L’habitat participatif, le partage de l’espace poussé à son maximum

L’évolution des mentalités, de la pratique des espaces, de l’appropriation du logement collectif classique

Depuis le début du 20ème siècle, avec la volonté de l’état de mettre fin aux logements insalubres et d’offrir des logements décents à tous les Français, le logement n’a cessé de se transformer, d’évoluer et d’innover. Au début des années 1900, bon nombre de familles vivaient dans une pièce, sans électricité et sans eau courante. La reconstruction et l’arrivée des Grands ensembles a totalement changé l’habitat, proposant de grands logements, modernes et décents. Les familles avaient alors accès à un grand logement, pourvu d’un grand séjour, lieu de la vie familiale, d’une cuisine avec eau courante et eau chaude, de chambres pour les parents et pour les enfants. Cette révolution dans le logement fit évoluer les modes d’habiter de l’époque : la mère s’occupait du foyer pendant que le père travaillait et le soir venu, tout le monde se retrouvait pour partager du temps en famille dans le grand séjour. Avec les trente glorieuses, le pouvoir d’achat des familles se portait bien et l’on vit apparaitre dans les foyers des machines à laver, des télévisions, autant d’évolutions permettant d’apprécier encore plus la vie dans son logement. Même si les Grands ensembles pouvait paraitre reclus de la ville, il n’en restait pas moins que les habitants s’y plaisaient et appréciaient tout particulièrement le confort de leur logement.
Dans les années 60-70, avec l’arrivée des nouvelles générations, nait donc une volonté de changement et d’évolution. A cette époque la société toute entière évolue à toute vitesse. Le statut des femmes change, de plus en plus d’entre elles quittent le foyer pour travailler comme leur mari du fait de la réalité économique de l’époque et de la fin des trente glorieuses. La relation au logement change donc totalement. En journée, le logement est inoccupé. Le soir venu, toute la famille s’y retrouve, il faut préparer le repas et ce nouveau mode d’habiter impacte la vision des habitants sur leur logement. Les habitants ne sont plus autant satisfaits de leur logement qu’à l’époque. La norme évolue. On préfère une cuisine ouverte à la cuisine fermée des Grands ensembles. Le statut des femmes ayant changé, on ne veut plus de cette cuisine fermée qui isole du reste de la famille, à un moment où tout le monde se retrouve et échange. Le logement devient
un lieu de convivialité où tous les membres de la famille se retrouvent en fin de journée. Cette importance accordée au logement et le repli sur celui-ci par les familles est caractéristique des nouvelles générations et de leur nouvelle approche de la vie dans les Grands ensembles. Auparavant, les gens avaient tendances à sortir de leur logement pour aller occuper l’espace extérieur, celui commun à tout le monde, pour pallier au manque d’espace dans certains logements. Il faut cependant souligner le fait que les familles sont de moins en moins grandes, les logements deviennent donc suffisamment grands pour accueillir confortablement la vie de famille. Les pratiques auparavant très collectives comme le séchage de linge ou du bricolage se font dorénavant à l’intérieur du logement car il y a maintenant plus de place.

La question des équipements publics devient aussi primordiale

Alors qu’avant la possibilité d’accéder à un logement décent contentait les habitants des Grands ensembles, aujourd’hui la nouvelle génération veut un accès plus facile à la ville, aux écoles, aux espaces de loisirs.
Avec le premier choc pétrolier, la population des Grands ensembles change encore plus radicalement. Déjà les premiers habitants des HLM s’en vont pour se rapprocher de la ville ou pour aller habiter en pavillon. Ensuite, on observe que la taille des familles diminue, passant de 3,6 enfants par famille en 1960 à 2,8 en 1970. Un nombre croissant de personnes seules est aussi constaté. La relation au logement n’est donc plus la même que celle du début des Grands ensembles. Passée la folle construction de logements standardisés dans les années 50, il est désormais nécessaire pour les organismes HLM de prendre en compte cette pluralité des foyers au sein des Grands ensembles pour à la fois être capable de satisfaire la majorité mais aussi pour obtenir un modèle plus rentable et moins consommateur de surface.
La crise économique fait aussi apparaitre de plus en plus de familles en réelle difficulté financière, qualifiées de «familles lourdes»11. Cette modification de la population au sein des Grands ensembles a pour impact de créer une dynamique sociale perturbée. Là où il existait auparavant une vraie mixité sociale, les parc sociaux des HLM deviennent des quartiers sensibles et difficiles, que les habitants préfèrent quitter dès que possible. A ce moment là, la côte des HLM chute. La mixité sociale et le mélange des cultures est un lointain souvenir. A cela s’ajoute le manque de modernité et de confort des anciens logements HLM. Il est donc grand temps de revoir ce modèle des Grands ensembles qui commence vraiment à s’essouffler à l’arrivée des années 80.
Grâce à la politique de réhabilitation des Grands ensembles dans les années 80 et jusque dans les années 2000, la définition du logement et le rapport entre l’habitant et son logement est complètement revue par les organismes HLM et par les différents acteurs des réhabilitations (collectivités, urbanistes, architectes, Etat). Déjà, et pour la première fois depuis la création des Grands ensembles, l’habitant n’est plus perçu jusque comme une personne bénéficiant d’un logement social, mais comme un habitant d’un quartier, avec son identité et son appartenance. Dès lors, les organismes HLM décident de mettre les habitants au centre des débats pour la réhabilitation des barres et des tours. Les habitants suggèrent donc des modifications à apporter à leur quartiers, des axes de développement à suivre, plus proches des réels besoins du quartiers car suggérés par des personnes qui vivent toute l’année dans ces logements collectifs, depuis plusieurs dizaines d’années pour certains. Avec la réhabilitation des logements, les habitants ont désormais l’opportunité de choisir certains matériaux pour leurs logements (choix du carrelage, de la peinture, etc.). Avec les nombreuses remarques et opinions négatives des dernières décennies qui ont marqués le logement HLM dans les Grands ensemble (logements qui ne sont plus adaptés, mixité sociale en baisse, manque de dimension humaine et sociale, etc.), les organismes HLM décident également de revoir complètement l’organisation intérieure des barres et tours HLM. L’enjeu est de ramener une diversité au sein du bâtiment, à la fois d’un point de vue social et culturel mais également au niveau du type de logement que propose le bâtiment. La volonté est de mettre à fin à l’homogénéité existante des logements (le classique F 3/4) pour proposer une palette de logements plus large, permettant ainsi de s’adapter à l’évolution des familles dans cette dernière partie du XXème siècle. Effectivement à cette époque le profil type de la famille biparental avec 2-3 enfants tend à disparaitre. De plus en plus de familles monoparentales apparaissent et beaucoup de personnes vivent seules dans les logements HLM également. Il est donc nécessaire de proposer une diversité de logements permettant de répondre au mieux aux besoin des familles qui arrivent dans le parc social mais surtout à créer un parc social diversifié, adapté à la demande et plus économe, spatialement parlant, que le dernier modèle.
Avec la réhabilitation des Grands ensembles on voit donc apparaitre une nouvelle organisation à la fois intérieure et extérieure des quartiers. La réhabilitation impactera aussi bien l’organisation du logement, les espaces intérieurs communs à tous les habitants, l’image extérieure du bâtiment ainsi que ses espaces extérieurs environnants. Le logement social opère donc une réelle métamorphose reposant avant tout sur la dimension sociale que les organismes HLM cherchent à remettre aux centres des quartiers. Ainsi, en plus des transformation à l’intérieur des logements, les
espaces communs sont donc réfléchis de façon à favoriser la rencontre et les échanges entre les habitants. On ne veut plus des cages d’escaliers mal éclairées ou des grands couloirs qui n’en finissent plus. Il faut des espaces où les gens n’auront aucune appréhension à s’arrêter quelques minutes pour discuter avec un voisin. L’habitat ne se résume plus au logement, à la surface privée qui se trouve derrière les portes de pallier, mais à un ensemble formé par l’espace privé et par l’espace communs des Grands ensembles.

La conception des espaces partagés, les intentions architecturales et sociales des architectes

La question des espaces communs et des espaces partagés existe depuis la création des Grands ensembles. A l’époque, les séchoirs, les caves, les garages, les greniers, représentaient autant d’espaces ni publics, ni privés, disponibles pour tous les habitants et libres d’appropriation. Il peut être difficilement concevable qu’une cave privée ou bien un garage privé puisse être perçu comme un espace commun à tous les habitants.
Cependant, pour des espaces comme les séchoirs, indispensables, mais pourtant rare, la dimension commune était bien présente. Le séchoir était un service auquel tous les habitants avaient accès et dont ils étaient libres de s’approprier, pour leur linge. Au fur et à mesure du temps et de l’expérience des habitants dans l’habitat collectif, la conception d’espaces de transition, entre public et privé s’est développée dans les bâtiments. La dimension sociale au sein du logement collectif a été étudié et reconnue comme importante au bien vivre ensemble. C’est pourquoi les architectes ont de plus en plus réfléchi la question de la relation de l’habitant à son immeuble, en plus de celle à son logement. Il est désormais nécessaire de comprendre que le logement collectif ne peut pas se réduire à la simple cellule d’habitation, mais bien à un ensemble plus large que représente le bâtiment, le quartier dans son intégralité. Si la question des espaces communs reste cependant très peu communiquées dans les projets d’architecte, elle représente bien un maillon important de la chaine de conception. L’entrée du bâtiment, les couloirs, les paliers, les circulations diverses représentent autant d’espaces publics et communs, parfois occupés de façon personnelle par les habitants. Si de façon générale les architectes traitent cette question des espaces communs sans réellement en parler comme un choix de conception, certains architectes ont choisis de faire du commun, du partage, le moteur de leur projet, à l’image de Sophie Delhay.
Il existe donc des projets de logements collectifs où ce qui est mis en avant n’est non plus et avant tout le logement, mais plus l’environnement du logement, sa dimension sociale et les possibilités d’appropriations extérieures à l’habitat.
Si prôner le bien vivre ensemble, la communauté soudée et entraidant semble à première vue une approche séduisante de la conception et de la vie dans le logement collectif, on peut cependant se poser des questions quant à la réception par les habitants, mais aussi et surtout sur leur participation à cette vision idéale d’une micro société gouvernée par l’échange entre habitant, leur collaboration et sur la notion de partage d’un espace commun à tous. En tant qu’architecte, nous imaginons souvent des mondes utopiques, des univers pour nos projets. Nous incrustons sur nos plans et nos coupes des personnages qui pratiquent et admirent nos espaces avec enthousiasme, qui vont à la rencontre des autres grâce à l’architecture que nous imaginons. Le projet d’architecture, c’est aussi et surtout une histoire que nous racontons et à laquelle nous souhaitons donner vie lors de la réalisation, mais bien souvent il existe un écart, plus ou moins important entre l’imaginaire de l’architecte et la réalité de la société dans laquelle nous vivons et réalisons nos projets.
Au cours du temps, de nombreux architectes ont tentés de révolutionner l’architecture, en proposant de nouvelles façons de faire, de pratiquer l’espace et de vivre. Bien souvent ces nouvelles approches ont été vues d’un mauvais oeil, vivement critiquées ou détournées de leur intérêt premier à l’image de Nemausus 1 de Jean Nouvel, pour lequel le prix du logement devait être le même que pour un logement social standard. Au final, les organismes HLM ont préférés augmenter le prix des loyers en rapport avec la surface des logements, le bâtiment perdant ainsi tout l’intérêt pour lequel il avait été imaginé. Cependant, c’est bien ces innovations et cette audace des architecte qui fait changer la société, même si pour cela il faut attendre plusieurs années pour que les gens acceptent de changer leurs pratiques.
Certains architectes, à l’image de Lucien Kroll ou bien plus récemment Sophie Delhay, se saisissent donc de cette question de la participation habitante et du partage pour créer de nouveaux espaces dont l’usage n’est pas toujours clairement définis. L’idée de ces espaces partagés est bien de proposer aux habitants une nouvelle approche de lieux intermédiaires du logement collectif, mais sans pour autant leur imposer une pratique précise de ces espaces. Les habitants sont donc invités à investir les lieux comme ils le souhaitent et c’est là tout l’intérêt de ces espaces : le but est que les habitants se les approprient et les utilisent pour répondre aux besoins de la vie en collectivité.
Il est cependant nécessaire de montrer les possibilités de ces espaces, l’architecte ne peut pas juste laisser un espace vide dans ses plans et expliquer à son commanditaire que les habitants en feront ce qu’ils voudront. L’architecte cherche donc généralement à donner vie à ces espaces, à travers son discours et à travers ses représentations graphiques. Ainsi on peut avoir un aperçu de l’univers que l’architecte a créé autour de son projet et de ces espaces singuliers. Avec ces représentations, l’architecte dévoile un monde imaginaire, bien que généralement alimenté par les discussions avec les habitants, l’architecte imagine des usages, des pratiques, des occupations pour ces espaces.

La participation habitante comme premier levier

Un des leviers essentiel lorsque l’on parle d’espace partagé, ou même plus simplement de bâtiment qui se veut proche de ses habitants, c’est l’importance de l’implication de ces derniers dans la conception et dans toutes les réflexions qui s’y rapportent. Lucien Kroll est un des premier architecte avoir fait de cette participation habitante le fondement de ses projets. Sa logique de conception consiste à donner la parole aux futurs habitants avant tout début de dessin. Ainsi cela lui permet de mieux cerner les besoins, les attentes mais aussi les enjeux du futur projet. Avec cette participation des futurs habitants, l’architecte cherche à être le plus proche possible de la réalité sociale et du terrain pour ainsi être en mesure de proposer une architecte et des pratiques qui correspondent aux habitants.
Cette question de la participation habitante peut cependant soulever des questions quant à ses limites. Effectivement, il parait évident que faire participer les futurs habitants d’un logement collectif résultera à un projet dans lequel les habitants devraient se sentir complètement chez eux. Seulement on peut se demander comment pourraient se sentir des habitants qui arrivent beaucoup plus tard dans un des logements, n’ayant pas participés à la conception, et se retrouvant ainsi dans un environnement qui ne leur convient peut être pas. Pour aller encore plus loin dans ce questionnement quant aux limites potentielles, on peut se demander si,avec le temps, l’évolution des pratiques et de la société, certains projets suscitent encore autant d’intérêt qu’à leur début et si le fonctionnement basé sur l’échange entre les habitants initié à la conception est toujours d’actualité et recherché par les nouveaux habitants.
A l’image des réalisations de Lucien Kroll, comme le bâtiment Mémé ou encore la rénovation de Grands ensembles, la participation des habitants peut aboutir à une architecture singulière et particulière, mais censée être à l’image de ses habitants. De plus, l’architecte cherche à créer des espaces où les habitants pourront ressentir l’envie d’apporter leur petite touche personnelle : des espaces dédiés à l’appropriation. Dans le bâtiment Mémé, il n’y a pas de parcours définit, les circulations sont plus de l’ordre de la balade et de la déambulation dans un environnement qui ne cesse de changer et de surprendre. Des espaces intermédiaires comme de grandes terrasses ponctuent ce parcours et sont autant d’espaces libres offerts aux habitants, comme une place, mais sans en être une, plus comme une terrasse, mais sans vraiment en être une non plus.
Lorsque l’on parle de bâtiments conçus en étroite collaboration avec les habitants, il est intéressant de se pencher plus précisément dans les plans et dans l’organisation des bâtiments. Il est important de regarder plus en détail le fonctionnement du bâtiment de Lucien Kroll pour mieux comprendre ce qui a pu mener à cette esthétique singulière. Déjà il faut rappeler le contexte dans lequel le projet a vu le jour. Le bâtiment se situe dans le ville de Louvain, en Belgique, non loin de Bruxelles. En 1968, la ville décida d’éjecter toute la partie francophone de l’université. En contrepartie, des financements sont débloqués pour permettre une installation en Wallonie, c’est alors que le projet d’une ville-nouvelle voit le jour : Louvain-la- Neuve. Cette ville universitaire doit donc se construire de toute pièce et des plans directeurs sont réfléchis. Cependant les futurs étudiants rejetèrent le modèle proposé, très contrôlé et dirigé, à l’image des nombreux travaux sur les villes nouvelles qui ont eu lieu au XXème siècle. Suite à ce refus de leur part, les étudiants ont donc décidé de prendre les devant et de faire appel à l’atelier de Lucien Kroll pour la conception de leur campus. C’est ainsi que le projet «La mémé» (pour maison médicale des étudiant en médecine) vu le jour en 1969. En plus de ce projet de logement collectif, Lucien Kroll intervint sur quatre autres projets du campus : la mairie, le restaurant universitaire, le centre oecuménique et la station de métro Alma.
Le projet de la maison médicale fait donc parti d’un programme complexe de 30 000 mètres carrés imaginé par Lucien Kroll où l’intention était clairement de créer une densité et une diversité incroyable pour créer un tissu urbain vivant.
L’élaboration du projet de la Mémé et sa construction s’est faite en collaboration directe avec les étudiants en médecine, les futurs bénéficiaires, qui tenaient à faire un bâtiment qui leur correspondrait et qui répondrait à leurs besoins et attentes. Ils voulaient également chambouler totalement la politique de l’époque et la manière donc avait été planifié la zone par les autorités compétentes.
Cependant, bien que la participation et l’implication des différents acteurs du projet est été le fruit d’une belle histoire, Lucien Kroll ne manque pas de rappeler que le projet a aussi été source de doute, de remise en question, à un tel point que la réalisation s’est vue plus d’une fois compromise. Comme dans tout projet ou de nombreuses personnes sont appelées à participer et à donner leur avis, il a pu exister des conflits, des moments de déchirure qui n’ont pu être surmonté que grâce à la volonté d’un petit nombre de personnes qui comptait bien porter le projet jusqu’à son terme.
Bien évidemment, la participation des habitants parait essentielle quant on veut créer une architecture en lien direct avec ses usagers et qui offre des réponses cohérentes à des problématiques propres au projet.
Mais force est de constater que plus le nombre de participants augmente, plus il devient difficile de répondre aux attentes de chacun. L’architecte occupe donc le rôle crucial de l’entremetteur et c’est à lui à la fois de trouver des solutions, mais également de tenir le cap du projet.
Un peu dans la même pensée mais avec une approche différente, Jean Renaudie à Ivry propose une architecture qui se détache des traditionnels logements sociaux de l’époque pour proposer des espaces tous uniques et réfléchis pour des usagers tous différents avec ses opérations à Ivry-sur-Seine dans les années 1970 (Danielle casanova, Jeanne Hachette, etc.).
Comme pour le bâtiment de Lucien Kroll, le parcours au sein des bâtiments est réfléchie de façon fine et poussée pour ne pas reproduire un modèle de circulation comme dans les Grands ensemble. Ici l’architecte cherche à redonner une dimension humaine à ses bâtiments mais il cherche surtout à flouter les délimitations physiques entre espace privé et espace public.

Liberté d’appropriation et d’interprétation

Un deuxième point important pour la conception d’espaces partagés, c’est de créer des espaces offrant la possibilité aux habitants de s’y installer et de se les approprier à leur manière. Il faut donc que ces espaces soient libres, pour que leur interprétation en soit également libre, mais il faut cependant quand même y insuffler une dynamique pour pousser l’habitant à occuper cet espace. Le rôle de l’architecte est donc de créer des espaces pour lesquels les habitants seront tentés de s’investir et de s’installer, mais il doit également montrer aux habitants la potentialité de ces lieux et ce qu’on peut y faire. L’appropriation d’un espace commun dans du logement collectif n’est pas quelque chose d’habituel, ce n’est pas vraiment une pratique courante, pour quiconque et encore moins pour des personnes qui ont pu vivre dans des logements collectifs plus classiques pendant plusieurs années. Cette occupation d’espaces intermédiaires peut donc nécessiter une éducation préalable. L’architecte doit donc montrer aux habitants les potentialités des lieux mais également réussir à communiquer un état d’esprit propre à l’échange et au partage à travers sont projet. Communiquer cet état d’esprit c’est donc aussi aller à la rencontre des futurs habitants, écouter leurs besoins, leurs attentes mais aussi leurs habitudes de vie en communauté. Lorsque l’on parle d’espaces partagés, il ne s’agit pas simplement de dessiner un espace auquel on y attache une étiquette «commun/partagé». Il faut que cet espace soit en concordance avec les pratiques et les besoins des habitants. Parfois il peut aussi être nécessaire de faire comprendre à certains l’intérêt que peut représenter un espace à partagé, qui n’est ni privé, ni public.
La création d’espaces partagés dans le logement collectif part donc, dans un premier temps, d’une volonté certaine de l’architecte de remettre les relations sociales au centre de son projet, mais dans un deuxième temps de la discussion avec les habitants pour créer des espaces qui leur correspondent et qu’ils sont susceptibles d’utiliser. Toute la difficulté réside dans le fait d’insuffler un mode d’habiter qui s’éloigne du modèle classique de l’habiter dans un logement collectif. Réfléchir et s’investir dans la création d’espaces partagés c’est aussi faire le pari que les gens occuperont cet espace, même après l’engouement général que l’on constate à la livraison des projets. Si l’espace est bien réfléchi et que les gens y voit un intérêt personnel et une potentialité, l’appropriation peut se faire rapidement et de différente manière, parfois à la surprise de ce qu’avait pu imaginer l’architecte. Il est alors intéressant de comparer l’usage que font les habitants de l’espace à l’imaginaire de l’architecte lorsqu’il a dessiné ces espaces.
Parfois, des espaces que l’on aurait pu penser anodins se révèlent être des espaces à forte appropriation par les habitants, lesquels trouvent parfois une utilité ou un usage auquel l’architecte n’avait pas forcément pensé. Toute la difficulté pour l’architecte lorsqu’il imagine des espaces à partager c’est de se rapprocher le plus possible de la réalité des futurs. Mais en même temps, il est impossible de pouvoir anticiper de façon précise la manière dont seront utiliser les espaces par les futurs habitants. Dans cette complexité et cette impossibilité de pouvoir réellement prédire les usages des espaces réside la question de la représentation par l’architecte.
Comment représenter un espace alors que l’on ne sait pas comment celuici pourra être utilisé ? Et en même temps il est bien nécessaire de trouver une représentation mais surtout un usage à ces espaces partagé, dans un premier temps pour que le promoteur adhère à l’intention e l’architecte.

L’imaginaire de l’architecte, entre utopie et réalité

Bien souvent, lorsque l’architecte présente son projet à son commanditaire, ou encore lorsqu’il répond à un appel à concours, celui-ci imagine un monde autour de son projet, qu’il développe et décrit à travers une narration bien pensée visant à transporter le client dans un univers séduisant. Généralement, si l’architecte a bien préparé son discours, que celui-ci est bien argumenté et bien imagé, il peut facilement séduire un jury. Cependant on peut se demander à quel point cette narration du projet s’accroche à la réalité. Et même si parfois certains projets ont pris en compte le contexte et la réalité dans le monde qu’ils imaginent, il arrive parfois que même avec cet effort de la part de l’architecte, le projet ne rencontre pas le succès escompté ou bien que le modèle imaginé n’arrive pas à se mettre en place, à l’image des cités radieuses de Le Corbusier.
Sur le papier, la cité radieuse devait permettre aux habitants d’avoir tout a proximité, grâce à la rue de commerce, à des activités, à des services directement incorporés dans le bâtiment. Seulement, une fois ouvert, la rue de commerce qui devait être le coeur du projet, le point de rencontre et de vie n’a jamais vraiment vu le jour. Le principe de l’architecte avait tout pour fonctionner et pour séduire les habitant. De plus, Le Corbusier avait réfléchi et construit son projet sur des réflexions sociales, philosophiques et scientifiques mais, malgré tout, cela n’aura pas permis d’assurer la réussite du projet. Il peut parfois s’avérer très difficile d’appliquer une réflexion et une intention particulière dans la réalité, même si le projet a été monté intelligemment.

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Table des matières

INTRODUCTION
METHODOLOGIE
I – L’HISTOIRE DES ESPACES PUBLICS PARTAGÉS : DU SÉCHOIR COLLECTIF À LA TERRASSE PARTAGÉE.
I.1 Le logement collectif à ses débuts (HLM années 50)
I.2 L’évolution des mentalités, de la pratique des espaces, de l’appropriation du logement collectif classique
II – LA NOUVELLE FAÇON D’APPRÉHENDER LES ESPACES PARTAGÉS DANS LE LOGEMENT COLLECTIF, ENTRE INTENTIONS ET VÉCU
II.1 La conception des espaces partagés, les intentions architecturales et sociales des architectes
II.2 La perception et l’occupation réelle de ces espaces par les habitants
II.3 Synthèse sur les espaces partagés au sein du logement collectif : gestion et problèmes possibles de ces nouveaux espaces
III – L’HABITAT PARTICIPATIF, LE PARTAGE DE L’ESPACE POUSSÉ À SON MAXIMUM
III.1 Une nouvelle façon de faire du logement collectif
III.2 Espaces partagés et communauté de l’habitat partagé
III.3 Synthèse et limites de l’habitat participatif
IV – CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES
BIBLIOGRAPHIE
RÉFÉRENCES
ANNEXES

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