L’idée de patriotisme constitutionnel dans la pensée politique de Jürgen Habermas

Les caractéristiques de l’identité politique

   La question du patriotisme constitutionnel regorge beaucoup de concepts qui valideraient préalablement l’entreprise de Jürgen Habermas et constitueraient les véritables fondements de celle-ci. L’identité proposée par Habermas, pour penser la congruence des projets individuels, s’inscrit bien dans une perspective criticiste qui s’appuie directement sur les acquis de l’État de droit et la démocratie ; contrairement à l’idéologie contractualiste et à l’idéologie individualiste. Nous allons d’abord expliquer dans ce chapitre les trois idéologies qui nous permettent d’assurer une identité politique aux principes universels ; avant de montrer ensuite les caractéristiques d’une telle identité. D’abord, l’idéologie contractualiste est assumée par une position de la subjectivité. Dans cette position, la communauté de volonté doit être présupposée à la constitution de la société. La convergence des projets individuels résulte alors de l’imaginaire du contrat entendu au sens classique d’un contrat social originaire. Et l’identité qui en résulte est déconnectée de tout principe traditionnel. Jean-Marc Ferry dit ainsi que Cette fiction trouve une expression positive dans la constitution assorties d’une Déclaration des Droits. La, l’identité politique est tellement dépouiller de toute imprégnation traditionaliste que pour penser sa propre souveraineté, la société n’a pas besoin de se projeter dans l’imaginaire de la représentation. La démocratie radicale n’admet nul résidu théocratique d’un imaginaire de l’Autre. L’identité projetée par l’imaginaire du contrat est donc une identité  purement contractuelle dont les citoyens obéissent à une volonté rationnelle et universelle. Les membres de la communauté en question sont réunis autour des principes universels, validés par un contrat. Là, réside l’imaginaire contractualiste de la démocratie radicale. En effet, pour que cet imaginaire soit logiquement valable, il faut qu’il ait un certain respect des principes convenus dont le caractère général est irrévocable et ne souffre d’aucune exception dans l’application universelle qui en est faite. Car, seule la posture de la volonté générale nous permet de parler politiquement. Ensuite, l’idéologie individualiste s’est justement développée, dans sa version universaliste, à partir d’une conception de l’objectivité contrairement à l’idéologie contractualiste. Dans l’objectivité, la congruence des projets individuels ne résulte pas d’un accord préalable des volontés, mais d’une harmonie préétablie des intérêts. Cette position a été élaborée par les penseurs libéraux qui s’inspirent d’Adam Smith. Alors, l’universalisme des droits de l’homme porté est l’imaginaire suprême de l’individu par opposition à la première figure, non libérale. A l’imaginaire de l’ordre volontaire imposé par la conception de la subjectivité se substitue, à présent, l’imaginaire d’un ordre naturel. L’intérêt individuel et non la vertu est maintenant le principe sur lequel se fonde la convergence des projets individuels. Jean-Marc Ferry précise ainsi que « le symbolique du marché prend la place de l’imaginaire du contrat »20. Ceci ne signifie nullement qu’on remplace une réflexion du droit à celle de l’économie. « Mais le droit naturel de la liberté individuelle résulte aussi bien de la conscience de la loi naturelle qui préside à la vie sociale. »21, chez Jean-Marc Ferry. Ici, une liberté individuelle est orientée par toutes les autres libertés individuelles, d’où la création de l’État comme instance organisatrice. La clé de voute de l’identité politique n’est plus la démocratie mais l’Etat de droit ; parce qu’une telle identité politique est constitutionnelle et non contractuelle. Il convient alors de requérir un patriotisme de l’Etat de droit qui se valide avec le marché et les droits de l’homme sans pour autant recourir à une référence nationale culturelle ou territoriale. En somme, ferry note (dans l’idéologie individualiste) que La norme suprême n’est pas la volonté générale exprimée dans la loi mais l’intérêt général représente dans le droit. Par différence avec l’imaginaire de la démocratie radicale, ce n’est point la législation qui est première dans l’imaginaire de l’Etat de droit : le politique y est plutôt pense sur un modèle de juridiction classique. Enfin, l’idéologie criticiste dont le principe de son imaginaire n’est ni le marché ni le contrat mais la critique pensée comme discussion, s’appuie quant à elle directement sur les acquis de la démocratie et de l’Etat de droit. La position qu’elle développe dans son criticisme est une position de l’intersubjectivité. Cette idéologie est représentée aujourd’hui par le rationalisme critique issu de l’Ecole de Vienne et par la Théorie critique issue de l’Ecole de Francfort dont Jürgen Habermas est la figure de proue de sa seconde génération. En outre, dans cette idéologie, l’universel est fondé dans la force universelle des arguments qui s’échangent dans un espace public. Elle s’oppose à un universel dans la volonté générale ou dans l’ordre naturel. Mieux, elle s’oppose au subjectivisme du contrat comme à l’objectivisme du marché. En d’autres mots, l’universel est ici le résultat d’un procès discursivo-argumentatif qui, seul, peut nous expliquer comment on s’y prendra pour réaliser l’intégration culturelle dans le respect des différences. « Cela implique toutefois que les différences doivent être exprimées d’après un ensemble de règles communes et égalitaires volontairement acceptées par toutes les personnes concernées », selon Rubem Cesar Fernandes. Il poursuivit que « nous sommes censés être tous égaux devant la loi […] ». Ce procès discursivo-argumentatif suppose que l’argumentation seule serait capable de transformer les intérêts en normes dans un espace public et la considère comme le nouveau principe de la raison politique pour la constitution d’un Etat-nation européen. Jean-Marc Ferry souligne qu’ En effet, il faut pouvoir rendre empiriquement plausible la réactivation d’un espace public de discussion au sein d’un monde social – et qui plus est, la possibilité, pour un tel espace, de s’articuler pleinement au politique c’est à dire de stabiliser une identité politique sur des principes critiques, dits « postconventionnels », d’une éthique de la discussion. Cela dit, la discussion ou la communication interpersonnelle définissent les conditions propres de l’identité à reconstruire ; ces dernières seules peuvent constituer une bonne méthode procédurale de résolution des différends qui existent entre les personnes consternées. Car, l’éthique de la discussion présuppose le dépassement de l’éthique de la conviction. Selon Habermas : « l’éthique de la discussion escompte au contraire qu’une intercompréhension sur l’universalisation d’intérêts soit le résulte d’une discussion publique réalisée intersubjectivement ». Dans cette éthique de la discussion, c’est la procédure de l’argumentation morale qui prend la place de l’impératif catégorique de Kant ici, toutefois sa différence avec cette dernière. Elle établit alors le principe selon lequel seules les normes acceptées par les participants dans une procédure argumentative sont valides. C’est dans ce sens que Rubem Cesar Fernandes souligne (dans CITOYENS DU MONDE) : Le droit à la participation conféré par la citoyenneté répand la notion qu’à certain niveau fondamental nous sommes tous considérés égaux. Il peut même franchir un pas de plus et prétendre à la péréquation de tous les sujets, mais cela est une perspective de cauchemar que les processus électoraux ne laissent pas entrevoir

La stratégie de reconstruction d’une identité postnationale

   Dans cette présente partie nous allons montrer que l’universalité de l’identité politique dont Jürgen Habermas parle ne se réfère pas seulement à l’idée de la démocratie et de l’état de droit. Elle se réfère aussi à l’attitude propre de la méthode critique dans laquelle elle se constitue, d’où la différence entre un universel sémantique et un universel pragmatique. Cela nous incite de dire que la discussion est nécessaire dans élaboration de l’identité post nationale. Cette universalité, que notre penseur fait sienne, est plutôt le produit d’une raison communicationnelle ; qui peut, seule, délibérer dans l’espace publique européen et mondial. Dans cette argumentation, il y a alors une forte motivation des arguments et une transformation des intérêts en norme par ces derniers. Seule une discussion argumentative nous permet donc d’assumer un universel pragmatique dans son sens propre. C’est dans ce sens que notre penseur dit ce propos : « quiconque entreprend sérieusement la tentative de participer à une argumentation s’engage implicitement dans des présuppositions pragmatiques universels qui ont un contenu moral ; […] ». L’espace public, au lieu d’être le lieu d’affection, deviendrait alors le lieu de la loi. Car, l’universalité est immanente à un procès discursivo-argumentatif de formation de la volonté politique. Le philosophe précise qu’elle se gagne plutôt par la décentralisation d’une raison incarnée dans le milieu langagier, une raison communicationnelle qui, peut outre raconter le passé en interprétant ce que nous en transmettent les traditions, rappeler ce qui n’en fut pas dit en argumentant contre ces mêmes traditions. Cela ouvre ainsi la question d’une décision située en faveur de l’argumentation. Cette méthode critique constitue, pour lui, la seule structure qui, par des discussions bien argumentées, validerait cette identité de reconstruction. Autrement dit, chez Jürgen Habermas l’identité à reconstruire doit se légitimer par une discussion dans un espace public dont toutes les positions seront prises en considération. Elle requiert par conséquent un certain nombre de critères qui la validerai et constituerai une véritable base de celle-ci. Ainsi, vu les conséquences de la guerre et les crimes perpétrés sous le nationalsocialisme, cette pratique, était d’une façon ou d’une autre, importante pour l’Allemagne contemporaine. La remémoration de l’histoire Allemande doit se faire donc d’une autre manière que par une reconstruction narrative. La reconstruction de l’identité politique est donc argumentative et non narrative. La procédure de la discussion pratique a des avantages par rapport à l’identité postnationale dans la mesure où tout le monde prend part de la décision retenue. Ici elle tient le lieu de la position originelle de John Rawls dans la formation d’une volonté universelle puisqu’elle garantit les présuppositions universelles de la communication. La communication nous oriente ainsi vers une intercompréhension personnelle ; les personnes s’acceptent et s’intègrent dans un monde intersubjectif. C’est en cela que Jürgen Habermas soutient que Les sujets capable de parler et d’agir sont plutôt constitues comme individus par le seul fait qu’ils s’intègrent, en tant que membres d’une communauté linguistique à chaque fois particulière, à un monde intersubjectivement partagé. Dans les processus de formation communicationnels, l’identité de l’individu et celle de la communauté se maintiennent co-originairemnt. L’identité du patriotisme constitutionnel de Jürgen Habermas est donc engagée dans une reconstruction argumentative dont l’optique avocatoire cherche à ressusciter ce que l’on avait jadis refusé d’entendre. L’argumentation permet un espace critique de débat et est une condition sine qua non pour toute identité de reconstruction ; or un tel débat s’enfouit dans la narration. Dans l’argumentation, tout sujet capable de parler et d’agir doit prendre position à la discussion. C’est pour cela que notre philosophe est contre toute stratégie narrative d’une mise en histoire de la période nazie, pour ceux qui cherchent à poursuivre une reconstruction de l’identité allemande. L’argumentation permet ainsi la discussion et est dirigé contre toutes les stratégies d’occultions contrairement à la narration qui est, selon Jean Marc ferry « (…) une méthode essentiellement privée de construction ou de reconstruction d’identité personnelle. Elle correspond, dans l’usage ordinaire, à la capacité d’attacher l’évènement à l’intimité ». L’identité narrative est tournée vers soi-même plutôt qu’autrui ; contrairement à celle argumentative qui, quant à elle, donne l’opportunité au participant de contester. Selon Jean-Marc Ferry : « argumenter, en effet, n’est pas la même chose que raconter une expérience vécue à laquelle le narrateur a un accès privilégié. […] on voit qu’au total celui qui narre est lui-même beaucoup moins exposé à l’opinion, au jugement critique du public, que celui qui argumente ». Bref, l’argumentation nous permet ce que la narration nous prive : ce débat critique d’idée. Et son originalité teint à ce qu’elle dépasse toute référence substantielle liée au passé. Par conséquent, il faut faire une distinction entre l’identité argumentative qui constitue notre identité de reconstruction et l’identité narrative assumée par le néo-historisme. Celle-ci est foncièrement égocentrique et peut indisposer à la reconnaissance de l’autre. Par contre, l’identité politique à caractère universel s’insurge contre toute méthode narrative d’une mise en histoire de la période nazie. La responsabilité du passé est alors soumise entre les mains d’une éthique communicationnelle au lieu d’une éthique formelle qui serait inapte d’approprier ce passé à bon escient. Aussi, la stratégie d’appropriation réflexive des traditions passées peut par conséquent être narrative, interprétative ou argumentative. Car, approprier le passé est le rôle de toutes ces stratégies de reconstruction. Cependant, la stratégie de reconstruction de l’identité postnationale est ici argumentative dans la mesure où le registre narratif ainsi que celui interprétatif sont moins adéquats à un rapport critique au passé. C’est ainsi dans ce sens que Jean-Marc Ferry précise que Seule la stratégie argumentative des reconstructions permet un rapport véritablement critique au passé tout en épargnant à cette critique le dogmatisme de la table rase. En revanche, le registre narratif et le registre interprétatif se prêtent mal à un rapport critique au passé. Et de même ils se prêtent mal à une éthique procédurale de discussion. Ils se prêtent mal, enfin, à la reconstruction d’une identité personnelle, individuelle ou collective, qui voudrait en outre se faire reconnaitre par d’autres identités dans la forme «juridique» au sens large d’un espace public moderne de reconnaissance des personnes.

La spécificité de la citoyenneté postnationale chez Jürgen Habermas

   Dans ce chapitre, la prise en compte de la reconnaissance des droits spécifiques dépasse largement la dynamique ancienne de l’État, par laquelle les citoyens disposent d’un même statut. Ce statut est juridiquement différencié au profit de la nouvelle conception de l’État et de la citoyenneté. Ce qui, par ailleurs, fait place à ce qu’on pourrait appeler le fédéralisme multinational. En effet, cette nouvelle forme d’appartenance, basée précisément sur ce fédéralisme multinational conçue par Jürgen Habermas, veut une citoyenneté déconnectée, elle aussi, de l’état nation. Pour lui, l’association entre la citoyenneté et l’identité nationale est le fruit de la contingence empirique. Du coup, une séparation de ces deux concepts était faisable et constituerait une avancée historique majeure : ce lien n’est pas nécessaire en soi. Ainsi, ne serait-il pas salutaire d’utiliser uniquement le langage de la citoyenneté et des droits humains sans le compléter par une référence communautariennne ? La réponse favorable serait bien sûr « oui », selon notre penseur. Car, toute son entreprise cherche une citoyenneté hors d’État-nation, autrement dit une citoyenneté dont les valeurs adhèrent aux principes de l’État de droit et la démocratie constitutionnelle. En effet, « Il [Jürgen Habermas] se réfère à une conception essentiellement politique pour penser la citoyenneté postnationale. », selon Dominique Schnapper. Ces propos de Dominique Schnapper confirment clairement le caractère intrinsèquement politique de la citoyenneté que Jürgen Habermas réclame dans la période postnationale. Ainsi, en dissociant le rapport qui existe entre la citoyenneté et la nationalité, Jürgen Habermas élabore sa théorie de patriotisme constitutionnel. En d’autres mots, le patriotisme national doit totalement se déconnecter de l’exercice de la citoyenneté afin que cette dernière se conjugue avec le patriotisme constitutionnel. Ce patriotisme, seul, peut nous permettre d’atterrir sur une citoyenneté européenne, voire une citoyenneté mondiale. Il faudrait, alors, construire le monde en se séparant de l’idée nationale à la pratique de la citoyenneté. Selon Jürgen Habermas, la nation demeure, alors, le lieu de partage d’une même culture et histoire ou le lieu d’affection ; et l’espace public le lieu de la loi. C’est dans cette logique que Dominique Schnapper avance ces mots suivants : On pourrait ainsi séparer l’identité nationale, avec ce qu’elle comporte de dimension historique, ethnique et culturelle, de la participation civique et politique, fondée sur la rationalité de la loi et les droits de l’homme. Le sentiment patriotique ne serait plus seulement lié à une nation culturelle et historique particulière, mais aussi au principe même de l’État de droit. Ainsi conçu comme une pure pratique civique détachée de l’appartenance nationale, le patriotisme constitutionnel serait susceptible de refonder les identités nationales tout en assurant, au niveau européen, l’autorité de l’État de droit et les principes des droits de l’homme. Pour Schnapper, la citoyenneté doit garder un sens purement politique et se fonder sur des valeurs communes partagées. Il va de soi qu’une telle citoyenneté soit démocratique et réunit les citoyens autours d’une culture politique commune. Ici, la citoyenneté n’est pas le fruit de l’identité nationale puisqu’elle cherche plutôt à organiser la société par l’intermédiaire d’une culture politique partagée. Jürgen Habermas mentionne à titre d’explication que « la citoyenneté démocratique n’est pas nécessairement enracinée dans l’identité nationale d’un peuple ; mais, quelle que soit la diversité des différentes formes de vie culturelles, elle requiert la socialisation de tous les citoyens dans le cadre d’une culture politique commune ». Car, l’ancrage universaliste de la citoyenneté nous permet une meilleure intégration politique. Comme on l’a si bien souligné en haut, le patriotisme constitutionnel a pour objectif principal d’éviter les dérives d’exclusions et d’oppressions afin de réunir les citoyens autour des principes de la démocratie constitutionnelle et de l’État de droit. Cet objectif principal n’est pas l’idéal du patriotisme classique. L’identité classique fermée favorisait les dérives d’exclusions et d’oppression dans les sociétés. Cette approche universelle de l’intégration, par la citoyenneté, peut être très utile dans un contexte de la montée des discours xénophobes et racistes. Elle peut aussi être un contexte très utile pour se prémunir des dangers du communautarisme; car elle prend en compte les desseins individuels et les desseins collectifs. Tout ceci pour permet de dire que cette nouvelle forme de citoyenneté donne du terrain à une nouvelle sorte d’intégration : une intégration politique. Et cette intégration politique réunit les citoyens autour des principes universels mais également les protège des dangers du communautarisme. Du coup, on peut définir la citoyenneté postnationale comme une sorte d’émancipation des attaches nationales pour s’orienter, d’après les principes du patriotisme constitutionnel apparenté, à une forme de religion civile. La citoyenneté postnationale habermassienne est précisément juridique, élective, ouverte et inclusive en ce sens où elle évolue, en principe, dans un espace qui lui est propre. Cependant, il est important de faire un rappel historique des termes citoyenneté et nation dans une perspective habermassienne, car la conscience nationale liée à l’intégration culturelle est clairement différente de la conscience politique dont la cohésion est purement républicaine. Le terme de la nation nous permet ainsi de mieux comprendre l’histoire de l’État-nation. Pendant les périodes anciennes, le nationalisme n’était que le revers des droits civiques et ne se différait pas du républicanisme. Bref, l’esprit national était considéré comme l’esprit républicain. Le nationalisme et le républicanisme se complétaient ; ils exerçaient un rapport de complémentarité. C’est en cela que le philosophe note qu’En étant prêt à combattre et à mourir pour la patrie, on faisait preuve à la fois de conscience nationale et d’esprit républicain. C’est ce qui explique le rapport de complémentarité qu’entretiennent dès le départ le nationalisme et le républicanisme : l’un est devenu l’instrument de la genèse de l’autre. Cette idée se voit manifestement dans la réflexion de E. Gellner sur le concept de nation luimême, dans son ouvrage intitulé Nation et nationalisme. Jean Marc Ferry résume, dans ces dires, l’exigence de congruence entre l’État et la Nation que Gellner fait une nécessité : « […], E. Gellner soutient que le nationalisme est essentiellement un principe politique, qui affirme que l’unité politique et l’unité nationale doivent être congruentes ». Cette synthèse nationaliste, qui se traduit ici par la formule d’État-nation, exige la congruence entre deux unités : une unité nationale et une unité politique. Jean Marc Ferry détermine, pour ainsi dire, ces deux unités comme suit : L’unité politique renvoie ici à l’État compris comme un ensemble d’institutions centrales dont la caractéristique essentielle ne consisterait pas, comme le disait M. Weber, dans le monopole de la violence légitime, mais plutôt dans le monopole de l’éducation légitime. Quant à l’unité nationale, elle renvoie à une auto-affirmation de la nation dans la conscience des individus. Par conséquent, on peut dire que « L’idée de E. Gellner est que l’État constitue la nation »de la même manière que E. Morin qui, lui aussi, considère « que l’État forme la nation ». Ainsi, selon E. Morin l’Union de l’État et de la nation est une appropriation de l’État par la nation. Cette appropriation de l’État par la nation fait, ainsi, que ces derniers se fusionnent dans un État-nation un et indivisible. L’État-nation est devenu, en effet, le lieu de rencontre entre le particulier et le général. Car, on conjoint la citoyenneté et la nationalité en faisant converger, dans la congruence de l’État-nation, l’identité culturelle et l’unité politique. JeanMarc Ferry précise ainsi qu’ « Il n’y a plus de séparation entre l’État, le lieu de la loi, et la nation, le lieu d’affect. […] l’État-nation est cette famille élargie et unie où l’État-loi fusionne avec la nation-sentiment à travers les régions ».

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : L’IDENTITE POLITIQUE COMME UNE BASE DU PARTIOTISME CONSTITUTIONNEL
I-Les caractéristiques de l’identité politique
II-La stratégie de reconstruction d’une identité postnationale
III-La reconnaissance et l’identité politique chez Habermas
DEUXIEME PARTIE : LA CITOYENNETE POSTNATIONALE ET LE PATRIOTISME CONSTITUTIONNEL
I-La spécificité de la citoyenneté postnationale chez Jürgen Habermas
II-Le nationalisme et le républicanisme
III-Le patriotisme constitutionnel comme une nécessité mondiale
TROISIEME PARTIE : LES LIMITES DU PARTIOTISME CONSTITUTIONNEL
I-la folie des nationalités européennes face au patriotisme constitutionnel de Jürgen Habermas
II-Le patriotisme constitutionnel de Jürgen Habermas comme une illusion en Afrique
III-Les dérives du patriotisme constitutionnel de Jürgen Habermas  à l’échelle mondiale
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
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