L’identité professionnelle comme composante et produit de l’identité personnelle

Compréhension de la notion d’identité

Tout d’abord, il est important de comprendre ce que la notion d’identité représente, vierge de quelconque association ou caractéristique. En effectuant nos recherches, nous arrivions souvent à un paradoxe dans les définitions du mot « identité ». En effet, nous trouvions deux types de définition : l’une rapportant l’identité comme similitude et l’autre se rapporte à une caractéristique d’unicité d’un élément. Nous découvrons donc qu’il s’agit d’une évolution étymologique et historique de ce terme. En effet, le mot identité provient du mot latin « idem » qui signifie le même. De ce fait, si nous prenons la définition la plus ancienne que nous avons trouvée, au début du XIV ème siècle, l’identité était désignée comme le « fait qu’une chose, une personne est la même qu’une autre, qu’il n’existe aucune différence entre elles » selon Jehan Bras-de-Fer cité par le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales, cnrtl.fr (2013). Ceci met en évidence que le mot identité était initialement utilisé pour désigner une similitude absolue entre deux éléments, ce qui a donné l’adjectif « identique ». Tandis qu’en se référant à la citation de l’écrivain du XVIIIème siècle, Jean de Crèvecoeur également cité sur le même site, l’identité est alors le « fait qu’un individu est bien celui qu’il dit être ou présumé être » (De Crèvecoeur, 2013). Nous comprenons par cela, qu’il n’y a donc plus de confusion possible entre un élément et un autre de par la définition de son identité. Elle représente l’individualisation. C’est-à-dire l’action de se différencier par des caractères individuels.

Cette introduction nous démontre la complexité déjà dans la définition propre du mot identité. Pour notre travail nous nous réfèrerons à une définition de l’identité telle que l’entend l’écrivain Jean de Crèvecoeur. C’est-à-dire une identité se rapportant à la singularité d’un élément. Cependant, nous gardons tout de même à l’esprit que son origine provient du mot idem donc « la même chose ». Ce paradoxe peut être compris de la manière suivante : il n’existe pas d’individualité sans similitude. Cela se rapporte aussi à l’importance de la relation dans la définition de l’identité : l’identité se définit dans la relation à l’autre soit, personne ou objet. Afin d’avoir une identité propre il faut passer par un processus d’identification a d’autres éléments « exemples ». L’identification c’est l’action de se confondre avec une autre chose à laquelle nous nous définissons comme « la même chose ». Afin de conclure, nous avons sélectionné la définition suivante de l’identité qui, pour nous, intègre le paradoxe justement relevé : « L’identité, c’est ce par quoi une personne, un groupe (familial, professionnel, …), un peuple se reconnaissent eux-mêmes et se voient reconnus par les autres. » (Barreyre & Bouquet, 2013, p. 293). Autrement dit, l’identité permet de se différencier des autres, mais aussi de se reconnaître dans un groupe. Les deux phases de l’identité sont donc la différenciation et l’assimilation. Afin d’assimiler les idées relevées ci-dessus, nous nous interrogeons sur le processus de construction de l’identité.

Socialisation

Selon Dubar, l’identité « n’est autre que le résultat à la fois stable et provisoire, individuel et collectif, subjectif et objectif, biographique et structurel, des divers processus de socialisation qui, conjointement, construisent les individus et définissent les institutions » (2010, p. 105). De ce fait, dès son plus jeune âge, la construction de l’identité de l’enfant est influencée par de nombreux facteurs. Ces facteurs interviennent déjà dans la relation parent-enfant. En effet, les pratiques éducatives des parents vont être influencées par leur statut socio-économique. Il existe des corollaires entre l’emploi des parents, les conditions de vie et la manière d’éduquer un enfant. Ces pratiques auront un impact considérable sur le développement de l’identité de ce dernier (Dubar, 2010, p. 28). Ainsi, nous pouvons constater que, dès sa naissance, l’enfant acquiert déjà une identité ethnique, politique, religieuse, culturelle qui dépend de la classe sociale à laquelle appartiennent ses parents. L’enfant fait l’expérience de son identité sociale seulement une fois entré dans le cursus scolaire.

En effet, c’est à travers la catégorisation des autres qu’il en prend conscience. Il est alors exposé à une dualité : l’identité qu’il avait construite pour lui-même et l’identité conférée par les autres. Nous pouvons faire un lien avec les notions d’individualisation et d’identification abordée auparavant. Dubar citant Honneth explique que « l’identité du moi n’est possible que grâce à l’identité de l’autre qui la reconnaît, identité elle-même dépendante de sa propre reconnaissance » (2010, p. 81). Nous constatons que l’identité est à la fois individuelle car elle est attachée à la personne, à l’individu dans sa singularité, mais elle est également sociale car elle est identifiée par autrui. Cette expérience de l’identité sociale que fait l’enfant nous amène à nous questionner sur la notion de socialisation du point de vue de Dubar. Pour lui, la socialisation « constitue une incorporation des manières d’être (de sentir, de penser et d’agir) d’un groupe, de sa vision du monde et de son rapport à l’avenir, de ses postures corporelles comme des croyances intimes » (2010, p. 79). De ce fait, dès l’école, on peut constater que l’enfant va expérimenter la socialisation avec ses camarades, ses professeures mais aussi face aux valeurs transmises par l’établissement auquel il ou elle appartient.

Nous avons jusqu’ici pu observer par quels éléments l’identité personnelle pouvait être influencée et construite, ainsi que son inscription dans un processus en perpétuelle évolution. Pour Dubar, l’identité personnelle va de pair avec l’identité professionnelle. La première affectant le choix de la seconde et la seconde influençant le statut social, donc l’identité personnelle. C’est pourquoi, nous allons aborder l’identité professionnelle à la fois en tant que composante de l’identité personnelle mais aussi en tant que résultante de celle-ci. L’identité professionnelle comme composante et produit de l’identité personnelle Le deuxième tournant de l’identité personnelle apparaît lorsque l’individu doit se confronter au marché du travail. En effet, en choisissant d’exercer telle ou telle profession, la personne décide d’être conditionnée par tel ou tel statut social, ce qui déterminera un peu plus son identité personnelle. Bien entendu, il ne s’agit pas d’un processus définitif qui cloisonnera la personne dans telle ou telle identité. Comme nous l’avions explicité dans la première partie de ce travail, il s’agit d’un processus évolutif (Cf. figure n°1 Processus de conscientisation).

Cette identité professionnelle va se modifier et évoluer par divers éléments concrets rencontrés dans la pratique professionnelle comme le statut, l’identification par les collègues de ses compétences, la capacité à mettre en oeuvre des projets professionnels, la capacité d’anticipation, les perspectives de carrière au sein de cette profession, etc. D’autres éléments auront également une incidence sur cette construction de l’identité professionnelle. Les transformations technologiques, organisationnelles ou encore la gestion des ressources humaines des entreprises auront des répercussions sur la définition et la construction de l’identité (Dubar, 2010). Nous pouvons de ce fait constater que l’identité professionnelle est passablement marquée par l’incertitude. De ce fait, cette construction de l’identité professionnelle est un processus biographique. En effet, comme le dit Dubar, il « s’agit d’une construction dans le temps par les individus d’identités sociales et professionnelles à partir des catégories offertes par les institutions successives (famille, école, marché du travail, entreprise, etc.) et considérées à la fois comme accessibles et valorisantes (transaction subjective) » (2010, p. 112). Cependant, ce processus désigné comme biographique par Dubar, ne suffit pas à déterminer l’identité professionnelle et sociale des individus. En effet, c’est lorsque ce processus biographique interfère avec des processus relationnels qu’il y aura construction de l’identité professionnelle. La construction de l’identité est le résultat de trois facteurs : les interactions avec autrui, la confrontation à l’autre et le processus biographique.

Identité professionnelle s’inscrivant dans une identité sociale Ce processus implique que la personne entre dans des relations de travail, participe d’une manière ou d’une autre à des activités collectives dans des organisations et intervienne sous une forme ou une autre dans des jeux d’acteurs (Dubar, 2010). R. Sainsaulieu cité par Dubar donne une autre définition de l’identité professionnelle qui l’inscrit dans un processus relationnel d’investissement de soi-même : « façon dont les différents groupes au travail s’identifient aux pairs, aux chefs, aux autres groupes, l’identité au travail est fondée sur des représentations collectives distinctes, construisant des acteurs du système social d’entreprise » (Dubar, 2010, p. 115). Nous comprenons donc que la construction de tel ou tel type d’identité va se faire en fonction de la prépondérance de représentation de cette même identité au travail. Autrement dit, si cette identité est plus ou moins reconnue dans un contexte, les individus vont selon cette influence, l’adopter ou non.

Comprendre par quelles valeurs est constituée l’identité revendiquée d’un groupe, permettra de comprendre par quoi l’identité de l’individu est constituée. Nous supposons donc que la reconnaissance identitaire dépendra étroitement de la nature des relations de pouvoir au sein du contexte représenté. En effet, en fonction de la place qu’occupe l’individu et son groupe d’appartenance, la reconnaissance de son identité sera ou non considérée et sera ou non adoptée par les autres sujets. Pour conclure, la reconnaissance ou non reconnaissance des compétences, des savoirs et des images de soi qui constituent le noyau dur du contexte professionnel, va autant influencer l’identité professionnelle d’un individu extérieur intégrant l’équipe que l’identité professionnelle de cette même équipe. Encore une fois, il s’agit de comprendre l’identité professionnelle se construisant par l’intégration des mouvements les plus importants. Nous admettons donc qu’elle est évolutive et mouvante. Nous pouvons aussi comprendre cette mouvance par ce processus biographique que définit Dubar plus haut.

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Table des matières

Résumé
Remerciements
Avertissements
Liste des abréviations
1 Introduction
2 Problématisation
Définition du questionnement de recherche
Objectifs de recherches et apports à l’intervention sociale
Hypothèses relevées
3 Construction de l’identité d’une professionnelle du travail social
Compréhension de la notion d’identité
Lien paradoxal de l’individualisation à l’identification
Socialisation
L’identité professionnelle comme composante et produit de l’identité personnelle
Identité professionnelle s’inscrivant dans une identité sociale
Vision interactionniste vs vision fonctionnaliste
Conclusion
4 Historicité et professionnalisation du travail social
La notion d’historicité dans la sociologie Touranienne
Historique du travail social
La définition du travail social d’aujourd’hui
Les valeurs fondatrices du travail social
Le processus de professionnalisation d’une profession
4.5.1 Enjeux de la professionnalisation
4.5.2 Processus de formation comme processus de professionnalisation
4.5.3 Importance des trois niveaux d’interventions dans lesquels s’inscrit la professionnalisation
Conclusion
5 Pratique professionnelle
Un mot, plusieurs sens du mot « pratique »
Une pratique dite « professionnelle »
Praxis et poïesis, de quels types de pratiques professionnelles parle-t-on ?
La pratique professionnelle dans le travail social : un paradoxe
Les référentiels dans la pratique professionnelle, quelles conséquences ?
Pratique professionnelle selon la définition internationale des travailleurs et travailleuses sociales
Travail social et réflexivité
La conscientisation comme élément constituant de la réflexivité
Définition de la conscientisation
Définition de la réflexivité
Pratique réflexive
Société en évolution et réflexivité
La réflexivité comme savoir au sein de la pratique professionnelle
Pratique réflexive dans la réalité du terrain
7 Méthodologie
Méthodologie de recueil de données
7.1.1 La grille d’entretien
7.1.2 L’entretien semi directif
7.1.3 Population et corpus
Méthodologie d’analyse d’entretien
8 Analyse d’entretiens
Le récit du parcours professionnel
Construction de l’identité professionnelle
8.2.1 Définition
8.2.2 Éléments déterminants
8.2.3 Source de l’influence
8.2.4 Parcours professionnel
8.2.5 Synthèse
8.3.1 Niveaux dans lesquels la pratique s’inscrit
8.3.2 Impact recherché dans la pratique professionnelle
8.3.3 Synthèse
8.4.1 Conciliation
8.4.2 Adéquation
8.4.3 Recours à la théorie
8.4.4 Processus réflexif
8.4.5 Référentiels
8.4.6 Synthèse
9 Comparaison entre les clés conceptuelles et l’enquête de terrain
Construction de l’identité d’une professionnelle du travail social
Historicité et professionnalisation du travail
Pratique professionnelle
Travail social et réflexivité
10 Retour sur hypothèses
11 Pistes d’action
12 Bilan
Biais liés à la méthode de recherche
Biais liés à l’échantillon
Biais liés aux chercheuses
Limites de la recherche
Ethique et confidentialité
Bilan professionnel et personnel
13 Conclusion
14 Bibliographie
Table des illustrations
Annexes

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