L’intermodalité dans l’attention spatiale

L’intermodalité dans l’attention spatiale

L’orientation vers une modalité

Spence (2010) rappelle que les recherches sur l’attention ont traditionnellement considérées la sélection comme une compétition d’entrées mono-sensorielles, le plus souvent visuelles. Les deux dernières décennies ont vu un accroissement d’intérêt sur l’existence et la nature des contraintes intermodales dans notre capacité à sélectionner une modalité particulière, une localisation spatiale, un événement ou un objet (Spence & Driver, 2004, cité par Spence, 2010). Aujourd’hui les interactions intermodales dans l’attention ont été démontrées dans la plupart des combinaisons entre les stimuli visuels, auditifs, tactiles, olfactifs, gustatifs et même douloureux (Calvert, Spence, Stein, 2004, cité par Spence, 2010).Dans un premier temps les chercheurs ont cherché à comprendre comment l’individu pouvait orienter son attention vers une seule modalité sensorielle au détriment des autres. De nombreuses études ont été réalisées et parmi le grand corpus de résultats, on peut relever six grandes tendances :
1 – Les individus trouvent plus facile le fait de diviser leur attention entre des tâches présentées dans des modalités différentes plutôt que dans une même (Hancock et al., 2007 ; Lavie, 2005 ; Proctor & Proctor, 1979 ; Sarter, 2007 ; Treisman & Davis, 1973 ; Wickens, 1992, 2008, cité par Spence, 2010) ;
2 – Les coûts associés à l’orientation vers une mauvaise modalité semblent être plus grands que les avantages associés à l’orientation vers une modalité demandée (Alais et al., 2006 ; Spence et al., 2001a, à voir également Bonnel & Hafter, 1998, cité par Spence, 2010) ;
3 – Les coûts de l’attention divisée sont plus susceptibles d’être observés dans des tâche d’identification/discrimination que dans les tâches avec une simple détection (Bonnel & Hafter, 1998 ; Eijkman & Vendrik, 1965 ; Hein et al., 2006, cité par Spence, 2010) ;
4 – Les tâches qui nécessitent une réponse rapide de la part de l’individu sont susceptibles de montrer de plus grands effets de l’orientation attentionnelle vers une modalité par rapport à des tâches qui ne nécessitent pas de réponses rapides (Spence et al., 2001a ; voir également Spence & Parise, 2010, cité par Spence, 2010) ;
5 – Les effets attentionnels intermodaux sont plus susceptibles d’être observés lorsque les individus sont face à des attributs de hauts niveaux, comme l’identité sémantique des stimuli (Treisman & Davies, 1973 ; voir aussi Larsen, McIlhagga, Baert & Bundesen, 2003, cité par Spence, 2010) plutôt qu’à des attributs de plus bas niveaux ;
6 – Les coûts de l’attention divisée semblent être plus prégnants pour des cibles auditives plutôt que pour des cibles visuelles.
Des corrélats neuro-anatomiques ont été constatés en rapport avec ces conclusions. Des études ont mis en évidence une activation accrue de la zone corticale pour la modalité demandée et une suppression de l’activité cérébrale dans la zone corticale de la modalité à ignorer (Johnson & Zatorre, 2005, 2006 ; Kawashima, O’Sullivan & Roland, 1995 ; Kawashima, Imaizumi, Mori, Okada, Goto, Kiritani, Ogawa & Fukuda 1999 ; Macaluso, Frith & Driver 2002a ; Roland, 1982, cité par Spence, 2010).

Une dominance visuelle à nuancer

Dans notre expérience, nous allons étudier les effets intermodaux entre la vision et l’audition. Spence (2010) rappelle que dans de nombreuses études et tâches, il a été démontré que la modalité visuelle dominait toutes les autres, notamment l’audition. De célèbres résultats illustrent cela : l’effet ventriloque (Bertelson & Aschersleben, 1998 ; Bertelson et de Gelder, 2004, cités par Spence, 2010) et l’effet McGurck (interférence entre la vision d’un individu qui prononce le phonème par exemple /ga/ et la bande sonore associée où l’on entend /ba/, ce qui entraîne la perception d’un troisième phonème par exemple /da/) (Alsius et al., 2005 ; McGurck et MacDonald, 1976, cité par Spence, 2010).Ce constat est cependant à nuancer. Il existe bien généralement une dominance de la vision sur l’audition mais cela n’est vrai que dans des tâches de jugement de localisation spatiale. Dans des tâches de temporalité, c’est la modalité auditive qui module la vision (Lukas, Philipp et Koch 2014). Des théories actuelles, concernant cette domination sensorielle, indiquent que le sens qui domine dans une situation dépend de la variance associée à chaque estimation perceptive (Ernst et Banks, 2002, cité par Spence, 2010). Nous avons tendance à combiner, unifier des stimuli qui sont présentés sur la même localisation spatiale (Gephstein et al., 2005 ; voir également Helbig et Ernst, 2007, cités par Spence, 2010).

L’intermodalité dans l’attention spatiale

– Modèles théoriques:
De nombreux modèles ont été proposés pour représenter les liens intermodaux dans l’attention spatiale. Quatre modèles principaux ont été proposés et ils renvoient également aux conceptions généralement opposées sur le fonctionnement du cerveau humain : celles fonctionnelles (visions plutôt systémiques, avec des effets de causalité, de relation et où « un état mental particulier est déterminé par les relations que cet état mental entretient avec d’autres états mentaux » (Bertrand et Garnier, 2005, p. 36) et plus ou moins modulaires (visions initiées notamment par Fodor (1986) qui postulent un fonctionnement compartimenté, par « boîtes » indépendantes associées chacune à une capacité de l’individu.Dans son article de 2010, Spence précise que Hancock, Oron-Gilad & Szalma (2007) ; Wickens (1992, 2008) proposent un modèle purement modulaire où des ressources attentionnelles sont spécifiques à chaque modalités, elles-mêmes, indépendantes les unes des autres. Eimer & Van Velzen (2002) ; Farah et al. (1989) proposent un modèle fonctionnel où un système supramodal associe toutes les modalités dans lesquel l’individu ne peut donc pas diviser son attention entre les modalités. Ferlazzo, Couyoumdjian, Padovan i& Berlardinelli (2002) ; Spence & Driver (1996) proposent quant à eux, un modèle intermédiaire ou chaque modalité est spécifique mais celles-ci peuvent-être reliées. Enfin, Posner (1990) a proposé un modèle hybride où un système supramodal gère des systèmes plus « petits », indépendants et spécifiques aux modalités.De nos jours, des recherches sur les corrélats neuro-anatomiques ont été menées afin d’expliquer les mécanismes cérébraux qui sous-tendant l’attention spatiale intermodale. Ces études ont pu être menées grâce à l’avancée technologique d’analyse du fonctionnement cérébral (IRMf, TEP, etc.). On retrouve chez ces auteurs, une conception fonctionnaliste ou modulariste.Par exemple Eimer & van Velzen (2002) ; Macaluso, Frith & Driver (2002b) (cités par Spence, 2010) soutiennent l’idée qu’il existe un système supramodal qui contrôle l’attention spatiale avec des zones de convergence multisensorielles. D’autres auteurs tels que Chambers, Stokes & Mattingley (2004) (cités par Spence, 2010) sont en faveur de processus spécifiques à chaque modalité qui peuvent être activés en synchronie mais qui surtout sont indépendants au niveau anatomique.

Résultats empiriques récents

Plusieurs résultats empiriques sur les liens intermodaux dans l’attention spatiale appuient certains de ces modèles. En attention endogène, il a par exemple été démontré que si les individus orientent volontairement leur attention vers une localisation particulière dans une modalité, les autres modalités auront tendance à suivre de façon réduite la même localisation (Spence et Driver, 2004, cité par Spence, 2010). Ces résultats vont dans le sens du modèle où les modalités sont relativement indépendantes mais reliées entre-elles.D’autres études récentes ont pu démontrer un effet de la modalité auditive sur la modalité visuelle. Par exemple, Meyer & Wuerger (2001), dans une expérience avec un mouvement auditif associé à des mouvements de points visuels, ont démontré que « la présence d’un mouvement auditif intensif introduit un biais dans la perception du mouvement visuel dans la direction du mouvement auditif ». De même, Alink, Euler, Galeano, Krugliak, Singer & Kohler (2012) ont pu relever que « la direction d’un mouvement auditif peut biaiser la direction de la perception d’un mouvement visuel quand celui-ci est ambigu ». Ils ont de plus observé que cet effet ne se répercutait pas au niveau des mouvements oculaires mais bien à un niveau perceptif. Ces auteurs expliquent de plus que cela serait en accord avec des résultats neurophysiologiques qui indiquent que les mouvements auditifs affectent l’activation du cortex visuel (on se rapproche ici des visions plutôt fonctionnalistes).Les stimuli auditifs pourraient donc bien influencer les stimuli visuels. Mais qu’en est-il de l’indicage ?
L’attention exogène a beaucoup été étudiée grâce au paradigme classique dans lequel l’indice et la cible peuvent être de modalité différente. Même s’il était demandé aux participants de ne pas faire attention aux indices, il a été démontré qu’il existe un effet facilitateur de l’indice quelles que soient les modalités des stimuli (Spence, Lloyd, McGlone, Nicholls & Driver 2000b, cité par Spence, 2010). Cet effet a même été démontré dans des conditions ou la modalité de l’indice ne relevait absolument pas de la tâche assignée au sujet (des indices auditifs présentés en amont d’une tâche visuelle) (Spence, 2001, cité par Spence, 2010).

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Table des matières

Introduction
I. Repères théoriques
A. L’attention à l’interface de l’environnement et de l’individu
1. Comment l’individu « capte » son environnement ?
2. La sélection des informations environnementales
B. L’attention intermodale
1. L’orientation vers une modalité
2. Une dominance visuelle à nuancer
3. L’intermodalité dans l’attention spatiale
4. Les applications pratiques
C. Problématique 
D. Hypothèse générale
E. Hypothèse opérationnelle
F. Variables indépendantes 
G. Variables dépendantes
H. Variable contrôle 
I. Conditions expérimentales
J. Plan expérimental
II. Méthode
A. Participants
B. Matériel
C. Procédure
III. Résultats 
A. Moyennes brutes
1. Effet de la validité
2. Effet de la continuité
3. Variabilité inter-individuelle
B. Moyennes centrées-réduites
1. Effet de la validité
2. Effet de la continuité
C. Analyses complémentaires
IV. Discussion
Bibliographie
Livres
Articles
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