L’identité nationale au Canada dans les années 1960

Ce mémoire porte sur l’identité canadienne dans .la décennie 1960, plus spécifiquement sur la représentation et l’interprétation des symboles nationaux canadiens tels qu’ils sont véhiculés dans les médias écrits. Nous voulons mettre en évidence les divergences et les similitudes qui existent dans les discours d’opinions entre les quotidiens francophones et anglophones dans les significations qu’ils donnent aux symboles officiels qui représentent le Canada. Cette étude a pour objectif de comparer la manière dont les éditorialistes et les lecteurs qui s’expriment dans les journaux francophones et anglophones conçoivent l’identité canadienne. Elle épouse donc une perspective d’histoire des identités nationales et des représentations.

L’identité, celle des groupes comme celle des individus, n’est pas fixe dans le temps, elle s’inscrit dans un processus perpétuel de reconstruction, elle est en constante redéfmition . L’identité est ainsi impossible à cerner avec exactitude à un moment donné et il serait utopique d’ aspirer à établir avec précision une défnition unique de la perception que se fait l’ ensemble des Canadiens de l’identité nationale canadienne ou d’analyser l’ensemble des discours qui contribuent à définir cette identité. Voilà pourquoi nous sommes dans l’obligation d’établir certaines limites à notre analyse et avons choisi de cerner seulement un type de discours : les discours d’opinions que l’on trouve dans les médias écrits. En effet les collaborateurs des journaux sont parmi les représentants les plus visibles de l’intelligentsia dans la sphère publique et, comme nous l’ expliquons dans ce qui suit, comptent également parmi les acteurs sociaux qui contribuent le plus activement à la représentation que les Canadiens des années 1960 se font de leur identité nationale.

L’identité nationale est un concept abstrait. Avant d’ être en mesure d’ étudier les discours des médias sur l’identité nationale au Canada, il nous faut impérativement rendre intelligible ce concept même d’identité afin d’ éviter toute ambigüité épistémologique, puis nous pourrons démontrer comment cette notion s’ applique à une nation, tout en considérant l’importance des symboles nationaux et des médias dans la redéfinition de l’identité. Après avoir décortiqué le concept d’identité nationale et en avoir montré la portée, nous nous intéresserons à notre principal objet de recherche, les symboles nationaux. Nous identifierons ces symboles en ce qui concerne Canada.

L’identité nationale au Canada dans les années 1960

Les historiens qui se sont intéressés à la notion d’identité canadienne ont adopté pour l’étudier des approches qui seront utiles à notre étude. Nous présentons brièvement dans ce qui suit les problématiques qu’ ils ont développées ainsi que les pistes de recherche que leurs lectures suggèrent et qui nous permettent d’approfondir notre raisonnement.

José E. Igartua s’intéresse au processus historique de l’ évolution et de la transformation de l’identité canadienne, ou plus précisément des représentations que l’on donne de l’identité canadienne. Contrairement à nous, qui voulons établir des comparaisons entre les Canadiens anglais et les Canadiens français, cet historien limite volontairement son étude aux représentations de la communauté canadienne-anglaise à travers le discours de la classe politique et des médias écrits . Igartua s’intéresse à ce qu’il a nommé « l’autre Révolution tranquille » en référence à la Révolution tranquille qui se produit au Québec durant la même période. Il soutient la thèse selon laquelle, avant la Seconde Guerre mondiale, l’identité nationale des Canadiens anglais est orientée par la britannicité, c’est-à-dire, basée sur l’ethnicité, en référence à la tradition et aux origines britanniques d’une grande partie de ceux-ci. Cette référence ethnique de la nation aurait été abruptement mise de côté dans les années 1960 au profit d’une définition civique de l’identité nationale qui inclut l’ensemble des citoyens sans égard à la langue, à la culture ou à l’origine ethnique .

gartua explique que chez les Canadiens anglais dans l’après-guerre, le sentiment de britannicité était prépondérant. Ils se définissaient comme étant de culture et de tradition britanniques, affirmant la supériorité de celle-ci, en opposition avec celle des « autres» Canadiens. L’abandon de la britannicité entraine le passage à une référence civique de l’identité nationale ayant pour conséquence de rapprocher et d’inclure l’ensemble des Canadiens sur l’assise d’une référence à des valeurs universelles de droits, d’égalité et de justice. L’analyse d’Igartua est riche en renseignements et en réflexions. Nous retenons surtout l’idée selon laquelle, durant les années 1960, au Canada anglais, l’identité nationale est en processus de redéfinition et prend ses distances par rapport à la britannicité au profit d’une conception qui repose sur les notions de droit, d’ égalité et de citoyenneté.

Cette idée est cependant vivement critiquée par Christian P. Champion qui traite de l’identité canadienne sans vraiment faire de distinction entre la perception des Canadiens anglais et des Canadiens français. Ce chercheur affirme que le rejet de la britannicité n’ est pas une composante majeure de l’identité canadienne dans les années 1960. Ce serait une erreur d’ affmner que la britannicité au Canada est un lien de dépendance externe dont on peut se détacher. Selon Champion, la britannicité fait partie du caractère canadien et est constitutive de ce qu’ est l’identité canadienne. L’opposition que rapporte l’historiographie entre les impérialistes probritanniques et les partisans du premier ministre Pearson anti-britannique est à ses yeux une distorsion.  Chacune des deux parties est en fait à la fois pro britannique et porteuse d’un patriotisme canadien. Les pearsoniens sont anti-impérialistes et anti-tories, mais ce sont aussi de fervents partisans du libéralisme britannique. Il y a bien eu selon lui une modification majeure des paradigmes identitaires au Canada dans les années 1960, mais elle ne se traduit pas par un rejet de la britannicité. Au contraire, conformément à l’esprit du libéralisme britannique, il s’ agit d’une manifestation locale de nationalisme dans une partie du monde britannique. Loin d’ être rejetées au cours de ces années, les fondations de la britannicité canadienne ont été reconduites et réaffmnées.

Le libéralisme, dit encore Champion, est une des composantes de la britannicité, une des deux facettes d’une même pièce. Le Canada des années 1960 étant dans une période de changement, il n’y a rien de bien étonnant à ce que les valeurs de stabilité, de conformité et de permanence véhiculées par les Tories aient été mis de côté. Ce sont plutôt les valeurs associées à la britannicité de tradition libérale qui s’imposent alors comme fondement de l’identité canadienne. Un amalgame d’ouverture, d’ équité entre les ethnies, de libertarisme et même à la limite de pacifisme, mais toujours dans un cadre libéral. Pour Champion, conformément à la tradition libérale britannique, l’identité canadienne ne cherche plus dans les années 1960 à imposer ou à promouvoir la supériorité d’une culture ou d’une ethnie, tant qu’elle s’inscrit dans l’ordre libéral .

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Table des matières

INTRODUCTION 
CHAPITRE 1 PROBLEMATIQUE DE RECHERCHE 
1.1 Mise en contexte : les années 1960 au Canada
1.2 Problématique
1.2.1 L’identité nationale au Canada dans les années 1960
1.2.2 Confronter les discours
1.3 Sources et méthodologie
1.3.1 Les sources
1.3.2 Méthodes et stratégies de recherche
CHAPITRE 2 LE DRAPEAU CANADIEN 
2.1 Chronologie du débat sur le drapeau canadien
2.1.1 Le Drapeau canadien: de la confédération aux années 1960
2.1.2 L’utilisation de la feuille d’ érable comme emblème canadien
2.1.3 Le débat de 1964 sur le drapeau
2.2 Précisions sur la distribution des éditoriaux et des lettres de lecteurs
2.3 llnalyse des éditoriaux et des lettres de lecteurs qui portent le
drapeau canadien de 1962 à 1967
2.3.1 L’indépendance canadienne
2.3.2 L’unité, quelle unité?
2.3.3 Le rôle des traditions
Conclusion
CHAPITRE 3 – LA MONARCHIE AU CANADA 
3.1 La présence symbolique de la couronne dans la société
3.1.2 La visite royale de 193 9
3.1.3 La visite royale de 1959
3.1.4 Les années 1960, visites royales et contestations publiques
3.2 Précisions sur la distribution des éditoriaux et des lettres de lecteurs
3.3 Analyse des éditoriaux et des lettres de lecteurs qui commentent
la monarchie au Canada de 1962 à 1967
3.3.1 Les discours positifs sur la reine
3.3.2 Les discours favorables à la monarchie
3.3.2.1 Une institution canadienne
3.3.2.2 Une source d ‘unité
3.3.2.3 Un élément distinctif du Canada
3.3.3 Le discours défavorables à la monarchie
3.3.3.1 Une institution inutile
3.3.3.2 Des protocoles et des mœurs dépassées
3.3.3.3 Une institution étrangère
3.3.3.4 Un legs du colonialisme
3.3.3.5 Une entrave à l ‘unité
3.3.4 L’alternative républicaine à la monarchie
Conclusion
CHAPITRE 4 – LE CENTENAIRE DE LA CONFÉDÉRATION 
4.1 La Commission du centenaire
4.1.2 L’Exposition universelle de 1967 à Montréal
4.2 Précisions sur la distribution des éditoriaux et des lettres de lecteurs
4.3 Analyse des éditoriaux et des lettres de lecteurs qui portent sur le
centenaire de la Confédération de 1962 à 1967
4.3.1 Que fête-t-on?
4.3.2 Qu ‘ est-ce qu’ un Canadien?
4.3.3 Pourquoi fêter le Canada?
4.3.3.1 Crée un sentiment national
4.3.3.2 Atteindre l’unité canadienne
Conclusion
CONCLUSION

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