L’introduction d’une nouvelle espèce de lémurien dans la réserve

Madagascar fait partie des sept pays les plus riches en faune et flore de notre planète (RANDRIANARIMANANA, 2009). Madagascar occupe la deuxième place mondiale pour la diversité des primates, avec un taux d’endémisme très élevé par rapport à l’Indonésie et Brésil (MITTERMEIER, et al., 2010). Il existe des espèces uniques ne se trouvant que dans les forêts de Madagascar à l’instar des lémuriens (EDWARD, et al., 2010). De nombreux endroits dans ce pays sont très riches en diversité faunistique et floristique qui caractérisent les zones où ils s’installent. La forêt de Berenty, faisant partie des endroits riches en biodiversité, est connue par sa réputation de l’existence de deux espèces de lémuriens indigènes Lemur catta et Propithecus verreauxi dont les noms vernaculaires sont respectivement le Maki et le Sifaka. Cette réserve abrite en même temps une espèce de lémurien introduite résultant de l’hybridation entre Eulemur rufus et Eulemur collaris (O’CONNOR, 1987) (JOLLY, et al., 1982) (PINKUS, 2004) .

Malgré l’existence des études menées sur cette espèce tels que l’impact de leur introduction sur les tamariniers dans la réserve (RAZAFINDRAMANANA, 2005) les comportements alimentaires et sociaux de ces lémurs (ANDRIAHELIJAONA, 2005) ainsi que l’étude de la relation d’affiliation entre les adultes et les immatures (RANDRIATSARA, 2010) , celles-ci se sont focalisées sur l’écologie et l’éthologie de l’espèce. Pourtant en tant qu’espèce introduite dans la réserve qui pourrait changer l’écosystème du site et l’écologie des espèces natives ; le suivi de la démographie de la population de cette de lémur brun constitue une activité importante dans la reserve pour suivre et/ou evaluer les eventuels impacts de l’espèce sur la biodiversité de la réserve. Déterminer la densité et connaitre la distribution sont également des paramètres importants dans le domaine de la conservation biologique et la communauté biologique (COWSLISHAW, et al., 2000). Ainsi, l’étude est realisée de facon continue et regulière afin de mieux connaitre et de comprendre l’évolution au sein de la population de ces lémurs bruns pendant une période déterminée.

Une fois que cette espèce de lémur brun a été introduite dans la réserve, sa population ne cesse d’augmenter en nombre (KOYAMA, et al., 2004). Or les 2 espèces de lémuriens Lemur catta et Eulemur sp. présentent un mode de recouvrement alimentaire identique. Ils focalisent beaucoup leurs activités alimentaires sur les tamariniers (Tamarindus indica) (SIMMEN , et al., 2003), une espèce végétale dominante dans la réserve (JOLLY, et al., 2006). L’augmentation en nombre crée des obstacles pour la survie des autres espèces de lémuriens surtout les makis (RAZAFINDRAMANANA, 2005). Les études de Wranghang en 1986 et Dumbai en 1988 informent que le territoire augmente avec la dégradation du milieu (RAHARIMIHAJA, 2013). Il y existe quelques recherches informant une diminution en effectif de la population de lémurs bruns par rapport à l’année précédente en prenant comme la diminution de l’effectif dans la forêt d’Ankoba dont 237 individus ont été recensés en l’année 2012 et en 2013 le nombre fut reculé à 171 individus. (RAZAFINDRAMANANA, et al., 2013). On peut ajouter que la connaissance de la dynamique de population est essentielle dans le cadre de la conservation d’une espèce pour les gestionnaires (KINDBERG, et al., 2011; BALDWIN, et al., 2005; PRIMACK, 2008). Toutes ces informations nous incitent à accomplir cette étude concernant l’évolution et la distribution de la population de lémur brun (Eulemur sp) dans la réserve privée de Berenty.

GENERALITES

SITE D’ÉTUDE

Historique du milieu
La réserve de Berenty a été créée en 1936 par la famille De Haulme soutenue par l’accord avec la population Antandroy (JOLLY, et al., 2006). La famille De Haulme a effectué des plantations de sisals délimitant la réserve au Sud, et la rivière Mandrare limite cette aire au Nord. Des chercheurs y parviennent chaque année pour faire des études dont les chambres et les hébergements sont assurés par cette famille.

Situation géographique
Cette aire se situe dans la partie sud de Madagascar. Par rapport à Fort Dauphin, Berenty se trouve 95 km à l’ouest de cette ville. Et en arrivant à Amboasary Sud, cette localité se place à 11km au Nord (GARBUTT, et al., 2001). Concernant les coordonnées géographiques la réserve de Berenty se situe entre 25°0.590‟S 46°18.517‟E et 24°57.655‟S 46°16.051 (RAZAFINDRAMANANA, 2011). Berenty est une petite localité (en malgache dit Fokonany) s’installant dans la partie sud de Madagascar, plus précisément à l’ouest du centre de district d’Amboasary Sud (RAKOTOMALALA , 2009). Elle a une superficie de 250 ha qui se divise en 5 secteurs distincts au point de vue caractéristique de la canopée, la hauteur des arbres ainsi que le diamètre qui les déterminent (RAZAFINDRAMANANA, 2011; PRIDE, 2003).

Climat et sol
En tant que région faisant partie du Sud –Sud-Ouest de Madagascar (HUMBERT, 1954), le climat y est de type Subaride dont alternance de saison chaude et humide avec des températures au-dessus de 40°C pour le midi et la température peut descendre jusqu’à 10°C en hiver froid et sec (RASOAROISELA, 2004). La variation de la précipitation mensuelle est de 20 à 80 mm avec une température moyenne annuelle de 23°C(source : météorologie nationale). Généralement, la saison humide dure 4 mois du décembre jusqu’à mois de mars (JOLLY, et al., 2006). Concernant la pédologie, l’existence de la rivière Mandrare entraine la déposition des alluvions qui se sédimentent en formant ainsi une formation sous forme d’une plaine alluviale sableuse perméable (NAKAMICHI, et al., 1997; RAZAFINDRAMANANA, 2007).

Flore et végétation
D’après l’étude de Pride en 2003 et Razafindramanana en 2011 la réserve de Berenty est constituée par cinq différentes zones bien distinctes qui sont les suivantes (PRIDE, 2003) :
➤ La forêt galerie qui constitue la partie Malaza et Ankoba de la réserve et se présente une canopée fermée. Cette zone est dominée par l’espèce végétale appelée Tamarindus indica, communément appelé Kily ou Voamadilo (Malaza) et des plantes appelée Pithecellobium dulce (Ankoba).
➤ La forêt épineuse qui se présente à canopée ouverte et se concentre dans la partie sud de la réserve. Cette partie est dominée par les plantes de genre Alluaudia et Euphorbia, Khalankoe, Aloe et Xerosicys.
➤ La forêt de transition s’installe entre la forêt galerie et la forêt épineuse. A Berenty, ce type de forêt se distingue sous deux formes :

✔ Forêt de transition à canopée continue, dominée par les Tamariniers, ou (Tamarindus indica) de 10 à 15 m de hauteur et des autres arbres comme Neotina isoneura et Celtis phillipensis (RAZAFINDRAMANANA, 2005).
✔ La forêt de transition à canopée discontinue présentée par des Tamarinier à taille moyenne, Neotina isoneura et Acacia rovumea (RAZAFINDRAMANANA, 2005).

➤ La forêt de la zone aménagée (ou front touristique) se trouve dans la partie Ouest de Malaza et est dominée par des plantes ornementales comme Azadirachta indica, Eucalyptus sp, Cassia sp, Bougainvillae spectabilis et Cordia sinensis et des espèces indigènes comme Didierea trolii, Euphordia sp. Cette zone est majoritairement représentée par des plantes introduites.
➤ La forêt de broussaille est à canopée semi-ouverte dont on y trouve l’espèce Azima tetracantha en majorité.

Mais pour cette présente étude, nous considérons 3 parties englobant toutes les différentes parties de la réserve dont la forêt galerie, forêt secondaire d’Ankoba et forêt de transition (qui inclut aussi la forêt de broussailles et épineuse).

Faunes de la réserve
Dans la réserve de Berenty il existe des animaux invertébrés représentés par les arthropodes comme les myriapodes et les coléoptères, et les mollusques. Et les vertébrés sont regroupés dans cinq classes à savoir la classe des Poissons (rivière mandrare : limite au nord), classe des Amphibiens, Classe des Reptiles, classe des oiseaux et la classe des Mammifères.

a. Classe des amphibiens
On a trouvé l’espèce Laliostoma labrosum dans la réserve, cette animale fait partie de la famille des Mantellidae (RASAMIMANANA, 2004).
b. Classe des reptiles
Parmi les reptiles on peut rencontrer les espèces de serpent comme, Pseudoxyrhopus kely, Colibrina madagascariensis et Acranthopis madagascariensis dont Pseudoxyrhopus kely est endémique de la région (Berenty). Les lézards dans la réserve sont représentés par Xenosorus madagascariensis, Chalarodon madagascariensis (RASAMIMANANA, 1999; JOLLY, et al., 2006). Les tortues sont représentées par l’espèce Geochelone radiatam et Pyxis arachnoides. La réserve contient aussi Furcifer lateralis ainsi que Furcifer verrucausis (JOLLY, et al., 2006).
c. Classe des oiseaux
Pour cette classe, il existe quinze ordres (15) et quatre-vingt-dix-neuf (99) espèces qu’on peut trouver à l’intérieure de la réserve de Berenty dont parmi eux 41% sont endémiques de la réserve tels que Poloboroïdes, Buteo brachypterus, Coua gigas, Coua cristata Bubulcus ibis, Mulvus migrans.
d. Classe des mammifères
A Berenty, cinq ordres représentent la classe des mammifères à savoir les insectivores, les rongeurs, les chiroptères, les carnivores et les primates. Dans l’ordre des primates ,on rencontre six(6) espèces de Lémurien : Lemur catta (maki,hira) , Propithecus verreauxi(sifaka) qui sont classés comme espèces diurnes dans la réserve ; une espèce cathémerale provenant de l’hybridation de deux espèces Eulemur rufifrons x Eulemur collaris qui est l’espèce introduite dans la réserve et trois (3) sont classées comme lémuriens nocturnes : Microcebus murinus , Microcebus griseorufus et Lepilemur leucopus (GARBUTT, et al., 2001; RASAMIMANANA, 2004; RAZAFINDRAMANANA, 2007). Il est à noter que les lémurs bruns ne vivent pas dans la fourrée épineuse tandis que les microcèbes gris roux ne colonisent que la forêt épineuse. Il y a également une grande colonie de roussette de Madagascar appelée Pteropus rufus ou vernaculairement appelée Fanihy (JOLLY, et al., 2006).

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Table des matières

INTRODUCTION
I. GENERALITES
I.1. SITE D’ÉTUDE
I.1.1 Historique du milieu
I.1.2. Situation géographique
I.1.3. Climat et sol
I.1.4. Flore et végétation
I.1.5. Faunes de la réserve
a. Classe des amphibiens
b. Classe des reptiles
c. Classe des oiseaux
d. Classe des mammifères
I.1.6. L’introduction d’une nouvelle espèce de lémurien dans la réserve
II. MATERIELS ET METHODES
II.1. MATERIELS UTILISES
II.1.1 Matériel biologique
a. Présentation de l’espèce étudiée (Eulemur sp.)
b. Morphologie de lémur brun
c. Mode de vie et écologie
d. Répartition géographique de lémur brun
e. Taxonomie de l’espèce étudiée
II.1.2. Matériels de terrain
II.2. METHODOLOGIE DE TRAVAIL
II.2.1. Période et technique de comptage
II.2.2. Méthode de collecte des données
II.2.3. Analyse des données
II.2.4. Calculs effectués
a. La densité
b. Abondance relative des groupes
c. Sexe ratio
d. Indice synthétique de fécondité (ISF)
III. RESULTATS ET INTERPRETATIONS
III.1. Effectif de la population de lémur brun dans la réserve
III.2 Taille moyenne des groupes dans tous les 3 habitats
III.3. Taille de groupe dans les trois types d’habitat
III.4. Densité de population de lémur brun dans la réserve
III.5. Structure démographique
III.5.1 Sexe ratio
III.5.2. Structure par âge dans la réserve toute entière
III.6. Taux de natalité
III.7. Abondance relative
III.7.1. Abondance dans chaque habitat
III.8. Indice de fécondité
III.9. Distribution spatiale des groupes de lémurs bruns dans la réserve
IV. DISCUSSION
IV.1. Effectif de la population de lémur brun de la réserve
IV.2. Différence de densité des lémurs bruns entre les habitats
IV.3. Taille moyenne des groupes de lémur brun dans la réserve
IV.4. Taille de groupe dans les 3 habitats
IV.5. Sexe-ratio
IV.6. Carte de distribution dans la réserve de Berenty en 2015
INTERET PEDAGOGIQUE DE CE TRAVAIL
CONCLUSION

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