L’evolution de la question: reponses methaphysiques de la logique classique

Il est de ces questions traitées en philosophie qui, bien que déroutantes, font souvent l’objet d’une grande préoccupation métaphysique et scientifique en raison de leur présence récurrente et la difficulté à les éradiquer d’une manière définitive. C’est le cas de la question « qu’est-ce que penser ? » qui, tout en ne cessant de hanter l’homme, a connu au cours de l’histoire, des réponses diverses et variées aussi bien philosophiques que scientifiques. C’est ainsi qu’un auteur comme Georges Boole affirmait : « Même aux époques où l’on a le plus consacré d’intérêt au monde matériel, le cours de la pensée s’est en partie retourné sur luimême, et le désir de comprendre ce par quoi l’on comprend toute chose n’a cessé de renaître malgré les déceptions » .

En effet, le désir de bien-être qui est inné à l’homme le conduit à chercher à la fois à se connaître et à trouver des solutions aux différents problèmes auxquels il est souvent confronté. Par delà son interrogation sur le monde matériel, son créateur, son origine et sa destinée, l’homme se retourne sur lui-même pour s’interroger sur ce qui pense en lui afin de déterminer les raisons de ses échecs et d’en apporter – si possible – des solutions. A ce titre les logiciens de Port Royal nous montrent pourquoi il est nécessaire de penser nos pensées : « puisque les hommes se trompent quelquefois dans leurs jugements, et que quelquefois aussi ils ne s’y trompent pas, qu’ils raisonnent tantôt bien et tantôt mal, et qu’après avoir mal raisonné ils sont capables de reconnaitre leur faute, ils peuvent remarquer en faisant des réflexions sur leurs pensées, quelle méthode ils ont suivie lorsqu’ils ont bien raisonné, et quelle a été la cause de leur erreur lorsqu’ils se sont trompés, et former ainsi des règles sur ces réflexions pour éviter à l’avenir d’être surpris » . L’invitation de Port Royal revient, en dernier ressort, à se fixer, à partir d’expériences, des lois et des règles préventives pour diriger la pensée dans le bon sens.

Or, on le sait, depuis Aristote, la logique s’est constituée comme science du raisonnement ayant pour dessein la découverte des lois de la pensée, c’est-à-dire des « lois fondamentales des opérations de l’esprit par lesquelles s’effectue le raisonnement » . La logique qui cherche, ainsi, à déterminer la justesse du raisonnement s’érige en un “art de penser” et se propose de comprendre les opérations intellectuelles par lesquelles l’esprit procède lorsqu’il pense. La logique est ainsi un instrument pour découvrir les premiers principes de la connaissance, d’où l’incorporation de la logique d’Aristote à la philosophie.

Cependant, avec le 17ème siècle qui ouvre l’ère moderne, on va assister à une rupture méthodologique d’avec la logique aristotélicienne : de la logique philosophico métaphysique, on passe à une mathématisation de la logique, c’est-à-dire une logique qui fait du calcul mathématique un modèle idéal de recherche et de vérification pour tout raisonnement. Cette idée de Leibniz veut que la logique ne soit plus un instrument de recherche métaphysique, c’est ce que Boole traduit en ces termes : « nous ne devons plus associer la logique à la métaphysique, mais aux mathématiques » .

En effet, le souhait booléen d’associer la logique aux mathématiques n’est que l’écho du grand projet leibnizien d’une logicamathematica qui consiste, dans une première phase, à transcrire en langage mathématique les propositions logiques, c’est-à-dire une caractéristique universelle et ensuite au moyen d’un calculus ratiocinator en arriver à un résultat unanime comme en mathématiques. Ainsi la logica mathematica comporte deux volets : une caractéristique universelle, c’est-à-dire un langage artificiel accessible à tous et un calcul qui signifie enchaînement des idées simples. Selon ce programme, la pensée est un calcul.

Ainsi le projet leibnizien n’a pu dépasser le stade de projet en raison de sa complexité et de son ambition. Mais cette idée embryonnaire sera rééditée par ses successeurs Georges Boole et Gottlob Frege qui, en limitant la perspective universaliste de Leibniz, vont à leur tour se lancer à la quête d’un langage « artificiel» qui puisse dire la pensée sans ambiguïtés. Avec de tels langages (algèbre de Boole et l’idéographie de Frege), il suffira simplement de calculer (calculus ratiocinator) pour s’assurer de la justesse du résultat. Dans cette perspective, la voie tracée par Leibniz aboutit nécessairement à la conclusion selon laquelle un penseur n’est rien d’autre qu’un calculateur averti qui sait bien additionner et comparer des idées simples comme l’affirme Hobbes dans le Léviathan.

Au demeurant, il convient de dire que ces considérations logico-mathématiques ont inspiré ce qu’il est convenu d’appeler la cybernétique où l’intelligence et la pensée artificielle font des prouesses avec l’apparition des ordinateurs (computer : calculateur) intelligents qui ne sont rien d’autre que des machines additionnant les nombres 0 et 1. Ainsi est-il légitime, selon ces théories, de dire qu’un ordinateur « pense » parce qu’il effectue certaines opérations impliquant une forme d’intelligence. On voit apparaître alors l’expression intelligence artificielle pour qualifier les procédures mécaniques des ordinateurs.

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Table des matières

INTRODUCTION
I- L’EVOLUTION DE LA QUESTION: REPONSES METHAPHYSIQUES DE LA LOGIQUE CLASSIQUE
I – 1. LA THEORIE DE LA REMINISCENCE ET LA DIALECTIQUE DE PLATON
I – 2. PERCEPTION ET LOGIQUE CHEZ ARISTOTE
II- LA PENSEE COMME CALCUL : LA LOGIQUE MODERNE
II – 1. MATHEMATISATION DE LA LOGIQUE ET LOGICISATION DES MATHEMATIQUES
II-2. INFORMATIQUE ET INTELLIGENCE ARTIFICIELLE
III- DES SCIENCES COGNITIVES : LA DIMENSION CONSCIENTE DE LA PENSEE
III- 1. PENSER : UN ACTE PROPREMENT HUMAIN
III – 2. NEUROSCIENCES ET PHILOSOPHIE DE L’ESPRIT : AUTOUR DE LA NATURE DE L’ESPRIT
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

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