L’EVALUATION DE LA LECTURE ECRITURE DANS UNE APPROCHE BILINGUE

Historique de l’enseignement bilingue au Sénégal

– L’introduction des langues nationales à l’école est à l’ordre du jour depuis 1971. Elles ont été expérimentées d’Octobre 1978 à Juillet 1984 avec les classes télévisuelles (CTV) et les classes non-télévisuelles (CNTV). Cette expérience s’est limitée aux deux premières années de l’élémentaire. En 1981, il n’y avait qu’une quinzaine de classes, toutes en Wolof sauf une classe expérimentale en Sérère. L’expérience a duré six ans et s’est arrêtée en 1984.
– A la suite du colloque de Saint Louis, les écoles Communautaires de Base (ECB) ont été adoptées en 1996 comme composantes de base des modèles expérimentés par le Programme d’Appui au Plan d’Action de l’éducation de base (PAPA). Ce programme ciblait des apprenants âgés de 9 à 16 ans. L’enseignement bilingue est composé du français avec l’une des six premières langues codifiées. Le français à l’oral pour la première année pour aboutir à l’écrit dès la deuxième année.
– Créées en 2002, les Ecoles Communautaires Elémentaires (ECE), avec 40 classes expérimentales, sont des prototypes des classes bilingues du système formel. Le français est utilisé avec trois langues nationales ; le Wolof, le Pulaar, et le Mënik. La particularité de cette expérimentation réside dans la formation aux métiers du milieu (Jardinage, l’horticulture).
– Avec la mise à l’essai de l’introduction des langues nationales en Octobre 2002, 155 classes testées à travers les six langues nationales (Diola, Sérère, Wolof, Malinké, Pulaar, Soninké) ont été implantées sur l’étendue du territoire national. L’enseignement en langue nationale dans les deux premières années, en bilinguisme à la troisième et quatrième année et uniquement en français dans les deux dernières années de l’élémentaire. Elle est terminée en 2008 à la fin de la période de l’essai (2002 – 2008). Il est important de signaler que, les résultats des examens du CFEE et à l’entrée en sixième des élèves, qui étaient dans ces classes bilingues, furent meilleurs que ceux des classes unilingues. La non maîtrise du français, langue de scolarisation au Sénégal, entraîne souvent un impact négatif sur la performance des élèves. Pour apporter une solution à ce problème, depuis 2009, plusieurs expérimentations bilingues ont vu le jour pour l’amélioration du taux de réussite à l’élémentaire. C’est le cas des programmes : ELAN – ARED – ADLAS – EMILE. Ces expérimentations bilingues qui sont en cours reproduisent le même schéma directeur que celui utilisé par l’expérimentation de 2002 citée plus haut et ont comme référentiel le CEB.

Les notions d’interférence et de transfert

   Pour Haugen, l’interférence est « l’utilisation d’éléments appartenant à une langue tandis que l’on parle ou que l’on écrit une autre ». Ainsi, l’interférence peut changer suivant l’emploi et le contexte. La forme employée englobe deux dimensions : parler et écrire. Selon Mackey, le bilingue résiste plus facilement à l’interférence au niveau de l’écrit qu’à celui du parler.
 Le transfert est une situation où un apprenant bilingue utilise ses connaissances acquises en langue première pour apprendre une langue seconde. Le transfert peut à deux niveaux concernant l’enseignement bilingue :
 Au niveau de la forme, si la forme en L1 ressemble à la forme en L2, le transfert est utile, à ce niveau, il convient de montrer la ressemblance et de consolider l’usage.
 Au niveau culturel, l’apprenant bilingue transfère des habitudes ou des connaissances culturelles liées à L1 en L2. Prenons l’exemple de la compréhension en lecture à partir d’une image illustrant un texte français sur la fête. L’apprenant comprend en fonction de l’image qu’il a de la fête dans la culture de sa langue première.

Le concept de compétence

    La nécessité de plus en plus reconnue de proposer aux élèves des apprentissages significatifs débouchant sur des applications authentiques a conduit les gestionnaires du système éducatif sénégalais à adopter l’approche par les compétences. Cette approche est mise en œuvre dans le curriculum de l’éducation de base qui reste le document de référence national pour les pratiques et stratégies d’enseignement – apprentissage et pour les programmes pédagogiques en vigueur dont l’enseignement bilingue. Elle valorise la pédagogie de l’intégration qui permet à l’apprenant de mobiliser, de façon pertinente et coordonnée ses acquis pour résoudre une situation complexe à l’image de ce qui  se fait dans la vie courante. Dès lors, le concept de compétence répond à plusieurs définitions. Toutefois, dans le cadre de notre recherche nous retenons celle de Jacques Tardif (2006) : une compétence est « un savoir agir complexe prenant appui sur la mobilisation et la combinaison efficaces d’une variété de ressources internes et externes à l’intérieur d’une famille de situations». Il est pertinent de signaler que la formulation d’une compétence tient compte des éléments constitutifs suivants :
– Un verbe traduisant l’activité de l’apprenant
– Un contenu sur lequel s’exerce cette activité
– Un contexte servant le cadre de développement de cette compétence
– Un enjeu et un résultat attendu pour la mesurer et lui donner du sens.
– Exemple d’une compétence de la lecture-écriture, intégrer le vocabulaire adéquat, les indices significatifs et des règles syntaxiques dans des situations de production de textes narratifs.
 Situation-Problème : un ensemble contextualité d’informations à articuler pour réaliser une tâche déterminée.
 Transfert des connaissances ou d’une compétence : au terme de l’analyse de plusieurs documents, la définition synthèse de la notion de transfert est la suivante : utilisation dans différentes situations de la vie quotidienne de connaissances déclaratives, procédurales et conditionnelles acquise en contexte de formation. Par ailleurs, Meirieu Philippe (1996) définit ce concept comme « le mouvement par lequel un sujet s’approprie les savoirs, les intègre à sa personne en les réutilisant à sa propre initiative ». Ainsi, BRITT MARI BARTH (1993) précise deux niveaux de transfert :
 Le transfert par les bas (low road transfer) qui est horizontal et mobilisé lorsque deux situations se ressemblent, le processus de traitement est relativement automatisé. Il s’agit souvent d’un exercice d’application ou de consolidation.
 Le transfert par le haut (high road transfer) est un mécanisme fondamentalement différent du transfert par le bas car : il s’agit d’un véritable problème à résoudre, présenté dans un contexte inhabituel.
 Un critère minimal : c’est un critère qui fait partie intégrante d’une compétence. Il s’agit d’un critère requis pour déclarer l’apprenant compétent.
 Un critère de perfectionnement, c’est un critère qui ne conditionne pas la maîtrise d’une compétence.

Les Nouvelles pratiques d’apprentissage de la lecture au Sénégal

   Le CEB, qui demeure le document de référence national pour les pratiques et stratégies d’enseignement-apprentissage, s’est vu améliorer de deux nouveaux programmes en didactique de la lecture : le PALME et la méthode SARENA. L’approche retenue par le PALME s’inscrit dans la mouvance d’une démarche équilibrée. Elle est une synergie découlant d’une volonté d’aider chaque apprenant –lecteur à devenir meilleur par le truchement des résultats récents de la recherche et des pratiques éprouvées. C’est en ce sens que la prise en charge des besoins de l’élève repose sur cinq composantes en lecture :
– La conscience phonémique
– Le principe alphabétique
– Le vocabulaire
– La compréhension
– La fluidité
Le recours à la conscience phonémique et au principe alphabétique participe à la maitrise du fonctionnement de l’écrit. Pour acquérir des habiletés supérieures et accroitre ses compétences de lecteur-scripteur, l’apprenant doit mobiliser son expertise cognitive à la construction du sens. Pour atteindre cet objectif, la maitrise du code doit être accompagnée par l’identification instantanée de mots connus et l’emploi d’un vocabulaire adéquat. Ainsi, pour mettre l’apprenant dans une position gagnante d’apprentissage et développer son esprit critique, des stratégies de compréhension simples suivies de séances de lecture sont proposées. C’est pourquoi, le PALME concourt l’atteinte des objectifs en matière de didactique de la lecture, deux indicateurs clés révélateurs de la compétence en lecture-écriture, la compréhension et la fluidité. Par ailleurs, le PALME a produit des guides prescriptifs pour la première étape (CI-CP) et des guides indicatifs, pour les CE et CM en vue de promouvoir l’entrée par les composantes. En somme, l’approche PALME cherche à intégrer les standards internationaux visant le partage d’un cadre de référence pour garantir une harmonisation des représentations et faciliter la mise en œuvre d’un système d’évaluation efficace et performant. Reste à voir une autre nouvelle méthode de lecture très proche du PALME déroulée par SARENA sous la conduite d’un cabinet –Conseil privé, Canado-Sénégalais ARTICHAUT/SARENA, concepteur de la collection « L’île aux Baobabs ».

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Table des matières

PREMIERE PARTIE : CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE
INTRODUCTION GENERALE
I-1 Contexte et données de base
I – 2 Objectifs de notre étude
I – 2 – 1 Objectif Général
I – 2 – 2 Objectifs spécifiques
I – 3 – Méthodologie
I – 4 – Cadre de références théoriques de notre étude
II- POLITIQUE LINGUISTIQUE DU SENEGAL
II- 1- Les principales déclarations des instances internationales relatives à l’usage des LN
II- 1 – 1- L’OIF
II- 1 – 2 – L’UNESCO
II- 1 – 3 – La CONFEMEN
II- 2 – Le cadre institutionnel de la politique linguistique au Sénégal
II – 3 – Historique de l’enseignement bilingue au Sénégal
III- CLARIFICATION CONCEPTUELLE
III-1 Les concepts autour de la lecture-écriture
III-2 Le concept bilinguisme
III-2-1 Définition
III 2-2 Types de bilinguisme
III-3 Le concept évaluation
III-4 Le concept de compétence
DEUXIEME PARTIE
SOUS PARTIE I : ANALYSE DE L’ENSEIGNEMENT DE LA LECTURE-ECRITURE AU SENEGAL
I-DESCRIPTION DES METHODES DE LECTURE
I-1 La méthode pour parler français
I-2 – La période Post méthode CLAD
I-3- L’Option du CEB
I-4- Les Nouvelles pratiques d’apprentissage de la lecture au Sénégal
II-L’enseignement de la lecture-écriture dans une approche bilingue
II-1 Apprendre par sa langue, élément incontournable des déterminants de la qualité des enseignements-apprentissages
II-2 Expérimentation bilingues en lecture au Sénégal
II-2.1. Le bilinguisme différ
II- 2.2. Le bilinguisme alternatif
II-2.2.1. Lecture globale de mots et de lettres
II-2.2.2. Lecture analytique
II-3 Un bilinguisme harmonisé, le modèle ARED la voie royale pour l’atteinte des seuils de performance des élèves en Lecture-Ecriture
III-Historique du choix de l’Approche par les compétences au Sénégal
III-1- L’entrée par les contenus
III-2- L’entrée par les objectifs
III-3- L’entrée par les compétences
SOUS PARTIE II : DE L’EVALUATION DES APPRENTISSAGES PONCTUELS A LA PEDAGOGIE DE L’INTEGRATION
I/L’EVALUATION DES APPRENTISSAGES
I-1 Qu’est-ce qu’évaluer ?
I-2 Pourquoi et quand évaluer ?
II- LES METHODES D’EVALUATION
II-1-Quelques principes
II-2-Les révélateurs
II-3 Les critères d’évaluation
III- LA PEDAGOGIE DE L’INTEGRATION
III-1 l’intégration
III-2 Les situations d’intégration
III-3 Les étapes de l’évaluation d’une compétence
TROISIEME PARTIE : DES PRATIQUES EVALUATIVES DE LA LECTURE-ECRITURES DANS UNE APPROCHE BILINGUE AUX RECOMMANDATIONS
I-PRESENTATION DES RESULTATS
II-ANALYSE DES PRATIQUES EVALUATIVES DANS LES DEUX CLASSES
III-RECOMMANDATIONS
CONCLUSION

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