L’impact de la langue maternelle sur la prononciation des phonemes de la langue francaise

« L’idéologie sur la langue est si forte dans notre pays, que les gens ne s’en rendent même pas compte. » P. BLANCHET, sociolinguiste .

En tant que professeur des écoles stagiaire, dans une classe de moyenne section comprenant 24 élèves d’origines multiples, j’ai constaté des difficultés pour certains, à prononcer quelques sons de la langue française. Ce choix de sujet : « L’impact de la langue maternelle sur la prononciation des phonèmes de la langue française » est né après mon hésitation à reprendre une élève d’origine étrangère qui faisait une erreur de prononciation, alors que je n’avais pas réfléchi une seconde pour reprendre un élève qui zézayait. Je me suis demandé s’il était de mon devoir en tant qu’enseignante de reprendre tous mes élèves de façon similaire lorsqu’ils faisaient des erreurs de prononciation ou si je devais en tolérer certaines reflétant leurs cultures.

Pour Philippe BLANCHER, « Une langue, quelle qu’elle soit, c’est un marqueur d’identité. Rejeter (…) un accent (…), c’est toucher à l’identité de l’être, rejeter ce qu’il est. » .

Il semblerait alors que chercher à gommer ces accents, rejoigne l’idée de les rejeter. Pour autant, lorsqu’on connait, d’une part, l’importance de l’idéologie sur la langue, cette discrimination linguistique qui exclut des millions de personnes « de l’accès à des droits ou à des ressources comme la vie publique, l’éducation, l’emploi, le logement, les soins, etc… » et d’autre part, les prévisibles difficultés d’apprentissage de la lecture et de l’écriture résultant de confusions de phonèmes, il convient de s’interroger sur le rôle des enseignants au cours de l’apprentissage de la langue française, en maternelle, vis-à-vis de ces accents étrangers.

Afin de permettre à tous les élèves de réussir et de s’épanouir, et ce en accord avec les instructions officielles, il semble que l’apprentissage d’une « bonne » prononciation soit une condition essentielle.

« Les ordres furent transmis aux garçons dans un français dont les hésitations ou l’accent trahissaient tantôt le russe, tantôt l’anglais, tantôt l’allemand, tantôt le hongrois et tantôt un idiome inconnu. » L-P FARGUE, Le piéton de Paris, 1939, p.59.

Dès les premiers mots, tout le monde le reconnaît, beaucoup cherchent à l’identifier pour le relier à une zone géographique, certains s’amusent même à tenter de le reproduire, mais comment le définir ?

« Le mot accent signifie étymologiquement « pour le chant » (ad cantum en latin) » mais le plus souvent, derrière ce mot, il y a l’idée qu’on peut reconnaître d’où vient l’individu qui parle, à sa prononciation. » En effet, l’accent serait « l’ensemble des traits de prononciation, qui s’écartent de la prononciation considérée comme normale et révèlent l’appartenance d’une personne à un pays, une province, un milieu déterminés. » .

« Finalement, Munro et Derwing (1998, p.396) définissent l’accent é tranger comme suit: « Accentedness refers to the extent to which a listener judges (L2) speech to differ from NS (native speaker) norms. » (L’accent étranger est un jugement porté par un auditeur du discours L2 par rapport aux normes langagières du locuteur natif).» .

Ainsi donc, celui qui ne maitrise pas parfaitement la prononciation la plus courante d’un pays, d’une province ou d’un milieu déterminés sera porteur d’un accent. En d’autres termes, la population entière a un accent dès qu’elle s’adresse à un interlocuteur qui n’est pas de sa région.

Rien qu’en France, on compte au moins un accent par région  , soit au minimum 27 accents différents. En dépit de ce riche éventail, force est de constater que ces divers accents sont très peu représentés dans nos médias. Les postes les plus exposés sont majoritairement détenus par des personnalités dont la prononciation est considérée comme « normale » ou plus exactement par ceux dont l’accent est parisien. En effet, l’accent est souvent moqué voire stigmatisé.

Le linguiste Philippe BLANCHET a donné le nom de « glottophobie » à ce phénomène pour désigner « le rejet et la discrimination de populations en raison de leur façon de parler. » Selon lui, cela remonte au « XVIe siècle, époque où le français devient la langue du roi, de l’élite. Encore aujourd’hui, toute variation qui s’en éloigne est pointée du doigt. » .

En tant qu’enseignant de maternelle, nous avons pour mission de guider nos élèves dans l’apprentissage de la langue nationale. De part la mondialisation et la mobilité internationale nous voyons arriver dans nos classes des enfants d’origines diverses et variées. Lorsqu’on connait d’une part, les difficultés d’insertion que peuvent éprouver certains adultes porteurs d’un accents et d’autre part, la rudesse avérée à l’estomper une fois arrivé à l’âge adulte, il semble qu’un rôle tout particulier revienne aux enseignants de maternelle, lors de la mobilisation du langage, vis-à-vis de ces accents.

« L’enfant, quelle que soit sa langue maternelle, dès sa toute petite enfance et au cours d’un long processus, acquiert spontanément le langage grace à ses interactions avec les adultes de son entourage. L’enseignant, attentif, accompagne chaque enfant dans ses premiers essais, reprenant ses productions orales pour lui apporter des mots ou des structures de phrase plus adaptés qui l’aident à progresser. » .

A la lecture de cet extrait on comprend que l’enseignant doit être particulièrement vigilant lors des premiers essais de verbalisation des enfants, notamment ceux pour qui le français n’est pas la langue maternelle. Pour ces derniers, l’école sera parfois l’unique endroit ou leurs interactions se feront en français. Afin de leur permettre de progresser dans leurs productions orales l’enseignant devra les mettre « sur le chemin d’une conscience des langues, des mots du français et de ses unités sonores. » Un travail devra être mené sur les différents phonèmes de la langue française « dont la reconnaissance sera indispensable pour apprendre à maîtriser le fonctionnement de l’écriture du français. » .

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Table des matières

Introduction
L’accent en maternelle
1.1 Définition
1.2 La place de l’accent dans la mobilisation du langage en maternelle
2.1 Les instructions officielles
2.2 Les études neurologiques et linguistiques
1.3 L’origine des accents
2.1 Les origines scientifiques
2.2 L’étude des accents de la classe
Les difficultés propres aux apprenants d’origine tamoule
Les difficultés propres aux apprenants d’origine arabe
Les difficultés propres aux apprenants d’origine wolof
La mise en place du protocole de différenciation
1.1 La vérification des hypothèses
2.1 Le fond du test de prononciation
2.2 La forme du test de prononciation
2.3 L’analyse du tableau de données
1.2 Les remédiations envisagées
2.1 La méthode BOREL-MAISONNY
2.2 La méthode « Une clé pour les sons »
1.3 L’organisation des ateliers différenciés
2.1 Atelier : BOREL-MAISONNY
2.2 Atelier : Une clef pour les sons
2.3 Atelier : BOREL-MAISONNY et une clef pour les sons
L’analyse des résultats de différenciation pédagogique
1.1 Les résultats des ateliers
2.1 L’analyse du test bilan
2.2 L’analyse des méthodes utilisées
Les avantages des méthodes
Les inconvénients et les pistes d’amélioration des méthodes
1.2 Les pistes non exploitées
2.1 Les autres langues pratiquées
2.2 Les troubles du langage en maternelle
Conclusion

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