L’hétérogénéité des personnes âgées

L’hétérogénéité des personnes âgées

L’hétérogénéité des personnes âgées

Le groupe des personnes âgées forme donc une entité hétérogène. C’est ainsi que les gériatres Trivalle, Voyer et Richard ainsi que Pellerin, parlent de sous-groupes d’âge et de différents états de santé en lien avec des niveaux d’autonomie et d’indépendance fonctionnelle (Pellerin, 2007; Trivalle, 2016b; Voyer & Richard, 2013). Le premier sous-groupe rassemble les personnes âgées de 65 à 75 ans qui profitent d’une vieillesse active et jouissent d’une pleine autonomie et indépendance fonctionnelle. Le deuxième sous-ensemble est constitué des sujets âgés de 75 à 84 ans qui risquent de perdre leur autonomie et leur indépendance en raison de l’apparition de maladies chroniques. Enfin, le troisième et dernier sous-groupe réunit les individus de 85 ans et plus. Ces derniers, dont la progression des pathologies entraîne une réduction marquée des capacités cognitives et physiques, sont menacés dans leur autonomie et indépendance fonctionnelle (Pellerin, 2007; Voyer & Richard, 2013). Dès lors, le recours à une aide tierce dans la réalisation des AVQ et des AIVQ apparaît comme inéluctable. Si ces trois sous-groupes d’âge confèrent une meilleure compréhension de cette population hétérogène, ils revêtent tout de même un caractère non représentatif (Ennuyer, 2014b) tant des différences intra-individuelles existent (Gauthier, 2004).

En effet, les impacts de l’âge sur les individus n’évoluent pas de manière linéaire (OMS, 2016). Si l’on peut relever un déclin progressif, plus ou moins marqué, des performances induites par l’avancée en âge, on peut également remarquer que certaines personnes conservent d’excellentes capacités physiques et cognitives malgré le temps qui passe (Fulop, 2016; Voyer & Richard, 2013). Ainsi, un sujet de 65 ans pourrait rencontrer des difficultés dans les gestes du quotidien et la prise de décision là où un individu de 85 ans vivrait de façon indépendante et autonome (Aissaoui, 2018; OMS, 2016; Voyer & Richard, 2013). Ce propos est bien représenté dans un rapport de politique cantonale sur le vieillissement et la santé (Büla et al., 2012) qui propose, entre autres, une classification des aînés, selon trois catégories, dans laquelle il est moins question d’âge. Dans la pyramide (cf. figure 1) susmentionnée, le groupe majoritaire est celui des aînés dits « robustes » ; il est constitué de personnes décrites en bonne santé, qui présentent au minimum une maladie chronique. Suit l’ensemble appelé « vulnérable » ; dont les sujets sont en voie de fragilisation et évoluent dans un contexte polypathologique à haut risque de dépendance. Le troisième groupe, dénommé « dépendant » est composé des individus qui nécessitent l’aide d’une tierce personne dans l’accomplissement des AVQ en raison d’un déclin physique ou psychique.

Le vieillissement normal

Il s’agit d’un processus considéré comme naturel et universel caractérisé par des atteintes physiologiques associées à l’âge (Fulop, 2016, p. 8; OMS, 2016, p. 29; Trivalle, 2016b, p. 8). Pour Aissaoui, le vieillissement normal n’affecte pas l’indépendance fonctionnelle et l’autonomie de l’aîné (Aissaoui, 2018). Cet état reflète un bon état de santé. Selon Lang et al (2013), l’OMS (2016) ainsi que Trivalle (2016), sur un plan biologique et génétique, l’accumulation de lésions génétiques, cellulaires et tissulaires au fil du temps provoque une altération du fonctionnement des différents systèmes de l’organisme (Lang et al., 2013, p. 338; OMS, 2016; Trivalle, 2016a). Ce cumul de lésions génère des changements physiques (diminution de la densité osseuse, de la masse musculaire, de la vision), cognitifs (apparition de troubles de la mémoire, difficultés d’apprentissage) et neurologiques (troubles thymiques) (Aissaoui, 2018, p. 20; Beare, P., & Stanley, M., 2005; Taillade, M., 2013; Vallet, 2012).

Sur un plan psycho-social, intervient la modification des rôles sociaux telle que, par exemple, le passage à la retraite, le départ des enfants du domicile, la transition de parents à grands-parents et le veuvage (Aissaoui, 2018, p. 30; Rousseau, 2018a; Talpin, 2017). En outre, l’OMS précise que « l’environnement dans lequel vit l’enfant, voire celui dans lequel le foetus se développe, couplé à des caractéristiques personnelles, a des effets à long terme sur la manière dont cette personne vieillira » (OMS, 2016). Parmi ces caractéristiques, on retrouve notamment le genre ; à l’échelle mondiale, les femmes vivent plus longtemps que les hommes (Kozier et al., 2012). En Suisse, les femmes âgées de 65 ans et plus vivent en bonne santé en moyenne durant 14,2 ans contre 13,6 ans pour les hommes (Promotion Santé Suisse, 2016). La culture et le mode de vie influent également sur certains comportements des individus.

Pour illustrer, les habitants de l’île japonaise d’Okinawa, qui pratiquent des exercices physiques quotidiens et adoptent un régime alimentaire spécial, détiennent le record mondial de la longévité ; non seulement ces individus vivent vieux, mais ils vivent aussi plus longtemps en bonne santé (Ladoucette, 2016; Pelletier, 2013). Par ailleurs, selon Kozier et al. (2012), le niveau de revenu et le statut social incarnent des facteurs de grande influence sur le niveau de santé des individus ainsi que sur leur durée de vie (Kozier et al., 2012). L’environnement est aussi un élément essentiel ; en effet, un réseau social adéquat ou une qualité satisfaisante de l’eau et de l’air favorisent un vieillissement en bonne santé. D’ailleurs, l’influence de l’environnement et du mode de vie expliqueraient près de 70 % des causes du vieillissement (Aissaoui, 2018). Pour autant, il arrive que les ressources fonctionnelles et cognitives d’une personne se péjorent et conduisent à un état dit de fragilité.

La fragilité Lorsque les capacités fonctionnelles et cognitives de base ainsi que les résistances face au stress sont affectées, il est question d’état de fragilité (Aissaoui, 2018; Bar, 2014; Trivalle, 2016a). Cette notion est définie par Trivalle comme étant « l’impossibilité de répondre de façon adaptée à un stress, qu’il soit médical, psychologique ou social » (Trivalle, 2016a, p. 11). Ainsi, des événements mineurs (infection urinaire, perte de poids, grippe, perte d’un animal) augmentent le risque de basculer dans un état de dépendance (Aissaoui, 2018; Bar, 2014; Trivalle, 2016a). S’il existe une corrélation entre l’âge avancé et la fragilité, la variable âge n’explique pas à elle seule ce risque (Trivalle, 2016a). En effet, d’après une revue systématique réalisée en 2012 dans plusieurs régions du monde (Collard et al., 2012), la prévalence de la fragilité augmente aussi selon le genre, la condition socio-économique et la présence de maladies chroniques invalidantes (Andrade et al., 2012). Par ailleurs, il est difficile d’identifier cette étape qui se situe entre la «santé » et la « maladie », et entre l’«indépendance » et la « dépendance » (Trivalle, 2016a). Le modèle de Fried et al. (2001) propose d’ailleurs de l’identifier à travers cinq facteurs de risque : perte de poids involontaire, épuisement et fatigue, faiblesse musculaire, diminution de la vitesse de marche ainsi que faible activité physique (Fried et al., 2001). Il semblerait que la détection précoce des sujets fragiles contribue à limiter les situations de dépendance ainsi qu’à repousser le moment de l’institutionnalisation et de l’hospitalisation (Aissaoui, 2018; Bar, 2014; De Jaeger, 2018; Trivalle, 2016a). Parallèlement, plus la détection de la fragilité est tardive, plus le risque d’évolution vers un état de vieillissement dit pathologique est grand.

Le vieillissement pathologique

Ce phénomène est caractérisé par la présence d’altérations pathologiques et responsable d’un état de dépendance fonctionnelle majeure dans les AVQ. Les changements qui interviennent sont principalement invalidants et liés à un mauvais état de santé (Aissaoui, 2018; Trivalle, 2016a). Sur un plan biologique et génétique, les accumulations de lésions pathologiques provoquent des changements physiques (perte de la vision, perte du tonus sphinctérien), cognitifs (troubles de la mémoire importants, troubles du langage) et neurologiques (troubles de l’équilibre) (Aissaoui, 2018; Rousseau, 2018a). Par ailleurs, sur le plan psychosocial, les changements physiques pathologiques, associés aux changements psychosociaux mal vécus du vieillissement normal, peuvent augmenter les risques d’isolement social (Aissaoui, 2018) ainsi que la potentialité d’évènements indésirables. À titre d’exemple, une personne atteinte d’arthrose sévère aura davantage de peine à se mouvoir, de ce fait elle diminuera son périmètre de marche, s’isolera, se sédentarisera et finira hypothétiquement par chuter, entrant ainsi dans un cercle vicieux. A ces changements, s’ajoute l’apparition de comorbidités, d’affections chroniques, voire de plusieurs affections simultanées telles que le diabète, les cardiopathies, les démences et les cancers (OBSAN, 2015), ainsi que d’autres syndromes gériatriques comme l’incontinence urinaire et fécale, les troubles cognitifs, les troubles de la thymie, de la marche et de l’équilibre, les troubles sensoriels, l’ostéoporose, la dénutrition, etc. Cet ensemble d’affections, source de limitations fonctionnelles, peut entraîner l’individu vers une dépendance fonctionnelle (Brunel & Carrère, 2015; Trivalle, 2016b).

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Table des matières

INTRODUCTION
2 PROBLÉMATIQUE
2.1 QUESTION DE RECHERCHE
2.2 BUT DE LA RECHERCHE
3 CADRE THÉORIQUE
3.1 QUI SONT LES AÎNÉS ?
3.1.1 L’hétérogénéité des personnes âgées
3.1.2 Le processus du vieillissement : définitions, causes et conséquences
3.1.3 Le vieillissement normal
3.1.4 La fragilité
3.1.5 Le vieillissement pathologique
3.2 LA DÉPENDANCE FONCTIONNELLE : DÉFINITION, CAUSE ET PRÉVENTION
3.2.1 La qualité de vie
3.3 LA GÉRONTECHNOLOGIE
3.3.1 Niveaux d’aide
3.3.2 Les gérontechnologies : des limites à la fois éthiques et financières
4 MÉTHODOLOGIE
4.1 DEVIS DE RECHERCHE
4.2 COLLECTE DES DONNÉES
4.3 SÉLECTION DES DONNÉES
4.4 CONSIDÉRATION ÉTHIQUE
4.5 ANALYSE DES DONNÉES
5 RÉSULTATS
5.1 DESCRIPTION DE L’ÉTUDE 1
5.1.1 Validité méthodologique
5.1.2 Pertinence clinique et utilité pour la pratique professionnelle
5.2 DESCRIPTION DE L’ÉTUDE 2
5.2.1 Validité méthodologique
5.2.2 Pertinence clinique et utilité pour la pratique professionnelle
5.3 DESCRIPTION DE L’ÉTUDE 3
5.3.1 Validité méthodologique
5.3.2 Pertinence clinique et utilité pour la pratique professionnelle
5.4 DESCRIPTION DE L’ÉTUDE 4
5.4.1 Validité méthodologique
5.4.2 Pertinence clinique et utilité pour la pratique professionnelle
5.5 DESCRIPTION DE L’ÉTUDE 5
5.5.1 Validité méthodologique
5.5.2 Pertinence clinique et utilité pour la pratique professionnelle
5.6 DESCRIPTION DE L’ÉTUDE 6
5.6.1 Validité méthodologique
5.6.2 Pertinence clinique et utilité pour la pratique professionnelle
5.7 SYNTHÈSE DES PRINCIPAUX RÉSULTATS
6 DISCUSSION
6.1 DISCUSSION DES RÉSULTATS
6.1.1 Les différentes familles de technologies
6.1.2 Les différents apports
6.1.3 Apport pour limiter la situation de dépendance
6.1.4 Apport pour la qualité de vie
6.1.5 Apport lors du repérage des situations d’urgence
6.1.6 Apport pour répondre à la pénurie infirmière, soutenir les soignants et les proches aidants, et diminuer les coûts.
6.1.7 Les différentes limites
6.1.8 L’éthique
6.1.9 Les limites en lien avec les coûts
6.1.10 Les limites en lien avec les besoins
6.2 DISCUSSION DE LA QUALITÉ ET DE LA CRÉDIBILITÉ DES ÉVIDENCES
6.3 LIMITES ET CRITIQUES DE LA REVUE DE LA LITTÉRATURE
7 CONCLUSION
7.1 PROPOSITIONS POUR LA PRATIQUE
7.2 PROPOSITIONS POUR LA FORMATION
7.3 PROPOSITIONS POUR LA RECHERCHE
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXE II : PYRAMIDE DES PREUVES

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