L’importance de l’ identité et de l’agentivité dans l’ intervention psychoéducative auprès des jeunes adultes

L’importance de l’ identité et de l’agentivité dans l’ intervention psychoéducative auprès des jeunes adultes

Le modèle d’évaluation et de réadaptation des délinquants fondés sur le principe du Risque,
des Besoins et de la Réceptivité (RBR) (Bonta & Andrews, 2007)

Le modèle RBR semble être, à ce jour, le modèle le plus efficace pour l’ évaluation et le traitement des délinquants (Blanchette & Brown, 2006; Ward, Mesler, & Yates, 2007). Selon ce modèle, la mise en place d’interventions destinées aux délinquants doit tenir compte du principe de risque, de besoins et de réceptivité afin de diminuer efficacement la récidive. Ainsi, lorsque les programmes instaurés en milieu carcéral sont construits à partir des trois principes, on observe une diminution de la récidive oscillant entre 17 % et 35 % (Bonta & Andrews, 2007).
Le principe du risque suggère essentiellement que les interventions doivent être proportionnelles au niveau de risque présenté par l’individu incarcéré. Ainsi, les individus dont les caractéristiques psychosociales et le dossier criminel s’ avèrent plus graves devraient être ceux qui font l’objet d’interventions plus intensives. Malgré cela, il est plus courant d’observer dans la réalité carcérale que ce sont les délinquants à faible risque qui sont l’objet de plus d’interventions, car ils sont plus motivés et coopératifs que les délinquants à risque élevé (Bonta & Andrews, 2007). Néanmoins, se centrer sur les délinquants à faible risque peut entraîner un gaspillage des ressources pouvant même aggraver la situation (Bonta & Andrews, 2007). Ainsi, dans le cadre d’une évaluation d’un programme canadien, on note, chez les délinquants à faible risque bénéficiant d’un traitement intensif, un taux de récidive de 32,3 % tandis que pour ceux n’ ayant reçu aucun traitement ce taux diminue à 14,5 % (Bonta, Wallace-Capretta, & Rooney, 2000). En revanche, on observe un taux de récidive de 31,6 % chez les délinquants à haut risque ayant reçu un traitement intensif, comparativement à 51 ,1 % chez les délinquants à haut risque n’ ayant reçu aucun traitement (Bonta, Wallace-Capretta, & Rooney, 2000). Les facteurs de risque dynamiques peuvent être modifiés par des interventions, ils sont en constante évolution et sont  susceptibles de jouer un rôle sur les taux de récidive d’ un délinquant. La personnalité antisociale, les attitudes procriminelles, le soutien social de la criminalité, la toxicomanie, les relations familiales et conjugales instables, le piètre rendement à l’ école et au travail et l’ absence d’ activités récréatives prosociales sont les principaux facteurs de risque dynamiques ciblés par les interventions.

Le Good Lives Model

Malgré le fait que le modèle RER semble être à ce jour le modèle le plus couramment utilisé chez une clientèle délinquante, plusieurs auteurs critiquent ses assises théoriques (Marshall et al., 2005; Ward, Mann, & Gannon, 2007; Ward, Yates, & Willis, 2012). Le Good Lives Madel est un modèle de réhabilitation fondé sur une approche humaniste (Ward, 2002; Ward & Stewart, 2003) qui s’inscrit en complémentarité du modèle RBR (Coco & Corneille, 2009). Ce modèle propose une vision plus holistique et plus constructive du délinquant en se centrant moins sur ses déficits individuels et en accordant une plus grande importance aux contextes personnel, interpersonnel et social, et ce, dans le but qu’il construise et maintienne une vie harmonieuse (Ward & Stewart, 2003). Pour ce faire, les auteurs y intègrent deux principes généraux: les  primary goods (bonnes choses en soi) et les secondary goods, ou goods instrumentaux. Les primary goods sont des dispositions d’ esprit, des états, des caractéristiques personnelles, des activités ou des expériences qui sont susceptibles d’ augmenter le bien-être de l’individu s’ils sont rencontrés. Selon ce modèle, les primary goods sont des désirs naturels présents chez tous les êtres humains (Siegert, Ward, Levack, & McPherson, 2007). On distingue dix catégories de primary goods : la vie (qui inclut le fait de vivre en santé et le fonctionnement physique), la connaissance, la réussite dans le travail et les loisirs, l’agentivité, la paix intérieure, la parenté et les relations sociales, la communauté, la spiritualité, le bonheur et la créativité (Siegert et al.,2007).

Modèles théoriques de la délinquance

La littérature scientifique sur la délinquance fait consensus sur le fait que les comportements déviants tendent à persister au cours de la vie. Plus précisément, des problèmes de conduite durant l’ enfance seraient de bons indices de la délinquance juvénile, cette dernière étant, à son tour, annonciatrice de la criminalité adulte (Benda, 2003). Trois principaux modèles théoriques (la théorie générale du crime, les théories associées aux relations sociales et les  théories développementales) tentent d’ expliquer ce phénomène et font débat au sein de la communauté scientifique. Tout d’abord, la théorie générale du crime postule qu’un seul mécanisme, le faible autocontrôle, permet d’ expliquer l’émergence et le maintien de toutes les formes de crime (Benda, 2003 ; Gottfredson & Hirschi, 1990). L’ auto-contrôle lacunaire ne permet pas à l’individu de réguler la recherche de plaisir et le délai de gratification. Ainsi, un faible degré d’autocontrôle impliquerait une difficulté chez l’individu à résister aux opportunités qui procurent une gratification facile et immédiate favorisant le recours à des comportements délictueux (consommation de drogues, vol, etc.). Pour ces auteurs, l’ autocontrôle est lié à l’ attachement aux figures significatives en cela que l’individu, pour éviter de perdre ou de décevoir ses figures d’ attachement, va se conformer à leurs attentes.

Les programmes correctionnels dans les centres carcéraux provinciaux au Québec

Au niveau fédéral, depuis plusieurs années, on observe une uniformisation des programmes correctionnels implantés dans l’ensemble des pénitenciers. La réalité québécoise est toutefois très différente. En effet, les programmes correctionnels dans les établissements provinciaux québécois varient d’un centre carcéral à l’autre, les initiatives et les contingences régionales n’étant pas les mêmes selon les établissements. Cette variabilité dans les programmes s’observe dans la diversité de la clientèle visée, le nombre de séances, la durée et la fréquence variable des programmes et la variabilité des organismes responsables. Ainsi, dans le cadre du modèle québécois, les services correctionnels ne peuvent à eux seuls être mandataires de la politique de réinsertion sociale (Arseneault, 2013a). De plus, l’élaboration d’un programme correctionnel dans les établissements provinciaux doit prendre en considération les courtes peines des contrevenants, le roulement des personnes incarcérées, la variabilité des établissements quant au nombre de détenus et, finalement, les transferts fréquents d’un établissement à l’autre (Lafortune & Blanchard, 2010). De ce fait, le partenariat avec d’ autres ministères sont privilégiés pour mettre en œuvre ces programmes (ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), le ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale (MESS) et le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport (MELS)) (Bastille, Simon, Lalande, & Roy, 2010). Le Programme PARCOURS se retrouve tout de même dans la majorité des centres carcéraux (17 établissements sur 18). Ce programme vise la prise de conscience et une responsabilisation face aux comportements déviants. De façon plus concrète, ce programme s’ articule autour de trois modèles d’intervention.

Statuts identitaires et conduites antisociales

Bien qu’une analyse sociologique plus large de l’identité permettrait d’introduire certaines notions fondamentales propres à la psychologie sociale, ce mémoire n’ abordera le concept identitaire que d’un point de vue psychologique individuel. Selon cette perspective individuelle, plusieurs études établissent des liens entre l’identité et la délinquance. L’ association entre la maturité identitaire et les comportements à risque, tels que la consommation d’alcool et de drogues (Berzonsky, 2004; Grier, 1998; Jones, Dick, Geertsen, Cook, & Coyl, 2003; Luyckx et al., 2005; Luyckx, Goossens, Soenens, & Beyers, 2006; Schwartz et al., 2010; Schwartz et al., 2011 ; White & Jones, 1996), les relations sexuelles non-protégées (Schwartz et al., 2010;  Schwartz et al., 2011), la conduite en état d’ébriété (Schwartz et al., 2010; Schwartz et al., 2011), les comportements d’ agressivité physique et sociale (Schwartz et al., 2011), les troubles de conduite (Berzonsky, 2004; Jones et al., 2003; Schwartz et al., 2011; ) et la délinquance (Grier, 1998; Klimstra et al., 2011) est clairement établie. Il semble que, globalement, le fait d’ avoir un statut identitaire peu mature (F ou D) puisse influencer l’adoption de comportements délinquants.
Par leurs difficultés à prendre des décisions personnelles et parce qu’ils sont influencés par les situations extérieures, les individus ayant un statut identitaire D sont plus enclins à s’engager dans des comportements délinquants (Grier, 1998) . Les études établissant des liens entre le statut F ou le style normatif (Berzonsky, 1989) et les conduites antisociales sont toutefois plus mitigées.
En effet, l’identité forclose, associée au conservatisme, au respect des normes et à la rigidité serait le statut qui présenterait le plus d’autocontrôle, une variable clé dans la prévention de la délinquance selon plusieurs auteurs (Hirschi & Gottfredson, 1994, 2000; Tittle, Welch, & Grasmick, 2008; Van de Schoot & Wong, 2012). Pourtant, ce statut serait surreprésenté dans les échantillons de délinquants (Marcotte, 2009)

Agentivité et conduites antisociales

Une personne qui montre de l’ agentivité se sent responsable et engagée dans son parcours de vie et ses prises de décision. Il est plausible que le fait de miser sur le développement de cette caractéristique en contexte d’incarcération puisse réduire les comportements délinquants, spécialement chez les jeunes détenus (Zdun, 2012). Une étude réalisée par Ludwig et Pittman (1999) a permis de mettre en évidence les liens entre le sentiment d’ efficacité personnelle et le développement de comportements délinquants. En effet, les valeurs prosociales et le sentiment d’efficacité ‘personnelle (sentiment de confiance et de maîtrise de soi) seraient associés négativement à la délinquance, à la consommation de drogues et aux comportements sexuels à risque. En outre, le fait d’ avoir une faible estime de soi à l’ adolescence serait en lien avec des comportements extériorisés (Donnellan et al., 2005) et un comportement délictueux adulte (Trzesniewski et al., 2006). La faible estime de soi à l’ adolescence augmenterait de 1,4 fois le risque de commettre des crimes violents étant adulte (Donnellan et al., 2005).

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Table des matières

Chapitre 1:Introduction 
Bref historique de l’ intervention carcérale au Québec et au Canada
Composition carcérale au Québec
Le modèle d’ évaluation et de réadaptation des délinquants fondés sur le principe du Risque, des Besoins et de la Réceptivité (RER) (Bonta & Andrews, 2007)
Le Good Lives Model
Modèles théoriques de la délinquance
Les programmes correctionnels dans les centres carcéraux provinciaux au Québec
Identité
Le paradigme des statuts identitaires de James Marcia
Statuts identitaires et conduites antisociales
Agentivité
Agentivité et conduites antisociales
Pertinence de l’étude et objectif du mémoire
Chapitre 2 :Contexte théorique 
L’ identité
L’agentivité
Question de recherche et hypothèses
Méthodologie
Échantillon
Procédure de collecte de données
Mesures
Aspects éthiques
Résultats
La distribution des statuts identitaires au sein de l’échantillon
Le degré d’association entre les statuts identitaires et l’agentivité
Les liens entre les processus identitaires, les scores d’agentivité et la nature des crimes commis
Discussion
Limites
Conclusion
Chapitre 3 :Conclusion 
L’importance de l’ identité et de l’agentivité dans l’ intervention psychoéducative auprès des jeunes adultes
Importance de développer l’ intervention psychoéducative auprès des jeunes adultes en contexte carcéral
Références
Appendice. Répartition de statuts identitaires au sein des détenus de l’échantillon

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