L’exploration d’une intuition

L’exploration d’une intuition

Matin Camille-Marcoux

Le Camille-Marcoux offre des voyages supplémentaires entre la CôteNord et la Rive Sud, c’est la fête du travail, personne ne s’en plaint. Le bateau d’environ 300 pieds s’apprête à quitter Godbout, il est cinq heures. Les passagers s’examinent plus ou moins discrètement, les habitués sont très faciles à reconnaître … pour d’autres habitués. Ils se dirigent avec assurance vers leur coin favori du bateau. Dans l’un des fauteuils d’avion situés à l’avant, ou dans l’un de ceux disposés en rangée qui longent le navire. D’un côté, les salles de toilettes pour femmes et pièce d’amusement pour enfants; de l’autre, rien que les salles pour hommes, le long de cet étrange couloir bordé de sièges et de grandes fenêtres remplies d’arabesques salées et séchées. D’autres préfèrent nettement l’arrière, muni d’un bar et d’une télé criarde, de chaises aqua et de tables vissées au plancher. Quelques badauds choisissent la cafétéria, royaume du néon et des banquettes vertes. À chacun ses goûts. On s’installe à un endroit ou à un autre, habitué ou pas. Avec un magazine, un journal ou des cartes à jouer. Entre les mains des voyageurs, quelques romans émergent, ils sont plus rares. Des personnes discutent tout bas, d’autres, les moins habituées, parlent haut et fort, presque autant que la télé. Une longue file  se forme juste à l’entrée du bar, le guichet des billets s’y trouve, on s’empresse de régulariser sa place. Je me détourne de ce coin engorgé inutilement, j’aurai toujours le temps, la traversée dure 2 h 15 minutes tout de même. Je me dirige vers la place que j’ai adoptée depuis environ cinq ans, l’avant du bateau, à bâbord, deux sièges presque confortables, c’est l’endroit le plus tranquille à mon avis. Je fais ce trajet maritime au moins deux fois par année depuis ma naissance. En juillet 1969 on a marché sur la lune pendant que mon père me promenait fièrement sur le N.A. Corneau pour la première fois. Petit pas d’homme, grand pas de père.
Aujourd’hui, je quitte la Côte et quelque chose se déchire en moi. J’accote mon front contre une fenêtre , je regarde s’éloigner le cap à la face décachée. La vision s’élargit, les conifères ne sont plus verts, les feuillus sont déjà nus. Ici, il n’y a pas de croix de chemin car il n’y a qu’un chemin. Mais il y a des croix de montagne, croix de roc, croix de fer. Un vent du nord-est se lève, écharpe de nuages menaçants, ils deviennent brume et tout disparaît. Je suis fille de ce territoire aux paysages qui se dérobent. J’ai la mémoire qu’il faut pour. Le soleil se lève sur le fleuve et le spectacle est si grandiose que ma peine se fracasse sur le roc de la terre de Caïn. En janvier je reviendrai vers la Côte, dans sa lumière nordique, dans son ciel bleu de Microsoft Word. Pour l’instant, je m’installe sous mon  anorak, j’enlève mes lunettes et je laisse mes larmes descendre vers la mer. Le bateau me berce dans ses odeurs d’huile à moteur et d’huile à frites, de parfum de femme et de tabac froid. Heureusement que la traversée dure un temps, je pourrai recoudre certains morceaux avant de débarquer sur les champs de blé de Matane. Leur douceur apaisera, jusqu’à la prochaine séparation, cette blessure de quitter la terre natale.  Petits matins. grandes joies Elle est une attrapeuse de matins. Moment unique dans une jouTI1ée à venir. À l’aurore, elle se réveille seule, peu importe s’il n’y a qu’elle dans le lit ou non. Elle étire le bras vers le radio-réveil qu’elle n ‘utilise qu’exceptionnellement. Pour la radio, par contre, c’est bien commode. Une émission de la veille en reprise, la programmation quotidienne n ‘est pas encore commencée: elle sourit d’aise, elle est en avance sur le monde. Première joie. C’est un sourire typique d’attrapeuse de matins. Selon la saison, l’attrapeuse de matins observe certaines habitudes : elle peut avoir besoin de lumière artificielle. Car les matins d’hiver sont plus tardifs que ceux de l’été : plus faciles à attraper. Le but de l’attrapeuse n’est pas d’assister au départ de la nuit mais bel et bien d’attraper le matin. Ces deux univers qui se croisent chaque jour de l’année n’entretiennent aucune relation – excepté cet instant curieux où les deux échangent leur ciel dans une froideur polie. Mais la nuit n’est pas l’affaire d’une attrapeuse de matins. Pour capturer sa proie convenablement, l’attrapeuse tend ses filets: le café se fait bientôt sentir. Aucun bruit jusqu’ici, mis à part la musique  en sourdine, le gargouillement du percolateur et l’ouverture de la porte du frigo qu’elle garde entrouverte avec son pied droit pendant qu’elle verse un peu de crème dans une tasse fumante. La porte se referme doucement, l’attrapeuse tient sa tasse à deux mains, pour les réchauffer un peu. L’horloge, inlassable, tique les secondes et taque le temps. L’attrapeuse perçoit le moment qui s’approche. Elle coupe alors le son de la radio. Un regard au dehors permet la véritable rencontre. Une première lueur annonce le mince rayon qui glisse sur les maisons avoisinantes, voici le rayon lumineux du matin. La lumière est unique. La lumière dans la lumière. C’est la naissance du jour. Une naissance renouvelée depuis le début des temps, partout sur la planète. C’est un miracle. L’attrapeuse de matins reprend une gorgée de café et sourit intérieurement: une journée flambant neuve, comme c’est inspirant. Attraper un matin lui fait éprouver une joie si profonde, si authentique, si … humaine. Un trésor qui laisse des paillettes dans le regard qu’elle porte sur sa vie de terrienne. Attraper les matins lui rend la vie encore plus précieuse, car elle sait qu’elle peut rencontrer la Beauté quotidiennement. il lui suffit de se lever… tôt, elle en convient. Pas étonnant que les volontaires soient aussi difficiles à attraper que les matins.

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Table des matières

Présentation
PREMIÈRE PARTIE Temps tôt … En guise d ‘épilogue
DEUXIÈME PARTIE Lecture et écriture de l’implicite dans la forme brève 109
Introduction
Chapitre 1 : Quelques visages de l’implicite 
L’implicite par K. -O
De quelques fragments textuels
Mais ce n’est pas ce que je veux explorer
Chapitre II : L’implicite visité autrement 
L’exploration d’une intuition
Deux moyens d’une redoutable efficacité
la convocation et l’évocation
La convocation explicite
Chapitre III : Organisation implicite de la forme et du propos
Comment analyser cet acte de lecture ?
Les scripts
Le « on )) de Delerm
L’évocation implicite
Le plan
La liste
Le recueil, ses nombreux titres, incipit et exipit
Conclusion
L’implicite en grandes formes
ANNEXES
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