3.1) L’inversion des rôles : le monde à l’envers
3.1.1) Subvertir la différence fondamentale entre les sexes
3.1.2) L’homosexualité comme subversion de l’identité sexuée
3.1.3) L’homosexualité comme subversion de l’identité sexuelle
3.2) Transgression publique et tort social ou transgression sociale et tort public ?
3.2.1) La dimension publique de la sodomie
3.2.2) Quand la sodomie recouvre majoritairement des pratiques masturbatoires
4) Méthodologie : mener à bien un sujet portant sur l’homosexualité
4.1) Opérer le choix des sources
4.1.1) Contre une lecture verticale issue des sources légales
4.1.2) Nécessité d’exploitation des sources du for-privé
4.1.3) Les sources culturelles : représentations réalistes ou satires ?
4.1.4) Pour une lecture renouvelée des rapports de police
4.2) Varier la focale d’analyse pour restituer le réel
4.2.1) Une perspective macro-historique : l’histoire institutionnelle et la gestion des pratiques
homosexuelles
4.2.2) Une perspective méso-historique : l’histoire des réseaux au cœur du rapport entre individus et institutions
4.2.3) Une perspective micro-historique : réseaux et stratégies au cœur de la notion d’agentivité
4.3) Changer de paradigme et promouvoir de nouvelles méthodes d’analyse
4.3.1) Promotion de la transdisciplinarité
4.3.2) Promotion du transurbanisme
4.3.3) Renouvellement du regard paradigmatique
PARTIE 2 : LA GESTION DES PRATIQUES HOMOSEXUELLES EN PROVINCE : UN ÉCLAIRAGE PARISIEN SUR LA SITUATION PROVINCIALE 
CHAPITRE 3 : SILENCE DES ARCHIVES EN PROVINCE ET UTILISATION DE SOURCES
POLICIÈRES PARISIENNES 
1) La recherche de sources sur l’« homosexualité » en province : le « silence des archives » comme seule conclusion
1.1) Recherche concrète et matérielle
1.1.1) Policer l’« homosexualité » à Lyon au XVIIIème siècle
1.1.2) Élargissement du champ de recherche archivistique
1.2) Le « silence des archives » sur les pratiques homosexuelles en province
1.2.1) Implications subséquentes à l’absence de sources légales exploitables
1.2.2) L’impossibilité de réaliser des travaux portant sur les pratiques homosexuelles en provinces?
1.1.3) Prisme parisiano-centré et nécessité de le décaler
2) Les « homosexuels » : les grands absents des provinces sou l’Ancien Régime ?
2.1) Discrédit de l’hypothèse de leur absence
2.1.1) L’apparition de la province dans les rapports de police parisiens
2.1.2) Données statistiques et cartographiques sur l’origine des hommes arrêtés à Paris
2.1.3) Étude de cas : Les Confessions de Rousseau
2.2) Une visibilité moindre dans les archives
2.2.1) Espaces publics et espaces privés
2.2.2) Espaces privés et réseaux
2.2.3) Non-encadrement policier et relative tolérance des pratiques homosexuelles
2.3) L’emploi de sources parisiennes comme palliatif au silence des archives sur l’homosexualité en province
2.3.1) Les procès-verbaux des officiers du Châtelet
2.3.2) Perspectives ouvertes par l’usage de ces sources
CHAPITRE 4 : HYPOTHÈSES SUR LA GESTION DE LA SEXUALITÉ EN PROVINCE AU XVIII E SIÈCLE 
1) Juger « le crime des débauchés contre nature » : entre droit pénal théorique et encadrement
pratique
1.1) Droit pénal et construction de la jurisprudence autour du crime de sodomie
1.1.1) La définition du crime de sodomie dans les traités de jurisprudence
1.1.2) Les sanctions applicables en cas de reconnaissance du crime de sodomie
1.1.3) L’évolution du discours légal vers la décriminalisation
1.2) Les procès pour crime de sodomie : l’histoire de l’homosexualité est-elle une histoire de la
répression ?
1.2.1) Des procès sporadiques dans le temps et l’espace
1.2.2) L’absence d’encadrement pénal du « crime sans nom »
1.2.3) La transformation de l’appareil juridico-répressif
2) Policer « le crime des débauchés contre nature » : entre la province et Paris, réinterroger les
fonctions de la police
2.1) Repenser le rôle des polices provinciales
2.1.1) Organisation et fonctions des polices provinciales
2.1.2) Que signifie la « police » en province ?
2.2) Repenser le rôle des communautés
2.2.1) Communautés, justice et police
2.2.2) Une gestion communautaire des déviances sexuelles ?
2.3) Repenser le rôle de la police à Paris
2.3.1) La lieutenance générale de police parisienne : un modèle d’exemplarité policier
2.3.2) La police du Châtelet de Paris : l’encadrement exceptionnel des pratiques homosexuelles
PARTIE 3 : LA RÉGULATION DES PRATIQUES HOMOSEXUELLES À PARIS : SINGULARITÉS PARISIENNES ET MIGRATIONS
CHAPITRE 5 : SINGULARITÉ DE L’INSTITUTION POLICIÈRE PARISIENNE DANS LA GESTION
DES PRATIQUES HOMOSEXUELLES 
1) L’exceptionnalité de la lieutenance générale de police parisienne : policer les pratiques
homosexuelles au sein d’une institution sans équivalent dans le royaume de France
1.1) L’idéologie paternaliste et prophylactique : le symptôme d’une police pré-hygiéniste ?
1.2) La gestion des pratiques homosexuelles : l’illustration d’une police régulatrice tournée vers le
service public ?
2) « Les ressorts & les rouages » de la « machine de la police » : identification des acteurs de la
police
2.1) Les débuts de l’encadrement policier de la sodomie (première moitié du siècle)
2.1.1) Les premiers spécialistes : les « exempts » et le rôle controversé de la police
2.1.2) L’encadrement des pratiques homosexuelles et l’institutionnalisation de la police du Châtelet
2.2) La poursuite de la gestion de la pédérastie (seconde moitié du siècle)
2.2.1) La pédérastie : objet de spécialisation et de professionnalisation des officiers de police
2.2.2) La pédérastie comme créatrice de liens entre les officiers de police
2.2.3) La territorialisation des officiers en charge de la pédérastie
2.2.4) La « légende noire » de la police : les « mouches » et les « observateurs »
3) « Réprimer les mœurs coupables qui vont jusqu’au scandale » : identification des pratiques de
la police
3.1) Outils et techniques de l’encadrement des pratiques homosexuelles
3.1.1) Surveiller, prévenir, circonscrire
3.1.2) La création d’instruments en réponse à la nouvelle vision de la gestion de l’ordre public
3.2) Surveiller et punir ? Contre l’idée d’une police des mœurs répressive
CHAPITRE 6 : LIRE LES PROVINCES ET LES MIGRATIONS À PARTIR DES PROCÈS VERBAUX DE LA POLICE DU CHÂTELET 
1) Les rapports de police : la production de documents spécifiques au cœur de l’interaction entre
la police et les « homosexuels »
1.1) Les procès-verbaux de « sod. » et des « patrouilles de pederastie »
1.2) La question du discours
1.2.1) Le discours institutionnel
1.2.2) Le discours rapportés des « sodomites » et des « pédérastes »
1.2.3) Le discours communautaire
3) Une source institutionnelle pour éclairer les pratiques homosexuelles ?
2) L’influence des migrations sur les pratiques homosexuelles : le rapport entre Paris et la province
2.1) Être « homosexuel » à Paris et en province : similitudes et différences
2.2) Des flux constants entre Paris et les provinces françaises
2.2.1) Migrations et « homosexualité » : durées et fréquences des migrations
2.2.2) Migrations et homosexualité : origines des migrations
2.2.3) Migrations et « homosexualité » : adaptation et intégration après les migrations
2.2.4) L’impact des migrations sur les pratiques homosexuelles
CHAPITRE 7 : STRATÉGIES INDIVIDUELLES ET RÉSEAUX : REPENSER L’IDÉE D’UNE
SUBCULTURE HOMOSEXUELLE PARISIENNE ? 
1) Capabilities des sodomites et des pédérastes au siècle des Lumières
1.1) Exercer ses capabilities : l’appui sur les réseaux
1.1.1) Les structures infra-communautaires : un réseau mobilisable
1.1.2) La construction d’un réseau de connaissances autour de pratiques communes
1.1.3) La construction d’un réseau de connaissances : savoirs théoriques et informations pratiques
1.2) Mobiliser ses capabilities : des stratégies individuelles
1.2.1) Rencontrer des hommes ayant les mêmes pratiques que soi
1.2.2) « Jouer au chat et à la souris » avec la police : éviter une arrestation
1.2.3) Un « jeu de dupes » : faire face à l’arrestation et aux sanctions
2) Questionner la notion de subculture homosexuelle à Paris au XVIIIe siècle
2.1) Pourquoi pourrait-on penser à l’existence d’une subculture homosexuelle ?
2.1.1) Des stéréotypes véhiculés par la police du Châtelet
2.1.2) Des stéréotypes véhiculés par des pratiques communes
2.2) Contre l’idée d’une subculture homosexuelle parisienne au XVIII e siècle
CONCLUSION GÉNÉRALE 
Sources et études 
Table des figures 
Annexes 
Table des matières

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