L’évaluation de la surveillance One Health

L’évaluation de la surveillance One Health

L’application du concept

One Health à la surveillance des dangers sanitaires En tant qu’outil de prévention et de gestion des risques sanitaires, la surveillance est un domaine dans lequel le concept One Health est très largement promu. La surveillance sanitaire est une méthode systématique et continue visant à collecter, valider et analyser des informations sanitaires d’intérêt et de les diffuser dans des délais compatibles avec la mise en oeuvre de mesures nécessaires (OIE, 2019). Elle peut être mise en oeuvre pour répondre à trois objectifs majeurs : suivre les tendances et les cas dans le temps, détecter précocement des cas positifs ou prouver l’absence d’un danger sanitaire. La surveillance produit donc des données scientifiques validées qui vont, d’une part, aider le gestionnaire de risque à définir des mesures immédiates pour la gestion d’un danger sanitaire (e.g. abattage d’un troupeau infecté pour éviter la dissémination d’une maladie) et d’autre part, alimenter les travaux des évaluateurs du risque pour produire des avis et recommandations à destination des gestionnaires pour une maîtrise à plus long terme du risque (e.g. révision de la police sanitaire vis-à-vis d’une maladie ou du dispositif de surveillance).

Ainsi, l’application du concept One Health à la surveillance, en rapprochant les secteurs et disciplines concernés, laisse présager des améliorations en termes de performance épidémiologique et économique (Stark et al., 2015 ; Babo Martins et al., 2017). Par exemple, le rapprochement des données de surveillance animale et humaine peut présenter plusieurs avantages : utiliser les animaux comme sentinelles pour prévenir les cas humains, développer des modèles prédictifs pour la santé publique à partir de données animales, caractériser de façon plus précise un danger sanitaire, identifier des manquements en matière de mesures de contrôle et de notification d’événements sanitaires chez l’animal à partir de l’analyse de données humaines, réaliser des économies et optimiser les ressources (Goutard, 2015). Cependant, force est de constater que les systèmes de surveillance continuent le plus souvent à opérer en silo avec des dispositifs sectoriels très peu interconnectés (Stark et al., 2015).

Un certain nombre de facteurs techniques et organisationnels ont été avancés pour expliquer cet état de fait : différence de culture et de priorités entre institutions et professions, compétition pour l’accès aux financements et au périmètre d’activité, crainte de perte d’identité ou d’autonomie dans sa juridiction, insuffisance des ressources dédiées, incompatibilité entre les jeux de données, manque de transparence sur l’utilisation des données partagées, etc. (Lee and Brumme, 2012 ; Utchmann et al., 2015 ; Destoumieux-Garzon et al 2018 ; Edelstein et al, 2018 ; Valeix, 2018). De plus, il n’y a que des données très parcellaires sur les bénéfices économiques de la surveillance One Health (Häsler et al., 2014). Enfin, une revue rapide de la littérature n’a pas permis d’identifier une définition concertée et stabilisée de la nature exacte de la surveillance One Health, ni de recommandations claires pour guider les acteurs de la surveillance vers l’établissement de ce type de surveillance. Il semble donc nécessaire de caractériser dans le détail la surveillance One Health, d’identifier dans quelles conditions elle est requise et d’évaluer sa plus-value, afin de disposer de toutes les données nécessaires pour favoriser l’engagement des acteurs dans les efforts collaboratifs requis.

L’évaluation de la surveillance

One Health Du fait de leur rôle dans l’orientation des politiques sanitaires, il est important de s’assurer de la qualité et de la pertinence des données produites par les systèmes de surveillance. De plus, dans un contexte de ressources de plus en plus contraint, les bénéfices générés doivent justifier les frais engagés dans les activités de surveillance (Hendrikx et al., 2011). Par conséquent, les systèmes de surveillance doivent être évalués de manière régulière et robuste, afin de mesurer leur performance et s’assurer que l’utilisation des ressources dédiées est optimale. L’évaluation permet ainsi de mettre en avant les points forts et les points faibles du système de surveillance, et de formuler des recommandations pour son amélioration à destination des décideurs. De nombreuses organisations et institutions ont développé des approches pour standardiser et faciliter l’évaluation des dispositifs de surveillance mis en oeuvre dans les secteurs de la santé publique, de la santé animale ou de la santé environnementale (Calba et al., 2015). Ces approches présentent généralement les mêmes étapes d’évaluation. La première étape est dédiée à la description du système de surveillance, afin d’en identifier les objectifs, les dangers surveillés, la population étudiée et les protocoles mis en place.

Dans un second temps, les objectifs du processus d’évaluation sont décrits, et les attributs d’évaluation, ainsi que les méthodes pour les mesurer, sont présentés. La troisième étape correspond à la conduite de l’évaluation proprement dite, c’est-à-dire à la mesure des attributs d’évaluation. Enfin, dans un dernier temps, les résultats de l’évaluation sont analysés et interprétés pour mettre en évidence les points forts et les points faibles du système, ainsi que des axes d’amélioration potentiels. Les systèmes de surveillance sont évalués pour répondre à plusieurs objectifs, dont les principaux énoncés sont : l’évaluation de la performance et de l’efficacité de la surveillance, la conception de systèmes de surveillance plus efficaces, la vérification de la présence de tous les dispositifs clefs au sein du système. De nombreux facteurs épidémiologiques, sociologiques et économiques influencent la mise en oeuvre de la surveillance et par conséquent les attributs utilisés pour évaluer les systèmes sont complexes. Les attributs les plus souvent utilisés dans les approches développées sont en lien avec l’efficacité (délai de réponse, sensibilité, représentativité), l’opérationnalité et la fonctionnalité (acceptabilité, flexibilité, stabilité, simplicité, utilité, qualité des données) ainsi que la valeur (coût, impact, coûtefficacité, coût-bénéfice).

A titre d’exemple, on peut citer deux cadres d’évaluation de la surveillance. L’outil appelé Oasis qui a été développé en 2010 par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) et qui a été utilisé depuis 2011 pour évaluer, entre autres, les dispositifs de surveillance dans le cadre de la Plate-forme d’épidémiosurveillance en santé animale (Plate-forme ESA). Conceptuellement, Oasis s’appuie sur les méthodes d’évaluation développées dans le cadre du réseau de santé animale CaribVET3 dans la Caraïbe, sur les principes d’évaluation édictés par le Centre des maladies contagieuses des Etats-Unis (US-CDC) et l’OMS et une méthode d’analyse des points critiques d’un réseau de surveillance. A ce jour, une vingtaine de systèmes de surveillance ont pu être évalués à l’aide de cet outil. Oasis est fondé sur un questionnaire détaillé permettant de collecter toutes les informations nécessaires à une description précise du fonctionnement et des résultats opérationnels d’un dispositif de surveillance. Ce questionnaire est divisé en dix sections qui approfondissent chacune un ensemble d’activités du dispositif de surveillance.

Au terme de chaque section, les informations collectées font l’objet d’une synthèse par l’intermédiaire d’une liste de critères qui font chacun l’objet d’une notation réalisée en s’appuyant sur un guide. L’évaluation permet l’édition de trois sorties graphiques complémentaires illustrant le fonctionnement et la situation générale du dispositif, la maîtrise des points critiques et la satisfaction de dix attributs de la qualité de la surveillance (Hendrikx et al., 2011). Le second cadre d’évaluation est celui développé dans le cadre du projet RISKSUR (RISKSUR, 2015). Il aborde selon une approche intégrée les aspects techniques, opérationnels et socio-économiques d’un système de surveillance en santé animale soumis à évaluation. Cet outil, appelé EVATool puis SurvTool, comprend une interface internet pour développer le plan d’évaluation, ainsi qu’un module de formation en ligne sur les concepts requis pour mener une évaluation et pour présenter les résultats aux décideurs. Cet outil a été développé sur la base des cadres d’évaluation existants en santé animale et humaine, et recense tous les outils et méthodes pour mettre en oeuvre une évaluation (Peyre et al., 2016).

EVATool a été utilisé pour programmer et mettre en oeuvre des évaluations économiques et épidémiologiques de différents systèmes de surveillance en Europe, et a permis de souligner l’importance de développer des approches globales, intégrant évaluation socio-économique et épidémiologique, pour améliorer la qualité des résultats de l’évaluation. Toutes les approches actuellement développées ciblent des systèmes de surveillance conventionnels. Il n’y a en effet actuellement que peu de données disponibles et d’études pour définir si les modalités mises en oeuvre pour définir et évaluer la surveillance sont adaptées aux systèmes de surveillance One Health ou s’il est nécessaire de développer de nouvelles approches et attributs d’évaluation (Vrbova et al., 2010). Il y a en particulier un manque de données sur les bénéfices supplémentaires, notamment économiques, que génère la collaboration intersectorielle mise en oeuvre pour les activités de surveillance (Babo Martins et al., 2015 ; Zinsstag et al., 2005) et ceci contribue à sa faible mise en pratique (Häsler et al., 2014 ; Baum et al., 2016). Il y a donc un besoin d’approfondir les connaissances pour démontrer la faisabilité de faire collaborer différents dispositifs sectoriels et évaluer l’impact d’une telle collaboration (Goutard, 2015).

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Table des matières

PRODUCTIONS SCIENTIFIQUES
LISTE DES ABREVIATIONS
INDEX DES FIGURES
INDEX DES TABLEAUX
INTRODUCTION
1.CONTEXTE DE LA QUESTION DE RECHERCHE
1.1. Le concept One Health
1.2. L’application du concept One Health à la surveillance des dangers sanitaires
1.3. L’évaluation de la surveillance One Health
2.OBJECTIFS ET ORGANISATION GENERALE DE LA RECHERCHE
2.1. Caractériser la surveillance One Health et les niveaux de collaboration requis
2.2. Aider à la conception de modèles de collaboration pour favoriser la mise en œuvre de la surveillance One Health.
2.3. Evaluer la qualité et la pertinence des modèles de collaboration
2.4. Présentation des cas d’étude utilisés pour conduire les travaux de recherche
CHAPITRE I : CARACTERISATION DE LA SURVEILLANCE ONE HEALTH ET DU NIVEAU DE COLLABORATION REQUIS
1.MATERIEL ET METHODE
1.1. Revue systématique de littérature
1.1.1. Sources de littérature utilisées et stratégie de recherche
1.1.2. Sélection des articles
1.1.3. Extraction des données
1.2. Analyse de la corrélation entre la collaboration et les caractéristiques du système et de son contexte
1.3. Elicitation d’opinion d’experts
2.RESULTATS
2.1. Caractéristiques des systèmes de surveillance One Health existants
2.2. Caractérisation de la collaboration pour la surveillance One Health
2.2.1. Dimensions de collaboration dans les systèmes de surveillance One Health
2.2.2. Modalités de collaboration pour la réalisation des activités de surveillance dans les systèmes de surveillance One Health
2.2.3. Modèles d’organisation multisectorielle dans les systèmes de surveillance One Health
2.3. Définition d’un cadre décrivant l’organisation et le fonctionnement de la collaboration dans les systèmes de surveillance One Health
2.4. Influence du contexte et de l’objectif de surveillance sur la collaboration mise en oeuvre
2.4.1. Typologie des systèmes de surveillance One Health existants 48
2.4.2. Avis des experts sur l’influence de l’objectif de surveillance sur les modalités essentielles de collaboration dans un système de surveillance One Health.
3.DISCUSSION
CONCLUSION
CHAPITRE II : ANALYSE DES ACTEURS ET DU CONTEXTE DE SURVEILLANCE POUR FAVORISER LA MISE EN OEUVRE DU CONCEPT ONE HEALTH DANS LE DOMAINE DE LA SURVEILLANCE
1.MATERIEL ET METHODE
1.1. Méthodes d’analyse des parties prenantes (stakeholder analysis)
1.2. Cadre méthodologique développé sur la base des outils existants d’analyse des acteurs
1.2.1. Analyse structurelle du système de surveillance
1.2.2. Analyse sociologique des acteurs vis-à-vis du système de surveillance One Health
1.2.3. Identification des facteurs pouvant influer la mise en place des collaborations entre acteurs de la surveillance
1.2.4. Application aux deux cas d’études.
2.RESULTATS
2.1. Analyse des acteurs de la surveillance de l’antibiorésistance au Vietnam
2.2. Analyse des acteurs de la surveillance des salmonelles en France
2.2.1. Cadre réglementaire de la surveillance des Salmonelles en France
2.2.2. Structuration du système de surveillance des Salmonelles en France
2.2.3. Nature et valorisation des données collectées au sein du système de surveillance des salmonelles en France
2.2.4. Articulation entre les différents dispositifs
2.2.5. Acteurs de la surveillance des salmonelles en France
2.2.6. Pratiques de surveillance des acteurs du système de surveillance existant
2.2.7. Facteurs influençant la collaboration entre acteurs dans le système de surveillance national des salmonelles
3.DISCUSSION
3.1. Bénéfices et biais liés à la méthode
3.2. Surveillance de l’antibiorésistance au Vietnam
3.3. Surveillance des salmonelles en France
CONCLUSION

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