L’innovation au coeur de l’agriculture

L’innovation au coeur de l’agriculture

État de l’art

Dans une France qui fut marquée par l’exode rural, la géographie a évolué au fil des années dans ses approches afin d’étudier un monde qu’elle qualifiera « d’agricole », puis de « rural ». Cette évolution sémantique marque un changement de regard sur cet espace et une évolution des concepts qui y sont attachés. Entre 1975 et 1999, 450.000 personnes supplémentaires sont arrivées dans les espaces à dominante rurale, modifiant ainsi les campagnes françaises. Parmi les concepts qui ont émergé suite à ces modifications, on trouvera celui de multifonctionnalité de l’espace rural, qui traduit la volonté de nouvelles attentes vis-à-vis de l’espace rural (protection de la biodiversité, loisirs, tourisme, patrimonialisation, « bien-manger » …) et qui illustre les mutations qu’ont subies les espaces ruraux.

Ainsi, L. Rieutort (2009) s’interroge sur la manière d’étudier « l’agriculture de territoire » associée à des campagnes devenues « multifonctionnelles » et étroitement intégrées aux dynamiques urbaines. On peut également considérer que l’agriculture est elle aussi devenue multifonctionnelle (développement de l’agritourisme, mise en avant des liens sociaux entre producteurs et consommateurs…) Le travail d’état de l’art a pour but d’illustrer ces changements et de démontrer le cheminement effectué par les géographes pour aboutir à la géographie rurale que nous connaissons aujourd’hui, tout en mettant en avant la notion de circuits-courts qui permettra d’étudier les magasins collectifs et de producteurs, objets du présent mémoire.

La place de la question agricole dans la géographie rurale : quelles évolutions ?

Entre 1850 et 1950, la géographie agraire (simplement orientée vers l’observation des paysages agricoles), va peu à peu devenir rurale, pour étudier les milieux ruraux dans leur globalité. Dans les années 50-60 une « scission » s’opère. En effet, les géographes tentent d’établir une synthèse des grandes questions de « l’économie rurale », alors déjà explorée. Les interrogations issues de ces travaux vont initier de nombreuses publications et travaux, qui vont intégrer de nouvelles problématiques de recherche comme la question de l’inégale adaptation des systèmes agricoles ou la question de la diffusion des innovations (L. Rieutort, 2009).

D’une géographie rurale alors seulement « agraire », nait une géographie « agricole » (P. Brunet, J. Bonnamour, P. Fénélon, A. Meynier, R. Lebeau). Cette géographie « agricole » va ainsi intégrer l’activité économique agricole à son analyse de l’espace rural. F. Plet1 dira ainsi : « Les années 1960 furent donc des années d’intense productions scientifiques dans une géographie rurale à la fois ancrée dans une tradition, et passée insensiblement de l’étude des paysages de l’agriculture à une géographie de l’agriculture et des rapports entre la ville et les espaces agricoles ». Cette nouvelle vision de la géographie est apparue du fait de grandes transformations dans le paysage agricole français, suite aux lois d’orientation de 1960 et 1962. En parallèle, une multiplication des efforts pour un renouveau de la géographie va s’opérer. Celle -ci va aboutir à un projet structuré autour de notions d’espace économique, de filière et d’organisation spatiale (L. Rieutort, 2009). Ainsi, face à des bouleversements scientifiques, économiques et sociaux, une réactivation des problématiques sur le devenir de l’agriculture et des sociétés rurales, de leurs liens avec un monde de plus en plus urbanisé va s’opérer (L. Rieutort, 2009).

Les concepts de système d’exploitation agricole, de système de culture ou d’élevage, ainsi que les rapports techniques ou fonciers des agriculteurs, les notions de bassin de production, de région agricole et de types d’agricultures vont revenir au centre de l’analyse. (Bonnamour, 1993). En 1970, P. George, apportera une nouvelle définition dans la géographie2, celle du mot « rural » : « Le sens du mot « rural » est toujours plus large que celui d’agricole. La population rurale comporte une population vivant de l’agriculture, mais aussi des commerçants, des ouvriers, des retraités vivant à la campagne. L’espace rural n’est pas seulement le siège des activités agricoles, mais aussi de l’industrie rurale, de l’artisanat rural, du tourisme rural, etc… Dans les campagnes urbanisées, ce secteur rural détaché de l’agriculture […] prend une importance sans cesse croissante, alors que la population agricole, l’espace purement agricole ont tendance à décroitre. L’aménagement rural doit tenir compte de cette double réalité ». Les années 70 marquent également l’augmentation de la population dans les espaces ruraux. Ainsi, durant cette période de nombreux citadins opèrent un véritable « retour à la campagne », en s’installant notamment dans les espaces périurbains, André Fel (1962)3 dira à ce propos « Le rural se remplit d’urbains ». Ainsi, dans leur ouvrage « La rurbanisation ou la ville éparpillée »4, G. Bauer et J.M. Roux (1976) mettent en avant la « désagricolisation » de l’espace rural et sa diversification économique en analysant de nombreux éléments non-agricoles.

L’émergence d’un nouveau concept, le développement local

La géographie économique des années 1980 donne une importance de plus en plus grande aux particularismes régionaux et locaux. En effet, au travers des processus de décentralisation, un nouveau concept voit le jour : le développement local (ou territorial). Mocquay (2005) le définit de la manière suivante : « Le développement territorial met en système les territoires, les réseaux d’acteurs (qu’ils soient individuels ou collectifs) et des combinaisons de proximité en vue de l’émergence et de l’ancrage de projets collectifs ». Le développement local est forcément territorial et relève d’une dimension pluridisciplinaire (géographes, économistes, sociologues…). Malgré une affirmation de plus en plus forte du « village-monde » (déracinement, instantanéité croissante…), le local prend de plus en plus d’importance. On ne considère plus le territoire comme une toile de fond inerte mais comme un facteur actif de développement économique. Interrogeant les rapports avec le « local », la notion de « proximité » a également été étudiée et définie. Ainsi, André Torre (2009)7 la décrit de la manière suivante : « la proximité géographique est composée d’actions et de perceptions humaines qui vont lui donner une dimension plus ou moins positive ou négative. Elle peut être recherchée (quête d’acteurs pour satisfaire une demande de proximité géographique) ou subie (correspond à la situation d’acteurs qui se voient imposer la proximité géographique d’autres acteurs, lieux ou objets, sans pouvoir changer de localisation). La proximité peut également être organisée : la proximité n’est pas le fait d’une proximité géographique mais de l’organisation et de l’insertion au sein d’un réseau. »

Des mutations agricoles : l’innovation au coeur de l’agriculture Depuis les années 50, une triple évolution de l’agriculture a pu être constatée. Cette triple mutation s’est opérée sur les plans techniques (mécanisation, progrès agronomiques…), politique (une politique agricole d’abord nationale puis européenne avec la PAC) et économique (l’agriculture est devenue commerciale, apparition de filières agro-alimentaire). Cette triple évolution a eu pour conséquences la concentration des exploitations, la modification des paysages ruraux, une croissance généralisée des rendements et une spécialisation des systèmes de production (L. Rieutort, 2009, op.cit.). Face à la diffusion de grands modèles agricoles (Charvet, 1997 ; Canévet, 1992) tout se passe comme si les spécificités des « terroirs » et des « petites régions » traditionnelles ne comptaient plus. Le modèle alimentaire « artisanal » qui combinait la production de matières premières agricoles, leur transformation en produits consommables et leur commercialisation disparait. Il est remplacé par un système agro-industriel qui se caractérise par une industrialisation de l’agriculture et par une consommation de masse avec un allongement considérable de la filière agroalimentaire et un changement d’échelle (internationalisation de la filière) (L. Rieutort, 2009, loc.cit.). En 2006, Bernard Pecqueur parle de « tournant territorial » de la géographie : ce tournant s’inscrit dans une période de doute. La crise du modèle fordiste et des effets spatiaux dans les années 70 nécessitent de redéfinir de nouveaux concepts.

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Table des matières

INTRODUCTION
PARTIE 1 : ÉPISTEMOLOGIE
1. Introduction
2. La place de la question agricole dans la géographie rurale : quelles évolutions ?
3. Une campagne devenue multifonctionnelle
4. L’émergence d’un nouveau concept, le développement local
5. Des mutations agricoles : l’innovation au coeur de l’agriculture
6. Un rapide état des lieux en France
PORTRAIT DE PRODUCTEUR : GUY GRILLEAU
PARTIE 2 : METHODOLOGIE
1. Objectifs recherchés
2. Différentes étapes de la méthodologie adoptée
PORTRAIT DE PRODUCTEUR : MATHIEU GALON
PARTIE 3 : PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE ET DES MAGASINS ETUDIES
1. Territoire d’étude
2. Cadrage
3. Les points de vente
PORTRAIT DE PRODUCTEUR : LOÏC DE BARMON
PARTIE 4 : RESULTATS
1. Partage du territoire
2. Diagnostic
3. Modalités d’échec et de réussite
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
TABLE DES ILLUSTRATIONS
TABLE DES FIGURES
TABLE DES TABLEAUX
ANNEXES
1. Annexe 1 : Grille d’entretien pour les gérants
2. Annexe 2 : Grille d’entretien pour les producteurs
3. Annexe 3 : Grille de synthèse des entretiens de Terre et terroirs
4. Annexe 4 : Grille de synthèse des entretiens de la Ferme Angevine
5. Annexe 5 : L’utilisation agricole du sol dans l’ouest de la France
6. Annexe 6 : Exploitations en circuits courts par classes de produits en Maine et Loire
7. Annexe 7 : Part des exploitations en circuits courts par classes de produits en Maine et Loire
8. Annexe 8 : Article L611-8 du code rural
9. Annexe 9 : Liste des producteurs de la Ferme Angevine
10. Annexe 10 : Chiffre d’affaire par producteur et production
11. Annexe 11 : Chiffre d’affaire des producteurs au sein de la Ferme Angevine

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