L’EXPLOITATION INDUSTRIELLE DE L’OR DU BOURE-BAMBOUK L’ABOUTISSEMENT RECENT D’UN VIEUX REVE

L’EXPLOITATION INDUSTRIELLE DE L’OR DU BOURE-BAMBOUK L’ABOUTISSEMENT RECENT D’UN VIEUX REVE

Exploitation minière et intégration (démographique, spatiale, et à la modernité)

Mines et migrations : quelles implications économico-sociales à Sadiola ?

Flux migratoires et croissance démographique

Depuis la fin des années 1990, dans le cadre du renouveau minier, de nouvelles tendances démographiques semblent se dessiner dans les régions concernées par cette étude. Elles posent des enjeux majeurs de développement économique et d’intégration dans le tissu urbain national, mais aussi de problèmes qui peuvent découler de ces évolutions.

La démographie est un élément éloquent dans l’analyse des évolutions socio-économiques d’un territoire. Elle exprime sa dimension attractive ou répulsive grâce aux opportunités économiques qu’il porte ou au contraire en raison de conditions non favorables à l’amélioration des conditions de vie (sécheresses, peu d’emplois, etc.). L’Afrique de l’ouest constitue un espace caractérisé par de grandes mobilités démographiques, qui témoignant de ces types de dynamiques (Atlas de l’intégration régionale en Afrique de l’Ouest, 2009). Dans ces évolutions, les régions concernées par la présente étude n’étaient considérées que comme des espaces de transitions. Elles n’étaient pas en mesure de réunir les conditions de stabilisation des flux de populations. Elles étaient parfois des zones de départ, parfois des zones d’accueil temporaire. Aujourd’hui, des changements sont en train s’opérer. D’importantes transformations démographiques et spatiales sont à l’oeuvre, notamment à Sadiola et à Siguiri. Au Sénégal, elles restent encore à un niveau embryonnaire ; l’exploitation n’en est encore qu’à ses débuts.

Avant l’installation de la SEMOS, Sadiola n’était qu’un petit village enclavé. En dehors de l’agriculture vivrière et de l’orpaillage, les habitants de la commune ne survivaient que grâce aux revenus de l’émigration. N’étant situé qu’à 75 km de Kayes, le village était pourtant très mal desservi. Car les transports en commun, fréquents entre Kayes et Kéniéba, le contournaient en passant plutôt par la commune de Bafoulabé. Ainsi, il n’y avait pas de navette régulière et le village pouvait rester une semaine sans qu’un véhicule ne le relie à la capitale régionale.

Aujourd’hui, ce village est plus ouvert, à la fois sur Kayes et Bamako, et il s’est considérablement agrandi. Alors qu’en 1976 (où il était chef-lieu d’arrondissement) sa population n’était que de 133 personnes, elle se chiffre à 2060 en 1998. En 2007, soit sur une période de 9 années, elle a quintuplé. Car la sous-préfecture l’a estimée à 10 000 habitants, tandis que l’ensemble de la commune abrite 21 000 habitants68. Cette évolution est tributaire de la combinaison de deux principaux facteurs. Le premier correspond aux emplois créés par les mines de Sadiola et de Yatela. En janvier 2008, ils étaient de 2873 (2745 nationaux et 128 expatriés). Cet effectif comprend près de 200 personnes issues des 13 GIE créées à Sadiola et Yatela, dans le cadre des prestations de service à destination des entreprises (voir tableau ci-dessous).

L’autre facteur explicatif de cette dynamique est à considérer avec la vague de migration provoquée par les activités extractives ; soit pour la recherche d’emplois, soit pour les affaires (commerce et autres).

Toutefois, cette forte et brusque croissance démographique n’est pas sans implications en termes de tensions sociales et territoriales à l’échelle villageoise. Celles-ci renseignent sur les difficultés que peut soulever l’intégration d’une entreprise industrielle dans un système local et rural.

Tension territoriale et sociale entre migrants des mines et autochtones

À Sadiola, deux entités territoriales se sont formées aujourd’hui. L’une est habitée par ce qu’on appelle communément les dougoulin (les gens du village ou les autochtones en langue malinké), l’autre est occupée par les Dounan (les étrangers ou allochtones). La séparation géographique entre ces deux groupes est marquée par une colline ; ce qui fait qu’on est tenté de l’attribuer à la volonté de la nature. En vérité, elle relève plutôt d’un choix des dougoulin.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE
L’OR DU BOURE-BAMBOUK DANS LE SYSTEME MONDIAL : UNE MISE EN PERSPECTIVE
CHAPITRE 1 L’EXPLOITATION AURIFERE : UN ANCRAGE DANS LES STRUCTURES ECONOMIQUES ET SOCIOPOLITIQUES DU BOURE-BAMBOUK
Un continent et des régions richement dotés en ressources minières
La Guinée : un scandale géologique
Aperçu géologique de la Guinée
La bauxite : poumon du secteur minier guinéen
L’une des plus importantes réserves mondiales de fer
L’or du Bouré
L’or du Bambouk : entre Sénégal et Mali
Structure géologique du Bambouk
L’existence d’autres ressources minières
L’or du Bouré-Bambouk : des mythes aux structures politico-économiques
L’or exerce une fascination mondiale
Place de l’or du Bouré-Bambouk dans les légendes locales et les écrits arabo-européens
Un rôle structurant dans le commerce nord/sud ancien
Or et institutions étatiques ouest-africaines
CHAPITRE 2 L’EXPLOITATION INDUSTRIELLE DE L’OR DU BOURE-BAMBOUK L’ABOUTISSEMENT RECENT D’UN VIEUX REVE
Premières tentatives d’exploitation de type moderne
Importance stratégique du métal jaune dans l’économie mondiale
La course des puissances pour le contrôle des gisements africains
L’effort initial des États malien, guinéen et sénégalais
Un contexte récent favorable à l’arrivée des entreprises minières dans le Bouré-Bambouk
Un phénomène loin d’être spécifique à l’or de cette région
Epuisement des réserves sud africaines et conditions favorables en Afrique de l’ouest
Evolution des cours et techniques d’extraction rentables
L’avènement des juniors canadiennes
Les projets de réformes minières de la Banque mondiale
Causes lointaines des réformes : les politiques d’ajustement structurels
L’héritage colonial n’est plus viable
Rôle de l’environnement mondial dans l’instauration d’une économie d’endettement
Une situation économique interne dégradée
L’ajustement structurel comme solution unique
Différentes générations de réformes minières : continuité des PAS
Premières générations de réformes en Afrique
Réformes dans deux « pays émergents du secteur minier » : le Sénégal et le Mali
Le succès des réformes : l’installation des entreprises minières
Description des entreprises et mines étudiées
CHAPITRE 3 : RECOMPOSITION DE L’ESPACE AURIFERE
L’orpaillage : une activité ancienne devenue vulnérable
Une pratique bien organisée
Une activité importante mais handicapée par des moyens faibles
Empreinte environnementale forte, emprise territoriale faible
Du monde au local : l’insertion des mines dans leur milieu d’accueil
Des entreprises minières dans des régions en marge : des figures de la mondialisation
Construction des territoires miniers
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
DEUXIEME PARTIE
ACTIVITES MINIERES ET DYNAMIQUES D’INTEGRATION (ECONOMIQUE ET TERRITORIALE) DU BOURE-BAMBOUK
CHAPITRE 1 CONTEXTE D’ACCUEIL DES MINES : MARGINALITE (GEOGRAPHIQUE ET DEMOGRAPHIQUE) ET FRAGILITE ECONOMIQUE
Enclavement et pauvreté des zones minières
Enclavement géographique et démographique
La pauvreté comme héritage
La fragilisation de l’agriculture commerciale
Place de l’agriculture dans l’identité malinké
Un lien avec l’agriculture renforcé par des choix politiques
L’arachide à Kayes : une stratégie d’appropriation politico-spatiale
Le coton dans l’est du Sénégal et de la Guinée : un outil d’aménagement du territoire
Le succès des systèmes agricoles fait place à une profonde crise
Des difficultés anciennes pour la région de Kayes
La fin de l’encadrement rapproché à Tambacounda
Une production en chute libre en Haute Guinée
CHAPITRE 2 TRANSFORMATIONS ECONOMIQUES, DEMOGRAPHIQUES ET SPATIALES LIEES A L’EXTRACTION DE L’OR
Un minerai avec une faible valeur ajoutée
Quelles influences économico-spatiales et démographiques dans les régions de production ?
Les effets des contributions des sociétés au développement à l’échelle locale
Exploitation minière et intégration (démographique, spatiale, et à la modernité)
Mines et migrations : quelles implications économico-sociales à Sadiola ?
Flux migratoires et croissance démographique
Tension territoriale et sociale entre migrants des mines et autochtones
Emergence de pôles d’échanges dans la commune de Sadiola
Confrontation ruralité/modernité
Dynamiques spatiales à Siguiri
Polarisation transfrontalière autour des trois mines : rôle de l’enclavement et des différentiels frontaliers
Enclavement et frontières : des effets relatifs
L’enclavement favorise la concentration des effets miniers dans les zones de production
La situation frontalière contribue à la stimulation des dynamiques économiques liées aux mines
Limites des opportunités de polarisation régionale autour des trois mines
Des perspectives prometteuses : les projets de routes inter-étatiques et le conflit ivoirien favorisent la dynamique des espaces frontaliers
Quelles interactions des mines avec les économies rurales (agriculture et orpaillage) ?
Concurrence entre activités minières et agriculture
Le vivrier marchand à l’heure de la dynamique minière
Exploitation industrielle et dynamisme de l’orpaillage
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE
TROISIEME PARTIE
ENJEUX DE GOUVERNANCE AUTOUR DES TERRITOIRES ET DES ACTEURS CONCERNES PAR LES MINES
CHAPITRE 1 : CONTEXTE DE REDEFINITION DES ECHELLES, DES ROLES ET DES RESPONSABILITES
Révision des échelles du développement et de l’exercice du pouvoir
Prise en compte du local dans les politiques de développement
La gouvernance locale ou la diversité des échelles d’exercice du pouvoir
Les origines du concept de gouvernance
L’application à l’Afrique
Décentralisation : une réforme pour la bonne gouvernance
Mobilisations mondiales pour des entreprises minières plus responsables
Antécédents de l’industrie minière
Pressions et sanctions
CHAPITRE 2 GOUVERNANCE ET JEUX DE POUVOIRS AUTOUR DES ACTIVITES MINIERES
Territoires décentralisés, acteurs et ressources convoitées
Superposition de territoires, exclusions, coordinations clientélistes : exemple de Sabodala
Lorsque certains territoires disparaissent…quelles relations et régulations entre orpailleurs et sociétés minières ?
Remise en question des limites territoriales : conflits entre riverains
L’enjeu minier ou la reconquête des territoires perdus : l’exemple de Kédougou
Quelles démarches participatives et quels apprentissages en termes de gouvernance locale autour de l’exploitation industrielle ?
Le secteur orpaillage exclu des initiatives de gouvernance minière : exemple de Siguiri
Trois expériences de gouvernance autour de l’exploitation industrielle : l’inégale évolution des rapports Etat-acteurs locaux-société civile
Sadiola : un exemple de gestion participative tardive mais vivante
Un début marqué par une absence de mécanismes de revendication et de concertation
L’élaboration de démarches participatives
Sabodala : une main-mise étatique forte confrontée à une société civile dynamique
Siguiri : la préfecture court-circuite la CRD et ignore la société civile
Le CPD : une formule novatrice mais une structure peu démocratique
La ville de Siguiri, principale bénéficiaire des retombées
Difficultés communes : une régulation étatique défaillante
Une dépendance aux rentes minières fragilisante
Asymétrie des pouvoirs et manque de volonté politique
CONCLUSION DE LA TROISIEME PARTIE
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE

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