Liens entre les mesures de compensation et les pièges écologiques

Formation par la recherche, Projet de Fin d’Etudes en génie de l’aménagement et de l’environnement

La formation au génie de l’aménagement et de l’environnement, assurée par le département aménagement et environnement de l’Ecole Polytechnique de l’Université de Tours, associe dans le champ de l’urbanisme, de l’aménagement des espaces fortement à faiblement anthropisés, l’acquisition de connaissances fondamentales, l’acquisition de techniques et de savoir faire, la formation à la pratique professionnelle et la formation par la recherche. Cette dernière ne vise pas à former les seuls futurs élèves désireux de prolonger leur formation par les études doctorales, mais tout en ouvrant à cette voie, elle vise tout d’abord à favoriser la capacité des futurs ingénieurs à :

▪ Accroître leurs compétences en matière de pratique professionnelle par la mobilisation de connaissances et de techniques, dont les fondements et contenus ont été explorés le plus finement possible afin d’en assurer une bonne maîtrise intellectuelle et pratique,
▪ Accroître la capacité des ingénieurs en génie de l’aménagement et de l’environnement à innover tant en matière de méthodes que d’outils, mobilisables pour affronter et résoudre les problèmes complexes posés par l’organisation et la gestion des espaces.

La formation par la recherche inclut un exercice individuel de recherche, le projet de fin d’études (P.F.E.), situé en dernière année de formation des élèves ingénieurs. Cet exercice correspond à un stage d’une durée minimum de trois mois, en laboratoire de recherche, principalement au sein de l’équipe Dynamiques et Actions Territoriales et Environnementales de l’UMR 7324 CITERES à laquelle appartiennent les enseignantschercheurs du département aménagement.

L’espèce humaine a et continue à modifier les écosystèmes naturels à des rythmes de plus en plus rapides et étendus que dans toute autre période de l’Histoire, apportant de nombreuses menaces sur la biodiversité comme la pollution, la surexploitation, l’introduction d’espèces envahissantes ou encore le changement climatique (Hale & Swearer, 2017; Butchart et al., 2010). En France, entre 2006 et 2014, on estime qu’en moyenne 7,65 hectares ont été artificialisés toutes les heures (Regnery, 2017). La dégradation de l’habitat, la construction de routes et la circulation routière ont augmenté avec les populations humaines, au détriment des habitats et des espèces, et notamment les espèces aquatiques (Lesbarreres et al., 2010). La perte d’habitat (y compris la dégradation et la fragmentation) est reconnue comme l’une des plus grandes menaces pour la biodiversité (Pizzatto et al., 2016). De plus, en fractionnant les habitats, les aménagements humains peuvent entraîner un isolement des populations et réduire la variabilité génétique par augmentation de la consanguinité (Lesbarrères, 2006).

C’est pourquoi, les aménageurs ont dû prendre conscience de la nécessité indéniable d’intégrer pleinement la biodiversité dans la conception des projets d’aménagement, que ce soit en amont et jusqu’à plusieurs années après leur réalisation. Ainsi, les premières mesures interviennent en 1969 aux Etats-Unis, avec la « National Environmental Policy Act » dans le but de limiter les impacts sur le milieu naturel dans la construction de grands projets d’aménagement. Au niveau mondial, c’est en 1971, avec la convention Ramsar ayant pour objectif principal de compenser toute perte de ressource en zones humides, que la biodiversité est pour la première fois prise en compte dans les projets. Sur le territoire français, il faut attendre la loi du 10 juillet 1976 relative à la protection de la nature pour introduire la prise en compte de l’environnement dans les projets d’aménagement. C’est notamment cette loi qui introduit la séquence “Eviter-Réduire-Compenser” ou séquence ERC, instrument réglementaire permettant l’atténuation des impacts de l’aménagement humain sur l’environnement. Cette loi a ensuite été renforcée par les Grenelles de 2009 et 2010 et la loi pour la reconquête de la biodiversité de 2016 (Bigard et al., 2018). Ainsi, grâce au renforcement des différents textes de loi, la séquence ERC possède aujourd’hui un socle législatif solide, tant au niveau national qu’européen (Ministère de la transition écologique, 2020). Cette dernière a pour principal objectif d’éviter les atteintes à l’environnement, de réduire celles qui n’ont pas pu être suffisamment évitées et de compenser les effets qui n’ont pu être évités ou réduits. Les mesures de la séquence ERC sont classées, hiérarchisées et fonctionnent par niveau. Dès lors que les mesures d’évitement n’ont pas pu être mises en place, il convient de réduire au mieux la dégradation restante par des mesures de réduction. En dernier recours, si les mesures d’évitement ou de réduction ne sont pas possibles, des mesures compensatoires doivent être engagées pour apporter une contrepartie positive au projet. Celles-ci ont pour objectif l’absence de perte nette voire un gain écologique et visent à compenser les impacts résiduels notables sur la biodiversité liées à la mise en place d’un projet d’aménagement (Ministère de la transition écologique, 2020). En d’autres mots, l’impact positif de la mesure compensatoire sur la biodiversité doit être au moins équivalent à la perte causée par le projet (Apostolopoulou & Adams, 2017).

La création de mesures compensatoires menant à un piège écologique

Lors d’un projet d’aménagement, lorsque l’on procède à une création de mesure compensatoire, on transforme de manière profonde le milieu pour créer entièrement un ou des habitats dans un site où il(s) n’existai(en)t pas à l’origine (Direction régionale de l’Environnement de la région PACA, 2009). La création d’habitat fait appel à l’ingénierie écologique, où la nature est prise comme modèle (Abbadie & Dusza, 2016). L’ingénierie écologique est définie par le Programme interdisciplinaire de recherche en ingénierie écologique du CNRS comme « le corpus des savoirs mobilisables pour la gestion de milieux, la conception, la réalisation et le suivi d’aménagements inspirés de, ou basés sur les mécanismes qui gouvernent les systèmes écologiques ». Cependant, l’ingénierie écologique dans le contexte des mesures compensatoires s’appuient souvent sur des méthodes expérimentales non éprouvées. Les procédés utilisés (terrassement, reconstitution de sols, reforestation, etc.) modifient en profondeur les habitats présents sans garantir le résultat des habitats recréés. Il convient aussi d’ajouter que les processus naturels sont difficilement reproductibles à l’équivalent puisque très complexes et systémiques (Direction régionale de l’Environnement de la région PACA, 2009). C’est pourquoi l’apparition de piège écologique dans ce contexte est possible. Deux exemples sont retrouvés dans la littérature scientifique et sont analysés cidessous.

Les passes à poissons à l’origine d’un piège écologique au Brésil 

Les passes à poissons sont des dispositifs implantés sur un obstacle naturel ou artificiel (le plus souvent), qui permet à l’ichtyofaune de franchir cette barrière pour accéder aux zones de développement, de frai ou de reproduction (Glossaire Eau et Milieux Aquatiques, 2019). Elles permettent donc de rétablir la continuité écologique. Lors de la migration reproductrice, la présence d’un barrage constitue donc un obstacle insurmontable pour la faune piscicole au déplacement vers l’amont. Au Brésil, de par la présence des grands fleuves, la construction de barrage hydroélectrique a largement été utilisée pour produire de l’électricité (Leturcq, 2011). Pour recréer la continuité écologique, des passes à poissons ont été installées. C’est le cas pour le barrage de Porto Primavera sur le fleuve Paraná (Figure 1). En amont, la diversité d’habitats a été perdu avec différents degrés de connectivité écologique, alors qu’en aval la région a toujours son écosystème d’origine (plaine inondable). De nombreux grands poissons migrateurs comme le Dourado (Salminus brasiliensis), le Pintado (Pseudoplatystoma corruscans) ou le Pacu (Piaractus mesopotamicus) utilisent la région comme frayère et nurserie. Naturellement, après le frai dans les zones amonts, les alvins dérivent vers les plaines inondables en aval (Agostinho & Pelicice, 2007).

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Table des matières

Introduction
Matériel et Méthodes
I. La création de mesures compensatoires menant à un piège écologique
1. Les passes à poissons à l’origine d’un piège écologique au Brésil
2. La mise en place de dispositifs artificiels pour l’avifaune, un danger potentiel
II. La restauration d’habitats menant à un piège écologique
1. La restauration d’une prairie humide aux Etats-Unis : un piège écologique pour Lycaena xanthoides
2. Un projet de savanisation en Israël induisant un piège écologique pour Acanthodactylus beershebensis
Discussion
conclusion
Bibliographie
Résumé

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